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EAN : 9782743622527
458 pages
Payot et Rivages (24/08/2011)
3.88/5   24 notes
Résumé :
Après avoir joué les beatniks titubants et les poètes maudits dans la Californie des années 70, alors dominée par le folk rock des Eagles ou de Jackson Browne, Tom Waits a développé, d’une voix abrasive, une œuvre excentrique et baroque, émaillée d’albums incontournables, de Blue Valentine à Orpheans, en passant par Swordfishtrombones ou Rain Dogs.
Rock star bohème à la démarche chaloupée, fan de Kerouac et de Bukowski, mais aussi acteur reconnu grâce à Franc... >Voir plus
Que lire après Tom Waits, une biographieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"A ce qu'il paraît, Dieu protège les alcoolos, les barges, les mômes et les chiens."

Pour la route de Tom, voilà un petit portrait blues chouette chou du chanteur à la voix si rauque n'roll' :

Tom Waits nait en 1949 au Texas. Son père déserte le foyer et l'amène très tôt dans les bars où le petit Tom tend l'oreille pour les histoires de comptoir et jette un œil au fond de la salle et des verres. Cet univers lui inspire ses chansons. Il craque pour ce lieu interlope peuplé de joueurs de billards, de gangsters, de putes qui venaient le taquiner. Alcool et cigarettes comme le titre du film du réalisateur Jim Jarmush où il aura un rôle. Du coté de son père, des psychopathes et des alcooliques, et du coté de sa mère, des évangélistes : il passera son existence à essayer de concilier ces deux facettes. Son oncle Vernon avait un timbre rauque et rocailleux et Tom s'amusait à l'imiter. Peut-être le secret de sa voix phénoménale ..
Tom se plait surtout en Californie qu'il aime pour son ambiance. New-York, c'est pas son truc.
Le jeune Tom a le look d'un bohémien clodo (hobo) et l'âme d'un poète torturé. Très mordu de culture Beat, il dévore "Sur La route" de Jack Kerouac qui va devenir son livre de chant et de chevet jusqu'à sa rencontre avec le chroniqueur alcoolique des bas-fonds californiens : Charles Bukowski. Tom est subjugué par la chronique hebdomadaire de Buk dans le L.A. Free Press. "Bukowski parlait des gens ordinaires, ceux de la rue. Il sondait les recoins obscurs que personne n'avait envie de fréquenter, et encore moins de prendre comme sujets littéraires. C'était l'écrivain des laissés-pour-compte, de ceux qui n'avaient pas."

La musique de Tom Waits est une sorte de bluesy destructurée mélancolique et dissonante. Une musique qui reflète la vie étrange et grotesque. Swordfishtrombones" avec ses portraits de marginaux, "Heartattacck and Vine" et Blue Valentine", une voix rauque et suave à écouter un verre de bourbon à la main...
Les Influences de Tom : Captain Beefeart, Howlin'Howlf, James Brown et bien sur Dylan.
Son passage remarqué en tant qu'acteur notamment sous la direction de Francis Ford Coppola et de Jim Jarmusch.

Dommage que Tom Waits n'aime pas les interviews. Il est vrai que le personnage cultive le secret. Il n'aime pas se confier, c'est un euphémisme. La lecture de la biographie non officielle du journaliste Barney Hoskyns s'en ressent malgré les références et les interviews en cascade de l' entourage de Tom Waits. Le style est indigeste, fautes d'anecdotes personnelles, noyé de références musicales qui déstabilisent le néophyte et le connaisseur. On apprend donc pas grand choses de nouveau sur Tom Waits. Il faut dire que Kathleen sa femme et muse protectrice est une partenaire artistique et une redoutable femme d'affaires.

A défaut d'une lecture attentive, cette biographie se laisse écouter...

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Rauque'n'roll man !

