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sur 394 notes
Dans Une Trop Bruyante Solitude, Bohumil Hrabal nous présente une réflexion poignante sur la puissance salvatrice de la littérature

Hanta, ouvrier dans une usine de recyclage de papiers, écrasant quotidiennement des ouvrages philosophiques interdits (Bible, Talmud, écrits de Lao-Tseu, ...), des reproductions de peintures célébres et une souris de temps à autre

Cultivé malgré lui, passant ses journées à feuilleter ce qu'il devrait détruire, Hanta fait l'apologie de la beauté de la lecture et de l'art, une beauté que pour lui les Hommes n'arrivent plus à percevoir

Hommes qui sont entrés dans une ère où on ne prend plus aucun plaisir à travailler, car la producitivé est maître de toute chose

Hanta vit sa solitude comme une expérience existentielle et transcendante et sa fin est aussi tragique que sublime, c'est un texte court et plein d'humanité

Critique du progressisme totalitaire et du productiviste, Une trop bruyante solitude nous rappelle l'importance de chérir chaque moment de la vie

Note : 📦 / 20
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« Une trop bruyante solitude », un des chefs-d'oeuvre de Bohumil Hrabal, est une oeuvre tragi-comique et une parabole qui dénonce les régimes totalitaires.
« Tous les inquisiteurs du monde brûlent vainement les livres : quand ces livres ont consigné quelque chose de valable, on entend encore leur rire silencieux au milieu des flammes, parce qu'un vrai livre renvoie toujours ailleurs, hors de lui-même ».
Le roman, sous la forme d'un monologue, nous raconte l'histoire d'Hanta, un presseur de papier alcoolique qui vit seul et qui travaille dans une usine de recyclage de papiers. Depuis 35 ans, il pilonne et détruit des livres et papiers divers à l'aide d'une presse mécanique dans une cave humide infestée de souris. Mais il sauve régulièrement de nombreux chefs-d'oeuvres de la littérature ou de la philosophie qu'il refile sous le manteau à des passionnés ou qu'il ramène chez lui en si grand nombre qu'ils forment des tours prêtes à s'effondrer à chaque instant, dans chaque pièce, jusqu'au-dessus de son lit, où il risque d'être écrasé et enseveli. Quand il ne peut sauver du pilon les trésors de notre culture mondiale, il pense longuement aux éléments qui vont constituer ses ballots car il veut offrir une sépulture unique et digne aux oeuvres qu'il chérit. Il n'est donc guère productif ou du moins pas suffisamment ce qui lui attire les foudres de son supérieur.
« … lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool; elle s'infiltre si lentement qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon coeur, elle pulse cahin-caha jusqu'aux racines de mes veines (…) ».
Hanta, féru de littérature, à la fois sauveur mais aussi bourreau des livres, rompt sa solitude grâce à la lecture. Il vit avec ses souvenirs et avec les auteurs des livres, fantômes avec qui il échange.
La critique du régime communiste est implicite. Hanta ne se plaint jamais mais Hrabal nous fait ressentir l'atmosphère oppressante d'un régime qui méprise l'art et broie les individus comme les livres. La guerre est d'ailleurs présente (son absurdité particulièrement) via celle que se livre les rats dans les égouts de Podbaba.

