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sur 2547 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Depuis 20 ans, dans ses romans, Houellebecq explore la dépression contemporaine au prisme des phénomènes crispants du moment. Il y a eu le tourisme, la misère sexuelle, les musulmans et maintenant la désertification des campagnes et le désespoir des agriculteurs face à la mondialisation. Houellebecq, c'est BFM TV en version littéraire. Il est là son génie. Il a le flair, il capte et relate mieux que personne l'air du temps, surtout quand il est mauvais. Il a aussi cette manière unique et jouissive de se moquer de notre prochain. On jubile de sa misanthropie (voire de sa misogynie) mais comme après une bonne cuite, on est pris par la nausée. Encore plus que dans Soumission, Houellebecq se complaît (s'identifie) dans les personnages alcooliques et nostalgiques de leur libido disparue – on se lasse de sa bite, des bouches et des chattes qu'elle rencontre. Sa provocation est salutaire à une époque où tout devient politiquement correct et aseptisé. Mais elle est souvent gratuite, elle atteint ses limites (ex : les homos, jugements sur les pays ou les villes). Houellebecq se regarde souvent écrire, incapable de se réinventer, mimant son propre style, y ajoutant même des tics de plus en plus fréquents (inspiration qui vient des sites pornos, petits bouts de phrases en anglais, abus des références aux people). Dommage, parce qu'il a gardé sa verve et sa lucidité, dopées par l'humour et le cynisme. Certains passages sont brillants, fulgurants et implacables : l'administration (page 11), la pute (page 68), l'amour (page 72, 96), le théâtre contemporain (page 105), le communisme (page 135), l'élevage en batterie (page 167), l'avant-goût de gilets jaunes (page 259), Thomas Mann (page 335). Dommage, parce qu'il parle bien des autres, et de leurs maux (ex : les agriculteurs) et que, franchement, de la page 194 à la page 274, on a du très bon roman. Au final, Houellebecq apparaît au grand jour : une valeur sûre de la littérature dont le génie s'est grippé, dévoyé, à en être confit dans sa propre caricature. Avec lui, on sait désormais ce qu'on achète, on connaît la recette, plus de surprise, comme une tarte tatin, bien exécutée. Plaisante mais de plus en plus écoeurante.
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La dernière page de Sérotonine lue, j'étais sûre d'une chose, ce roman ne ferait pas partie de mes livres de chevet. Cela dit en faire la critique s'avère plus délicat...
La première difficulté a été pour moi de ne pas superposer l'auteur à succès pour lequel je n'ai guère de sympathie, au héros de ce roman, même si pour moi les points de convergence sont forts. A commencer par le nombrilisme exacerbé du narrateur, Florent Claude Labrouste, ingénieur agronome de son état et qui revient par flashbacks successifs sur le désastre de sa vie en épinglant au passage le déclin civilisationnel dans lequel nous vivons. Racisme revendiqué, homophobie affichée, sexisme et anti-féminisme virulents font partie des obsessions névrotiques de cet homme. Compte tenu du goût de la provocation chez Houellebecq comment ne pas être mal à l'aise avec les élucubrations de ce personnage et ne pas voir en lui un double de l'auteur ou du moins d'une partie de lui-même !
Même ambiguïté pour tout ce qui relève du sexe. Obscénités, mots crus émaillent les longs monologues du narrateur sans parfois aucune raison liée ni à l'action, ni aux personnages. Cela m'a plutôt fait sourire car je n'ai pu m'empêcher de penser en rapprochant certaines photos actuelles de Houellebecq et ses écrits, qu'il y avait chez lui un phénomène compensa tatoire, celui du "vieux petit garçon" qui se gave ou se libère dans ses romans de tous les mots interdits et fantasmes sexuels transgressifs liés à son enfance ou adolescence...
Alors quid de ce héros dépressif, misogyne et misanthrope à souhait ? Faut-il le réduire à ses phobies et son obsession du sexe ? Non, pas tout à fait... Il y a l'amour qu'il a connu avec deux femmes Claire et Camille mais qui n'existeront jamais en tant que personnages, du moins c'est mon sentiment. Tout simplement parce que Houellebecq ne sait pas mettre en mots l'état émotionnel amoureux. D'ailleurs tous les passages qui relèvent de ce thème sont bourrés de clichés et noyés dans une écriture monocorde qui les saborde littéralement.
Ce n'est que lorsqu'il passe au désespoir amoureux que son héros m'a interpellée car le registre de l'auto-dérision, de l'ironie amère ou méchante est vraiment celui qui convient à Houellebecq. du moins c'est comme cela que je perçois son écriture. Pour moi, les scènes les plus réussies sont celles où il fait preuve d'un humour féroce, comme par exemple lors des retrouvailles avec Claire ou Aymeric, un personnage tragique, issu du monde agricole. La perception du monde rural et de son déclin est d'ailleurs bien vue et c'est l'aspect de la satire sociale qui m'a le plus intéressée. Pour le reste, Houellebecq est souvent plus dans le slogan ou la posture que dans la critique véritable.
Je voulais donner une deuxième chance à cet auteur dont je n'avais lu qu'un seul ouvrage. Il n'y en aura pas une troisième tant j'ai à coeur de ne pas apporter ma contribution à une machine médiatico-éditoriale qui préfère donner la priorité à des auteurs sulfureux parce que ce sont de bonnes locomotives au niveau des ventes.
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En France, on a l'habitude des stars clivantes, des personnalités adulées par les uns et détestées par les autres, comme Serge Gainsbourg, Éric Cantona ou Nicolas Sarkozy. Tous trois ont eu leurs heures de gloire, dues à d'immenses qualités. Mais en même temps, le premier déclarait à Whitney Houston chez Drucker avoir envie de la baiser ; le second injuriait les sélectionneurs ou sautait dans les tribunes pour cogner les spectateurs ; et le troisième prétendait nettoyer certains quartiers au Karcher.

