Delphine Horvilleur fait approcher ses lecteurs du mystère de la mort, mystère du passage, mystère de l'après sur lequel nous sommes à peu près tous avec les mêmes doutes, même si nous affirmons, les uns le néant, d'autres la résurrection ou la réincarnation.
Elle réussit cette approche, souvent fuie par les mortels, en énonçant son vécu de rabbin, son accompagnement de ceux qu'elle appelle les endeuillés, terme qui me déplaît, et aussi de quelques-uns qui s'apprêtent à franchir ce passage. Ce faisant, elle livre divers témoignages qui concerne aussi bien des personnes inconnues d'elles, défunts ou "endeuillés", que des amis proches, des enfants et, bien sûr, inévitablement et heureusement,
Simone Veil, son amie Marceline, leur immense cortège passant par Birkenau, Auswitch et tous ces lieux qui devaient anéantir son peuple.
Elle consacre un chapitre à
Yitzhak Rabin, homme de paix, emporté par un sionisme qui n'est pas celui de
Delphine Horvilleur, qu'elle ne peut comprendre, portant haut l'image de celui qui avait la volonté et la conviction de réaliser la paix.
Au-delà de ces figures, elle évoque tous ces morts du quotidien avec lesquels nous devons continuer à vivre, qui sont nos mémoires, elle le fait en s'appuyant sur les textes bibliques, ce qui peut rendre encore moins compréhensibles ces mystères à ceux qui ne sauraient s'écarter de l'aspect prophétique de ces textes pour tenter de s'approcher du vrai mystère divin.
Malgré le sérieux du sujet, son propos ne manque pas d'humour, avec quelques histoires juives illustrant ses propos.
J'ai trouvé dommage qu'elle ne creuse pas davantage le mystère de la vie et de la mort pour peut-être nous aider à "mieux
vivre avec nos morts" et nous préparer à mourir avec eux.