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EAN : 9782818049730
208 pages
P.O.L. (05/03/2020)
3.11/5   28 notes
Résumé :
Chandra, un jeune mathématicien indien, découvre son double au Louvre. C’est l’automne à Paris et la fin de la mousson à Calcutta. Deux marais et marchés aux fleurs, pourtant très éloignés, se superposent. Les eaux vertes et grises de la Seine et du fleuve Hooghly se mêlent. On assiste à d’étranges frottements et flottements. Et la ville (la vie) est couverte d’écritures à déchiffrer.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Génie des mathématiques venu à Paris poursuivre ses études, Chandra découvre la ville et s'acclimate à la France, tout en restant en lien étroit, grâce à Skype, avec sa famille à Calcutta : son père, ingénieur qui dirige une usine de traitement de l'eau, sa mère, si sensible à la cause des femmes, ses deux petites soeurs chéries, et sa grand-mère, qu'il voit avec inquiétude doucement décliner.


Le jeune homme est brillant et curieux. Surnommé le scribe par une autre étudiante parce que, dans sa chambre de bonne, il travaille assis en tailleur, comme le Scribe accroupi du Musée du Louvre, il parcourt Paris tout en gardant un oeil tendre et protecteur sur ses proches en Inde. le récit se déploie au fil de mille détails, dans une peinture fine et précise qui superpose peu à peu deux ambiances, deux vies aux antipodes l'une de l'autre qu'internet permet à Chandra de vivre quasi simultanément.


Les personnages esquissés avec justesse et tendresse s'avèrent attachants et crédibles. Si leur vie aisée et leur affection les entourent d'une bulle protectrice, l'on sent la fragilité et le miracle de leur équilibre dans un monde aux multiples et menaçantes dissonances : tandis qu'il s'émerveille des beautés de Paris, Chandra remarque un militant écologiste blessé par un tir de LBD et des gitanes malmenées par la police. Son père est victime de malveillance et, dans la concurrence acharnée pour la maîtrise économique de l'eau, sa station d'épuration empoisonnée. Sa mère se fait insulter quand elle conduit en Inde, certains temples restent interdits aux femmes malgré les lois, et tandis que les moussons se font de plus en plus violentes, les réservoirs naturels d'eau disparaissent sous des montagnes d'ordures à ciel ouvert.


Fine dentelle d'infimes détails laissant entrevoir de sombres profondeurs, ce texte agréable aux ambiances prégnantes est d'une extrême délicatesse. Emportée par ma lecture, je suis toutefois restée sur la perplexité de son absence de réel dénouement, frustrée de devoir quitter les personnages comme au milieu de l'exercice de funambule de leur fragile et attachante existence.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Voilà un récit plaisant et très agréable à lire.

Chandra est un jeune homme originaire de Calcutta, très doué pour les mathématiques, que ses parents envoient à Paris pour parachever ses recherches en mathématiques.
Manoj, son père, est propriétaire d'une station d'épuration à Calcutta, et va subir un acte de grande malveillance dans son travail.

Le récit alterne le récit de la découverte de Chandra du coeur de la capitale française – il est logé dans une chambre de bonne par un couple de curieux originaux au sein de l'île de Cité – et le récit de la famille de Chandra, restée à Calcutta, mais avec qui il échange via Skype : la grand-mère, Indir, un membre essentiel de la famille, Rosha, sa mère, une intellectuelle universitaire, en butte au sexisme ordinaire contre les femmes et ses deux charmantes soeurs Sharmila et Sweety.

A Paris, Chandra est donc logé par Klemens, un original qui cache de curieux trésors dans un vieil appartement parisien, qui est l'enceinte de la Bibliothèque polonaise, et qui va l'initier aux premiers graffitis parisiens datant de 1764, et lui montrer où on peut encore en trouver. En marge de ses études à l'Institut Point Carré, il se lie d'amitié avec deux étudiants exilés comme lui : Dimitri le russe, et la belle Margot.
Sa découverte de Paris, qu'il découvre lentement en se promenant à pied, nous ouvre un Paris intime, sous l'oeil neuf du scientifique qu'il est profondément.