Michel Houellebecq est de cette engeance. On l'aime moi non plus. On ne sait pas si son franc-parler est visionnaire ou s'il dénote une incontrôlable envie de choquer. Et parmi ceux qui en parlent et clament qu'il est le meilleur ou le pire écrivain français, nombreux sont ceux qui ne l'ont même pas lu.

Je fais partie de ceux qui ont lu les romans de Houellebecq et je considère que c'est un grand écrivain. Ses personnages, ou plutôt, soyons précis, son personnage principal habituel est particulièrement bien croqué et tout à fait crédible. Les péripéties imaginées par l'auteur sont toujours surprenantes, bien qu'inspirées de l'air du temps, voire prémonitoires. Ses commentaires anecdotiques sont ravageurs. Son humour, très politiquement incorrect, est souvent irrésistible. Son écriture est fluide et subtile, bien que proprement transgressive.

Sérotonine commence fort ! C'est du Houellebecq pur jus, avec, dans les premiers chapitres, des passages « trash », très drôles, d'autant plus drôles qu'on en imagine la lecture par des personnes trop bien élevées, contraintes de jongler avec des bites et des chattes à qui mieux mieux…

L'un dans l'autre !... me direz-vous…

Comme à chaque fois, le personnage principal et narrateur semble être un avatar de l'auteur, – en tout cas, c'est ce que celui-ci voudrait nous faire croire –, un homme plutôt médiocre et conscient de sa médiocrité. Florent-Claude est un ingénieur agronome de quarante-six ans. Ce Français moyen « fume des clopes et roule au diesel », pour reprendre la qualification récente d'une catégorie sociale du pays. Il boit aussi beaucoup. A la différence des précédents romans de l'auteur, il a dépassé le stade de la médiocrité et assume, toute honte bue, un mépris de soi qui l'amène à se laisser doucement tomber dans le néant.

Au fait, qu'est-ce que la sérotonine ? Cette hormone sécrétée par l'homme contribue à réguler son équilibre psychique. Florent-Claude est justement en manque de sérotonine et il prend un mystérieux antidépresseur pour compenser. Effets secondaires : perte de la libido et impuissance sexuelle. Pas grave ! Il a renoncé aux femmes, après avoir fait suffisamment de gâchis sur le sujet. Les regrets ne sont pas porteurs d'espoirs.

Professionnellement, rien ne l'intéresse plus non plus. Après avoir été cadre chez Monsanto, le groupe agrochimique américain symbole du capitalisme le plus cynique, il est entré dans l'administration française, où il a le sentiment d'avoir raté toutes ses missions.

Il perçoit avec lucidité les malaises de la société actuelle, lourdement réglementée et en même temps dangereusement libérale, mais il n'a pas assez d'énergie pour réagir. Il n'essaie même plus de comprendre les argumentaires politiques des uns et des autres, où il n'entend que des clichés rebattus. Il avoue d'ailleurs confondre République En Marche et France Insoumise… de quoi faire hurler de rire certains et hurler de rage les autres.

L'auteur pointe les difficultés rencontrées par les agriculteurs, met en scène des affrontements tragiques avec les forces de l'ordre, mais il n'a pas anticipé un mouvement aussi complexe que celui des gilets jaunes. du coup, Sérotonine n'apparaît pas aussi ancré dans l'actualité que ses précédents romans.

