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EAN : 9782246787457
208 pages
Grasset (08/05/2013)
4.24/5   54 notes
Résumé :
Les discours religieux fondamentalistes actuels expriment une obsession croissante de la pudeur des femmes. Réduite aux parties de son corps susceptibles d’éveiller le désir, la femme est « génitalisée » à outrance. Faut-il alors couvrir sa nudité ? Faut-il la renvoyer à son destin : le voilement ?
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« Le monde ne se maintient que grâce au souffle des enfants qui étudient »( Talmud).
Elle est humaine, elle est rabbin du mouvement juif libéral de France, elle est rédactrice, elle est auteure. Elle étudie. Elle pense, écoute, interroge, transmet. Elle nous apprend. Elle nous apprend à penser plus haut, à ne rien figer, à croire au possible qui réside en nous. Nous les humains. Car le féminin n'appartient pas qu'aux femmes, mais à l'humanité. Nous sommes féminin et masculin. Et depuis des millénaires nous vivons dans un monde de scission, alors que le langage, la vie, la pensée ne peuvent exister sans combinaison, fusion, fécondation. Comprendre le féminin en chacun et chacune d'entre nous est une prise de risque. C'est prendre le risque de la reconnaissance d'une altérité, d'une rencontre, d'une formulation d'un soi qui englobe la totalité des potentialités humaines. Accepter la fusion, l'échange, la rencontre, c'est accepter l'ouverture, la faille, c'est accepter de faire entrer l'autre en soi, et plus largement le monde.
C'est prendre le risque de l'accueil, le risque de la perméabilité, de la perte, de l'écoulement, du déchirement, c'est prendre le risque de la perte d'une intégrité illusoire.
Sinon pourquoi cette scission, cette peur, pourquoi ces damnations, ces lapidations, ces relégations, cette violence, ces bûchers, cet obscurantisme, pourquoi maintenir dans le monde cette peur du regard , de la parole, du corps constitué des femmes ? Pourquoi cacher , dissimuler ? Pour ensevelir, étouffer, réduire, ou bien alors justement pour radicalement tout sexuer ?
« Chaque femme, réduite au statut d'être sans visage, c'est à dire sans individualité, n'a plus à exprimer que sa nature sexuée ». « Femme sans visage et homme sans paupière à trop vouloir protéger les corps, on ampute symboliquement celui des deux sexes »
La pudeur se voudrait être allouée à la femme. Modeste, discrète, pudique… mai qu'est ce donc que ce féminin, que devrait être cette tenue d'Eve, qu'est que cette pudeur  qui conviendrait de lui imposer ? L'auteure dénonce les fausses pudeurs, les fausses postures, les impostures. Et force est de constater qu'en France, en 2019 , ce discours irrite et dérange. Non, la rabbin Horvilleur ne peut pas officier partout. Son discours n'est pas accepté partout. Un langage d'ouverture, de sororité/ fraternité, en somme d'humanité , d'écoute, de partage, d'échanges, ne trouve malheureusement pas légitiment sa place. Oui elle dérange, car elle interroge l'ordre d'un échiquier dont beaucoup voudraient à l'avance fixer l'issue d'une partie qu'ils pensent mériter. « Il en va des hommes comme des textes. La seule lecture pudique des textes religieux est celle qui affirme qu'ils n'ont pas encore été complètement révélés, mis à nu par des lectures et des lecteurs passés. Quand l'interprétation les fige, elle les profane. Dès lors, sont-ils encore sacrés ? » « Aucune tradition religieuse n'a le monopole des lectures impudiques. Il revient à toutes de mener un travail pour sortir des interprétations obscènes dans lesquelles certains de leurs lecteurs ou de leur dirigeants s'enferment bien souvent ».
Le monde de l'arrogance génère violence et obscurantisme. La pudeur c'est à la fois l'humilité alliée au courage et à la force. Douter, questionner, apprendre, reconnaître sa faiblesse et pouvoir ainsi tout déjouer. Déjouer l'échiquier. Étudier et non réciter ou psalmodier. L'intelligence de la pudeur se trouve là. L'intelligence du féminin, du judaïsme se trouve là. Là et partout en nous, dans le monde. c'est une intelligence de la pensée qui peut fortifier et animer la laïcité.
Oui, elle dérange toutes les orthodoxies, qu'elles soient religieuses ou politiques.
Oui faire place à la femme c'est faire vire le mouvement libéral qui est en nous. Lorsque que les libertés individuelles sont menacées, la femme, le juif, l'arabe, le noir, les roms, le sans papier, le gay, le journaliste, le poète, l'artiste sont menacés. Les dictatures sont les propriétaires de toutes les fermes où l'on fait naître les boucs émissaires qui seront sacrifiés sur les autels de la stupidité, de la peur, de l'ignorance, de l'arrogance dont le grand prêtre de nomme Propriété dont le pouvoir devient le sobriquet . Ma femme, ma terre, mon droit, ma loi, mon peuple….Mon ennemi, ma haine…Ce sang impur dont on voudrait abreuver tous les sillons… Cette violence, et toutes ces guerres. Tout ça par manque de courage, tout ça par peur. La paix, la concorde, le dialogue, l'alliance demande du courage.
Nous ne savons pas tout. Et chaque jour est un perpétuel commencement. Il faut remettre en questions. A charge pour l'humanité de renouveler ses propositions, de tenter malgré tous les dangers, malgré les craintes, malgré l'inégalité des forces en présence. Parole d'émancipation, parole de libre pensée, pensée de libertés, d'altérité, et donc d'équité, d'égalité.
Oui l'écrit de la rabbin Horvilleur est un écrit libre et républicain.
Que devient l'humanité si l'on considère que tout est définitivement lu, décrypté ? Où en serait les sciences ? Quel serait notre vision du Soleil, de la lune de l'ADN ? Où en serait inhumanité si il ne nous était pas donne la possibilité de chercher, d'étudier, de comparer, d'accueillir les bienfaits d'une altérité jusqu'à lors ignorée ? Où en serait le genre humain ? Si tout était gravé dans la pierre, figé. L'humanité serait morte. Inféconde.Fine, condamnée, terminée.
«  de l'élan sexuel dépendent la création et l'engagement humain dans le monde ».
Cette humanité masculine et féminine serait morte en nous. Qu'est ce qu'un coeur coupé en deux ? qu'est qu'un corps sans tête ? qu'est qu'un D… sans humanité dans sa totalité ?
C'est une texte passionnant, riche et extrêmement intelligent.
Que vous soyez de n'importe quel genre, de n'importe quelle planète, ne n'importe quelle religion, ne n'importe quelle culture lisez ce livre. Il est riche d'enseignement, et de sagesse.
« La sacralisation du féminin est toujours un prélude élégant à sa marginalisation sociale ».
"L'émergence du féminin dans les religions ne se fera pas qu'à travers les femmes car le féminin ne leur appartient pas. Mais elle ne se fera pas non plus sans elles. Elle n'aura pas lieu tant que des voix jusqu'ici tues ne prendront pas part à la lecture, au commentaire et au débat, tant que le genre humain ne pourra pas percevoir la bénédiction d'avoir été crée homme ou femme, masculin et féminin".
Non rien ne se termine jamais, rien n'est jamais définitivement écrit. le possible reste toujours à accueillir. Personne n'est propriétaire d'une seule vérité. L'espoir naît de nous penser !

