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Critique de aleatoire


C'était le 21 mars 1996, dans la salle d'un théâtre parisien renommé, nous n'étions pourtant que quelques happy few à découvrir le printemps d'un poète.
Il 'agissait de Michel Houellebecq qui, nonobstant ce public clairsemé, impeccablement, récitait une sélection de ses poèmes (Le sens du combat - Rester vivant - La poursuite du bonheur - Renaissance), à fin d'enregistrement pour France Culture.

J'avais découvert ce drôle de type deux années plus tôt, à la lecture d'un curieux livre : Extension du domaine de la lutte. J'y trouvais (enfin) un ton singulier, fait d'humour et de tristesse, de tendresse et de cynisme, un style léger, authentique, le talent de la simplicité, une sorte d'évidence qui induirait à dire, comme pour certaines oeuvres d'art contemporain : "c'est facile et sans avenir, je peux faire tout pareil."

A la réflexion, ce ton désabusé, ce regard sans complaisance posé sur la déréliction humaine m'auraient rappelé un autre écrivain rencontré en 1992 : Jean-Paul Dubois avec : Une Année sous silence, n'eût été le cynisme de l'un le disputant à l'ironie de l'autre.

Aujourd'hui, ces deux auteurs inconnus au bataillon des lecteurs d'alors sont célébrés et récompensés. Michel Houellebecq s'est offert quelques implants capillaires, son visage s'est étrangement émacié mais la cigarette demeure sa compagne. Tout comme Jed il est devenu riche et j'imagine qu'à ce jour, il n'aurait point de mal à remplir le Théâtre du Rond Point.

Tout de même, égoïstement, je me prends parfois à regretter l'intimité de cette soirée de printemps lorsque aucun Territoire ne figurait encore sur la Carte et avant, bien avant que l'écrivain n'ait été assassiné.
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