L'écriture est caractéristique de Houellebecq. La syntaxe et la ponctuation sont directement inspirées du langage parlé, ou plutôt du langage intérieur, car tout le livre n'est qu'un monologue, une longue plainte silencieuse, ressassée par un homme en désagrégation dans un monde en désagrégation.

Mais qu'on aime ou qu'on n'aime pas Michel Houellebecq, il faut être sincère. Malgré quelques fulgurances égrillardes, parfois hilarantes, le fidèle lecteur que je suis se donne le droit d'être déçu par un opus qui ne renouvelle rien, et où il a trouvé un brin de platitude dans les intrigues, les professions de foi et les mots d'esprit.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Je suis venue, j'ai lu et tout est dans l'Q!

Beaucoup de Q, même un peu de zoophilie et de pédophilie. de la provocation? Mais pour provoquer quoi? Est-ce que ça fait bander le lecteur?

Contrairement à plusieurs Babeliotes, je n'ai pas ri. Différence de cul-ture ? C'est vrai qu'un beau suicide, c'est toujours drôle… (ou à tout le moins ridi-cul-e…)

Bien sûr, impossible pour moi de m'identifier au héros. N'étant pas un homme français désespéré, je ne comprends sûrement pas tous les enjeux. J'ai même failli sourire en pensant aux producteurs laitiers québécois qui ont protesté contre les accords de libre-échange qui permettent davantage d'importation de fromages… français!

Et avec la valeur des bite-coins s'effondre, la société aura peut-être besoin d'avaler sa pilule…
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Rendez-vous attendu, rendez-vous acheté, rendez-vous dévoré, mais rendez-vous manqué. Pas bien grave, je m'en remettrai, mais ça m'agace quand même… Parce que Houellebecq généralement, j'adhère et j'en redemande. Mais là, j'ai vite senti que ça ne fonctionnait pas comme d'habitude.

J'ai suivi Florent-Claude de Paris à la Normandie, la profonde, l'authentique ; j'ai suivi Florent-Claude de Yuzu à Camille, la seule, l'espoir ; j'ai suivi Florent-Claude de Monsanto à la DRAF, l'ennui, le néant ; j'ai suivi Florent-Claude de Mercure en Appart Hotel, les fumeurs et les non-fumeurs ; mais peu à peu, je décrochai, sans doute victime à mon tour des effets du petit comprimé blanc, celui qui transforme la vie en une succession de formalités, et qui peut transformer les lectures en une succession de croissantes distanciations.

Et pourtant, tout Houellebecq y est : cette langue travaillée autant que chahutée, allongeant démesurément les phrases et s'arrangeant avec la ponctuation, souvent drôle. Un texte traversé de fulgurances qui à elles seules valent le détour, que ce soit pour évoquer des instantanés nostalgiques de jeunesse, le dégoût des hollandais, les détails techniques d'un fusil Steyr Mannlicher ou l'apport de la box SFR et de son bouquet au XXIe siècle. Et bien sûr les femmes, le sexe, les putes, la pédophilie et tutti quanti. Et enfin la littérature qui affleure de temps à autre, pour un coup de griffe à Angot, ou un coup de coeur à Conan Doyle.

Mais j'ai trouvé le Houellebecq contempteur de son époque moins inspiré que d'habitude, même si j'entends dans les radios que Sérotonine est une oeuvre visionnaire ayant décrit avant l'heure le ras-le-bol ambiant et la désespérante sensation d'absence de sens et d'avenir qui pousse aujourd'hui tant de monde dans la rue, quand ce n'est pas au suicide. Au travers de ses constats pessimistes et fatalistes, ses regards sur le monde agricole, la désertification territoriale, les centres commerciaux, la résignation individuelle et collective et j'en passe, me sont souvent apparus datés et son raisonnement parfois inachevé. Sommes-nous finalement devenus aussi résignés qu'il nous dépeints ?

« Plus j'essaie de faire les choses correctement, moins j'arrive à m'en sortir ». C'est pas faux, Michel…
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Je viens de terminer Sérotonine. J'inspire goulument. Je souffle. Je me palpe la région du coeur, je porte ma main au front. Je n'ai pas de fièvre. Je vis. Enfin j'ose le croire, naïvement. Pour un moment encore. le temps j'espère d'aller au bout de ma chronique.

Je m'étais retenu jusqu'à ce jour où de passage devant une librairie de Bayonne l'édition J'AI LU me toisa en vitrine. J'ai cédé, j'ai lu, Je suis foutu. Aurait dit un célèbre conquérant qui a laissé les traces de sa culture en nos contrées. Quand je parle de traces, j'évoque la marque de ses spartiates sur notre profil de combattant râleur, valeureux mais laminé quand même par ses légions.

