Votre vie tout entière est devenue une mascarade infernale. Vos succès, vos réussites et les applaudissements ne s’adressent qu’à ce personnage factice. Même les gens qui vous aiment ne savent pas qui vous êtes…Rassurez-vous, eux aussi n’existent qu’à moitié. Avocats, banquiers, directeurs, psychologues, infirmières, employés cachent leur part d’ombre dans ce bal masqué. Des avatars de vrais moi qui ne s’expriment jamais totalement, ne se montrent jamais tels qu’ils sont. D’ailleurs ils n’en savent rien. On fuit toute sa vie son ombre et, quand elle nous rattrape, il fait déjà nuit.
Les cosmétiques m’ont appris beaucoup plus sur le marketing que sur les plantes médicinales. Cette industrie ne vit que sur le regard, et fait tout pour le capter. Vous ne vous imaginez pas comme une chose aussi légère qu’un regard peut générer autant de milliards de dollars en chiffre d’affaires. Vous savez, cette petite chose furtive qui ne se pose plus sur vous depuis quelques années ? Ces papillons dans les yeux qui passent sur vous comme si vous n’existiez plus ? C’est ça, l’industrie de la beauté: vendre des produits à des consommateurs pour qu’ils puissent attirer des regards. Aujourd’hui, grâce à eux, être regardé, c’est exister, tout simplement.
On passe la première moitié de sa vie à faire croire aux autres que nous sommes ce qu’ils espèrent, et le reste à essayer de ne pas les décevoir. Après, on vient dire que porter un masque est une hypocrisie…
L’énergie de l’esprit descend dans le porteur de l’effigie. Elle annule les effets du temps. Elle recharge l’homme d’énergie primordiale. L’être qui porte un masque devient ce qu’il représente…Le masque libère du devoir de ressembler à sa propre image.
Les crèmes sont incapables de ralentir le processus du vieillissement, puisqu’elles ne peuvent pénétrer au-delà de l’épiderme. Si l’on arrive à en vendre, ce n’est pas parce qu’elles entrent dans la peau, c’est parce que le marketing pénètre dans le cerveau.
Entrevue sur RCI avec Hubert Mansion, auteur du nouveau livre: Chibougamau, dernière liberté, éditions Michel Brulé. Avril 2009.