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Critique de popie21


Dieu !
Combien de crimes commis en ton nom ? Combien de crimes encore à venir ?
Mais ce n'est pas TOI, si tant est que tu sois là,
Ce sont les Hommes, d'ici et de là-bas, qui parlent pour toi.

La Vendée, le Diable et son comté
Des grenouilles de bénitier
Un gentil boulanger bouffeur de curés
Henri le rouge : SUICIDÉ

L'Algérie, colonie devenu beau Pays
Des fous d'Allah et leur coutelas
Une fière boulangère émancipée
Yasmine, petite fille de Joséphine : ASSASSINÉE

Henri et Joséphine unis pour l'éternité par la folie des Hommes : vertus surannées, menaces "voilées", peur du curé, passion du pouvoir et soif de l'or.
Il fallait bien qu'un jour ces amants maudits, séparés de force par la Méditerranée, se retrouvent au grand jour et ce, par la voix du fruit, du fruit, du fruit de leurs entrailles : Nadia l'algérienne, Nadia la frondeuse, Nadia la bouillante, obligée de fuir l'Algérie pour rejoindre la Vendée, un doigt de pied en terre sainte mais le soleil du pays dans les veines et dans le coeur.
Sa présence dans le bocage délie les langues et les souvenirs, Nadia sent monter la tension et s'interroge sur sa filiation et sur son héritage. "L'Histoire dure plus longtemps que les hommes" nous dit Hubert Huertas et c'est Nadia qui, près de cent ans plus tard, aidée de son cousin vendéen - les voies du seigneur sont impénétrables - va devoir démêler l'écheveau de cette intrigue diabolique et ainsi tenter de remettre à l'heure les pendules du destin. le maire, le comte et le notaires veulent la jouer à l'envers, Nadia la boulangère ne se laisse pas démonter. Les visages de bonne grâce affichés cachent plus de noirceur que le Diable personnifié.

Hubert Huertas dénonce : quand les fous de Dieu - de quelque bord soient-ils - se déchaînent, il faut toujours craindre le pire.
Hubert Huertas nous met en garde : cette "histoire n'est pas nouvelle et pas ancienne, mais les deux à la fois. Elle est éternelle. Elle est insatiable. Elle est gloutonne. Méfiez-vous d'elle : elle recommence quand on la croit finie." car aujourd'hui encore "(...) d'Alger à Paris, j'entends les mêmes folies, les mêmes passions, les mêmes vociférations. Là-bas les barbus qui n'ont pas pris le pouvoir par les armes mais n'ont renoncé à rien et veulent l'imposer par la charia. Ici, des débats sans fin sur la laïcité, qui se retourne comme un gant".
Hubert Huertas est drôle : Son texte regorge d'une ironie grinçante et perçante qui cible les travers et les turpitudes des Hommes qui, sans craintes de l'écoulement du temps qui les pousse inéluctablement vers la fin des temps, sont indécrottablement "quand on est con, on est con" pour citer Brassens qu'il affectionne visiblement.
Hubert Huertas est un boulangécrivain : Il pétrit les mots sans ménagement, fait gonfler les phrases patiemment et nous livre un roman cuit à point, croustillant sur le dessus, mais tout en moelleux et en douceur en dedans. C'est que l'auteur connaît son sujet, son coeur partagé entre la France et l'Algérie où il a passé son enfance, on le sent navré et déchiré, et son amour pour l'Algérie transpire par tous les pores de sa pâte à pain.

Je remercie chaleureusement les Éditions de l'Archipel en la personne de Mylène P. car en seulement 234 pages (comme quoi il est inutile de délayer la pâte), l'écriture franche, les opinions tranchées et l'humour omniprésent d'Hubert Huertas ont su me séduire et m'ont donné envie de tout lire de lui.

En doutiez-vous mécréants ? C'est un coup de coeur assurément ! Bonté divine !

P.S. : Un petit bonjour à La Manif Pour Tous 😈
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