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EAN : 9782366581508
213 pages
KERO (27/08/2015)
3.63/5   35 notes
Résumé :
Gilles est professeur de philosophie dans un lycée. Il est séduisant, brillant, un brin iconoclaste, témoin halluciné de la médiocrité moderne. Ce jour de rentrée commence bien mal puisque Victoire, une élève de première, s’est défenestrée du troisième étage du lycée. Une nouvelle année de débâcle dans les couloirs de l’Éducation nationale ? Une jeune femme aux yeux verts y apparaît pourtant, qui pourrait changer le monde. D’une écriture claire et féroce, Sébastien ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 35 notes
ATTENTION VIOLENCE !
Une fois n'est pas coutume, je vais me lâcher et laisser exploser ma rage.
Rien, je n'ai rien aimé dans ce livre.
Je n'y ai vu que des discours sans intérêt, des idées toutes faites sur tout.
Le regard cynique et méprisant du héros de cette histoire m'a agacée.
Si au moins nous avions à faire à un livre bien écrit, je pourrais lui trouver des excuses, mais non, rien, il n'y a rien à sauver.
Si j'ai encore une hésitation sur mon coup de coeur de l'année, je n'en ai aucune sur la "bouse" de l'année.
De plus, Il est étrange de trouver autant de critiques dithyrambique sur ce livre, critiques qui ont toutes été postées à la même date par des "pseudos lecteurs" qui n'ont qu'UN seul livre dans leur bibliothèque.
Curieux, non ??? Je remarque le même phénomène sur d'autres sites littéraires tels « Libfly » ou « Lecteurs.com ».

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Armé d'une intrigue aussi simple qu'efficace et sous des airs faussement tranquilles, Sébastien Hoët se paie la médiocrité ambiante et les idoles de l'époque à travers les états d'âme de Gilles, un professeur de philosophie à la dérive, mécontent de tous et mécontent de lui – antihéros désabusé se débattant péniblement dans les couloirs de l'Éducation Nationale.
Dans la région de Lille, en arrivant au lycée, Gilles apprend que Victoire, une élève de première, s'est suicidée en se jetant du troisième étage de l'établissement. Dans la salle des profs, on découvre un homme dans un décalage intellectuel évident, tâchant tant bien que mal de faire bonne figure, moins ouvertement offensif qu'en phase de saturation intérieure. Autour de lui : Arsène, un type bavard dont Gilles semble tolérer la compagnie, et Esther, une jeune femme remarquablement bobo, mais dont le charme ne laisse pas indifférent. Une invitation pour assister à l'adaptation d'une pièce ouvrira les hostilités, avec notamment la description d'un microcosme théâtreux débordant de nullité.
Entre deux cuites où Gilles laisse éclater son mépris pour les productions actuelles, un nouveau drame semble prendre forme de façon nébuleuse. Une chose est sûre, trop jeune pour appartenir à la vieille garde des enseignants, Gilles se reconnaît encore moins dans la nouvelle génération. C'est aussi l'occasion d'une peinture au vitriol d'élèves toujours plus incultes et végétatifs, avec leurs variantes, leurs particularités, leurs exceptions et leur génie abyssal parfois. Dans un équilibre fiévreux, le professeur dresse alors un état des lieux, tente d'envisager une suite, la possibilité d'une cohabitation pacifique avec son environnement direct, mais le vertige s'accentue. En écho, Victoire répète ses derniers instants.
Au-delà du lycée, si l'auteur tire dans le tas, rien de gratuit dans les portraits sévères dressés tout au long du livre : figures emblématiques ou imposées du monde culturel, médiatique et académique tel qu'il domine de façon quasi exclusive depuis des années, malgré une perte de crédibilité exponentielle et quelques plombs dans l'aile depuis peu. Son approche est assez bien sentie, flirtant avec le burlesque parfois, n'épargnant pas non plus son antihéros dont il trace d'emblée les limites et les contradictions en le confrontant notamment au ridicule de la pose – autre fléau d'actualité – ce qui participe d'ailleurs à rendre Gilles plutôt attachant.
Avec ses petites humiliations et dans une lassitude sous tension, l'année scolaire va ainsi s'écouler, les dents serrées, à deux doigts du naufrage ou de l'explosion. D'un bout à l'autre, la voix spectrale de Victoire se fera entendre, rejouant son ascension fatale dans une étrange symétrie avec l'errance de Gilles embarrassé par son enveloppe charnelle, ses désirs, son passé, sa quête de sens et ses références. Bref, sans complaisance pour son temps, avec humour et intelligence, déployant un éventail d'images percutantes, ce premier roman tranche avec un éclat certain.
Lien : http://salon-litteraire.com/..
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Ce roman m'a laissée très perplexe. Et pour cause, à la lecture du résumé, je m'attendais à une intrigue très centrée sur l'affaire du suicide de Victoire, une du lycée dans lequel Gilles, le personnage principal, enseigne. En effet, cette élève s'est défenestrée du troisième étage de l'établissement, pour des raisons inconnues. Ma ça n'a pas été le cas. L'histoire est bien plus centrée sur Gilles, qui est un anti-héro très réussi, il est témoin du changement de la société, de la "médiocrité moderne" comme le dit le résumé.