Tom Waits est né de parents enseignants à L.A. en Décembre 49. Son père, Frank (auquel il rendra par après hommage sur le plan musical), fut prof d'espagnol et joua de la guitare, mais fut surtout un boit-sans-soif, un pilier de bar, un alcoolique. Sa mère, Alma, conservatrice et rigide, en fait une bigote évangéliste, chanta et le fit chanter, dans son église. En 59, Frank partit se faire voir ailleurs et Alma s'installa à San Diego (à 30km de Tijuana) avec Tom et ses deux soeurs. Après avoir fait plein de petits boulots pour faire bouillir un peu plus la marmite familiale, Tom, qui ne s'intéressa guère aux études, mais savait jouer du piano et de la guitare, composait et écrivait, et chantait, démarra, sans trop se presser, une carrière de pianiste de bar et de chanteur de saloon : né dans une famille de profs et de pasteurs, l'homme qui a toujours l'air d'avoir fait la noce toute la nuit, le ‘bad boy' pince-sans-rire, petit et maigrelet, à l'allure bizarre et à la tignasse en bataille, au timbre rauque et rocailleux, l'artiste un peu autiste, authentique, avec des tics, habilement planqué derrière son personnage de bohémien clodo, devint le peintre des déviants, des marginaux, des pochards titubants, du monde des bars louches et des rues sans issue, des nuits qui n'en finissent pas et des blondes que l'on écrase à cinq heures du mat', moins un chanteur qu'un conteur d'ailleurs, et plutôt timide, introverti et réservé dans la vie, contrairement à son personnage un peu hâbleur sur scène.

Signé par David Geffen pour son label ‘Asylum' (racheté vite fait par la ‘Warner' et fusionné avec ‘Elektra'), le premier album du freak à la voix gutturale et au style insolite, proche du cabaret satyrique comme du blues-rock avant-gardiste, sortit en 1973 (il inclut ‘Martha'). Fan de Jack Kerouac comme de Charles Bukowski, mais aussi de James Brown comme de Bob Dylan, le ‘psalmodieur' à la barbichette et à la casquette poulbot, qui avait l'habitude de raconter des blagues grivoises sur scène tout en chantant, commença de nous asséner ses mélodies bluesy. Ce fut un premier disque d'une facture très jazzy, pas mal bluesy et même un peu country, à la Randy Newman (le ragtime et le son de la Nouvelle-Orléans ne sont pas très loin), qui n'a tout simplement pas grand chose à voir avec les oeuvres actuelles du Maître et peut donc tout à fait séduire même ceux qui ne sont pas exagérément fan du vieux lion rugissant, mais craquent tout simplement pour le piano bar de qualité, murmuré plutôt que hurlé.

Pendant que Bruce Springsteen s'imposait sur la Côte Est, Tom Waits s'enfonçait sur la Côte Ouest : son deuxième disque, de 1974 (il inclut ‘The heart of Saturday night'), d'une facture toujours très jazzy, ressemblait un peu beaucoup au premier, mais plutôt en un peu moins bien, même si un peu du Tom Waits d'aujourd'hui pointait un tout petit peu le nez sur certains morceaux de cette galette de nuit : l'ambiance est au piano, à la bouteille et au cendrier pour une poignée de chansons que notre crooner du caniveau, qui était alors en tournée avec Frank Zappa et souffrait que de se faire conspuer par les fans de celui-ci à longueur de soirée, susurre en poète de la solitude. Heureusement pour lui, les Eagles avaient repris ‘Ol' ‘55' de son premier album et les royalties commençaient de tomber. Mais ces deux premiers opus, des albums à petit budget (dans les 15.000,-$), n'eurent pas vraiment un grand écho : l'oiseau de nuit bourré, à mi-chemin entre Tim Buckley (le père de…) et Robert Zimmerman, peinaient à conquérir un véritable public…

Son troisième disque, de 1976, commençait quand même de ressembler un peu plus aux oeuvres ultérieures de notre barde des chambres d'hôtel tapissées en vert-vomi : l'ambiance est au piano, à la bouteille et au cendrier pour une poignée de chansons que notre crooner du caniveau, qui venait de faire une tournée avec l'excellent Ry Cooder d'une part et même sa toute première tournée en solo au Japon, susurre en poète de la déglingue. Et pour la première fois, sa voix de ‘jazzbo' (de ‘hobo') prend forme et donne à l'ensemble, encensé d'ailleurs par la critique à l'époque, ce vernis si caractéristique du répertoire du chantre des types qui dégringolent la pente plus vite qu'ils n'arrivent à la remonter. Et puis ce disque contient trois morceaux (‘Tom Traubert's blues -Waltzing Mathilda-‘, ‘Jitterbug boy' et ‘I wish I was in New-Orleans') qui figurent encore aujourd'hui au panthéon des meilleures compositions du vieux Tom et est donc tout simplement indispensable si vous êtes sensible au trille du rossignol de San Diego.

