![]() | Virgule-Magazine 16 juin 2015
D’une sirène un homme était amoureux fou. Il venait sans cesse au rivage Offrir à sa Vénus le plus ardent hommage ; Se tenait là, soupirait tout son soûl. La nuit l’en arrachait à peine, Les soucis avoient pris la place du sommeil ; Et la nuit se passait à presser le soleil De revenir lui montrer sa sirène. Quels yeux ! Quels traits ! Et quel corps fait au tour ! S’écriait-il : quelle voix ravissante ! Le ciel n’enferme pas de beauté si touchante. Il languit, sèche, meurt d’amour. Neptune en eut pitié. Ça, lui dit-il un jour, La sirène est à toi ; je l’accorde à ta flamme. L’hymen se fait ; il est au comble de ses vœux ; Mais dès le lendemain le pauvre malheureux Trouve un monstre au lieu d’une femme. Pauvre homme ! Autant l’avaient travaillé ses transports, Autant le dégoût le travaille. Le désirant ne vit que la tête et le corps ; Le jouissant ne vit que la queue et l’écaille. + Lire la suite |