Pendant ce temps, Manoj, son père, a de curieux soucis dans son travail : en retrouvant un animal mort dans une des cuves de sa station d'épuration, il découvre que celui-ci a été empoisonné par de l'arsenic, versé par malveillance dans les cuves d'eau potable, et par ailleurs victimes d'une explosion interne : des signes évidents d'un acte délibéré contre lui.
Et le scribe, me direz-vous ? C'est lors d'une visite au Louvre que Chandra le découvre, et, quelques milliers d'années plus tard, le jeune indien se retrouve, comme ce scribe, lettré, mathématicien, isolé loin des siens, mais poursuivant ses recherches avec beaucoup de conviction – des recherches qui pourraient bien aider son père Manoj à résoudre ses problèmes de cuves fissurées.


C'est fluide, léger, agréable, avec une prégnance des odeurs et des couleurs très plaisante pour le lecteur – la description de Calcutta et de ses millions d'habitants, et de son trafic urbain pollué est très expressive - avec une attention particulière aux décors que j'avais déjà remarquée en lisant Tout un monde lointain de la même autrice.

On pense à Satyajit Ray, le cinéaste indien, que la famille de Chandra a côtoyé : une même attention aux êtres et aux choses, sans jugement ni conclusion (on ne saura pas si Manoj sera venu au bout de ses peines et aura trouvé les coupables, ni si Chandra aura rendu son exposé à temps, et aura brillé par ses raisonnements mathématiques).

Métaphore de ce récit contemporain mais appelé à durer, la découverte des graffitis datant de l'époque de Restif de la Bretonne laisse à penser que des traces, produites aujourd'hui, auront peut-être un écho demain - tout comme ce scribe, datant d'une autre ère, nous fascine bien encore lui aussi, derrière sa fenêtre du Musée du Louvre.

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« Écrire ce n'est pas raconter des histoires. C'est raconter tout à la fois. » Ces mots de Marguerite Duras semblent coller à l'art romanesque de Célia Houdart, qui saisit ici une tranche de vie de Chandra Roy et de ses proches, le fils d'une famille brahmane aisée de Calcutta, brillant étudiant-chercheur en mathématiques venu étudier à Paris. Par l'intermédiaire de l'Institut Henri-Poincaré qui l'accueille, Chandra trouve un logement chez un couple âgé dans l'île Saint-Louis, dans l'enceinte de la Bibliothèque Polonaise sur les bords de la Seine.

Le personnage central du Scribe, apprend à déchiffrer Paris, du quartier latin aux rives du fleuve, arpenteur attentif aux détails et aux traces ; le récit progresse en va-et-vient, entre la découverte de la capitale française par Chandra et la vie de sa famille restée à Calcutta. En conversant sur Skype et par le croisement des récits, personnages et paysages de deux mondes français et indien se relient et se superposent. À travers la découverte des lieux parisiens par Chandra, Célia Houdart nous adresse un questionnement subtil sur la manière poreuse et invisible dont on acquiert une familiarité avec une ville étrangère.

"Quand il se rendait à l'Institut Henri-Poincaré, Chandra avait pris l'habitude d'emprunter le quai de Béthune, qui descendait puis remontait en pente douce. de là il pouvait voir les aménagements de Seine et le reflet des péniches aux hublots cernés de cuivre amarrées port de la Tournelle. Sur le quai, le revêtement du parapet était abîmé, raccommodé, reprisé comme un vieux manteau fatigué auquel on avait dû adjoindre des pièces, en l'occurrence des rubans de ciment. Dans les anfractuosités poussaient de minuscules plantes ou des mousses dont s'élevaient des tiges très fines, surmontées de petites graines que Chandra avait envie de toucher. C'était un jardin miniature sur un sol étrange. Une lune fertile. À un endroit, Chandra crut reconnaître ce jour-là des entailles dont les traits, mis bout à bout, formaient comme des grilles ouvertes ou des lettres en majuscule. "

Douée d'un extraordinaire sens de l'observation qu'elle applique aux humains et aux choses, Célia Houdart semble écrire avec les yeux autant qu'avec le corps, marquant la lectrice et le lecteur de sa voix singulière depuis la parution des Merveilles du monde chez POL en 2007. Les parents, les soeurs et la grand-mère si présente de Chandra, ses logeurs excentriques, ses camarades d'étude de tous les continents, tous les personnages du Scribe apparaissent dotés d'une grande épaisseur sensible dans ce roman placé sous le signe de Marguerite Duras et de Satyajit Ray.