Le quatrième disque, de 1977, d'une facture totalement jazzy, fut plus un retour aux disques du début qu'au dernier en date. Mais comme cet album, le premier qui ne comprenne aucun ‘tube', ne prolongeait pas assez le disque précédent, sans valoir les premiers pour autant, il a été boudé par la critique comme par le public. Heureusement pour Tom, c'est aussi à ce moment-là que son chemin croisa celui d'une jeune chanteuse de 23 ans, Rickie Lee Jones, une sorte de négresse blanche très sexy, qui est vite devenue sa compagne et même son quasi-clone au féminin, et c'est également alors qu'un certain Sylvester Stallone lui proposa son tout premier rôle au cinéma, dans ‘La taverne de l'enfer', celui… d'un pianiste de bar complètement bourré.

Cinquième et dernier album studio de la décennie (le suivant ne paraîtra qu'en 1980) et à nouveau sans tube, en l'occurrence de chanson véritablement marquante, ‘Blue Valentine' (de 1978) illustre toutefois une légère évolution du son de notre ‘story teller', qui devint lentement plus urbain. A ce moment-là, Rickie Lee Jones sortit son propre premier album pour la Warner directement (alors que Tom enregistrait toujours encore pour leur sous-marque Elektra), bénéficiant du coup d'un budget autrement plus confortable, mais surtout se vit immédiatement gratifiée d'un énorme tube, ‘Chuck E.‘s in love' (en référence à Chuck E. Weiss, le ‘double' de Tom, son âme damnée et constant accompagnateur, avec lequel Rickie et Tom avaient vécu une sorte de relation à trois) qui l'imposa dès ce premier essai, ce qui agaça évidemment passablement notre ‘murmureur' qui allait bientôt se transformer en hurleur…

A cette époque-là, Tom Waits commençait de se lasser de sa vie de patachon : un disque, puis huit mois de tournée, puis de nouveau un disque, etc. Ricky Lee était passée aux drogues dures et Tom l'accompagna dans sa première tournée en Europe, mais en cours de route ils rompirent et Tom revint vite fait aux USA, s'installa à New-York et décida de changer de genre. C'est alors que Francis Ford Coppola le contacta et lui demanda de signer la BO de son prochain film, ‘One from the heart', et c'est dans les studios de Coppola que Tom rencontra celle qui allait devenir sa moitié, j'ai nommé Kathleen Brennan, qui lui a apporté la sécurité : Tom songeait à se caser et à avoir une famille. Comme les choses n'avancèrent pas très vite avec le film, il écrivit et enregistra un nouvel album (de 1980 ; il en devait encore un, contractuellement parlant, à sa maison de disques) et s'offrit ainsi son premier méga succès, ‘Jersey girl (Sha-la-la, sha-la-la)', qui plaça d'emblée le disque parmi les meilleures ventes de l'année. En 82 sortit la BO du film, superbe, avec plusieurs duos enregistrés avec la magnifique Crystal Gayle. Après quoi commença une nouvelle ère, celle du Tom Waits vociférant sur des musiques saoules …

Le 1° Août 1980, Kathleen et Tom se marièrent, ce qui amena Tom à renouer avec la normalité après dix années de galère. Mais le poète aviné des bars et des prostituées avait aussi envie d'autre chose sur le plan musical : d'une musique ‘entrepôt de ferrailleur', de guitares désaccordées et de percu au démonte-pneu. A partir de ce moment-là, la déjà relique des années 70, plutôt que de se reposer sur ses maigres lauriers, prit également ses affaires en main en personne avec l'aide de sa femme : 6 disques studio, un live et une BO avaient plus enrichi son entourage professionnel que lui-même. Musicalement, il commença de défricher un nouveau terrain dont il put enfin se permettre de vraiment revendiquer la paternité : l'abrasif et le dissonant, l'étrange et le grotesque, à base d'ingrédients disparates, qui allaient faire de lui le Fellini du rock. Et comme sa maison de disque refusa de sortir son nouvel album, ‘Swordfishtrombones', il changea de maison de disques et signa en 1983 chez ‘Island'. Kathleen était alors enceinte de leur premier enfant (une fille qui eut par après deux frères, dont l'un, Casey, batteur, oeuvre d'ailleurs entre-temps régulièrement avec son père).

