[Notes de lecture en cours] Si on se projette un peu dans le passé, il faut reconnaître que REH était sous les feux des projecteurs, grâce à Conan, et que les éditions Néo ratissaient très large pour publier tout de REH... tout et parfois n'importe quoi...
Une fois les Conan publiés, les
Solomon Kane, ou Sonia La Rouge... il reste le tout venant.
Je dirai qu'il y a beaucoup de déchets dans ce recueil de nouvelles. Si des textes sont restés inédits, parfois, c'est qu'il y a des raisons, n'en déplaise à
François Truchaud. Un recueil autour de la boxe, sport qu'affectionnait REH, cela résonne un peu comme les Contes du Golf ou du Whisky... des nouvelles autour d'un thème assez spécifique, c'est risqué.
Et, de fait, cela ne fonctionne pas vraiment.
Le premier texte, "Les Hommes de Fer", est plutôt une préparation pour un quotidien. On y voit l'érudition de REH. Mais tous ces noms tombent à plat pour le lecteur lambda que je suis.
"Iron Mike Brennon" raconte la longue descente vers l'enfer d'un boxeur dont le principal talent est d'encaisser. On retrouve des phrases du premier texte, car Mike Brennon est un Homme de Fer. On pense inévitablement à The Harder they Fall... mais c'est une histoire tellement banale et archi-connue qu'on doit l'avoir écrite 100 fois. Et ce n'est pas le moindre des défauts de la nouvelle. En fait, REH use et abuse de superlatifs et de ces figures de style qui fonctionnent super bien dans l'heroic fantasy, où les héros entreprennent et réussissent des actions qui les dépassent... mais ici, on est davantage dans le concret et le terre-à-terre. Et ces fulgurances habituelles de REH sonnent faux. La fin donne un peu de légèreté à l'ensemble, mais cela ne sauve pas le récit.
"Ils remontent toujours sur le ring !", est un récit plus construit, avec un suspense, une intrigue qui se développe. C'est la malédiction du boxeur, ce truc qui prend aux tripes, l'adrénaline qui monte et qui est très bien rendu par REH. le style est plus fluide, on a moins de ces figures de style hyper grandiloquentes, qui fonctionnent mieux dans l'heroic fantasy.
"Les Poings du désert" est plus rythmé. On sent REH plus à l'aise dans un registre plus orienté vers l'action. Ici, l'action se développe toute seule, il n'est pas besoin d'en faire trop et cela colle parfaitement. C'est sans doute la meilleure des nouvelles du recueil.
D'ailleurs, profitons-en pour faire un break... ouf! Ce genre de recueil thématique est un vrai casse-gu... REH a finalement (il faut bien se l'avouer) un registre assez étroit. Et il nous sert le même boxeur ou presque à chaque nouvelle. Car REH reste REH... père de Conan et de
Solomon Kane... il ne nous raconte pas les techniciens du ring, mais les hommes de fer, ceux qui prennent des coups en pleine tête et survivent... J'ai décroché, K.O. debout par les crochets gauches de REH... Eponge...
"La Peur de la foule" raconte avec trop d'emphase le drame d'un boxeur entrant en transe à chaque fois qu'il monte sur le ring... On retrouve REH tel qu'en lui-même. Et on ne peut se départir de l'impression d'avoir lu plusieurs fois la même nouvelle. Mettre toutes ces nouvelles à la suite, cela permet en effet de voir très clairement les tics d'écriture de REH. Et on lit plusieurs fois les mêmes rouages. Décevant.
"Le Saule pleureur" est un peu différente car elle est humoristique. C'est l'avis de
François Truchaud. C'est en ce sens qu'il l'a traduite. J'y vois poindre une certaine raillerie. Mais la fin est identique aux autres nouvelles, et vient bien trop vite, brusquement. Idem pour "Le Crochet du droit", avec plusieurs ellipses et raccourcis qui nuisent au récit.
Le besoin de REH de terminer en happy end toutes ses nouvelles est lassant. Il développe une atmosphère et casse tout en cherchant à tout prix le dénouement heureux, qui sonne faux car il est trop rapidement amené. Ce recueil n'a pas vraiment d'intérêt.