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Jean-Pierre Briand (Traducteur)Jean-Michel Chapoulie (Traducteur)
EAN : 9782864240426
247 pages
Editions Métailié (30/11/-1)
3.93/5   96 notes
Résumé :
Édition revue et augmentée de deux nouveaux chapitres d’un grand classique de la sociologie.

La publication de Outsiders en 1963 a marqué une étape fondamentale dans le développement de la sociologie, en particulier la sociologie de la déviance. Howard S. Becker y étudie des comportements non conventionnels comme ceux des fumeurs de marijuana et des musiciens de jazz. De façon originale, cette approche consiste aussi à prendre en compte à la fois le p... >Voir plus
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Pourquoi les gens s'obstinent-ils à fumer de la marijuana alors que la société n'arrête pas de leur répéter que c'est mal ? Pourquoi certains jeunes se lancent dans des carrières hasardeuses de musicien alors que tout le monde sait que médecin, avocat ou ingénieur sont de bien meilleures carrières ? Les gens biens sont nombreux, ils savent ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, alors pourquoi ne pas tout simplement les écouter ? le monde ne s'en porterait que mieux !

Intelligemment, l'auteur inverse la question dès les premières pages du livre : qui fixe des normes, et pourquoi ? Quand on prend un peu de recul, on s'aperçoit que les normes bougent beaucoup : ce qui était acceptable il y a un siècle provoque des scandales aujourd'hui, et inversement. Et à moins de penser que notre époque a atteint la sagesse absolue, ces normes vont continuer d'évoluer.

Becker montre que ces normes nécessitent des actions énergiques de deux groupes. le premier instaure la norme : il faut « créer un problème » et convaincre la population de le prendre très au sérieux. L'essai contient l'exemple de la marijuana, et de l'explosion du nombre d'articles qui lui est consacrée en quelques mois, juste avant son interdiction.

Le second groupe doit pourchasser les déviants. En effet, l'existence d'une norme n'implique pas forcément son application dans la vie courante. La population est généralement plus tolérante que la loi et ferme les yeux si les apparences sont sauves. Exemple classique, la sexualité hors mariage a longtemps été prohibée, mais les amants étaient rarement pourchassés. Si une grossesse survenait, on attendait des coupables qu'ils se marient vite fait. Il n'y a que sur les mères célibataires que l'opprobre s'abattait, parce qu'il n'y a plus moyen de faire semblant de ne rien voir. On comprend alors l'importance pour les normes de groupes qui attirent l'attention de la population sur les méfaits qu'ils veulent combattre, qui les mettent en lumière et forcent chacun à prendre position.

Pour l'auteur, les normes sont imposés par une minorité qui détient le pouvoir à la majorité. Là où l'essai est pris en défaut, c'est qu'il est souvent difficile de comprendre quel est ce pouvoir et son intérêt réel. Pour la drogue, on cite les organismes de santé public, la police et les avocats, qui tentent de justifier leur existence en créant de nouveaux problèmes au fur et à mesure que d'autres disparaissent. Pourquoi pas, mais il me faudrait des explications plus concrètes sur le sujet. Pour les homosexuels ou les musiciens de jazz, on a déjà beaucoup plus de mal à comprendre quel groupe aurait intérêt à les montrer du doigt et pourquoi.

Les normes favorisent également l'apparition de « ghettos » : une fois un déviant découvert, il doit faire un choix radical, rentrer dans le rang ou se couper définitivement de la société. S'il fait le second choix, il perd généralement tout : famille, ami, travail, … La seule option valable pour vivre correctement est alors de vivre uniquement avec les gens qui partagent la même passion coupable.

