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EAN : 9782868693532
368 pages
Actes Sud (15/04/1989)
3.91/5   50 notes
Résumé :
D'un côté, Jean Ray tente de dire le pire, par l'excès et la violence. Il développe une esthétique de l'épouvante allant chercher plus loin que les scènes classiques de la terreur grâce à une dimension métaphysique. De l'autre, il introduit l'hésitation, le doute, l'erreur de perception qui semblent relativiser la manifestation de l'épouvante. Pour ce faire, Jean Ray mêle à l'inspiration populaire, avec ses thèmes et ses codes narratifs, des références et une manièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Vendredi 13, le ciel s'est assombri, pluie et grisaille du nord, chuintement dans les tuiles. Les gouttes tambourinent sur la lucarne un répétitif « plus vite, plus vite ». Mes doigts sur le clavier sont pris de frénésie. En ce jour de mystère l'heure a sonné de quelques mots sur Le grand nocturne, Les cercles de l'épouvante. Les voilà qui vont s'élargissant.


Après Jean Giono, Jean Ray, il n'y a pas photo. Elle est ici la grande Littérature de la peur, au coin de la rue, le long d'un quai, sur un bateau, dans la grisaille, sous la pluie ou les embruns, au clair-obscur ou dans les fumées d'un bistro pour marins. Rien ne les relie ces deux auteurs hormis ce poème Nevermore glissé dans ma précédente chronique ; encore faut-il savoir que la presse en son temps surnomma Jean Ray « l'Edgar Allan Poë belge ». Un fantastique de gothique flamand, qui aime les mots et les mets, des termes rares pleins de saveur. (Vous savez ce que c'est, vous, un « pylore » ?) nous avertit Jean-Pierre Bours dans sa préface.


18 nouvelles, royaumes fantastiques des ellipses et hyperboles, style vif, récits haletants. 18 nouvelles toutes différentes, toutes réussies et toutes baignées (la mer n'est jamais loin avec Jean Ray) dans un halo d'étrangeté quotidienne. Je ne ferai pas secret, je n'en raconterai aucune. Quelque chose, je ne sais quoi me retient. La même chose insolite qui me pousse à déposer au plus vite dans cet abri rassurant, familier et fréquenté cette chronique. Une force étrange qui me désigne ce vendredi 13 comme la porte temporelle à vous amener dans les univers intercalaires de Jean Ray, grand maître du fantastique.


« Il y a quelques années, les havres hanséatiques voyaient arriver encore, sortant des brumes comme des bêtes penaudes, de bizarres petits bateaux gréés à la façon latine : tartanes, sacolèves ou spéronares. […] – Ah ! disait-on, voilà les lougres de rêve ! » p.108

« C'est fini.
Il est dans la maison. » p.246
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Le Grand Nocturne est un recueil de sept nouvelles qui ont en commun l'atmosphère sombre, sinistre, dans laquelle Jean Ray veut nous plonger. On y plonge d'autant plus facilement que les descriptions des lieux et des ambiances sont particulièrement précises, du moins quand on comprend le vocabulaire, parfois un peu archaïque, ou emprunté au lexique marin ou portuaire. Parce que oui, Jean Ray aime situer ses nouvelles dans le monde brumeux et alcoolisé des ports et de leurs ruelles étroites et sombres. Dans le Grand Nocturne, on fait une petite incursion dans le fantastique, mais on n'a pas le temps d'avoir vraiment peur. On a juste le temps d'apprivoiser les lieux, d'entrer dans le surnaturel et ses univers parallèles, l'alcool aidant, et déjà la dernière page se tourne et on reste presque sur sa faim, avec une énigme irrésolue…
En bref, une lecture très agréable si on a envie d'une petite dose de fantastique noir sans aller jusqu'à l'effroi.
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Dans de vieilles demeures paisibles, dans des ruelles hors du temps, dans des tavernes de marins et des ports noyés de pluie, jusque dans le néant de la pleine mer, Jean Ray fait planer le souffle des Ténèbres. Par la déraison d'un homme, un tour de magie noire ou le simple jeu du hasard, des passerelles fragiles sont jetées entre les mondes, d'où des démons déchus, des créatures invraisemblables, tour à tour féroces et pathétiques, viennent briser et tordre entre leurs griffes le destin des humains.
Ou tout cela n'est-il qu'une vision hallucinée, fruit de trop de whisky ?