"La veille de son départ, Indir, la grand-mère maternelle de Chandra, lui avait offert une photographie de son arrière-grand-père jeune homme, à l'époque où il était champion de cricket. On le voyait avec sa longue barbe taillée en pointe, vêtu d'un costume de lin blanc et coiffé d'un élégant chapeau de paille à ruban noir – la tenue de compétition de l'époque -, qui posait, légèrement penché, appuyé sur une batte en bois de saule dont il montrait le côté plat, en l'orientant vers l'objectif. Indir avait toujours dit à Chandra qu'il aurait beaucoup aimé son arrière-grand-père. Joueur de cricket mais surtout imprimeur plein d'idées, qui avait soutenu des éditeurs et des dessinateurs de revues satiriques proches du Nonsense Club de Sukumar Ray, le père du cinéaste Satyajit Ray. Arrière-grand-père sur les pas duquel Chandra avait bel et bien le sentiment de marcher, puisque c'était le seul dans la famille à être parti faire ses études, un siècle plus tôt, en Europe, à la London Council School et à la Municipal School of Technology de Manchester, pour apprendre la photographie et la lithogravure."

Dans "Partir, Calcutta" (Verdier, 2014), Dominique Sigaud, se perdant dans les somptueux palais en ruines de la ville de Calcutta, semblait écrire en symbiose avec cette ville et avec son fleuve. Célia Houdart, plus indirectement, évoque avec la famille moderne de Chandra une Inde elle aussi loin des lieux communs, saisissant la palette sensorielle qui assaille – les nuées d'échoppes et les marchands ambulants de Calcutta, les costumes des vendeurs du grand marché aux fleurs –, la cohabitation de l'hyper-modernité et du délabrement, de l'industrie et de l'artisanat dans la capitale du Bengale-Occidental.

En exergue à ce neuvième livre, paru en mai 2020 aux éditions POL, cette citation de Marguerite Duras (India Song, 1973) – Pendant la mousson, l'humidité est telle que les pianos se désaccordent en une nuit – focalise l'attention autour de l'élément liquide, central dans l'atmosphère du livre, entre Seine et fleuve Hooghly. Les souvenirs et tout ce qui s'inscrit sur les bords de l'eau irriguent avec délicatesse les fictions de Célia Houdart. On se souvient qu'Igor, personnage central des Merveilles du monde vivait sur les bords du lac Léman à Genève, que les fenêtres de la maison de Gil, le pianiste, offraient un beau point de vue sur la Seine et du plaisir de la nage des personnages de Tout un monde lointain. Logé par un couple excentrique dans l'île Saint-Louis, Chandra se promène sur les quais du fleuve parisien, semblables à des livres ouverts, découvrant grâce à son logeur les Inscriptions que l'écrivain graphomane Nicolas Restif de la Bretonne y gravât au XVIIIème siècle.

Documenté avec beaucoup de finesse, "Le Scribe" se révèle beaucoup plus ample que la simple histoire d'un jeune mathématicien et de ses proches. Célia Houdart saisit la cohabitation de la beauté et de la violence du monde en ces deux points – à la manière d'un Patrick Modiano qui serait plus hanté par les menaces du présent que par les fantômes du passé -, l'inquiétude environnementale (l'accident chimique de l'usine Union Carbide à Bhopal, la pollution de Calcutta), le sexisme et les violences faites aux femmes, les violences policières, la montée des nationalismes et la compétition féroce et mafieuse qui règne dans le secteur du traitement de l'eau, et dont est victime Manoj, le père de Chandra.

Assis en tailleur pour travailler, son ordinateur ou un cahier calé sur ses cuisses, Chandra ressemble au Scribe accroupi du musée du Louvre, comme le remarque son amie Margot, étudiante en littérature. Au coeur de ce roman, l'attitude de cette statue qui pose un regard sur le monde puis se penche pour écrire semble esquisser un portrait du merveilleux art romanesque de Célia Houdart, érudit et habité des palpitations du monde.

