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EAN : 9782200257224
296 pages
Armand Colin (26/05/2010)
3.83/5   6 notes
Résumé :

L'Iran éternel, chiite, persan puis pétrolier a toujours affirmé sa forte identité entre les mondes arabe, turc, indien et européen. L'Iran du chah était « le gendarme du golfe Persique » face à l'URSS.

La révolution islamique de 1979 a bouleversé le Moyen-Orient et l'ordre mondial en s'opposant aux États-Unis, à ses voisins arabes et à Israël. Aucun pays au monde n'a subi autant de conflits et de guerres sur ses frontières ni suscité autant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'Iran n'a pas bonne presse en Occident, c'est le moins que l'on puisse dire : implication dans des attentats, crise du nucléaire, inclus dans l' « axe du mal » américain, discours agressifs de son ancien président Ahmadinejad, … Les raisons de méfiance ne manque pas. Mais en entendre parler à chaque crise ne m'aide pas à comprendre ce qu'il s'y passe vraiment.

Hourcade dresse le portrait d'un Iran constitué uniquement de singularités : chiite dans un monde musulman à 85% sunnite, une culture persane opposée aux nationalismes turcs et arabes, seule république dans une région peuplée de monarchies et de dictatures. Défendant jalousement ses particularités, l'Iran s'oppose plus ou moins au monde entier : rejet de la domination culturelle occidentale, opposition au matérialisme communiste, tentatives d'obtenir le leadership dans le monde musulman.

Cet état d'esprit mène l'Iran à se considérer, d'une manière parfois paranoïaque, comme une nation entourée d'ennemis. Prisonnière de ses slogans, la république islamique peine à se trouver des alliés ou même simplement des partenaires commerciaux et ne suscite que la méfiance. L'embargo décidé par les pays occidentaux a considérablement freiné l'économie du pays, qui ne se repose que sur les produits issus du pétrole. Faute d'investissements étrangers, l'industrialisation du pays reste au point mort, malgré une bonne politique dans le domaine de l'éducation, et quelques succès technologiques isolés.

Cet essai me semble être une excellente entrée en matière pour un néophyte. L'auteur prend la peine de décrire la situation géographique, les différentes ethnies qui composent le pays et l'histoire de l'Iran du dernier siècle, de l'indépendance à la république islamique en passant par le Shah. Il expose également les différentes composantes du pouvoirs qui s'agitent dans les coulisses, malgré la présence du Guide Suprême censé prendre toutes les décisions. Dans les faits, il tente de maintenir l'équilibre entre les différentes au prix d'un immobilisme qui devient pesant pour la population. L'auteur avait prédit un possible apaisement avec l'élection d'Obama et une possibilité de « réveil » pour l'Iran. Les élections de 2013 semblent avoir confirmé cette analyse puisqu'un accord entre ces deux pays pourrait aboutir dans les prochains mois…
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Le hasard fait bien les choses. Lire Géopolitique de l'Iran, cochée dans ma liste des livres à lire en 2011, alors que l'Iran fait face à des émeutes internes a été, pour moi, une belle occasion pour comprendre l'actualité.

Car l'Iran est un pays complexe et plein de contradictions. Comme d'autres d'ailleurs. Fier de son héritage perse, il a développé un très fort sentiment nationaliste, exacerbé par sa situation géographique qui l'a confiné dans une oasis de quiétude au milieu d'un désert. Sa situation sur un haut plateau lui permit de bénéficier d'un climat clément et arrosé d'eau.

L'Iran c'est aussi une île chiite dans un océan sunnite. Ce qui ne va pas sans confrontation entre cette république et les états voisins qui presque tous sont des royautés ou assimilés.

Mais l'Iran c'est aussi un pays très éduqué qui possède de grandes capacités techniques, scientifiques et littéraires qu'il ne peut utiliser à son profit du fait de l'embargo qui le frappe. Troisième isolement, et ce alors qu'il dispose d'une manne financière en étant le deuxième pays au monde pour ses capacités pétrolières et gazières.

