AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de bobfutur


Découvert par sa remarquable trilogie « Silo », Hugh Howey s'impose petit à petit dans le monde de la « S-F post-apo », avec une approche plutôt « lo-tech », de plus en plus répandue car crédible, à l'aune de nos sociétés diabétiques à l'énergie carbonée.

Avec « Sand », il imagine un monde recouvert par la sable, où une société survit tant bien que mal, toujours régie par ce rapport de domination capitalistique, mais où le patrimoine n'est plus formé que par quelques rares artefacts du passé, ainsi qu'en de rares espaces à l'abri de ce vent unidirectionnel et permanent, transformant la vie en un combat sisyphéen contre l'ensevelissement.

Les richesses viennent du sous-sol, et une caste d'individus aux moeurs codifiés, les plongeurs, en forment l'élite active, laissant aux autres le soin d'une intendance perdue d'avance.
Ne versant pas dans la « hard-SF », Howey ne prend pas grand soin à nous expliquer ce procédé à priori rétro-technologique permettant de liquéfier le sable à la manière de l'eau, pour y plonger et en ressortir les richesses du passé ; se contentant d'un vaporeux procédé électrico-mental, vaguement bâclé si l'on s'attarde dessus ( en particulier si l'on est fan du genre…).
On pourrait aussi se laisser porter, accepter ce dispositif afin de se concentrer sur le reste, son intrigue et ses différents personnages, bien qu'un certain regret subsiste quant à une consommation de S-F en vue de prospectives futurologiques…

Construite en courts chapitres, chacun focalisé sur un personnage, tous appartenant à la même famille, aristocrate et laborieuse à la fois, l'histoire se déploie d'abord habilement, avant de s'enterrer à mesure qu'elle oublie d'en élargir le spectre. L'originalité du début est lentement remplacée par des développements mal-habiles, cliché et poussiéreux, défaut malheureusement trop courant de ce genre…
Le recours aux ellipses ne donne pas de réponses claires à ce dispositif plutôt ambitieux, se perdant alors en nébulosités que les destins personnels ne viendraient pas préciser.

Actes Sud nous a un temps donné l'illusion d'une édition S-F aux exigences plus « littéraires » ( sans se focaliser sur la langue en elle-même, mais sur une hypothétique « qualité »), avec Liu Cixin ou « Silo »,  mais certaines sorties récentes ont largement entamé la confiance qu'on aurait pu leur porter, la trilogie arachno-prout d'Ezekiel Boone comme symbole : en plus d'être carrément médiocre, l'éditeur en a soigneusement orchestré sa parution en format poche, ne rendant accessible que le premier, laissant sur la béquille le lecteur fébrile d'en connaitre la suite ( à la manière des séries TV à sensation, et leur fameux « cliffhanger »), l'obligeant à loucher jusque craquer sur les deux derniers tomes au format broché, restant plus que discret sur sa construction trilogique ( une toute petite mention à la fin de la 4ème de couverture du 1er tome )… bref un ensemble de faits qui érodent la confiance ( j'ai bien conscience que je « tape » souvent sur cette maison, mais les ayant tellement aimé à un moment… ), sans pour autant décourager !

La S-F reste en apparence le genre le plus à même de réfléchir aux possibles, d'où ma relative frustration ( ou plutôt une certaine exigence ) de la voir trop souvent se retrancher dans un territoire bien codifié, m'entrainant vers certains jugements péremptoires, alors que d'autres sont contents…
Il est inutile de rappeler ô combien nos décideurs manquent de discernement et d'imagination pour envisager les transformations subies ou voulues de ce futur très proche. le milieu militant s'atomisant dans de petits cercles con-centrés, produisant certaines prospectives idéologiquement ad-hoc, sans réellement chercher une vision d'ensemble qui devrait tous nous bousculer…

Vous l'aurez compris, je profite de la lecture de ce livre, plutôt décevant sans être désagréable, pour à nouveau râler, mais surtout demander à notre formidable communauté des pistes de livres explorant une certaine idée du futur, avec un idéal humaniste et « lo-tech », à des années-lumières des voyages intersidéraux, expédiant aussi vers un trou-noir des livres du genre d' « After® », ou tout autre galette militante amputée d'un certain sens critique, nous invitant à « dépasser les clivages nature - culture », jalousant d'un égo rabougri l'idée d'universalité, usant de la relativité sans peur d'en abuser…

Et pour l'ami Howey, il me reste à lire son « Phare 23 », gardant encore dans le viseur ses futurs parutions.
Merci d'avance.
Commenter  J’apprécie          6812



Ont apprécié cette critique (63)voir plus




{* *}