Astrid Shriqui Garain
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Nous vivons dans une civilisation du "rien à cacher".
Continuellement nous entendons les louanges de la visibilité et de la "transparence" dans tous les domaines, y compris et surtout dans la sphère privée.
A notre époque où Facebook et la téléréalité triomphent, que peut bien signifier encore la pudeur? Et surtout peut-on encore parler de pudeur?
Est-ce un vestige d'un temps bien révolu ou est-ce quelque chose à réhabiliter dans une société qui "en montre trop"?
Si la religion s'en mêle, cela rend le débat encore plus difficile.
En général les discours religieux, sous couvert de "protéger" la femme, visent à son effacement.
Il est donc primordial selon Delphine Horvilleur de revisiter la notion de pudeur dans les textes sacrés.
Delphine Horvilleur est une jeune femme rabbin. Elle nous livre ici ses réflexions sur la vision de la femme dans la religion juive.
Des commentaires pleins de finesse et une vision très intéressante de la place de la femme dans la religion juive.
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Une amie qui me connait bien m'a offert En tenue d'Eve. Elle sait mon intérêt pour les questions féministes, mon goût des essais et l'ouverture que je manifeste pour ce qui touche au spirituel. J'avais aimé Vivre avec nos morts sans avoir été transportée. C'est-à-dire que j'avais trouvé le livre beau, inspirant mais aussi un peu trop en surface, cherchant un peu trop à parler à tous pour ne parler qu'à moi. Ca n'en reste pas moins un ouvrage rassénérant et le fait même qu'il existe et soit lu par des milliers de personnes fait advenir dans notre réalité un rapport beaucoup plus juste à cette dimension de la vie qu'est la mort.

