Pourquoi les Grecs adoraient-ils le beau? Parce que leur religion était l'expression de la beauté sous toutes ses formes ; parce que, pour eux, beau était synonyme de divin. Pourquoi vénéraient-ils les artistes? parce que les artistes en faisant sortir des Dieux du marbre, ou en les créant par les couleurs, semblaient vivre sans cesse dans une communication intime avec les Divinités qui, dans une sorte de vision intellectuelle, apparaissaient à leur esprit ; parce que les artistes, autant que les poètes, furent presque les créateurs du polythéisme, qui, avant eux, n'existait que vague, diffus, sans caractère arrêté et sans forme précise.
Cette statuette représente une femme trèsgrande; elle après de huit têtes, comme les majestueux portraits de femme peints par Rubens. Sa haute taille, chose étonnante, ne lui enlève rien de sa grâce, ou pour employer le synonyme de grâce, — mot charmant pris à la langue si expressive du quinzième siècle,—de sa « vénusté». Elle paraît vingt-cinq ans. Ce n'est point à cet âge que nous nous figurons Aphrodite naissant au monde ; mais Apelles a une excuse : son modèle Phryné, l'hétaïre d'Athènes, que cependant il a beaucoup rajeunie.
Pour quiconque a étudié l'Art grec devant l'Art grec lui-même, les oeuvres de Phidias et d'Apelles ont pris leur rayonnement à la lumière de l'Olympe. De même que dans les autres nations de l'antiquité, la religion fut la cause de l'imperfection relative des arts d'imitation, de même en Grèce, le polythéisme fut la seule cause de la perfection irrêvable de l'art hellénique.