C'est la fin des haricots. D'habitude, il - Michel pas Jules - comptait sur sa libido pour se requinquer, regonfler son moral en même temps son attribut du genre. Mais avec Sérotonine il a été mis en berne grave, comme diraient avec leur idiome à la mode ceux qui ont encore l'âge de croire que leur mâlitude sera éternelle. Solitude, déprime, la tombe se creuse au fil des pages. Y'a-t-il un espoir au fond du trou ? J'avais déjà bien entamé la descente aux enfers en ayant lu les précédents ouvrages de notre goncourisé frigorifié. Cette fois nous y sommes. Justifiez l'appellation de votre métier les hommes en noir, mordez-moi les orteils avant de visser le couvercle. On ne sait jamais. Un sursaut …

Je ne sais pas qui s'est essoufflé de nous deux, moi le lecteur, lui l'auteur. J'ai bien peur que ce ne soit le premier que je suis car pour ce qui est de la déprime, je sens bien que notre trublion de la littérature moderne en a encore sous le pied. Je crains pour le prochain ouvrage de sa main. J'ai bien peur que sauf sursaut d'optimisme inespéré il ne soit écrit d'outre-tombe. Un autre y a déjà publié ses mémoires. Encore que l'essai a déjà été transformé avec La carte et le territoire, ouvrage post mortem d'un martyr de la société de consommation. Peut-être apprendrons-nous alors enfin des raisons de ne pas nous alarmer de notre trépas prochain, car pour ce qui est de la vie terrestre la grisaille s'opacifie très vite. Au fur et à mesure que les jeunes et jolies jeunes filles tournent leur regard vers d'autres que ceux qui n'ont pas encore atteint à leurs beaux yeux l'âge de la transparence.

Cet ouvrage qui nous enterre avec son narrateur a quand même quelques mérites. Il attire notre regard sur une profession malmenée par la mondialisation. Labourage et pâturage ne sont plus les mamelles de la France. La mammographie européenne a dévoilé le malaise. le lait français n'est plus bon qu'à être répandu devant les préfectures. Nos braves paysans sont trop nombreux, trop chers.

Il est toujours aussi savoureux dans son écriture cet ouvrage. Il n'envoie personne dire à la place de son auteur ce qui ne lui plaît pas chez un tel ou un autre. Il a un sens aiguisé de l'observation des moeurs de nos contemporains, le verbe caustique pour pointer du doigt les perversions de notre mode de vie moderne. Mais en fil rouge il y a quand même une histoire d'amour. Une vraie. Pas qu'une histoire de sexe. Mais c'est un raté, cette histoire. L'amour et le sexe ne feraient-ils pas bon ménage. Une faute, une erreur de parcours a tout foutu en l'air. Un seul être vous manque et… Et Camille si tu savais.
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Michel Houellebecq | 347 pages |Flammarion |2019|3.54/5 (2089 notes) |"Sérotonine"
Il serait pas un peu gynécologue notre ami Michel?!...
Le sexe c'est important, mais c'est la tendresse qui est capitale : -)... On en parle assez peu...
Voyage et Alcool font bon ménage!...
Aurait gagné à mettre un peu d'innocence et moins de détours.
Le propos est très axé sur la chose.
Et beaucoup boire.
Pour moi le héros vit un peu dans une sorte de monde parallèle mais ne le faisons nous il tous pas?
Après avoir chopé le train on se laisse transporter comme dans une berceuse pour adultes...
Et finalement, on prend les armes pour peut-être y donner un sens. Cela partait d'une "simple" manifestation agricole. Un gars se flingue.
Au bout du compte il se la joue sérieux avec Camille. Happy end?
Lien : https://vella.blog/
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Sérotonine. C'est le nom d'un neurotransmetteur qui permet, sinon de voir la vie en rose au moins de la supporter. C'est aussi le nom du dernier roman de Michel Houellebecq. Et avec un titre pareil, il fallait s'y attendre : la plongée en Houllebecquie sera profonde.