Trois longues nouvelles et quatre brèves histoires composent ce recueil, toutes rédigées de main de maître.
Parmi les premières, "le Grand Nocturne", une histoire d'amour, de mort et de malédiction, dans une veine assez proche de Malpertuis, n'est pas celle qui m'a le plus marquée. J'ai en revanche beaucoup aimé "le Psautier de Mayence", petit bijou d'horreur maritime qui n'est pas sans rappeler les abyssales inventions de Hodgson et de Lovecraft. Et "la Ruelle Ténébreuse", où des créatures d'un autre monde viennent semer terreur et désolation - mais pas seulement - dans une petite ville bien tranquille, est indubitablement ma préférée du recueil, impeccablement construite, fascinante de bout en bout et agrémentée d'une jolie pincée de romantisme obscur.
"Les Sept châteaux du roi de la mer", "la Scolopendre" et "le Fantôme dans la cale" jouent de manière assez intéressante avec le principe même du mystère - chacune à sa façon, et non sans une certaine ironie macabre plus ou moins affirmée. Enfin, "Quand le Christ marcha sur la mer", sorte de conte étrange et cruel, longtemps laisse en tête une impression de grise mélancolie.

Si la Cité de l'indicible peur et Malpertuis m'avaient plu sans entièrement me conquérir, ce recueil de nouvelles me fait bien mieux adhérer au talent de Jean Ray dont les ambiances et le ton, décidément, ne ressemblent à aucuns autres.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Sans doute le meilleur recueil de Jean Ray, celui qui ouvre la période créative et faste des années 40. L'audace narrative et formelle de chaque conte surprend, desarçonne. La Hollande, Londres, les Flandres, les marais sont plus que jamais le terrain de chasse d'un mal défini, palpable, cruel, qui saute à la gorge du lecteur. Créatures et fantômes ne vous souhaitent que souffrances et malheurs. L'occasion aussi de rire jaune des petites gens et de leurs manies. Lu aux éditions espace Nord, qui contient les deux chefs d'oeuvres en plus que sont "la ruelle ténèbreuse" et le "psautier de mayence"
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Ces 18 nouvelles sont plus construites que ce que j'avais déjà lu, elles sont aussi plus longues. Avez-vous déjà rencontré un auteur qui arrive à vous faire entendre des marches en bois qui craquent quand vous en lisez la description?
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ceux qui songent à l'enlisement ont, en général, une page immortelle de littérature en tête ; heureusement cette magnifique prose a menti. L'agonie de l'enlisé ne se prolonge pas jusqu'au moment où les ténèbres montantes du sable lui emplissent les yeux.
Une fois que la poitrine est prise dans l'étau final de la terre, la vie humaine s'envole.

(L'histoire du Wûlkh)
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Les gens qui vont mourir mettent, en général, peu de formes à leurs mots ultimes ; pressés de résumer toute leur vie, ils soumettent leurs paroles à une rigoureuse concision.
Pourtant, dans le poste du chalutier Nord Caper de Grimsby, Ballister allait mourir.

(Le psautier de Mayence)
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Sa mine changea, se durcit, se ferma. Jamais porte de coffre-fort ne claqua plus définitivement sur ses trésors que les lèvres d'Hilmacher sur son silence.

(L'homme qui osa)
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Avec des pans de dunes et des loques de brouillard, l'ombre construisait alentour des temples hypèthres.

(Le dernier voyageur)
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Il pleuvait affreusement, comme il ne pleut que sur les ports de misère, une pluie qui sent la saumure et la carne gâtée, un avant-goût des jours à venir pour les matelots, quand ils ne seront plus qu'une pourriture mouvante au creux d'une houle.
("Le Fantôme dans la cale")
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Videos de Jean Ray (14) Voir plusAjouter une vidéo
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