Il se fait de nombreuses réflexions sur ces changements dans divers domaines, comme la littérature, le milieu de l'édition (je dois avouer avoir été partiellement d'accord avec les réflexions sur ce domaine-ci) les femmes, l'amour, l'enseignement... Il compare notamment avec beaucoup de succès les enseignants d'avant, "espèce en voie de disparition", avec les enseignants d'aujourd'hui, les jeunes enseignants, qui sont totalement connectés et modernes.

Avec humour et justesse, il n'épargne pas grand monde, c'est vrai. J'ai beaucoup apprécié l'écriture, simple mais fluide et très efficace. Ce qui m'a parfois légèrement gênée, ce sont les nombreuses références, à certains écrivains que je ne connaissaient pas du tout, mais cela m'a permis d'apprendre, justement, à les connaître.

À intervalles régulier, des petits chapitres sont consacrés à Victoire. Ces chapitres sont à la première personne du singulier, contrairement au reste du roman, ce qui peut être un peu perturbant au départ, mais on finit par comprendre la démarche. L'utilisation de ce mode de narration uniquement sur ces petites brides rend le discours de Victoire encore plus frappant, d'un coup, elle est plus proche de nous, c'est comme si elle s'adressait au lecteur. Ainsi, on comprend encore mieux son mal-être, ce qui l'a poussée à commettre l'irréparable. J'ai aimé ces petits chapitres, que j'ai trouvés trop courts à mon goût.

Au fil des pages, je me suis rendu compte que Gilles, derrière son personnage d'homme sûr de lui, cache également un mal être, qui le rend proche de cette élève de première qui pouvait lui sembler insignifiante. Depuis l'enfance, il se sent à part, comme enveloppé, coincé dans quelque chose de trop étroit. J'aurai aimé que le lien entre ces deux êtres (qui tous les deux, souffrent) soit davantage fait.

Gilles fait la connaissance d'une nouvelle professeure d'anglais, à la rentrée. Celle-ci lui plaît physiquement mais au niveau des convictions, elle est son opposée. Elle représente toute cette évolution dans la façon de penser, d'être et de vivre, que Gilles rejette et critique. Mais malgré tout, elle l'attire. Je n'ai pas réussi à m'attacher à elle, pour une raison que je n'arrive pas vraiment à définir.