Florent-Claude Labrouste est un quadragénaire sans envergure, se débattant dans ses histoires d'amour chaotiques, où la fuite en avant est pour lui la seule alternative. Nous serons ballottés d'un amour perdu à l'autre, avec toujours ce fil rouge : où allons-nous ? Quel est le but de tout ceci ?
La vie du héros est à l'image des romans de Houellebecq lugubre, nappée d'un brouillard qui ne se lève jamais, nous empêchant de saisir le sens de cette farce. le mal-être de Florent-Claude est sans issue, total, définitif. le ton est très mélancolique : l'amour pourrait sauver les hommes mais ils ne le saisissent pas, pire, ne le voient pas. Une mélancolie à l'ironie mordante toutefois, avec des passages assez drôles tellement ils sont caustiques.
A travers son oeuvre, Houellebecq rend compte d'une époque et nous en faire un tableau assez juste. En un sens, le personnage houellebecquien symbolise l'homme moderne perdu dans un monde sans Dieu. Face ce manque de perspectives, l'auteur nous crie : Vive la sérotonine ! Grâce à de très nombreux psychotropes psychopompes, un paradis artificiel nous tend les bras et « la possibilité du bonheur [se devant de subsister] ne fût-ce qu'à titre d'appât » permet de continuer à vivre.
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Houellebecq continue à faire du Houellebecq mais dans ce roman tous ses gimmicks m'ont paru tomber lamentablement à plat, comme si le clown triste qu'il est devenu revenait encore faire un tour de piste... Il n'est pas parvenu à m'arracher ne serait-ce qu'un sourire.

Depuis "Soumission" l'air du temps est encore assombri. Et il est sûr je n'ai plus très envie de lire des romans, même aussi bien écrits que celui-ci, je le reconnais, mais qui en rajoutent encore dans la morosité ambiante. J'ai vraiment traîné des pieds pour aborder ce roman. Je m'y suis résolu malgré tout, poussé par un reste de curiosité.

Il me semble qu'il y a un problème de fond dans toutes ses fictions : tous ses personnages principaux masculins finissent par se ressembler. J'ai peiné à différencier Florent-Claude, ingénieur agronome de 46 ans dépressif, à la libido en berne, de ses multiples avatars antérieurs.

Michel Houellebecq n'avait pas encore abordé à ce point le délitement de la ruralité. Sur ce point il m'a semblé plus convainquant que dans ses inévitables et embarrassantes scènes de sexe, de mon point de vue toujours aussi misogynes. Ce curieux mélange d'amour/haine des femmes a toujours été présent dans ses romans. Dans "Sérotonine" il me semble toutefois que cet aspect est au centre de la narration et la plombe complètement.

Vivement que Houellebecq passe à autre chose, s'il le peut, et sorte de cette impasse. Pour ma part je ne pense pas être capable de lire encore une autre version de cette histoire qu'il nous rabâche depuis « Extension du domaine de la lutte ».
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En consultant la liste des livres de Houellebecq, je me suis aperçu que j'en lisais un tous les deux ou trois ans seulement. Sans doute que c'était le temps nécessaire pour oublier un peu ce qui me gênait chez lui et que ne reste que le talent réel de l'écrivain dans ma mémoire. On m'a offert Sérotonine et j'ai de ce fait raccourci le délai avec ma lecture de Soumission... le résultat n'est pas probant...

J'ai trouvé qu'à l'habituelle volonté de choquer en abordant certaines perversions sexuelles qui caractérise la quasi-totalité des livres de l'auteur (ceux que j'ai lu en tout cas), s'ajoutait ici un côté racoleur qui finira par me lasser s'il se confirme. En effet, alors que dans les autres ouvrages ces perversions faisaient partie prenante du récit et très souvent du personnage principal, elles n'apparaissent ici qu'accessoires, comme si il fallait qu'un Houellebecq ait coché cette caractéristique pour pouvoir être publié, pour satisfaire la frange des lecteurs qui n'attendent que ça.
Et ce qui m'a encore plus déçu est le jeu de clin d'oeil entretenu aussi avec le public politiquement affirmé qui avait pu lire au total premier degré les relents de grand remplacement de Soumission.

Alors bien sûr si on expurge de ces éléments qui ne sont pas du tout utiles à l'histoire, on se retrouve avec un personnage finalement moins rebutant que les habituels anti-héros de l'auteur, dont la folie n'est à la base qu'ordinaire mais que Houellebecq pousse à certains paroxysmes, mais là pour le besoin de ses démonstrations. Les thèmes des addictions aux psychotropes (auxquels renvoie le titre) et d'une agriculture sur les genoux sont finement traités, avec l'humour habituel qui rend la lecture toujours agréable et facile, et un effet miroir très juste de l'époque qui permettra à son oeuvre, je pense, de passer à la postérité comme meilleur moyen de bien comprendre le début du troisième millénaire.

Je dis donc à Michel à dans trois ou quatre ans, le temps peut-être d'oublier qu'il n'est pas qu'un marchand de mots enfermé dans la demande de ses clients, mais bien également un vrai auteur de son temps, au style fluide et percutant.

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