Tout en continuant de tenir de petits rôles au cinéma (‘The Outsiders', ‘Rumble fish' et ‘Cotton Club', tous de Coppola), Tom s'installa à New-York avec sa petite famille et travailla à y monter ‘Frank's wild years', sa première ‘comédie' musicale. Sur place, Tom se lia d'amitié avec Jim Jarmush et John Lurie, qui lui présenta le guitariste Marc Ribot. En 1985 sortit le disque ‘Rain dogs' (qui inclut ‘Jockey full of bourbon', ‘Hang down your head', ‘Time' et ‘Downtown train'). Quant au spectacle, qui ne put finalement se monter dans la Grosse Pomme, il fut joué à Chicago et devint un disque en 1987 (qui inclut ‘Yesterday is here' et ‘Cold cold ground').

En 1987, la famille retourna en Californie et Tom décida de produire un concert filmé, monté comme une pièce de théâtre, ‘Big time', qui est sorti en 1988 et est en fait un ‘best of'. En 1989, il fit la connaissance du baroque Robert Wilson, avec lequel il monta en 1990 à Hambourg l'opéra-noir ‘The Black Rider', une histoire faustienne, musique de Tom, paroles de lui et du déjanté écrivain William Burroughs, tout en continuant d'apparaître dans quelques longs-métrages (le ‘Dracula' de Coppola, mais aussi le ‘Short cuts' d'Altman).

En 1992 sortit son nouvel album aux sons écorchés et aux percussions déglinguées, ‘Bone machine' (qui inclut ‘All stripped down', ‘Who are you', ‘Goin' out West' et ‘I don't wanna grow up'). Entre rage et romance fleur bleue, ce bazar infernal précéda de peu la sortie du disque accompagnant ‘The Black Rider' (qui inclut ‘Crossroads') en 1993. Puis rebelote avec Robert Wilson à Hambourg pour une version trash d''Alice au pays des merveilles'.

La vie de famille (un troisième enfant était né entre-temps), l'argent qui rentrait tout seul grâce aux nombreuses reprises, quelques participations à des disques d'autres artistes, divers projets qui ne virent pas tous le jour et toujours les petits rôles sur le grand écran firent que les années passèrent ensuite particulièrement vite. Blackwell ayant quitté ‘Island' entre-temps, Tom changea à nouveau de maison de disques et passa à ‘Epitath'. En 1999 sortit ‘Mule variations' (qui inclut ‘Hold on' et ‘Come on up to the house') qui eut un énorme succès. En 2000, Wilson et Tom mirent sur pied leur déjà troisième opéra-noir, ‘Woyzek' et en 2001 sortirent en même temps les deux disques accompagnant ‘Alice' et ‘Woyzek - Blood money' (qui inclut ‘Coney Island Baby'). Et en 2004, sortit le nouvel album ‘Real Gone'. En 2006, Tom revint sur l'ensemble de sa carrière et nous proposa le triple album ‘Orphans', une anthologie d'antiquités et de curiosités (qui inclut ‘Lie to me', ‘Lucinda', ‘Sea of love', ‘Long way home', ‘Widow's grove' et ‘Goodnight Irene'). Et en 2011, sortit la dernière galette en date du trublion du phonographe, ‘Bad as me', qui consacra, si besoin en était encore, le chantre des clochards et des poivrots Roi de la musique mutante !

C'est cette vie et tous les détails afférents que vous pouvez découvrir au travers de cette très fournie biographie de près de 500 pages sur le poète beatnick enjazzé qu'est le Pape des traine-tard et des rôdeurs, j'ai nommé l'ancien pochtron Tom ‘California man' Waits ! Bon appétit !
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On reconnaît un songwriter talentueux à la quantité de ses compositions interprétées par d'autres artistes. Il en était ainsi de Bob Dylan, c'est idem en ce qui concerne Tom Waits.
Par exemple « Old 55 » repris par les Eagles ou « Jersey girl » par Bruce Springsteen.