Essai plutôt intéressant et assez fourni en exemples. Il me manque cependant une couche de profondeur supplémentaire pour être pleinement convaincu : j'ai un peu de mal à faire le lien entre toutes les explications théoriques de l'auteur et les illustrations qu'il donne en exemple. Apparemment, l'essai reprend des parties de thèses ou d'autres publications. C'est sans doute ce qui donne cette impression de manque de continuité dans le discours.
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Ce grand classique de la sociologie américaine des années 60 déplace la perspective de l'étude de la violation de la norme – la délinquance – vers un objet plus vaste – la déviance – en opérant deux révolutions méthodologiques. Premièrement, il problématise le point de vue de la création de la norme ainsi que celui de sa mise en application, adoptant ainsi une approche, dite « interactionniste » qui est tripartite : elle prend en compte les motivations des déviants, celles des créateurs de la norme, dits « entrepreneurs de morale » et enfin celles des « agents de la répression » : les interactions entre les comportements de ces trois acteurs sont postulées comme nécessaires à la définition de la déviance. Deuxièmement, la méthode ethnographique est appliquée en sociologie avec l'introduction de l'observation participative, des entretiens non-directifs, l'élaboration de microthéories de portée limitée falsifiables par une seule observation contradictoire.
Par conséquent, il découle une dialectique inédite entre scientificité de la sociologie et morale du sociologue (en tant que spécialiste et en tant que citoyen), laquelle, si elle sera abondamment travaillée notamment par la sociologie critique (entre autres française) à partir des années 70 au point que les péroraisons de principes de ce livre paraissent totalement désuètes aujourd'hui, n'en demeure pas moins très radicale compte tenu du pesant climat intellectuel du maccarthysme dans lequel il fut écrit. de surcroît, Becker développe son analyse de la déviance sur deux terrains qu'il pratique personnellement : les fumeurs de marijuana et les musiciens de « musique de danse » (je suppose, à partir de ce lexème qui est sans doute une traduction bizarre ou un anachronisme, qu'il s'agit de musique pop entre le jazz et la disco).
Cette lecture s'inscrivant pour moi dans le sillon d'une tentative d'approfondissement de la problématique des drogues, cette approche des motivations de la consommation de cannabis d'un point de vue sociologique, conçue comme celle de l'inscription volontaire dans une contre-culture définie déviante par une série de contingences (avant même qu'elle ne revête des implications politiques contestataires) m'a paru globalement intéressante car inhabituelle par rapport à ce que je crois être les explications sociologiques les plus courantes aujourd'hui – sur lesquelles je reviendrai sans doute dans de prochaines lectures. D'autres motifs d'intérêt, qui surgissent spontanément dès lors que les sciences humaines se posent comme but – et comme justification éthique – de démystifier les mécanismes occultés de la domination, sont satisfaits par toute réflexion méthodologique, de toute façon, quelle que soit l'apparence surannée du débat : car en vérité, ce n'est qu'apparence, tout au moins tant qu'il y aura des gens qui affirment que « comprendre, c'est déjà presque excuser » et/ou qui contestent le relativisme éthique...
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Publiée en 1963, Outsiders est une série d'articles écrits par Howard S. Becker, compilés par lui-même en une étude sur la déviance, parce qu'une compilation de ces divers articles lui paraissaient faire particulièrement sens.

Et c'est en effet le cas : après avoir défini avec une extrême précision la notion de déviance, en prenant bien en compte toutes les potentialités sociologiques de celle-ci (A partir de quel moment, de quel point de vue, est-on considéré comme déviant ? A quel moment peut-on considérer que l'on dévie de la norme établie, et pourquoi ?), sont décrits et étudiés deux types de comportements considérés comme déviants à son époque, d'abord ceux des musiciens de jazz, ensuite ceux des fumeurs de marijuana. Et c'est là que l'on entre dans la logique interactionniste de l'étude, que Becker a, au même titre que la déviance, expliqué auparavant.