En tenue d'Eve m'a atteinte car j'y ai découvert, non seulement un propos fécond, mais surtout une manière de réfléchir qui m'a conquise.

En science sociale, c'est au chercheur de définir le périmètre de son étude. Il vient circonscrire dans l'infini du réel, le champ de son objet selon un angle qu'il justifie méthodologiquement et, ou idéologiquement. Aussi, lorsque, lecteur, je l'accompagne dans la relation de sa recherche, suivant son raisonnement et acceptant la partition de ce qu'il étudie, je ne peux m'empêcher de songer à ce qu'il ne traite pas. J'ai toujours au fond de moi cette édifiante histoire des savants aveugles à qui l'on demande d'étudier l'éléphant en laissant les uns à proximité de la trompe, les autres des pattes, du flanc, des défenses… Evidemment, plutôt que l'animal entier, ils n'y voient que serpent, corde, mur ou arbre. Molière y aurait dénoncé le poumon et on se dit que tout de même, il est bien dommage de ne pouvoir penser qu'en taillant le réel en facettes.

Avec l'étude talmudique, ce n'est pas le chercheur qui définit son objet puisque celui-ci lui est tout entier contenu dans la Torah et qu'il est sacré. Si l'exégèse est infinie, toujours ouverte et jamais définitive, le point de départ au moins est circonscrit. Ca change considérablement les choses. Pour peu que l'on accepte ce principe, il n'y a pas d'ailleurs à la Torah et une bonne partie de l'esprit critique se trouve allégé de cette tension.

L'autre grande différence avec la démarche scientifique profane, c'est que l'exégèse, si elle tient compte des circonstances historiques de telle ou telle interprétation, si elle analyse l'hébreu utilisé en utilisant tout son savoir de linguistique diachronique, s'appuie également sur la sensibilité et l'imagination. Pas pour faire dire n'importe quoi, encore que si c'était fructueux, ce serait peut-être acceptable, mais pour faire advenir un sens possible, tisser autour du texte le voile dense d'une interprétation qui le dessine.

Depuis les rites qui accompagnent chaque moment de la liturgie juive jusqu'aux histoires qui sont racontées dans la Torah, tout invite à tisser une multiplicité de significations. La littéralité des prières et des gestes est le fondement d'infinies interprétations qui enrobent et protègent un accès au sens qui ne saurait être trop cru. Interpréter, c'est révéler, rendre hommage, éclairer et continuer de croire que le sens ne sera jamais épuisé.

