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Critique de Agneslitdansonlit


Au crépuscule de son existence, l'héroïne de ce roman, Aurore (et n'y voyez pas un jeu de mots avec le crépuscule !) pourra dire qu'elle aura mené une vie de combat(s).

Dans un ouvrage assez dense, toute une vie à lutter pour trouver son indépendance, sa voie, ses droits.
De 1945 à 2016, partant de France et en passant par Cleveland, New York où Montréal, j'ai eu la sensation de suivre Aurore tambour battant, tombant, se relevant et ne renonçant jamais, malgré les nombreuses occasions de découragement et une certaine amertume malgré le chemin parcouru ... Comment ne pas être proche de cette héroïne qui nous invite dans son histoire et dans celle des Etats Unis, à travers un journal intime où elle s'adresse à son fils.

Le récit est doublement véridique dans la mesure où il suit les évènements qui ont ponctué les Etats Unis d'après-guerre, mais aussi parce que l'auteur s'est inspirée de la vie d'une parente, la cousine de sa grand-mère.


Aurore Félix, jeune femme de bonne famille niçoise, voit un nouveau monde s'ouvrir lorsque les alliés remportent la guerre. Elle pourrait s'estimer "délivrée". Pourtant Aurore étouffe sous le poids d'une culture où la femme n'est encore et toujours que la gérante silencieuse de la maisonnée, et ce n'est pas la Victoire de 45 qui y changera grand chose... Pourtant, ayant rencontré un G.I., elle se dit qu'un nouveau monde l'attend lorsqu'il lui propose de la rejoindre.

Or, débarquant dans la famille du promis dans le Midwest en 1947, elle n'y trouve que sa belle-famille, le G.I. étant reparti et ne comptant nullement l'épouser. Aurore chute de haut, d'autant plus que l'humiliation encourue à rentrer en France, et le refus de s'inscrire dans le rôle éthéré qu'on lui prédestine là bas, empêche tout retour en arrière. Elle n'aura pas d'autre choix que d'aller de l'avant, même dans la douleur.

Aurore devra travailler, se battre pour occuper des postes à la hauteur de ses compétences et de ses ambitions. Et ce n'est pas tant une question de survie financière: l'héroïne veut vraiment s'en sortir mais aussi, se réaliser.
Aurore m'apparaît comme une militante malgré elle au début de son aventure, car elle va de déconvenues en déceptions, le temps sûrement pour elle de réaliser qu'aux Etats-Unis comme en France, il y a de lourds combats à mener, non seulement pour l'égalité des sexes, mais aussi pour l'égalité raciale dans un pays ravagé par la ségrégation.
Aurore subit les combats qu'elle mène, par la force des choses, parce qu'elle ne peut se résoudre à baisser les bras devant chaque obstacle, puis elle choisira ses combats et deviendra plus une combattante "de coeur" que par dépit, lorsqu'elle n'avait d'autres choix.

Ainsi, elle élèvera son fils, en mère célibataire, mais épaulée par une communauté de femmes. L'homme n'est pas très en grâce dans ce roman, quelque soit le personnage, il est souvent dominateur, autoritaire, mais aussi lâche, incapable de se remettre en cause, absent, voire ingrat.

Malgré tout, Aurore aimera mais point de salut dans cet amour, comme une princesse Disney l'attendrait du Prince Charmant. le ressort intime et vital d'Aurore réside plutôt dans l'art et la culture, qui permettent à Aurore de s'émanciper intellectuellement et de trouver son équilibre et sa place.

Je ne me suis pas lassée de ce récit, malgré une densité très prégnante: pas un moment de répit pour ce train qui file à toute vitesse, mais voilà 2 mois que je l'ai lu, et l'émotion qui m'en reste malgré tout, c'est le doux amer d'une maman qui, certes, n'aura pas à rougir de son courage et de son chemin de vie, mais qui aura dû beaucoup sacrifier tout de même. le temps passé à défendre les causes pour lesquelles elle s'est engagée ne l'aura pas été auprès de son fils, et outre cette relation filiale en demi teinte, le cheminement d'Aurore sera aussi ponctué de deuils et de séparations, qui me laissent un goût de chagrin en refermant ce roman. Ainsi les choix d'Aurore sont indissociables des renoncements et sacrifices qu'elle aura dû consentir...
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