Courant de la sociologie américaine qui, dans les années 1920-1940 connaissait ses premiers balbutiements, l'interactionnisme symbolique prône l'enquête par l'interaction avec les sujets étudiés, et ce afin de pouvoir être au plus près des comportements qui sont analysés. C'est un courant qui refuse donc de se borner à étudier des chiffres et des abstractions, ou d'obtenir des conclusions via questionnaires, pour comprendre vraiment les faits de société qui lui importent. Cela sous-entend, pour Becker, lui-même musicien de jazz et fumeur de marijuana, d'interroger ceux qu'il côtoie, ou ceux faisant partie de cercles dans lesquels il parvient à se faire « introniser », ce qu'il fera dans les années 1950, afin d'en tirer des conclusions sociologiques, que je laisse à chacun le soin de découvrir.

Mais le sociologue ne s'arrête pas là, et c'est ce qui fait plus encore l'intérêt de son étude : il analyse également le comportement et le point de vue de l'autre versant de la déviance, celui de ceux qui la considèrent comme telle, c'est-à-dire les entrepreneurs de morale, qui « créent » la déviance, notamment législativement parlant – la marijuana, d'abord consommée librement car marginale, puis interdite du fait de sa consommation croissante, et enfin légalisée de nos jours dans certains états, en est un très bon exemple dans le cas des Etats-Unis -. La déviance, finalement, ne le devient que quand la société la considère comme telle, ce qui n'est pas toujours le cas au fil du temps. Nous avons donc une vue d'ensemble de phénomènes sociologiques qui n'étaient, à l'époque, pas du tout mis en perspective de cette façon, expliquant le succès d'Outsiders.

A l'étude de 1963 s'ajoutent de nouveaux chapitres écrits postérieurement, l'un en 1973, les autres en 2018 – de même qu'une préface – qui permettent de donner un éclairage nouveau et très utile, et sur Outsiders, et sur l'évolution de la sociologie, voire plus précisément de la sociologie de la déviance, depuis la première publication - d'où la nouvelle édition qui vient d'être publiée en français-.

Moi qui avais décroché depuis un moment des lectures sociologiques, je suis ravie de m'y être remise avec cette étude d'Howard S. Becker : Outsiders est en effet claire, tout à fait adaptée à des néophytes comme moi quant à courant de l'interactionnisme symbolique. Tous les termes techniques, peu utilisés d'ailleurs, sont expliqués et utilisés à bon escient. le tout se lit de ce fait très agréablement et facilement, et l'étude, bien que datée, n'en reste pas moins pertinente.

Je remercie les éditions Métailié et Babelio de m'avoir permis de me relancer dans la sociologie en douceur grâce à cette étude ma foi fort intéressante.
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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Intéressée voire passionnée par la sociologie, il était difficile de passer à côté de ce monument qu'est Outsiders de Becker. (De plus, une membre de la communauté m'avait conseillée cette lecture.) Forcément, lorsque l'on pense à cet ouvrage, on pense à la notion de déviance. Ainsi, sans grande surprise, on en apprend davantage sur cette notion qui prend plusieurs formes et plusieurs sens en fonction du contexte social, historique, etc. Mais surtout, en fonction du point de vue adopté (attention cependant la notion ne s'arrête pas au point de vue des observateurs).

En effet, qu'est-ce que la déviance ? Mais surtout est-ce que la déviance est la même pour tous ? La déviance, est une notion normative qui varie en fonction de celui qui observe ou celui qui est considéré, stigmatisé comme déviant. En somme, c'est une notion bien plus complexe qu'on ne peut l'imaginer.

Si l'ouvrage est plutôt simple à lire et à comprendre, je trouve juste dommage l'exemple des musiciens de danse qui au final n'apporte pas grand-chose au regard de notre époque. A contrario, les exemples sur l'homosexualité ou les consommateurs de marijuana sont très intéressants, et portent à l'esprit de nouvelles interrogations. Peut-on encore parler de déviance aujourd'hui ? Pour qui ? Dans quelles circonstances ? Quand ? Etc… Peut-on même étendre cette notion à des groupes qui jusqu'alors n'étaient pas considérés comme déviants ? Autant d'interrogations que soulèvent en filigrane cet ouvrage, et qui le rend donc source d'études pour les futurs ou apprentis sociologues.