« Une trop bruyante solitude » (d'abord diffusé en 1976 à Prague sous forme de publication clandestine) est une critique virulente des sociétés totalitaires. C'est le livre qui a valu au grand écrivain tchèque le plus de notoriété. Il a été adapté au cinéma et au théâtre.
C'est le deuxième livre de Hrabal que je lis (après « Trains étroitement surveillés ») et sa réputation de chef-d'oeuvre n'est absolument pas usurpée. On y retrouve grotesque et humour noir. Ce texte est très fort, j'ai encore une fois adoré. Prochaine lecture de Hrabal : « Moi qui ai servi le roi d'Angleterre ».
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Un personnage qui considère que mettre des livres au pilon est un crime contre l'humanité et qui a du mal à se frayer un chemin dans son appartement envahi par les livres sauvés, ça peut déjà éveiller votre intérêt. Si j'ajoute sa déploration du manque de curiosité de ses contemporains pour la culture classique, c'est sans doute un plus.
Mais attention ! Ce livre n'est pas un Farenheit 451 tchèque : il n'y a pas de gitanes délurées ni de scatologie chez Bradbury. Et puis les personnes qui tentent de sauver les livres ici sont des doux dingues dont l'entreprise est vouée à l'échec, quand ce n'est pas carrément pour mettre les livres au tombeau.
PS : aucune des fins alternatives présentées dans la collection Pavillons chez Robert Laffont n'arrive à la cheville de la fin stupéfiante de beauté et de cruauté retenue dans toutes les éditions.
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Aussi court que puissant. Une lecture sous pression, tendue, on avance presque en sueur. Pour qui aime les livres ce petit bijou de lucidité amère est à lire de toute urgence. Un héros inqualifiable que l'on observe dans sa métamorphose et dont on voit très vite la destinée : cela ne gâche rien au contraire, le final n'en est que plus beau. Superbe !
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Un livre qui interpelle ne serait ce que par son titre ! une fable existentielle qui m'a fait penser à Kafka ,avec moins de talent à mon humble avis.
C'est un livre difficile ,dont les inteprétations peuvent être diverses ... court heureusement! teinté d'humour parfois, comme pour adoucirou tourner en dérision les difficultés de la vie .Un livre qui parle de littérature ,à quel point cell-çi est essentielle ,justement pour continuer à vivre .
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Une trop bruyante solitude/Bohumil Hrabal
Il est dit que ce petit livre est un cri de révolte lancé à l'assaut des sociétés totalitaires. Soit !
Cependant l'histoire ahurissante de cet homme, le narrateur, ouvrier depuis trente-cinq ans dans une usine qui détruit les livres, les gravures et les tableaux pour les recycler en papier d'emballage ou d'autres livres, est assez hermétique.
Bien sûr c'est un déchirement au propre et au figuré de devoir passer à la découpe la Bible, le Talmud, Lao-Tseu, Hegel et Nietzsche entre autres. Mais d'une humeur égale notre homme tel Sisyphe poussant son rocher détruit des montagnes de livres…, soliloque, boit de la bière pour oublier qu'il détruit la culture…etc, jusqu'à n'en plus pouvoir !
Cette fable est relativement bien écrite mais reste assez difficile d'interprétation.
Certes c'est une réflexion profonde sur une société barbare et absurde, un peu comme le monde de Kafka mais en moins prenant.
Mais enfin, heureusement que l'ouvrage ne fait pas 500 pages sinon je ne serais pas allé au bout. ! L'ambiance est nauséeuse et sordide et l'ennui vous guette si vous n'y prêté garde.
Quelques jolies phrases cependant :
« Moi, quand je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, je la sirote comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool. »
« Ma tête dont les cheveux se sont tous consumés, c'est la caverne d'Ali Baba, et je sais qu'ils devaient être encore plus beaux, les temps où la pensée n'était inscrite que dans la mémoire des hommes. En ces temps là, pour compresser des livres, il aurait fallu presser des têtes humaines. »
Notre narrateur n'hésite pas à sauver des monceaux de livres à l'insu de son supérieur qui lui reproche son manque d'ardeur et de rendement, ceux de Kant notamment dont il cite sa phrase fétiche :
« Deux objets emplissent ma pensée d'une admiration sans cesse nouvelle et croissante…le firmament étoilé au dessus de moi et la loi morale qui est en moi. »
Il fait chaque jour son choix et épargne Camus et Leibniz, Confucius etGoethe, Gauguin et Erasme de Rotterdam.
Pour son amour évident des livres, je respecterai l'écrivain Hrabal et mettrai trois étoiles.
Mais si vous voulez lire ce livre, prenez votre courage à deux mains durant trois heures.
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Depuis 35 ans, Hanta pilonne du papier et du carton. Livres, prospectus, affiches, emballages... s'accumulent dans la cave où il travaille. Il les enfourne dans sa presse, appuie sur un bouton, les écrase et en fait des ballots qui partiront vers les usines de recyclage.
Résumé ainsi, ce roman semble tourner autour de l'aliénation de l'ouvrier marié à sa machine et de l'abrutissement provoqué par une activité répétitive. Mais en avançant dans la lecture, Hanta se révèle être un exemple de l'adaptabilité des humains et de leur capacité à s'élever même dans le cadre le plus étroit et la routine la plus sinistre.
Dans la semi-obscurité de sa cave, au milieu des montagnes de papier qui y sont déversées, dans les odeurs de déjections de souris, d'humidité et de sang dégoulinant des emballages de boucherie, Hanta prend le temps de dénicher de vieux volumes, philosophie littérature, peinture... Il les sauve de la presse, les accumulent chez lui, mais surtout il les lit, les mémorise, les analyse, les utilise pour comprendre sa propre existence. Plus symbolique (ou artistique ou admirable ou désespéré ou inutile), il en choisit un pour chaque ballot de vieux papiers qu'il doit former ; il le place au milieu et compacte le tout avant d'envoyer à la destruction ces cubes de déchets porteurs d'un coeur de connaissance.
La plume de Bohumil Hrabal sert parfaitement ces idées et la peinture de cet univers routinier, solitaire, aliénant. Son style, descriptif, dépouillé se voit relevé de situations grotesques, de portraits picaresques et d'une touche de surréalisme hyperréaliste (si, si, ça existe) à la Boris Vian ou à la Jacques Tati (l'envie de rire en moins) et fait fleurir, de loin en loin, des réflexions aussi profondes que le quotidien de Hanta est plat.
Dans la Tchécoslovaquie communiste de la seconde moitié du 20e siècle où se situe ce roman, les détournements et le sauvetage de livres évoquent la lutte clandestine de la pensée contre l'obscurantisme politique.
Mais ce combat existe encore (et l'adjectif "politique" ci-dessus peut être remplacé par "religieux", "nationaliste", "antiscientifique", etc), de même que les symboles, le courage et les sacrifices qui lui sont liés : chaque lider maximo qui tombe sert de terreau à une flopée de dictateurs tout aussi carnassiers.
Moins dramatique, mais néanmoins consternant, est notre capacité à mettre au rebut l'héritage culturel et l'apprentissage des outils de réflexion, y compris dans les pays où la pensée est libre.
Ce court roman reste de ce fait un ouvrage nécessaire. À sortir de la cave avant que le pilon l'écrase.
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Hanta travaille depuis 35 ans dans un sous-sol a compacter les vieux papiers et les livres proscrits par le régime politique. Sous sa presse hydraulique il écrase la culture. Hormis la compagnie de quelques souris, il est le plus souvent seul dans sa cave. Il maitrise l'art de la destruction et la joie de la dévastation mais il est devenu un broyeur raffiné et cultivé. Il sauve des textes de la mâchoire de la machine. Son petit appartement est rempli jusqu'aux combles de tonnes d'ouvrages qu'il a protégé de la réduction en pâte à papier, au point que les étagères qu'il a construites au-dessus de son lit risquent à tout moment de lâcher et de l'enterrer.