Retrouvez cette note de lecture et beaucoup d'autres sur le blog de la librairie Charybde : https://charybde2.wordpress.com/2020/05/25/note-de-lecture-le-scribe-celia-houdart/
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Chandra un jeune chercheur indien, prodige des mathématiques, laisse sa famille, pour venir étudier à Paris. Célia Houdart alterne dans ce roman la nouvelle vie de Chanda à Paris avec celle de sa famille restée en Inde.
Je n'ai pas été très sensible aux déambulations du jeune Bengali à la découverte des monuments et des quartiers de Paris qu'il déchiffre tel un scribe.

J'ai été au contraire très intéressé par la description réaliste d'une Inde moderne et de son développement au détriment de la santé de sa population et de la préservation de la nature. Calcutta une ville à l'expansion rapide de quatorze millions d'habitants, la pollution, le nuage toxique de Bhopal les dégâts des moussons, la guerre de l'eau potable, la corruption. Un pays où les femmes doivent se battre pour exister.

« Là où dix ans plus tôt, au bord de l'eau, Chandra pêchait ou jouait sur un chemin humide, lové dans un vieux pneu se dressait maintenant une gigantesque décharge, avec des tonnes de détritus jetés pêle-mêle formant de hauts monticules qui s'élevaient et s'écroulaient jour et nuit, se consumant lentement en laissant échapper une fumée âcre et puante. »

Il y a aussi des rendez-vous manqués avec des livres, le Scribe en est sans aucun doute un pour moi. Je ne suis pas rentré dans ce récit ni dans son atmosphère. Ce n'est nullement une critique de l'écriture par petites touches pleine de sensibilité, voire de sensualité de Célia Houdart, ce n'était peut-être pas le bon moment pour lire ce livre, il me faudra le reprendre dans quelque temps.

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À ma première visite à Paris, je déambulais dans les rues du centre de la ville impressionné par la présence de nombreuses artères portant des noms à la mémoire de mathématiciens, il semble qu'il y a près de cent voies de Paris ainsi nommées. Bien que mon voyage n'avait rien de mathématique, j'avais l'impression d'être au coeur d'une partie importante de l'histoire de la recherche en ce domaine. Peut-être que Chandra, le jeune mathématicien indien qui est le protagoniste de ce roman, se sentait-il ainsi en abordant l'Institut-Henri-Poincaré, cet antre de la recherche mathématique sur la montagne Sainte-Geneviève ?

Dans le même voyage, je ne pouvais passer outre le Musée du Louvre. Attiré particulièrement par les antiquités égyptiennes, j'avais hâte d'être devant le Scribe accroupi dans lequel je me reconnaissais quelque peu en raison de mes compétences mathématiques comme mon statut de fonctionnaire ou mon intérêt pour l'histoire... J'aurais aimé l'observer autant qu'a pu le faire Chandra.