Tom Waits, avec le temps, est devenu un artiste culte, fervent lecteur de Kerouac et de Bukowski durant les années 70, que l'on a pu à l'occasion apercevoir dans certains films de Coppola, de Jim Jarmush ou encore de l'ex-Monty Python Terry Gilliam.

Sa musique ressemble à nulle autre et est donc difficile à définir, sorte de blues mâtiné de jazz avec parfois quelque chose d'un tango détraqué ou donnant dans la musique percussive. Il est aussi peu aisé d'appréhender l'homme derrière la musique, soucieux qu'il est de protéger la moindre parcelle de sa vie privée. Ce n'est pas pour rien qu'il a refusé de rencontrer l'auteur de cette biographie.

Il a également toujours refusé que ses chansons soient utilisées dans des publicités, considérant qu'associer les deux (une musique et un message publicitaire) était restreindre l'imaginaire que pouvait générer la musique en elle-même.

Une biographie intéressante parce qu'on y apprend un peu plus sur ce que fut le parcours de cet artiste hors normes, du début des années 70 jusqu'à aujourd'hui, même si j'émettrai quelques réserves sur le style un peu lourd de Barney Hoskyns, ce qui rend la lecture un peu pénible.
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Est-ce la traduction ? Est-ce le style ?
En tout cas ce n'est pas la faute de Waits, pauvre de lui.
Que ce livre est pénible à lire, bourré de tics d'écriture, de répétitions stupides (cette manie de donner la date précise du moment où Waits ou un autre raconte une anecdote de vingt ans plus jeune, c'est horrible ! Concrétement, ça donne : Tom me disait en 1989 à Kennedy airport qu'en 1978, il avait fait du skate à santa Monica... Voilà... Suuuupeeeer)
Bref c'est évidemment très intéressant parce que la vie de Waits a été très peu abordée et qu'on connaît mal les détails du chemin du succès du chanteur.
N'empêche que c'est une purge à lire, que ça manque de vivacité et de fluidité et quand je pense au calvaire qu'à dû vivre le traducteur à se farcir les 600 pages originales, j'ai mal pour lui.
Tom Waits est un génie, son biographe bosse chez canard WC. de la limite de l'hygiène accordée au rock, au blues, au jazz et au punk. Monsieur, si c'était pour enfiler des gants en plastique de proctologue, autant faire la bio de Rihanna ou de Britney Spears.

A lire pour ce qu'on y apprend mais dieu que ce fut difficile !
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Tom Waits jazzman ? Un pléonasme ou un oxymore ? Dans cette passionnante biographie, Barney Hoskyns, journaliste et écrivain anglais, déjà auteur des excellents « Hotel California » et « Waiting for the sun » sur cette Californie du Sud qu'il connaît bien ainsi que sa musique, nous emmène à la découverte de l'un de ses musiciens les plus originaux. Alors, le Jazz ? Si il est une des composantes essentielles de la musique de Tom Waits, il est loin d'être la seule.

En effet, le blues, le rock, la chanson folk, la musique soul, les compositions de Kurt Weil ou de Nino Rota, voire d‘Ennio Morricone sont autant d'éléments qui entrent dans les compositions du natif de L.A. Sans parler de ses textes inspirés par Dylan, Kerouac et tous les poètes beat, Charles Bukowski et Raymond Chandler. Et Monk, Dolphy, Louis Armstrong, Miles Davis (période « cool »), font aussi partie de son panthéon personnel. Pianiste, guitariste, chanteur à la voix éraillée reconnaissable entre mille, compositeur, parolier d'exception aux textes remplis d'humour, comédien atypique, la somme (pas loin de 500 pages) que consacre Barney Hoskyns à ce géant de la musique de la fin du vingtième siècle était une nécessité pour cerner ce personnage à nul autre pareil.

Dans ce livre passionnant, on découvre un artiste complexe, qui doute souvent de lui-même, un écorché vif dont la vie tumultueuse a été marquée par la musique et la poésie, mais aussi par des rencontres marquantes ( Sylvester Stallone, eh oui, qui le premier le fera tourner, Francis Ford Coppola, John Lurie, Jim Jarmusch, Iggy Pop, Keith Richards à qui il est lié par une indéfectible amitié, Jack Nicholson aussi), des amours intenses (Rickie Lee Jones, Bette Midler, et désormais la sérénité avec son épouse la compositrice Kathleen Brennan), et une addiction sévère à l'alcool pendant des décennies.