C'est là que se fait la connexion avec le thème d'En tenue d'Eve. Avec la question du masculin et du féminin. de l'homme et de la femme. du voile et des restrictions qui leur sont imposées.

Je ne résumerai pas tout ce qu'explique Delphine Hortvilleur, je vous souhaite d'aller le lire vous-même. C'est passionnant. Mais elle pose la question du voile en relation avec celle de la distinction de ce qui n'est pas le même. Elle propose, avec d'autres exégètes, une relecture de l'ivresse de Noé alors qu'il vient de toucher terre à nouveau qui met magistralement en perspective la tentation de la régression, l'interdit de l'inceste. Elle explore les questions de la limite entre soi et l'autre, la fonction de la peau et du vêtement dans cette perspective, propose une définition du traumatisme comme celle d'une déchirure de l'enveloppe extérieure. La psychanalyse n'est jamais loin de ces analyses comme un complément indispensable, comme une résonnance.

A lire rapidement ce qui précède, on pourrait vouloir croire que l'objet de ce livre est de confirmer élégamment la relégation de la femme en dehors des instances de la cité, de la cantonner dans son rôle impur, dévouée aux fonctions reproductives. Ce serait un immense contre-sens. Delphine Hortvilleur revient sur les versets qui ont pu alimenter de telles pratiques et les éclaire différemment. Sous ses yeux, le même texte se pare d'un sens autre, miroite d'un autre possible bien plus incluant pour les hommes et pour les femmes. Elle montre aussi ce que le texte sacré recèle de possibilités pour considérer autrement la définition du féminin et du masculin. Ne pas les scinder en deux ensembles forcément distincts. J'ai ainsi été enchantée par la relecture de la Genèse où la création d'Eve de « côte d'Adam » redevient « côté » après qu'un faux-sens dans la traduction du terme hébreux aura été rectifié.

A la lumière de ses réflexions, on devine tout ce qu'il y a de non viril dans le masculin de l'homme juif, tout ce qu'il peut contenir de féminin. Ainsi, pour certains exégètes, c'est parce que l'homme contient un peu de féminin en lui qu'il peut être attiré par la femme. Par ce qu'il a de commun avec elle. Et vice versa.

Beaucoup plus subtile, le tableau qui s'anime sous nos yeux gagne aussi en profondeur, en densité. On est loin des injonctions binaires, des exigences sectaires et des assignations intransigeantes. C'est une invitation à chercher. A prendre pour guide un texte et à y trouver une infinité de fructueux chemins.