Au final, un vrai bon ouvrage de sociologie qui parfois s'égare un peu selon moi, mais qui reste intemporel.
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Deux aspects sont importants pour qualifier un comportement de déviant. Tout d'abord une norme ne doit pas être respectée, et le comportement doit être jugé comme déviant par la société. L'interaction entre le comportement et le regard d'autrui est nécessaire pour qualifier un comportement de déviant.

L'auteur décrit le processus au cours duquel passe la personne souhaitant tester la marijuana. Il aborde la manière dont ces fumeurs sont perçus dans la société. Il les fait parler à ce sujet lors de ces entretiens.

Concernant les musiciens, il y a un développement d'une sous-culture pour mettre à distance les non-musiciens, qui sont appelés les "caves''. Au travers de la reconstitution de certains passages d'entretiens j'y ai perçu beaucoup de mépris de la part de musiciens envers leurs spectateurs/auditeurs. Élément qui m'a quand même beaucoup surprise.
En outre, on retrouve dans ce milieu l'importance du réseau, qui permet au musiciens de faire avancer sa carrière.

On retrouve la problématique de la société capitaliste, ce qui fait de l'argent c'est ce qui payent, notion de ce qui est commercial. Il s'agit là d'une idée que l'on retrouve dans d'autres mouvements musicaux.

La problématique avec l'étude de la déviance, gagner la confiance des personnes, arriver à les trouver, nécessité de les observer dans leur milieux pour rendre un bon travail.

Becker revient sur la méthodologie et les critiques faites à la sociologie de la déviance. En effet, le point de vue n'est jamais le bon. Si le sociologue prend le point de vue des déviants cela donne l'impression qu'il y adhère, qu'il légitime la déviance ; s'il prend point de vue des non-déviants, on lui reprochera d'être “à la botte” des institutions, de la société. L'auteur souligne la nécessité de prendre les deux points de vue et de les exposer, mais là également la difficulté de le faire.

Il s'agit là d'un essai intéressant et accessible, si vous vous intéressez à la thématique de la déviance. Même s'il date des années 50 je pense qu'il peut toujours trouver de nombreux échos dans notre société actuelle.

