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Critique de LesReveriesdIsis


J'attendais depuis longtemps la parution des Aînés de Serenya Howell. Alors, autant dire que quand j'ai trouvé un exemplaire esseulé au détour d'un rayon, dans une librairie de Limoges, je me suis jetée dessus. La couverture est, comme toujours avec les éditions Plume Blanche, magnifique et, déjà, nous savourons l'objet livre avant de savourer l'histoire. Il n'y a pas de petit plaisir!

Ce roman présente un univers où Dragons et humains existent. Au sein de la Tour, vivent les Aînés, créatures fabuleuses et respectées. Entendre leur Appel, devenir un jour peut-être Maître et se lier à eux est un honneur. Pourtant, l'un des Aînés ne provoque pas le même enthousiasme : Asroth, l'incarnation de la Mort car il entraîne plutôt ses Maîtres vers les ténèbres, la désolation et le sang.

Tout d'abord, je suis subjuguée par l'univers. D'un coup de plume, Serenya Howell nous transporte dans un autre monde, un monde séculaire, auquel on peut croire, car finalement, il a des points communs avec ce que nous connaissons. Cependant, le monde des Hommes se trouve ici profondément modifié par la présence des Aînés, ces dragons qui veillent sur le monde, présidant au Conseil avec leur Maître. Ce monde est tiraillé par une lutte immémoriale entre la majorité des Aînés et Asroth. La guerre fait rage avec plus ou moins d'intensité, selon les époques… et l'Aîné honni sème terreur en même temps qu'il récolte mépris, violence et préjugés, de la part des hommes, mais aussi de la part d'une grande partie du Conseil. C'est pour cela qu'aucun Aspirant ne souhaiterait être lié à l'Aîné noir, que tous se défient du malheureux élu. Pourtant, au milieu de ces conflits, au milieu des préjugés, affleurent des points de vue divergents comme une promesse de renouveau. Lëysha, la reine des Aînés, aspire au retour de son frère… mais rien ne permet d'affirmer que ce n'est pas un doux rêve. Les luttes intestines, les machinations et les complots sont légions ici et permettent de donner de la densité à l'oeuvre, en même temps qu'elles entretiennent le mystère sur l'issue du combat. Rien n'est joué d'avance, mais rien ne sera simple, et les alliés d'un jour peuvent devenir les ennemis de demain.

Serenya Howell a réussi à faire cristalliser un monde entier, sa genèse, ses turpitudes et ses beautés dans une seule oeuvre. Une oeuvre dont la construction est particulièrement travaillée, percutante et… parfois frustrante! Cette lecture est donc haute en émotions. le dosage entre passages épiques et apaisement est parfait. le découpage en Cycles joue avec les nerfs du lecteur nouant et dénouant nos attentes, ménageant le suspense et finalement, soulageant nos peurs, en dernière instance, comme dans un dernier soupir. En effet, l'autrice a savamment tissé la toile qui nous emprisonne et nous attache à son oeuvre. Rien n'est laissé au hasard. Alors que la tension est à son maximum et que nous retenons notre souffle, elle nous prend à contre-pied, change le point de vue adopté et diffère la résolution, nous emportant malgré nous dans une suite éclairante, qui ne rend que plus savoureuses les révélations et la chute. Ainsi, la frustration ressentie se mue en un plaisir décuplé et nous comble parfaitement. le dernier Cycle de ce premier tome suit une logique similaire. J'ai eu du mal à me plonger dedans, surtout après les montagnes russes émotionnelles qui avaient précédé. Pourtant, à un moment donné, la rythmique s'est relancée, et… impossible de lâcher le livre de nouveau. Cette dernière partie est absolument nécessaire et parachève le tome. Elle nous livre des clefs essentielles et complète le portrait d'Asroth de manière magistrale.

de plus, la plume de Serenya Howell est vite addictive. Nous suivons les aventures de Dënorth et d'Aymeric, deux Aspirants à la Tour, ivres du désir de devenir Maître un jour, modestes et souriants, touchants par leur simplicité et leur complicité. Mais leur destin ne sera pas un long fleuve tranquille et ils tomberont plus d'une fois, ils se heurteront plus d'une fois à la cruauté et à la méchanceté du monde, ils douteront, ils seront terrassés, mais pas vaincus, et avec l'énergie du désespoir, mû par l'amour du Bien, par l'amitié, par l'espoir – aussi vacillante que soit cette flamme- ils avanceront et changeront définitivement la face du monde.

J'ai eu un coup de coeur pour Dënorth et Asroth. Ces deux personnages sont finement taillés dans la pierre et deviennent des diamants bruts que les pages polissent peu à peu, jusqu'à leur donner leur éclat parfait. L'humour qui innerve les pages m'a atteinte droit au coeur : j'ai ri, j'ai pleuré, j'ai tremblé, j'ai parfois posé ma lecture pour faire une pause, craignant le tour que prendraient les événements, et j'y suis revenue, immanquablement. C'est une lecture qui m'a profondément émue, profondément touchée, car au-delà de la fantasy et de l'univers riche mis en place, nous pouvons aussi sentir affleurer toute une réflexion sur l'Autre, sur l'Acceptation, sur les préjugés, sur l'espoir et sur le pardon. En plus de la beauté de ce monde inventé, nous avons donc une beauté du coeur qui transparaît, toujours effleurée, suggérée et rendue aérienne par l'humour.

Je pense que cela ne fait aucun doute pour personne… J'ai eu un coup de foudre pour ce roman. Les mots sont bien faibles pour exprimer à quel point je l'ai aimé. Je sais déjà que l'attente sera longue avant la suite, mais je me réjouis déjà de retrouver des personnages si chèrement aimés.

Ce premier tome des Aînés est donc un petit bijou. Un univers finement ciselé se déploie sous nos yeux, peuplé des personnages attachants, aux multiples facettes. L'histoire est trépidante, le suspense est à son comble et la révélation est à la hauteur des attentes. Un travail d'orfèvre.
Lien : https://lesreveriesdisis.com..
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