Commenter  J’apprécie          2017
« En tenue d'Eve (Féminin, pudeur et Judaïsme) », Delphine Horvilleur (Points, 180p)
Essai aussi intéressant dans certains aspects (d'autant que l'écriture est souvent alerte, drôle) que peu convaincant sur le fond… à mes yeux athées du moins.
Delphine Horvilleur, une des deux seules femmes rabbins en France, cherche à montrer comment une certaine lecture des textes fondateurs du judaïsme est un piège qui enferme la femme dans un rôle de soumise à l'homme. Son essai est ainsi truffé de dénonciations des pratiques et des discours révoltants de certains milieux juifs d'hier ou surtout d'aujourd'hui, plus ou moins intégristes en Israël ou ailleurs. Y compris en France au sein même des plus hautes autorités judaïques officielles, reconnues et majoritaires. La place de la femme est pour eux à la cuisine, au fond du bus, elle ne doit s'épanouir que dans la maternité, elle est interdite de parole propre, de chants, et même, le plus significatif, d'étude des textes qui doivent être le domaine réservé des hommes, dans une vision patriarcale et machiste assumée. Cette révolte qui teinte tout le texte est particulièrement intéressante et bienvenue. A ces lectures profondément misogynes, elle cherche, en allant puiser « dans les textes eux-mêmes », à opposer une vision plus libérale, en y cherchant une autre place possible pour cette moitié de l'humanité. Si je mets « dans les textes eux-mêmes » entre guillemets, c'est que l'une des difficultés premières est déjà là : ceux-ci ne nous sont presque toujours accessibles que sous formes de traductions, d'exégèses, de commentaires, voire de commentaires d'exégèses, un amoncellement sans fin dans lequel chaque auteur-lecteur réécrit sa propre compréhension. Et pour Delphine Horvilleur c'est une nécessité salutaire, car rien ne doit enfermer les textes religieux dans une vision close, définitive et donc totalitaire. Lire, relire et commenter, donc interpréter est pour elle un des devoirs d'une juif pratiquant.
Elle va donc retourner à certaines citations plus ou moins « originelles » pour nous en proposer sa version. Elle écrit d'ailleurs « L'interprétation juive a la réputation de ‘‘couper les cheveux en quatre'' ». Et c'est me semble-t-il exactement l'exercice à laquelle elle se livre pour nous démontrer la pertinence de son regard. Particulièrement intéressante est à ce niveau le débat qu'elle noue autour de : Eve est-elle née « de la côte d'Adam » ou « à côté d'Adam » ? On comprend que les implications de ces diverses traductions ne sont peut-être pas sans effet sur une vision de la place de la femme dans la société.
Tout son travail est là : chercher à voir, et à faire lire dans une exégèse très pointue, dans un débat sur le choix des mots, une possibilité sinon d'émancipation véritable, au moins de non enfermement de la femme dans une posture seconde, soumise au masculin viril, telle qu'elle est très majoritairement proposée et défendue, voire imposée par les autorités religieuses. On trouvera ainsi des remarques ou anecdotes intéressantes ou réjouissantes sur la thèse androgyne de la naissance de l'humanité, sur la figure de Lilith, (première femme d'Adam avant Eve, mais répudiée des textes car trop démone), sur la féminisation des mâles… Celles et ceux qui cherchent à espérer dans les textes une ouverture d'esprit et une aspiration à une vision plus égalitaire des rapports hommes-femme à travers sa lecture alternative s'en réjouiront.
Je note qu'elle ne veut pas « tomber d'accord », mais maintenir une tension entre ces différentes lectures possibles et contradictoires. L'un des aspects les plus intéressants de son essai est d'ailleurs sa postface de la dernière édition : elle se revendique « féministe ET juive, pas féministe juive. » Presque comme un « et pourtant », qui maintient une tension, car féministe juive (ou féministe chrétienne, ou féministe musulmane) n'est-ce pas une absolue aporie ? C'est en tous cas mon point de vue, et puisqu'elle me laisse cette porte à peine entrouverte…
Je suis, en ce qui me concerne, plus curieux de la place des religions dans l'histoire des sociétés humaines que dans une lecture exégétique voire apologétique de leurs « textes fondateurs », qui est l'objet même de cet essai. Et c'est bien cette lecture « politique » que je fais de ce livre. Pour moi, cette place, ce rôle s'inscrivent moins dans une conscience individuelle (certes pas inintéressante), que dans des institutions de fait toujours d'autant plus réactionnaires dès qu'elles deviennent majoritaires. On prête d'ailleurs à Malraux (?) cette sentence : « le XXIème siècle sera religieux ou ne sera pas » : il est en train de le devenir, et nous plongeons de plus en plus dans une situation catastrophique, de déni des droits des humiliés de tous bords, femmes et hommes confondus.
Il y a aujourd'hui, dans les différentes religions monothéistes qui fondent une part fondamentale des cultures occidentales, quelques courants progressistes qui veulent faire dire ce qu'ils aimeraient entendre des textes religieux, en trouvant dans certains passages les arguments qui les légitiment. C'est la lecture que je fais de ce livre. On aimerait y croire, à cette générosité affirmée envers la femme, ou envers les minorités de genre. Mais, pour moi, frelatée, l'encre religieuse dans laquelle DH trempe sa plume n'est absolument pas convaincante, en ce qu'elle cherche à ramener vers le religieux des femmes et des hommes d'aujourd'hui, convaincus de l'inanité étouffante et mortifère du patriarcat. Ce rejet d'un machisme insane, je le partage sans réserve, mais reste convaincu que le fait religieux est et reste une impasse, un obstacle majeur à ces émancipations indispensables, quelle que soit la modernité dont il s'habille.