Le monde de Hantá est une Prague communiste en ruine. Hrabal combine des descriptions lyriques des plaisirs et de la nécessité de la lecture, avec des passages surréalistes dans lesquels Hantá interagit avec les personnages des livres.  C'est une oeuvre au style fou, à la syntaxe parfaite.
Hrabal transcende la simple mise en accusation d'un régime en puisant dans les joies universelles et transcendantes des livres et de l'art. Quand la lecture et l'engagement intellectuel ne sont plus valorisés, l'auteur pointe du doigt les dangers de déshumanisation.
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Que dire, que dire… le quatrième de couverture vante le chef-d'oeuvre d'un des plus grands écrivains tchèques. Certes pas. Je me suis ennuyée à la répétition des noms de Hegel, Schiller et Nietzsche. Une oeuvre majeure de la littérature tchèque ? Peut-être. En fait, il faut dépasser les deux-tiers de ce court livre. La page sur la disparition de l'amie tsigane du narrateur et celle qui suit sur Hitler valent leur pesant de cacahuètes. La fin que l'on pressent depuis le début aussi. En fait, si je dois me résumer, le dernier tiers rachète le début. Mais un chef-d'oeuvre ? Certes pas.
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Quand la poésie rencontre l'absurde quête d'un ouvrier chargé de la destruction de livres, quête visant à sauver des livres dignes d'intérêt, perdus parmi les immondices…

Auteur tchèque à découvrir, surtout si on aime le grand Franz.

Une très belle surprise que je vous conseille.
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