J'ai longtemps chéri l'espoir que, face à l'immense pilier qu'est 2001 Nights dans la sphère manga des années 80, je finisse par concéder son statut et me laisse emporter dans une spirale d'émotions aussi intense que le noir des horizons infinis de l'espace, tel que Hoshino désire nous les dévoiler.
Car c'est bien de ça qu'il est question dans ce one shot de 800 pages : de l'espace, de sa froide et vaste mer noire impide. Mais aussi et surtout de l'homme avec un grand H, et de sa folle course de plusieurs siècles à travers les étoiles et hors du système solaire.
Si le projet a le mérite de donner le vertige et le frisson artistique, tant les dessins de Hoshino sont d'une beauté rare, il y a malgré tout un soucis de taille qui s'affiche rapidement devant nos mirettes ébahies : la vacuité du propos tenu. En effet, aussi vide que les espaces que dévoile le manga, l'histoire nous est narré par pléthore de protagonistes que l'on a à peine le temps de côtoyer, résultant d'un si bref instant dans une vie céleste, et les voir parfois nous asséner des instants philosophie souvent amenés sans introduction aucune ne finit que par les rendre froids et distants.
Mais ce qui rend finalement le récit indigeste, presque abscon, c'est cette envie d'offrir un côté Hard-SF à 2001 Nights et d'ajouter des tartines d'informations techniques et scientifiques jusqu'à la surdose. Étouffé sous tant d'informations, on perd de vue le but premier du récit : celui de donner le vertige d'une conquête spatiale démesurée, celui de voir l'humain quitter son berceau petit à petit, se lancer dans une colonisation des ressources de manière toujours plus intense...
Il y a de cela au début de l'histoire, mais face à la titanesque tâche que s'incombe Hoshino qu'est de dépeindre l'évolution humaine sur tant de temps et de garder en parallèle une rigueur documentaire tout le long... Tout cela finit par nous perdre, nous laissant bien loin de toutes onces de poésie spatiale et de philosophie brève et intense, pour nous amener face au vide que procure la lecture de 2001 Nights.
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Traversée de romantisme et d'existentialisme, la SF de Yukinobu Hoshino est portée par un dessin d'une élégance rare qui rappellera de fait le maître du genre, Katsuhiro Otomo (Akira).
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