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Critique de RosenDero


Aux confins du secteur 8, la balise 23 indique aux vaisseaux en approche la présence d'une ceinture d'astéroïdes. À l'intérieur de cette balise, un opérateur chargé de surveiller les machines et leurs calculs soi-disant infaillibles. Mais l'homme, seul et tourmenté, va vivre d'extraordinaires aventures.

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L'écriture est vraiment sympa. Je ne sais pas quel nom lui donner, à ce style particulier, mais Hugh Howey parvient à faire du gardien du Phare 23 l'un de nos potes un peu bizarres, celui dont on écoute les élucubrations mais dont on sait, dans un coin de notre tête, qu'il est un peu dérangé, qu'il a une araignée au plafond. On se demande si tout ça ne viendrait pas de son passé dans l'armée, d'un PTSD sévère, mais bon, on ne pose pas la question, de toute façon il ne répond jamais.

Ce qui fait la force du récit c'est justement ce narrateur désabusé, cet antihéros déprimé limite schizophrène, parano et suicidaire dont on partage les pensées.
Ce n'est pas tant la science-fiction qui fait l'intérêt de Phare 23 que ce narrateur grâce auquel le récit passe à une vitesse folle. Dans le rôle d'une petite souris télépathe, le lecteur se délecte des pensées de cet aiguilleur de l'espace. L'écriture est très nature, avec cette petite dose de familiarité que l'on ne pourrait retrouver que dans notre propre tête, lorsqu'on se parle à soi-même.
La présence de l'EOG, sorte de psychotrope perpétuel et (à priori) inoffensif, dans la balise pousse le lecteur à se demander sans cesse si c'est du lard ou du cochon, des vessies ou des lanternes, si tout n'est pas qu'illusion. Il est facile et agréable d'imaginer le gardien du Phare, recroquevillé contre la paroi de sa boite de conserve, la tête contre la balise, riant tout seul aux voyages extraordinaires que lui fait vivre cette technologie. À moins que ce ne soit qu'un pur produit de son cerveau perturbé.

Le background guerre spatiale et colonisations, batailles rangées et conflits inter-raciaux fait très Starship troopers, très casual, limite facile, faisant presque figure de prétexte dans les débuts du récit. Mais au fil des pages et des réflexions de son narrateur anonyme, Hugh Howey érige un pamphlet anti martial, une sévère critique du mode de raisonnement majoritaire de ses contemporains, une éloge du pacifisme et du pardon.

Après un Silo très dur et froid où la frivolité et l'onirisme n'avaient guère de place, Hugh Howey parvient, avec Phare 23, à offrir les aventures d'un antihéros dérangé couplées à une critique virulente de la guerre.

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Je remercie Babelio, MassCritique et les éditions Actes Sud pour la découverte de ce titre de SF Pacifiste.
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