Cependant, pourquoi l'Iran n'est pas devenu, néanmoins, une puissance régionale ?

Depuis toujours les dissensions internes politiques ont freiné le développement du pays. le pays ne peut être un leader musulman par son caractère minoritaire dans la communauté islamique. Alors la société iranienne si bien éduquée, dont un grand nombre de femmes, ce qui en fait une exception parmi les pays islamiques, rumine ses frustrations.

Les évènements actuels ne sont que l'étincelle pour changer d'approche sans nier forcément la religion. Les Iraniens désirent enfin obtenir les fruits de leurs efforts et leur richesse matériel et intellectuelle, qu'ils ont espérée durant tout le XXème siècle. La société veut enfin son ouverture sur le monde.

C'est comme cela que j'ai compris les évènements avec la lecture de cet essai de Bernard Hourcade. Ecris en 2010, cette analyse mériterait une petite mise à jour mais cela vaut le détour.
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Bernard Hourcade est directeur de recherche émérite au CNRS dans l'équipe de recherche "Monde iranien et indien", et fut pendant 15 ans responsable de l'Institut français de recherche en Iran. Il y a vécu pendant 15 ans, et a interdiction d'y retourner, preuve qu'il n'a pas sommeillé sur place, il est donc bien placé pour en parler. Dans une interview donnée à un magazine touristique il déclarait :
« Les Iraniens du haut en bas du pays, sont tellement contents d'accueillir des gens de l'extérieur que la réception des touristes est très bonne. Vous savez la sécurité envers les femmes est très bonne, il n'y a pas des pincements aux fesses comme dans d'autres pays, ni la même délinquance qu'à Naples. Vous êtes dans un pays sérieux, et autoritaire, la police est très efficace, je peux malheureusement en témoigner. Il n'y a aucun problème de sécurité. »
Il me semblait donc intéressant de s'appuyer sur ce genre d'expertise pour mieux comprendre cet état qui continue envers et contre tous à résister à l'impérialisme états-unien et à ses inféodés (dont la France depuis quelques temps). Mon côté Gaulois réfractaire m'incitait un peu à ne pas faire confiance aux éditorialiste des journaux et radios de mon beau pays pour appréhender la complexité de cette civilisation millénaire. Grand bien m'en a pris !
Comme l'a rappelé ce 11 février 2020 le facétieux Hassan Rohani : « Les états unis pensent qu'ils font face à 41 ans de civilisation. Non, ils font face à des milliers d'années de civilisation Iranienne »
Cela commence par une leçon simple et efficace de géographie, où l'on comprend la structure de ce pays, les notions de « haut », mont Damavand (5 683 mètres) et « bas » des plaines littorales, de chaud et froid, d'humide et d'aride, autant d'adjectifs qui façonnent les paysages de ce pays et qui expliquent son unité et ses limites, le plateau et les marches de ce monde pluriethnique : . . . Perses, Turcs, Azéris, Kurdes, Baloutches . . .
Mais surtout, nous avons droit à une vraie leçon d'Histoire qui explique la construction du nationalisme Iranien, le rôle du chiisme dans la société, au moment de la révolution et aujourd'hui.
Tout est passé en revue, cartes à l'appui, des voies carrossables aux ports, pour expliquer les atouts et faiblesses de ce pays. L'alphabétisation qui passe de 15 à 85 % en 50 ans et produit des citadins aux envies finalement assez similaires à celles des citadins des métropoles analogues.
Ce livre s'intéresse enfin aux « trois cercles » de la politique Iranienne : les pays frontaliers, le monde islamique et le reste du monde. Cette approche permet vraiment de comprendre la logique des actions du gouvernement Iranien dans un moment où ses rapports avec ces trois cercles sont très tendus.
Ce pays a en effet toutes les cartes en main pour devenir la puissance dominante de la région face à l'Arabie Saoudite et Israël, mais cela inquiète forcément.
C'est d'ailleurs dommage que l'auteur ne réédite pas une version actualisée de cet excellent ouvrage en prenant en compte les dernières péripéties géopolitiques qui risquent quand même à tout moment de nous conduire à un chaos supplémentaire dans cette région.