Globalement c'est un roman très psychologique, qui m'a personnellement fait réfléchir sur pas mal de choses. J'ai été touchée par l'histoire de Gilles, par son passé, ses incertitudes quant à lui-même et sa capacité à séduire les gens. Mais je l'ai également été par Victoire. J'aurai tellement aimé que leurs deux histoires se mêlent davantage, que ce ne soit pas seulement une succession de chapitres, avec l'un qui parle de lui et l'autre d'elle ! À mon avis, tourné comme ceci, ce roman aurai peut être bien pu être un coup de coeur pour moi. Une très bonne lecture tout de même.
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Ce roman, dont le personnage principal se prénomme Gilles - et dont l'auteur se distingue nettement - établit une sorte d'arc temporel entre les années 30 - et le Gilles de Drieu la Rochelle - et notre temps de houellebecquisme triomphant. L'auteur réussit le tour de force consistant à détruire la médiocrité ânonnante ambiante tout en renversant le négativisme du surface en éthique de premier ordre. Tour de force aussi que d'écrire un roman formellement hors normes, incluant de la plus pure poésie en même temps qu'une satire des plus bernhardiennes. Hoët apparaît ici comme l'antidote à une époque dominée par le symptomatique et déliquescent Houellebecq dont la poésie de mirliton épouse docilement un niveau analytique situé quelque part entre les fiches Wikipédia qu'il pompe et un Zemmour qu'il bégaie. Il faut absolument lire cette Contre-heure, un opus d'une maturité et d'une lucidité sereines que les lecteurs peu préparés, amateurs de Houellebecq et de Nothomb, ne peuvent que honnir. Enfin une œuvre, non pas un simple livre, et une œuvre cinglante, émouvante, précise.
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Gilles, un personnage nocturne et lumineux, passe au peigne fin les fausse valeurs contemporaines, les inconsistances idéologiques du moment, les simulacres d'existence et rencontre une morale dure et haute qui sauve tout de même ce qu'une époque a de plus vivant et émouvant : l'enfance, l'amour, l'authenticité de certains êtres.
Citation : « Gilles écrivait aussi, pas seulement de la poésie. Des proses. Un exercice, un entraînement de haut vol. Il retirait de ces pages écrites tard dans la nuit une plus grande sensibilité aux autres, à lui-même comme être humain, il voyait mieux, il écoutait mieux, il goûtait mieux, dans la surprise d'une langue qui semblait tout comprendre. Après, le monde brillait davantage… » (p. 71).
Livre vital, dont on ressort plus fort, plus lucide, mieux armé.
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critiques presse (1)
Chro
08 septembre 2015
Ce premier roman (...) constitue une réussite remarquable, qui tranche avec éclat sur la fadeur ambiante.
Lire la critique sur le site : Chro
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
ça n'arrêtait jamais de toute façon, ça bavardait, il n'écoutait plus. Il en était à ce moment de la journée que les Italiens du Sud appellent la controra, la contre-heure, l'heure du suspens, de la cessation, l'heure du retrait, mais en Italie cette heure engourdit au plein midi, sous le soleil hostile devenu point blanc, heure zoroastrienne où l'ombre est la plus courte, où il faut trouver sa fissure de roche dans la terre qui fond.
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C'était vraiment curieux ces gens qui allaient au bout du monde à la rencontre de visages auxquels ils n'adresseraient pas la parole au retour. Les mêmes qui faisaient cours à leur ordinateur en classe plutôt qu'aux élèves. Il allait quant à lui s'ensevelir dans sa maison, dormir une bonne partie du jour, commencer à écrire un roman peut-être. Il voulait l'écrire pour quelqu'un, il voulait écrire qu'il s'était trompé, que l'être humain est souvent bon, que l'époque n'est pas si médiocre, que les femmes aiment encore les hommes, que nos enfants nous prolongent et nous sauvent. Il croisa le regard d'Esther et son sourire.
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Au milieu de la classe, une petite coiffée d’un chou marron le fixait derrière un épais binocle en tremblant. Elle expectorait de temps en temps un nom grec ou latin quand Gilles posait des questions d’étymologie ou de mythologie, avec une parfaite exactitude, avant de retomber dans son mutisme frileux. Gilles aimait bien les grosses maghrébines blondes qui ne comprenaient rien, qui lui soutenaient que le mot « aléa » n’existe pas, qui lui parlaient de l’allégorie de la Caserne si ce n’est de la Taverne, mais témoignaient les unes aux autres une telle amitié généreuse, et une telle joie de vivre, qu’il en était ému. Elles le maternaient et le respectaient profondément. Il le leur rendait bien. Colmatant les brèches, les autres gamines menaient une vie végétative, hagarde.
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Gilles écrivait aussi, pas seulement de la poésie. Des proses. Un exercice, un entraînement de haut vol. Il retirait de ces pages écrites tard dans la nuit une plus grande sensibilité aux autres, à lui-même comme être humain, il voyait mieux, il écoutait mieux, il goûtait mieux, dans la surprise d’une langue qui semblait tout comprendre. Après, le monde brillait davantage…
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C’est vraiment l’heure d’après, la seconde de trop, où tout paraît dans sa vérité crue, hébétée, sordide et séduisante, dans la nudité de sa matière. L’homme retourné à la matière, la femme retournée à la matière, s’offre et s’absout. L’heure de la suée intime, l’heure de l’accueil. L’heure à laquelle il faut avoir le talent de produire le bon pas, oui, oui, le bon pas, il faut que je produise le bon pas, de toucher du bout du doigt une hanche, un ventre sous le tissu mouillé.
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