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Quand on est athé, comprendre la voix "religieuse" est déjà un défi. Mais plus encore quand on y cherche la place de la femme.
Delphine Horvilleur, c'est déjà un parcours atypique d'une journaliste de France 2, volontiers féministe et qui devient la 2e femme a être rabbin en France malgré de nombreuses embûches. C'est donc une lecture des textes modernes qui est présentée dans le livres, sans langue de bois.
Totalement étrangère au judaïsme, c'était suffisamment vulgarisé pour que je puisse suivre et suffisamment pointu par moment pour que des personnes plus familières de ces textes s'y retrouvent aussi. Après lecture de ce livre, je sens qu'une partie de mes préjugés sont tombés et j'aimerai beaucoup que ce soit des personnes aussi éclairées qui guident la religion à notre époque.
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juillet 2013
Delphine Horvilleur nous embarque dans une lecture subtile et souvent drolatique du texte biblique et de sa glose talmudique en privilégiant les mises en scène du féminin et du masculin et, plus largement, les oppositions duales, le pur et l'impur, qui structurent le judaïsme.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il est aujourd'hui essentiel d'encourager une réflexion sérieuse sur le genre, au sein des traditions religieuses.
Ce débat, amorcé outre-Atlantique, est d'autant plus complexe que la pensée religieuse et le rite structurent constamment le monde en états contraires et structures binaires entre lesquels l'humanité navigue.
Dans le judaïsme par exemple, cette division du monde est omniprésente: des séparations sont établies entre les statuts (casher/non-casher, pur/impur, etc..) et tout particulièrement entre les genres (hommes/femmes).
La pratique religieuse se méfie des zones floues et des hybrides.
Elle ordonne bien souvent l'univers en catégories distinctes et met en garde contre ce qui lui semble être générateur de confusion.
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Le propre de ces discours religieux fondamentalistes est d'affirmer que leur appel à la pudeur est au service de la femme alors qu'il vise bien souvent son effacement. Il s'agit d'éradiquer "pour son bien" la femme de l'espace public et de se débarrasser avec elle du désir qu'elle pourrait susciter.
Cette obsession de l'extinction du désir a quelque chose d’obscène, tant l'autre y est réduit à la tentation qu'il représente. (page 12)
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la femme insoumise porte, dans la littérature rabbinique, des noms très révélateurs. Elle est parfois appelée Yatzanit, littéralement "celle qui sort à l'extérieur", l'extravertie, la dévergondée. Ailleurs elle est qualifiée de Moufkeret. L'adjectif, qui à l'origine définit une terre abandonnée, en friche et sans propriétaire, sert aussi à qualifier une femme qui n'est pas sous l'emprise et le contrôle d'un homme. Par extension, il définit une prostituée. Sans maître ni propriétaire, sa dignité est menacée, et avec elle, la paix sociale.
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L'émergence du féminin dans les religions ne se fera pas qu'à travers les femmes car le féminin ne leur appartient pas. Mais elle ne se fera pas non plus sans elles. Elle n'aura pas lieu tant que des voix jusqu'ici tues n prendront pas part à la lecture, au commentaire et au débat, tant que le genre humain ne pourra pas percevoir la bénédiction d'avoir été créé homme ou femme, masculin et féminin.
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Un héritage qui cesse d'être interrogé meurt.
Le questionnement des sources et des rites, loin de tout dogmatisme, constitue peut-être la religion véritable. Le sens renouvelé d'un texte constamment revisité constitue sa seule lecture fidèle. En cela, je peux croire.
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