Comme le racontait l'inénarrable M. Bolton, ex conseiller à la sécurité nationale du président états-unien: "Notre but est de rayer tout simplement l'Iran de la carte d'un point de vue diplomatique et sociétale. Pour cela la solution choisie est celle de l'effondrement économique."
Pour compléter cette lecture très enrichissante, on peut se procurer le numéro de Juin 2019 de la revue mensuelle « l'Histoire » dans lequel de très belles photos et cartes nous font visiter Pasargades, rencontrer Cyrus et Alexandre, et entrevoir le dieu Auramazda.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les jeunes qui se sont engagés en 1978 dans le mouvement révolutionnaire pour défendre l’indépendance de l’Iran contre l’impérialisme américain voulaient la liberté politique et intellectuelle qui faisait la force des pays occidentaux. Ils réclamaient également plus de justice sociale dans ce pays pétrolier riche où la population restait pauvre et où l’islam pouvait donner plus de hauteur morale à leurs ambitions. La devise « Indépendance, liberté, république islamique » rappelle ces ambitions des révolutionnaires de 1979 qui sont aujourd’hui déçus, aigris, désespérés ou révoltés par le bilan de leurs espoirs de jeunesse ; beaucoup sont partis en exil, d’autres sont morts pour avoir défendu leurs idées, éliminés par le pouvoir clérical ou par la guerre. L’opinion publique iranienne n’est donc pas faite d’une opposition simpliste entre « islamistes » et « pro-occidentaux » mais d’une gamme très ouverte de sensibilités.
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Contrairement à ce qui est souvent affirmé comme un héritage national, les diplomates iraniens ne négocient pas comme des joueurs d’échec. La logique révolutionnaire leur interdit en effet de faire des compromis, de perdre un pion pour gagner une tour. Faute de stratégie et d’instructions politiques, ils sont dans l’impossibilité de jouer la partie et, si par hasard ils la gagnent, de gérer leur victoire. À la peur d’obtenir un succès qui pourrait être contesté par d’autres factions jalouses de cette victoire, s’ajoute la culture chiite préférant la gloire posthume du martyre à la jouissance d’une victoire. Ce « syndrome d’Ashurâ », s’ajoutant au besoin d’avoir toujours un ennemi, a permis l’unité des factions islamiques contre les États-Unis mais aboutit à l’immobilisme.
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La dimension géopolitique de la diversité des « nations du prophète » est particulièrement déterminante dans le cas de l’Iran qui est à la fois persan dans un monde dominé par les Arabes et les Turcs, chiite dans un univers sunnite, et héritier d’un État ancien et fort dans une région aux recompositions politiques récentes et instables.
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L’exception iranienne est bien réelle, fondée sur un territoire à l’environnement bien spécifique, sur un peuple indo-européen qui a créé une littérature exceptionnelle, sur une histoire politique à la fois impériale et nationale, et sur une constante ouverture au monde, qu’il s’agisse de la Grèce antique ou de l’économie pétrolière. Cet héritage est donc un légitime objet de fierté, mais aussi une source de drames car les Iraniens ont le sentiment d’avoir toujours été confrontés, souvent à juste titre, à des peuples et forces hostiles, à des invasions qui ont enrichi et diversifié leur culture, mais surtout entravé leur développement et spolié leur indépendance.
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La politique extérieure de la République islamique a été marquée sinon fondée sur l’opposition aux États-Unis à la fois comme puissance ayant exercé directement une tutelle sur le pays, mais plus encore comme symbole de l’impérialisme, de « l’arrogance mondiale » et d’une culture occidentale dominatrice face à laquelle l’islam voulait être reconnu. Marg bar Amrika ! (« À bas l’Amérique ! »)
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Videos de Bernard Hourcade (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Bernard Hourcade
Samedi 1er octobre 2022 "Les déserts d'Iran : entre mystique et missiles" avec Bernard HOURCADE, directeur de recherche émérite au CNRS, CeRMI Centre de recherche sur le monde iranien, Paris
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