Le marouflage, qui est abandonné depuis bien longtemps en France , en raison de ses inconvénients sans nombre, et qui consiste à appliquer un vieux tableau sur un panneau en guise de rentoilage, est encore pratiqué journellement chez eux. Les ouvriers parqueteurs ne sont guère plus habiles : leurs travaux sont lourds et massifs , ils ignorent même la partie scientifique de ce travail. En un mot, les rentoileurs italiens ne sont pas plus avancés aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a cent ans. Ce sont toujours les mêmes moyens, les mêmes procédés, sans aucune modification. Tandis qu’en Angleterre, en Belgique et en France, nous sommes arrivés presque à la perfection.
Restauration du tableau de Raphaël, venu de Foligno. L’administration croit rendre un service important aux arts en donnant au public un extrait du rapport intéressant que les citoyens Guiton-Morveau, Bertholet, Vincent et Taunay, membres de l’Institut national, ont fait à cette société savante, sur l’opération que ce tableau précieux a subie.
Lorsqu’il fut recueilli à Foligno, il était dans un tel état de dégradation, que les commissaires pour les arts, en Italie, hésitèrent s’ils devaient l’envoyer à Paris; ils ne se déterminèrent à ordonner ce transport qu’ après avoir fixé en plusieurs endroits la peinture qui quittait le fond, par le moyen de gazes collées sur la surface.
La condition essentielle pour qu’une peinture conserve toute sa fraîcheur et toute sa valeur de ton gît dans la franchise de son exécution. Une production dont les teintes locales ont été fatiguées par des retouches ou glacis répétés , surtout quand on les a employés pour obtenir des dégradations ombrées, ne tarde pas à prendre une vigueur que le peintre, est loin d’avoir voulu lui donner.
Cependant tout ami des arts éprouve une vraie douleur en pensant qu’avant peu les belles fresques du Vatican, que le salpêtre envahit chaque année de plus en plus, subiront le sort des oeuvres remarquables de Perino del Vaga et de Jean d’Udine leurs voisines, qui ont presque entièrement disparu, rongées par cet agent destructeur qui ne laisse après son passage qu’un sale linceul grisâtre.
Nous expliquerons toutes les difficultés de cet art, et nous appuierons sur les qualités qui distinguent dans cette carrière l’artiste restaurateur, de celui qui en prend indûment le titre. Le public sera ainsi suffisamment averti, et comprendra le danger auquel il s’expose quand il livré des chefs-d’oeuvre à des hommes imprudents ou ignorants.