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EAN : 9782851813503
224 pages
L'Arche (13/06/1997)
4/5   3 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La pièce Le Belvédère a été écrite pour une création prévue à Dresde en 1929. Elle a été finalement éditée en 1970 et jouée pour la première fois en 1969 à Graz. le village d'Europe centrale dans lequel Ödön von Horváth situe l'action a été inspiré par Murnau en Haute-Bavière, que connaissait très bien l'auteur. Certains personnages de la pièce peuvent même être identifiés, comme le garçon Max, qui aurait eu pour modèle un serveur impertinent, qui avait l'habitude d'effectuer son service sans chaussures.

Le premier acte expose la situation. Strasser, le propriétaire de l'hôtel du Belvédère est au bord de la faillite. Il a une seule cliente, Ada, baronne von Stetten. La vieille femme appâte tous les hommes présents par sa fortune, en a fait ses amants, et les manipule avec cruauté. En plus de Strasser, il y a Max le garçon, et Karl, le chauffeur. Ils sont tous les deux un passé trouble. Arrive Müller, un représentant, qui réclame de l'argent à Strasser, qui ne peut le payer, puis Emmanuel, le frère d'Ada, qui a besoin d'argent ; sa soeur joue avec lui, ne lui disant ni oui ni non. L'acte se termine par l'arrivée de Christine, une jeune femme pauvre, avec qui Strasser a eu une liaison.

Au deuxième acte, l'action se resserre autour de Christine. Ada veut que Strasser la mette à la porte, Emmanuelle suggère que les hommes présents fassent semblant de reconnaître en elle une ancienne maîtresse, ce qui permettra à Strasser s'en débarrasse sous prétexte de mauvais conduite. Les hommes s'en donnent à coeur joie sous le regard goguenard d'Ada. Mais la scène a une fin inattendue : Christine a hérité une jolie somme et elle était venue dans le but de remettre à flot l'hôtel de Strasser. Après le traitement qu'elle a subi, elle veut prendre le premier train le lendemain matin pour repartir.

Au troisième acte, les hommes tentent tous de convaincre Christine de prendre le train en question en leur compagnie. Ada est délaissée et humiliée à son tour. En tentant de séduire la jeune femme, chacun des protagonistes se révèle tel qu'il est. Elle décide de partir toute seule et d'élever l'enfant qu'elle a eu de Strasser.

Plus qu'une comédie de moeurs, c'est une farce cruelle. Elle met en évidence les différentes façons dont les hommes utilisent et instrumentalisent les femmes. Strasser le charmeur, au fond totalement impitoyable sous des allures avenantes, Karl qui veut s'imposer par la force, Müller qui veut les réduire à des épouses soumises et conventionnelles sans aucune liberté, Emmanuel qui veut les attirer par un titre une position sociale, des manières policées et en échanger les dépouiller… C'est à chaque fois un jeu de dupes. C'est aussi un tableau pitoyable d'une société en décomposition : le noble ruiné, décadent, prêt à tout pour conserver sa manière de vivre, l'individu dangereux et prêt à basculer dans la violence pour obtenir ce qu'il désire, et tous les autres, capables de tous les mensonges et de toutes les compromissions pour un gain plus ou moins dérisoire, prêts à s'avilir devant n'importe qui possédant un peu d'argent, la seule valeur qui a cours. Au final, l'opportunisme et l'absence de toute éthique, ne va amener tous ces personnages qu'à une impasse, à un échec sans recours.

Excellente pièce.
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Ce texte, daté de 1928, résulte de la réécriture d'une pièce créée en novembre 1927, Révolte à la cote 3018. Il est inspiré de faits réels : un accident survenu en 1925 lors de la construction d'un téléphérique censé être à la pointe du progrès. La pièce sera la cible de violentes attaques, aussi bien nationalistes, que communistes. von Horváth s'attaque à un sujet d'actualité, il est à la recherche « d'une forme nouvelle pour le théâtre populaire ».

Nous sommes sur la chantier de la construction du funiculaire. Un homme, Schulz, se présente à la recherche d'un travail. Une altercation survient entre lui et Moser, un ouvrier, Shulz est rossé. Les ouvriers attendent la venue de l'ingénieur et de l'administrateur, qui veulent constater l'avancement des travaux. Oberle, un ouvrier expérimenté, prévoit un très prochain changement de temps, qui risque d'interrompre le chantier et les priver d'emploi. Schulz est engagé. L'administrateur presse pour terminer le chantier, l'ingénieur envisage la survenu d'intempéries qui risquent d'allonger les délais jusqu'à l'année prochaine. L'administrateur le menace de le licencier si cela devait se produire. L'ingénieur suit les ouvriers dans la montagne pour presser l'exécution des travaux. Schulz a fait une mauvaise chute, et meurt, l'ingénieur refuse que le corps soit descendu, faisant passer l'avancée des travaux avant tout. Mais la tempête arrive. Les ouvriers demandent à l'ingénieur s'ils seront licenciés, ce qu'il leur annonce brutalement. Une violente querelle s'en suit, l'ingénieur à moitié fou finit par tirer sur les ouvriers, mais chute lui aussi dans le vide.

Pièce d'une grande intensité et violence, avec la mise à nu des rapports sociaux, et aussi des contradictions et aspirations des individus. Les ouvriers luttent pour la survie, mais chacun a une position qui lui est propre, ses priorités, sa personnalité ; leurs revendications peuvent donc être contradictoires. L'ingénieur est obsédé par la réalisation de son oeuvre, presque à n'importe quel prix. L'administrateur a pour seul objectif l'aspect financier de l'affaire, le reste n'a aucune importance et c'est lui qui a tout pouvoir. La catastrophe prévisible et inévitable arrive en conclusion, comme une évidence. Au-delà d'un fait divers, von Horváth met à nu des mécanismes généraux, presque abstraits, qui peuvent se reproduire d'une manière quasi mécanique dans de nombreuses situations. Implacable.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Je ne sais pas ! Je sais seulement qu'à présent je t'aime parce que tu as dix mille marks. Sans ce pécule, je n'aurais pas non plus eu de regrets. Tu ne vas tout de même pas demander à un homme ruiné de s'amouracher d'une Cendrillon.
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Je vous suis reconnaissant, très reconnaissant, de parler avec moi. Ça fait cinq jours que je n'ai presque pas parlé. On finit même par oublier sa langue. On s'étonne de sa propre voix, comme dit le poète.
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Il y a un bon Dieu, mais on ne peut pas compter sur lui. Il aide de temps à autre. La plupart peuvent crever. On devrait organiser mieux le bon Dieu. On pourrait le forcer. Et puis renoncer à lui.
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