Le livre offre également une analyse pointilleuse de la musique et des albums de Tom Waits « Ecouter un disque de Tom, c'est voir dix films » disait son ami Francis Coppola, tant son sens de la narration et de la mise en scène auditive est pointu. Point par point, s'appuyant sur des interviews des proches de Tom, et des musiciens ayant travaillé avec lui, pour la plupart des jazzmen (Teddy Edwards, George Duke, Ralph Carney, Shelly Manne, Mike Melvoin, John Lurie, Victor Feldman) car c'est dans le jazz, et son oncle le blues que Tom puise le plus souvent, Hoskyns brosse un portrait affectueux d'un homme qui reste pour beaucoup une énigme. Des débuts difficiles en première partie de Frank Zappa (ils partageaient le même manager, Herb Cohen) jusqu'au statut de culte international, la route fut longue et cabossée.

Son chef-d'oeuvre reste à mon sens, l'album « Rain Dogs » (1986) qui comprend la somme de tous les élément indiqués ici.

Laissons le mot de la fin à un autre grand musicien :

« Tom Waits est un poète fantastique et un mec d'une très grande qualité, croyez moi . Il est loin devant. C'est l'un des derniers géants » Ry Cooder.
Lien : https://www.lejazzophone.com..
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critiques presse (1)
Lhumanite
23 janvier 2012
Livre habité par une joie et une drôlerie communicatives, cette biographie est un témoignage lumineux sur ce qu’on peut faire d’une existence au cours de laquelle on ne cesse « d’osciller entre un état profondément sentimental et une fureur de décapité ».
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quand sa progéniture cherchait à savoir pourquoi il ne travaillait pas comme les autres pères, Waits leur racontait l'histoire de l'arbre droit et de l'arbre tordu. "Tous les jours, l'arbre droit répétait à l'arbre tordu : "Regarde-moi, je suis grand, je suis droit et beau, et toi, tu es tout tordu, tout rabougri. Personne ne vient t'admirer." Un beau jour toutefois, les bûcherons débarquèrent en forêt. Ils examinèrent l'arbre droit, puis l'arbre tordu, et dirent : "N'abattons que les droits, laissons les autres." Les bûcherons transformèrent alors tous les beaux arbres droits en bûches, cure-dents et feuilles de papier. Mais l'arbre tordu est toujours là, plus fort et plus étrange chaque jour qui passe." Kellesimore et Casey finirent par trouver plutôt cool d'avoir un arbre tordu comme père, même si son pantalon baillait au niveau des genoux.
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"Broken Bicycles", le solo de Waits, parle aussi de vieilles choses disloquées, brisées, en rapport au thème de l'abandon si prégnant dans ses dernières créations. L'auteur semble plein de compassion pour les objets inanimés, délaissés, qui eurent pourtant leur moment de gloire. Il croone dans un phrasé de flâneur élégant sur le piano fluide de Pete Jolly; et signe peut-être là sa plus belle mélodie.
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C'est arrivé à Waits par la voie d'un rêve troublant. Une pile de vieux vinyles trônait au milieu d'un tas de vieilles chaussures de l'Armée du salut. Alors qu'il les passait en revue, il tomba sur l'un des siens. La pochette semblait le fixer d'un air de reproche. Un changement s'imposait s'il ne voulait pas se transformer en relique des années 1970 abonnée aux bacs à soldes.
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"Que pensez-vous de Patti Smith ? avait-il (Tom Waits) demandé à Downbeat à son retour aux Etats-Unis. Son groupe l'enterre sur scène et sur disques. Vu qu'elle est vendue comme poète, il me semble qu'elle devrait fouiller un peu plus ses histoires et ses lyrics."
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A un moment donné, il faut arrêter de picoler tous les jours : un matin, vous vous réveillez avec un morceau d’âme en moins…

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Video de Barney Hoskyns (2) Voir plusAjouter une vidéo

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Appelés par Patrick POIVRE d'ARVOR, Marisa BERENSON et Jean-Pierre CASSEL pour remettre le Prix d'interprétation masculine ex aequo à Michel BLANC pour "Tenue de soirée" et Bob HOSKINS (absent) pour "Mona Lisa", annoncés par Milos FORMAN.
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