Le mal pour le mal.
Septième roman pour
Jorn Lier HORST. Ancien policier norvégien, il s'est fait auteur de polars à succès. Tous ses romans mettent en scène un héros récurrent, un policier, William Wistling, profondément intègre et entièrement dévoué à son métier. A ses côtés, sa fille Line, journaliste et documentariste, participe toujours à la recherche de la vérité.
HORST écrit des polars de facture classique. Il y a un peu de
Michael CONNELLY en lui avec, tout de même, un héros bien moins complexe que Harry Bosch : le récit est focalisé sur le travail de la police avec une intrigue sobrement posée, déroulée patiemment sans occulter les dessous dits "administratifs" d'une enquête (procédure, histoire du dossier, rapports hiérarchiques, rivalités et rancunes professionnelles, histoires des pièces à conviction, fausses pistes...).
A l'approche de l'issue, HORST sait distiller l'adrénaline : l'écriture se fait plus nerveuse, le rythme s'accélère, des rebondissements nous surprennent, les éléments épars se rassemblent, finissent par former un tout…
Ce dernier opus est un peu moins enlevé que les précédents, moins de poésie, moins d'évocations de la nature, du temps qui passe, moins de détails sur le quotidien des norvégiens…
L'auteur nous fait participer à une chasse à l'homme : un individu dangereux, un psychopathe coupable de plusieurs meurtres, viols et actes de torture, soupçonné d'avoir un complice surnommé l'Autre, réussit à s'enfuir au cours d'une reconstitution. Avec l'aide de qui ? Où est-il passé ? Wistling a-t-il péché par négligence. La recherche qui nous entraine aussi dans les méandres du fonctionnement des services policiers est passionnante.
Mais au-delà du récit, HORST a voulu ouvrir une interrogation. Il nous parle de la cruauté qu'il considère être l'expression du mal absolu. Mais pourquoi le mal ? Qu'est-ce que le mal ? Où prend-il ses origines ? Existe-t-il en chacun de nous ? Est-il le poids de la condition humaine ? Pourquoi certains prennent-ils plaisir à faire le mal pour le mal ?
En fait, au-delà des interrogations philosophiques ou religieuses, HORST pose la question récurrente de la plupart des polars. Avec souvent la même réponse, le mal ce sont les ténèbres !
« La cruauté était comme l'amour, nul ne savait d'où elle venait » (page 259).
Toujours autant de plaisir à retrouver HORST, ses héros et ses intrigues. Une fois la lecture démarrée, impossible de l'abandonner. Un réel moment de détente.