Ce roman est construit sur deux sphères, celle de Chandra à Paris qui tourne autour de l'IHP et de la Sorbonne, une sphère qu'on pourrait apparenter à un roman initiatique, celle qui fait référence parfois au monde de la recherche mathématique (et à l'incomparable collection de modèles mathématiques de l'Institut) ; et puis celle de l'univers que Chandra a quitté, à Calcutta, ses soeurs, sa famille, une usine de traitement de l'eau où son père travaille et la situation environnementale.
Au coeur du roman, dans cette tranche de vie de ce jeune mathématicien, on trouve l'écrit, le message, la trace laissée pour les générations qui viennent. J'ai aimé même si je m'attendais à un roman où l'univers mathématique serait plus présent.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Manoj avait en effet connu le temps où s’étendait, à l’est de Calcutta, un vaste réseau de canaux débouchant sur 12 000 hectares de marais : The East Calcutta Wetlands. De grandes étendues humides, où alternaient les zones de filtrage ouvertes, et les bheri, des mares à poissons qui occupaient des espaces plus circonscrits. Le tout était alimenté quotidiennement par les égouts de la ville. Là prospéraient les roseaux, les nénuphars, les jacinthes d’eau et diverses espèces de poissons. Les jacinthes d’eau captaient les métaux lourds pendant que certains poissons, principalement les tilapias et les carpes, eux, consommaient le phytoplancton. Autrement dit, les plantes et les poissons nettoyaient ensemble, dans des proportions notables, les eaux polluées. Manoj avait appris, grâce à une étude menée par le ministère de l’Agriculture dix ans plus tôt, que les vingt tonnes de poissons ramassées quotidiennement dans les filets des pêcheurs étaient moins toxiques que bon nombre d’espèces pêchées dans le golfe du Bengale. Ces captures fournissaient ainsi largement Gariahat et Park Circus Markets, les deux grands marchés alimentaires de Calcutta. Sans compter les étals de quantité d’autres revendeurs, couvrant ainsi un tiers de la consommation en poisson de la mégalopole. Cette chaîne originale et peu coûteuse faisait vivre au total près de cent mille personnes, à travers neuf coopératives, tout en apportant une vraie réponse au problème du traitement des eaux polluées.
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Comme toutes les conductrices, Roshan essuyait quotidiennement des jurons et des obscénités, empruntés à un registre plus ou moins imagé ou cru, toujours très explicite (...) .
Apostrophes charmantes auxquelles Roshan réagissait avec fermeté, mais en s'efforçant à chaque fois de rester courtoise, faisant même, si possible, preuve d'invention et de culture.
par exemple, en plein College Street, à un rickshaw qui, en la doublant, lui avait lancé par le vitre baissée de la portière, le mot : "period", elle vait répondu, tout en accélérant et en maintenant une vitesse suffisante pour rester quelques secondes au moins à sa hauteur : strange times, ce qui laissa un moment son interlocuteur figé, avec dans les yeux un air aussi furieux que déconcerté.
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Tandis qu'il déambulait dans les allées du marché aux fleurs, ces images hantèrent Chandra. Paris et Calcutta. Réalités lointaines et incomparables, mais qui à cet instant, dans la pensée et la sensibilité de l'étudiant bengali, mystérieusement, se superposaient.
Le vent se leva, soufflant par bourrasques. Une camionnette se gara dans un petit passage qui séparait les pavillons. On entendait des pépiements, tout un raffut de ménagerie à l'intérieur du véhicule. Un homme en sortit des caisses remplies d'accessoires en plexiglas, des cages en forme de cloche, des sacs de graines. Sur l'épaule de l'homme était posée une perruche verte.
C'était mercredi, le jour où le marché aux fleurs accueillait aussi un marché aux oiseaux.
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Dès la fin du lycée, un problème mathématique à résoudre pouvait obséder Chandra des jours, des semaines, des mois.
Mais il devait mettre par écrit ses idées quelque part, sur un bout de papier, ou dans l'application "notes" de son téléphone, ce qu'il avait sous la main. Mais pas tout de suite. Ni trop tôt ni trop tard. Pour donner la possibilité aux choses de s'éclaircir d'elles-mêmes. Lorsqu'il entrapercevait une solution, au moins une piste, alors cela pouvait être rapide. La pensée avançait par poussées soudaines. Une longue patience, suivie d'une brusque impatience. Par ailleurs, même enfant, Chandra n'avait jamais été animé par l'esprit de compétition, mais par le plaisir pur de résoudre des problèmes. Explorer des mondes, plonger à une profondeur qu'il ne connaissait pas.
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Quand il se rendait à l’Institut Henri-Poincaré, Chandra avait pris l’habitude d’emprunter le quai de Béthune, qui descendait puis remontait en pente douce. De là il pouvait voir les aménagements de Seine et le reflet des péniches aux hublots cernés de cuivre amarrées port de la Tournelle. Sur le quai, le revêtement du parapet était abîmé, raccommodé, reprisé comme un vieux manteau fatigué auquel on avait dû adjoindre des pièces, en l’occurrence des rubans de ciment. Dans les anfractuosités poussaient de minuscules plantes ou des mousses dont s’élevaient des tiges très fines, surmontées de petites graines que Chandra avait envie de toucher. C’était un jardin miniature sur un sol étrange. Une lune fertile. À un endroit, Chandra crut reconnaître ce jour-là des entailles dont les traits, mis bout à bout, formaient comme des grilles ouvertes ou des lettres en majuscule.
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