Un élément m'a quand même mise mal à l'aise. En effet l'homosexualité est classée dans les comportements déviants, ce qui peut se justifier. Néanmoins le mentionner juste à côté des toxicomanes m'a semblé problématique. Je pense que ce n'était pas très approprié de les mettre sur le même plan.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Mais il convient de faire quelques distinctions préliminaires. Les normes peuvent se présenter sous des formes très variées. Elles peuvent être édictées formellement par la loi : dans ce cas les forces de police de l'Etat peuvent être employées pour les faire respecter. Dans d'autres cas, elles représentent des accords informels, établis de fraîche date ou revêtus de l'autorité de l'âge et de la traduction; des sanctions informelles de diverses sortes sont utilisées pour faire respecter ce type de normes.
De même, la tâche de faire respecter les normes - que celles-ci aient la force de la loi ou de la tradition, ou qu'elles s'appuient simplement sur un consensus - peut incomber à un corps spécialisé, comme la police ou la commission déontologique d'une association professionnelle ; mais cette tâche peut aussi être l'affaire de tout un chacun, ou moins de tous les membres du groupe auxquels les normes sont censées s'appliquer.
Les nombreuses normes que nul ne cherche à faire appliquer n’ont qu’un rapport tout à fait superficiel avec le type de norme qui m’intéresse ici. Par exemple, les « Blue laws » figurent encore dans les codes bien qu’elles ne soient plus en vigueur depuis une centaine d’années. (Mais il est important de se souvenir qu’une loi tombée en désuétude peut être réactivée pour diverses raisons et retrouver toute sa force originelle, comme cela s’est passé récemment dans le Missouri pour les lois régissant l’ouverture des établissements commerciaux le dimanche.) Des normes informelles peuvent pareillement dépérir si on ne les fait pas appliquer. Je m’occuperai ici principalement de ce que l’on peut appeler les normes effectivement en usage, celles que des groupes maintiennent en vie par leurs efforts pour les faire respecter.
Enfin, le degré exact auquel un individu est étranger - aux deux sens du terme précédemment mentionnés - varie d’un cas à l’autre. De celui qui commet une infraction de la circulation ou de celui qui a un peu trop bu dans une soirée, nous pensons que c’est un individu somme toute pas très différent des autres, et nous traitons sa transgression avec tolérance. Mais nous estimons que le voleur est déjà moins semblable à nous et nous le punissons sévèrement. Quant aux crimes tels que le meurtre, le viol ou la sédition, ils caractérisent à nos yeux leurs auteurs comme de véritables étrangers à la collectivité.
De même, certains transgresseurs ne pensent pas avoir été injustement jugés. Celui qui a enfreint les règles de la circulation admet en général les règles qu’il a violées. Les alcooliques ont souvent une attitude ambivalente : tantôt ils estiment que ceux qui les jugent ne les comprennent pas, tantôt ils reconnaissent que l’ivresse chronique est néfaste. Certains déviants enfin, dont les homosexuels et les toxicomanes sont de bons exemples, élaborent quant à eux une idéologie systématique expliquant pourquoi ils sont dans le vrai et pourquoi ceux qui les désapprouvent et les punissent ont tort.
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Tous les groupes sociaux instituent des normes et s'efforcent de les faire appliquer, au moins à certains moment et dans certaines circonstances. Les normes sociales définissent des situations et les modes de comportement appropriés à celles-ci : certaines actions sont prescrites (ce qui est "bien"), d'autres sont interdites (ce qui est "mal"). Quand un individu est supposé avoir transgressé une norme en vigueur, il peut se faire qu'il soit perçu comme un type particulier d'individu, auquel on ne peut faire confiance pour vivre selon les normes sur lesquelles s'accorde le groupe. Cet individu est considéré comme étranger au groupe [outsiders].
Mais l'individu qui est ainsi étiqueté comment étranger peut voire les choses autrement. Il se peut qu'il n'accepte pas la norme selon laquelle on le juge ou qu'il dénie à ceux qui le jugent la compétence ou la légitimité pour le faire. Il en découle un deuxième sens du terme : le transgresser peut estimer que ses juges sont étrangers à son univers.

Le double sens de "outsider", p. 25
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Le fait central en matière de déviance [est] que celle-ci est créée par la société. [...] Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces normes à certains individus et en les étiquetant comme des déviants [outsiders]. De ce point de vue, la déviance n'est pas une qualité de l'acte commis par une personne, mais plutôt une conséquence de l'application, par les autres, de normes et de sanctions à un "transgresseur". Le déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache cette étiquette. (p. 32-33)
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Ce n'est pas parce qu'une norme existe qu'elle est automatiquement en vigueur. On ne peut pas rendre compte de l'application des normes en invoquant la vigilance constante de quelque groupe abstrait.
[...]
Premièrement, il faut que quelqu'un prenne l'initiative de faire punir le présumé coupable ; faire appliquer une norme suppose donc un esprit d'entreprise et implique un entrepreneur. Deuxième, il faut que ceux qui souhaitent voir la norme appliquée attirent l'attention des autres sur l'infraction ; une fois rendue publique, celle-ci ne peut plus être négligée. [...] Troisièmement, il faut y trouver un avantage : c'est l'intérêt personnel qui pousse à prendre cette initiative.
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Au lieu de nous demander pourquoi les déviants veulent faire des choses qui sont réprouvées, nous ferions mieux de nous demander pourquoi ceux qui respectent les normes tout en ayant des tentations déviantes ne passent pas à l'acte.
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Vidéo de Howard S. Becker
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