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EAN : 9782742737154
215 pages
Actes Sud (15/04/2002)
3/5   3 notes
Résumé :
A travers le temps, les histoires se transmettent. Comme la mémoire, elles effacent et mentent. Restent alors la haine, la douleur ou le rêve. Chenjerai Hove dépeint l'histoire d'un pays brisé par l'intrusion brutale des colons, la guerre civile, les déplacements de population et de misère. De l'éternel rêve des pères pour le pays de Gotami au silence des mères fuyant les mariages arrangés, des larmes des petits recherchant leur racines à l'humiliation d'un peuple e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sous le soleil brûlant d'Afrique australe du milieu du XXe siècle, des villageois de Gotomi mènent leur vie comme ils le font depuis plusieurs générations. À travers eux, c'est l'histoire de tout un peuple, d'un pays, qui est visitée. La vie en autarcie, à exploiter son petit lot de terre et à élever ses animaux, à se reposer dans sa case, à se raconter des contes millénaires, à espérer le bonheur, à arranger les mariages (ou à les fuir), etc. Et partout cette terre rouge et noire, belle, prometteuse, riche. Mais voilà que les temps changent…

Les Blancs, colons et autres exploitants, ils construisent des routes à coups de bulldozers (déplaçant maisons et paturages, saccageant les sanctuaires), poussent les villageois à modifier leurs pratiques agricole, prêchent… Les villageois écoutent, parfois tiennent compte, mais retournent souvent à leurs vieilles traditions. Même après avoir utilisé de nouveaux outils, il est important de procéder aux rituels, de s'attirer la protection des ancêtres pour que les récoltes arrivent à maturité. Ce fut une incursion fascinante dans un autre monde.

Mais comment y arrive-t-on quand une des ancêtres était née sourde et muette ? Peut-elle entendre les prières ? Quand les récoltes n'arrivent pas à maturité, que la misère se pointe. Et que les Blancs continuent à faire intrusion partout, détruisant leur mémoire collective et s'attaquant à leur identité ? Chacun crache la colère et la haine qui s'accumulait de génération en génération, depuis le commencement des temps.

Chenjerai Hove réussit très bien à dépeindre le quotidien, les espoirs et le ressentiment des petites gens, autant les hommes, leurs épouses, leurs enfants, des aînés et bien d'autres. Leur respect devant la supériorité technologique des Blancs, remettant leur destin entre les mains des ancêtres, de puissances invisibles. Puis, un jour, assez est assez. Ils veulent s'affranchir, les guérillos combattent l'homme blanc pour libérer le pays mais, quand la guerre est partout, la situation dégénère et tout le monde finit par en souffrir. Ceci dit, il ne faut pas y voir que du négatif, les épisodes les plus durs sont balancés par des évocations poétiques des gens, de leurs traditions et de l'endroit.

Parfois, j'étais un peu mélangé à travers toutes ces voix qui se partagent la narration de ce roman, Ancêtres, mais, au bout du compte, j'en suis venu à la conclusion que ce n'était pas si important de les départager. Tous, ils partagent des rêves et des souffrances au point de ne former qu'un tout. Je me suis laissé porter par la chronique de ce bout de terre ensorcelant qui me donne envie de lire davantage d'oeuvres portant sur cet endroit et d'autres d'Afrique.
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Des vies influencées par des problématiques locales, et bientôt chamboulées par la pénétration coloniale. Il est question de traditions, de transmissions et, de pratiques religieuses désormais remises en cause. L'auteur insiste sur ce nouvel ordre "confessionnel" où le culte des ancêtres est débattu : soit parce qu'il n'est plus efficace face aux aléas du quotidien ; soit parce qu'il est confronté au christianisme.
Dès lors, à qui adresser ses prières ? Comment faire face à cette déculturation et recouvrer sa dignité ?

L'auteur multiplie les narrateurs dans un style parfois poétique ou philosophique pour étayer son propos. Un choix qui ralentit la compréhension même si l'ensemble demeure instructif.
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Récit polyphonique, de vois distantes dans le temps, qui racontent la vie de quelques Africains, liés d'une façon ou d'une autre à la contrée semi-mythique de Gotami, d'où les Blancs ont chassé les natifs, laissant les os des Ancêtres, privant les vivants de leur identité profonde, de leur essence vitale.

Ces voix que nous entendons sont distantes dans le temps de plus d'un siècle, la plus ancienne et la plus persistante est celle de Miriro, sourde et muette, enfant puis jeune fille vouée à la solitude et à la souffrance dont découvrons petit à petit le destin cruel. Mais à cette voix d'autres se mêlent et s'accordent, voix d'hommes, d'écoliers, et de femmes. L'Afrique est là avec ses beautés et ses souffrances, ses joies et ses drames. Comme partout, ce sont les femmes qui souffrent le plus, entre travail, mariages forcés, enfantements, deuils, répudiations.

Toutes la magie et toutes les légendes de l'Afrique se révèlent insuffisantes pour résister à l'homme blanc, mais l'auteur nous les fait découvrir dans un style poétique, lyrique et flamboyant. Un chant d'une grande beauté, et d'une intense sensibilité auquel il est difficile de rester insensible.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
"Chère Sinet, en ce moment je ne peux pas aller le dimanche au catéchisme. L'idée que tu es mon amoureuse a pris la place du catéchisme. La place réservée à Dieu dans ma tête et dans mon coeur a été prise par toi. Peu importent ce qu'en pensent ton père et ta mère. Pourquoi songer à eux? L'amour na n'i père ni mère hormis toi et moi. Il n'a aucun Dieu hormis toi et moi. Mon amour pour toi est plus long que le Mississippi et plus haut que l'Everest..."
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Toi, petit garçon, tu regardes ton pére arpenter les terres de ses rêves. Ses moments de joie se mesurent au vert des cultures, homme du sol brun, du sol noir d'où poussent les rêves - où les cauchemars si les pluies ne tombent pas.
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Et j'étais seule la plupart du temps si ma mère ne me portait pas, comme un petit fardeau, sur son dos. Elle ne pouvait me chanter ni chansons ni berceuses. A quoi bon ? se disait-elle. Le bébé ne les entendra pas. (…) Que vais-je faire d'elle le restant de sa vie ? (…) Quel homme viendra ici lui faire la cour ?
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les histoires que nous entendons, seuls les vainqueurs en sont les conteurs. si seulement le singe pouvait raconter son histoire. si seulement l'oiseau pouvait conter celle de son vol à travers les airs. et l'arbre la sienne.
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Le lendemain, quand vient le matin, il est plein de murmures. Le ciel est rouge et dur. L’air est traversé de murmure. Et de cris. Le soleil est rouge, comme en colère. Ton père est couché dans l’ombre matinal de l’arbre musma. Il respire, faiblement. Lorsque les gens lui demandent comment s’est passée la nuit, il se contente de les fixer du regard. Le corps est en bonne santé, mais l’esprit vagabonde vers des contrées lointaines. En ce temps des sorciers sans vergogne et des magiciens prétentieux, il n’est pas possible de dormir en paix. Ton père songe en silence : le corbeau a mangé et il a frotté son bec dans la poussière. J’ai peur
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