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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Échange épistolaire parfois instructif, parfois moins. D'emblée, je n'aime pas la posture de BHL, ses propos expliquant son engagement politique et humanitaire ne me convainquent pas. En revanche les propos de MH complètent sa façon d'envisager la littérature. Il s'explique simplement, toujours avec cet air désabusé qu'on lui connaît.
Ceci dit, cette correspondance entre deux « nantis » a parfois quelque chose d'un peu provoquant, bien que ce ne soit pas voulu. Le retour sur leur vie et surtout leurs position de victimes face aux média est assez désagréable.
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Sous forme d'un message à Michel H

----- Original Message -----
From: ECHALIER
To: houelle@magic.fr
Sent: Friday, October 17, 2008 8:05 AM
Subject: Bravo


Bonjour cher Monsieur,

Je viens de terminer votre échange épistolaire avec BHL, enfin il me reste quelques pages à lire avant de filer au boulot.
Je tenais à vous féliciter pour les très belles pages sur l'écriture et la discussion sur les arts simples. Je vous crois. Vous êtes convaincant et modeste.

Pour être franc je vous trouve bien meilleur que BHL. Il n'est pas écrivain à mon sens. Vous l'êtes. Plus précisement BHL est un écrivain de tête, intelligent et cultivé (trop!), mais qui n'a pas d'intuition (ou de sentiments ou de sensations?). S'il faut avoir avalé toute l'histoire de la philosophie pour se convaincre que la compassion est consubstantielle à la nature de l'homme et de là se donner de bonnes raisons de filer au Darfour (en fait se justifier et se trouver génial plus par la démarche intellectuelle que par l'action), je trouve cela nul. MSF fait cela en silence et sans philosophie. Bref beaucoup trop d'intelligence et pas assez de modestie. Et trop de citations (bon c'est quand même intéressant).

Finalement Hemingway est pas si mal dans le genre et puis Rimbaud pourquoi pas? On pourrait parler de Saint-Ex aussi. Moi j'aime bien associer idées et action. Je suis un manuel (qui crois bêtement que toute notre intelligence vient de nos mains dès qu'on a su se tenir debout).

Vous, Michel, avez une démarche (évidement...) très différente de celle de BHL qui me semble partir de votre ressenti, de votre intuition, de votre inconscient, de votre coeur, je dirai de votre âme (que vous cherchez un peu soit dit en passant). Vous n'êtes pas sans culture mais je crois sentir que chez vous c'est secondaire. Acquis quoi, et qu'on ne va pas y revenir toutes les cinq minutes. Vos émerveillements (Baudelaire, Pascal) sont de très loin antérieurs à ceux de BHL. Vous ressentez l'émotion. BHL analyse à froid. C'est un homme de concept, pas un littéraire créatif de beauté dans le rythme des mots, pas un genre à se laisser inspirer et se laisser aller, quelle horreur! Perdu sans sa bibliothèque. Pfff. Normalien, normal, normé. Et puis il est un peu pontifiant et tente de vous recadrer. Je me demande (et vous admire) comment vous avez réussi à tenir le coup sans vous énerver vraiment. Moi à mon avis vous avez retenu votre plume quelque peu. Vous pouvez me le dire je ne le répéterai à personne...Vous êtes un sensible, un écorché sûrement, vous avez besoin des mots pour vous faire du bien (encore que ce n'est pas complètement vrai pour les romans qui semble-t-il vous angoisse au point de devoir vous avaler une bouteille après cinq pages). Finalement la création cadrée et rationnelle vous épuise. Bon en effet c'est sûrement douloureux d'écrire si le moteur qui vous y pousse est alimenté par vos blessures, les fractures que vous dites explicitement et que vous allez chercher et gratter sans cesse.

Je comprends bien votre insistance sur la poésie comme forme définitive de l'emploi des mots. Et puis plein d'autres choses à dire sur ce qui m'a plu dans vos écrits.

Mon impression globale en tant qu'observateur, lecteur, est que vous remportez le match. BHL ne peut pas vous suivre, et c'est normal. Il essaye de se hausser sur les épaules des géants précédents (dont les votres d'ailleurs). Il bosse. Mais il lui manque du génie. Un créatif est insaisissable et ne rentre pas dans le cadre. BHL veut être tout et c'est trop.

Au fait (mais bon ce n'est pas pour légitimer quoi que ce soit) j'ai passé une soirée en votre compagnie il y a longtemps chez SARA (vous la reconnaitrez sans doute) lorsque vous n'étiez pas encore vraiment connu. Juste après la publication de "Extension du domaine de la lutte". Je ne sais pas pourquoi mais ce roman m'a fait penser à Boris Vian (Sullivan) dans "J'irai cracher sur vos tombes".

Si vous avez le temps faites un tour sur mon site (poèmes, peintures et fleurs).

http://echalier.bruno.googlepages.com/

Et bon courage pour la suite.

Faites gaffe à l'alcool quand même. C'est un anxiolytique d'accord mais c'est aussi un dépresseur. Enfin bref c'est une merde. Un peu un suicide, donc ben bon...

Cordialement,

Bruno Echalier
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Intéressante, cette correspondance entre ces deux hommes connus et si différents. Quelquefois, un peu ennuyeuse lorsque l'un des deux parle de philosophes et donne l'impression d'étaler ses connaissances ! Très touchante, lorsque cela devient plus personnel et que l'homme apparaît derrière l'écrivain ou le philosophe. J'ai découvert des facettes cachées de ces deux hommes publics et pour moi, ils sont devenus plus humains, donc plus attachants. G.
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J'adore les roman de M. Houllebecq, donc je me devais de lire cette ouvrage, même si celui-ci n'est pas un roman. J'ai adoré les lettres écrites pas Michel, par contre celles de BHL m'on paru sans interêt. Mais bon, rien que pour la moitié de l'ouvrage, je pense que ça vaut le coût de le lire quand même.
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C'est sur, pas vraiment indispensable comme lecture. Je l'ai déniché dans le rayon livres d'occasions à Leclerc pour quelques centimes d'€. J'avoue qu'il n'y aurait pas eu MH sur la couverture j'aurais laissé la chose en rayon.
Je l'ai donc lu avec plaisir sur ma plage déserte du Nord de l'île d'oleron et j'ai repensé à l'île possible de MH.
J'en retiens qu'il vaut toujours mieux être riche et en bonne santé que pauvre et plus ou moins malade, la dépression étant une maladie à mes yeux et l'excès de boissons alcoolisées pouvant y conduire.
Ai remarqué que BHL en profite pour faire honteusement de la retape pour ces bouquins, MH étant sans aucun doute plus modeste quant à son oeuvre et pourtant c'est lui qui me donne envie de faire l'effort de lire BHL, c'est dingue non ?
Ceci dit je ne sais toujours pas si BHL mérite ou non sa mauvaise réputation, que MH ait accepté cette rencontre épistolaire m'encourage à considérer avec mansuétude son partenaire des beaux quartiers.
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