Je dois à Babelio de bons moments, parfois de moins bons mais c'est la règle du jeu. Mais sans eux j'ignorerais toujours le Norvégien
Ragnar Hovland bien que je me perde très volontiers dans la littérature nordique. Quel beau roman, ça s'appelle
Douce nuit, il n'y pas de scénario proprement dit. Un homme, écrivain en panne, âge mûrissant non précisé, on apprend peu à peu sur lui, c'est très curieux car on n'en saura jamais vraiment beaucoup. Ce qui compte dans
Douce nuit, c'est ce qu'on devine ou croit deviner. Il était le deuxième d'une fratrie de cinq. On ignorera toujours les deux plus jeunes, nommés "nos deux plus jeunes frère". Où sont-ils passés? Mystère.
le frère aîné, là encore pas de prénom, apparait comme une sorte de fantôme un peu désincarné, ce qui pourrait bien être un pléonasme, depuis une expérience ancienne, restée floue elle aussi, une rencontre avec un personnage vêtu de noir. Ils vont se retrouver, un peu, un petit peu, pas beaucoup. Les conversations fraternelles sont pour le moins sybillines. Quand au troisième frère, il répond si j'ose dire au nom de Numéro Trois, rien de plus, avocat plutôt marron, et traverse à moto la Norvège vers le Nord. Ca fait beaucoup de Nord, j'adore. Très sporadiquement ce petit monde échange un SMS. Il ne se passe rien en cette
Douce nuit, rien que l'incompréhension mutuelle que même deux jours chez les vieux parents, père en proche partance, mère aimante mais ayant depuis longtemps compris que l'amour de ses fils demeurerait d'une exemplaire discrétion, ne pourront entamer.
La maladie est aussi très présente dans ce roman, non pas à grands renforts de pathos, mais par nombre de touches-souvenirs du fils principal narrateur, amis d'enfance, des femmes surtout. Je n'ai pas trop compris pourquoi
Ragnar Hovland cite
Ragnar Hovland parmi les écrivains dont il parle, mais il n'en parle qu'un tout petit peu. Tout est beaucoup un petit peu dans
Douce nuit, et laisse au lecteur un peu de travail. J'aime ça, comme j'aime le Nord en général, et ce chalet en bord de mer où se retrouvent brièvement les trois frères, pour aller pêcher, un peu.
J'ai aimé ce libre, beaucoup, beaucoup. S'il ne m'avait plu qu'un peu, un petit peu, je l'aurais aimé quand même, et je l'aurais gardé (je garde moins de livres maintenant). Il cite Scarborough fair, version Simon and Garfunkel, et The girl from Northern Country, de Dylan, qui ne sont en fait qu'une seule et même mélodie. Ca suffit pour figurer dans mon petit panthéon. Il en faut parfois peu, un petit peu. Merci à Babelio pour ce très bon millésime.