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Citations sur Kadhafi (11)

Se faire craindre, toujours, et ne jamais montrer sa peur. Envoyer à la mort sans pitié ni faiblesse le rival, le faux frère, le félon, réel ou fantasmé, tout en défiant les tueurs, la maigre clique de mutins issus du sérail comme la lourde armada de puissances coalisées. C’est d’une plume trempée dans le sang de l’ennemi que s’ecrit la légende du chef, du qaïd ; c’est au fil d’or de la baraka que l’on tisse et brode la toge dont il se drape. S’il fallait juger du rayonnement des hommes d’Etat au nombre de tentatives d’assassinat et de complots auxquels ils ont réchappé, nul doute que Muammar Kadhafi aurait dans l’au-delà son rond de serviette au banquet des grands.
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Il déteste la grisaille et les frimas londoniens mais se plaît à sillonner la verte campagne du Buckinhamshire, entre Beconsfield et le village voisin de High Wycombe. "Il est impossible de réfléchir dans ces pays où l'on a toujours des nuages ou des frondaisons d'arbres au dessus de la tête", confiera-t-il à Guy Georgy.
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Tous les services publics, précise le Livre vert, se trouvent dirigés par des comités populaires.
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Parmi les pairs réputés rebelles, il en est un qui mérite un piédestal hors norme: l'autocrate vénézuelien Hugo Chavez, maître absolu, comme son complice libyen, d'une puissance pétrolière en butte à l'hostilité yankee. En une douzaine d'années, les deux parias se retrouveront à six reprises.
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De telles aigreurs ne sauraient occulter les similitudes qui cimentent la filiation politique entre le maître Gamal et l’élève Muammar, relégués l’un et l’autre par la vulgate occidentale au rang de « fous furieux ». Nasser avait lui aussi, pour asseoir son emprise, évincé les officiers libres partisans de l’instauration d’une démocratie parlementaire. Il a, avant son « filleul », combattu avec une implacable ténacité les Frères musulmans, heurté les zélotes de la tradition en bannissant la polygamie et échappé à plus d’une tentative d’assassinat. Mais il a aussi, mû comme le Libyen par l’impérieux besoin d’être adulé, pratiqué l’éclipse inexpliquée et le chantage au renoncement, puis glissé au fil des ans vers le césarisme, à coups de confiscations et d’épurations. « Une différence toutefois, nuance le cousin Ahmed Kaddaf ad-Dam. Nasser plaidait en faveur de l’unité arabe, mais n’avait aucun background islamique. Alors que Muammar, viscéralement anticommuniste, combinait les deux idéaux. » « Trois facteurs les distinguent, renchérit l’ex-ambassadeur Mohammed al-Nokaly : la religiosité, le puritanisme et l’anticommunisme. Notre raïs s’efforçait d’ailleurs de freiner les ardeurs de son cadet mal dégrossi, qu’il jugeait trop pressé. » Autant de réserves qui font écho au constat dressé vingt ans auparavant par Burgat et Laronde : « Kadhafi est trop pieux pour être parfaitement nassérien. Trop nassérien pour ne pas s’opposer à une émergence de l’islam politique. »

Sa piété, pour le coup, ne fait guère de doute. Le colonel, affirment ses proches, jeûne les lundis et jeudis, ainsi qu’au long du mois précédant la période de ramadan, dont il respecte pour l’essentiel les interdits. Où qu’il se trouve, l’ancien élève de la madrassa de Syrte s’astreint alors aux cinq prières quotidiennes et vante à ses visiteurs les vertus du Coran trônant immanquablement sur son bureau. Tel est le cas ce jour où il fait don d’un exemplaire finement calligraphié à Éric Rouleau. « Tenez, lance-t-il à l’envoyé spécial du Monde quand s’achève leur entretien, lisez ou relisez le Livre saint. Vous y trouverez les réponses à toutes vos questions. L’unité arabe, le socialisme, l’héritage, le rôle dévolu aux femmes, la chute de l’Empire romain ou la destinée de la planète après l’invention de la bombe atomique. Tout y est. » Dès octobre 1971, une commission s’emploie à réviser les textes et usages juridiques en vue d’assurer leur conformité avec la loi islamique. L’année suivante, la zakât, ou aumône légale, troisième des cinq piliers de l’islam, devient obligatoire. Mais déjà affleurent les prémices du combat sans merci qu’il livrera aux cheikhs sunnites, jugés rétrogrades et conformistes.
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En janvier 1972, lorsque l’envoyé spécial de l’hebdomadaire dominical britannique The Observer, Robert Stephens, découvre le quartier général, la pièce où officie le secrétaire de Kadhafi ressemble à s’y méprendre, avec ses étagères garnies de médicaments, à une infirmerie. À ceci près que sur sa table s’empilent non des traités de médecine, mais des ouvrages en italien portant sur les soulèvements estudiantins et les mouvances radicales en Amérique. Quant aux murs du vaste bureau du chef, ils sont ornés de versets du Coran dûment encadrés. Le journaliste d’outre-Manche campe un « innocent fatigué » « austère, véhément, imprévisible », un « idéaliste légèrement excentrique qui ose dire tout haut ce que pensent les autres Arabes », et qui « combine la piété puritaine avec le radicalisme politique ». « Quand nous interdisons les jeux d’argent, l’alcool et les boîtes de nuit immorales, lui explique Kadhafi, quand nous bannissons les langues étrangères de nos rues, de nos documents et de nos enseignes pour les remplacer par de l’arabe, quand nous ravivons les valeurs islamiques, l’arabisme, nous le faisons pour défendre le caractère véritable de la nation, sa dignité, sa gloire et son patrimoine, nous armant de la sorte contre l’impérialisme. »

Au terme de l’entretien, le Libyen inverse les rôles, interrogeant longuement son interlocuteur sur l’Irlande du Nord comme sur l’éventuel déclin social de la Grande-Bretagne. « Serait-il possible, s’enquiert-il, que la jeunesse trouve de l’inspiration et de nouvelles valeurs dans le Coran ? » À cette époque, le Bédouin soutient qu’une résolution de l’ONU devrait bannir les breuvages alcoolisés, maléfiques, de même que le haschich et le LSD. Le décret qui, neuf mois plus tard, expose tout Libyen majeur coupable de vol à l’amputation de la main droite, assortie de celle du pied gauche en cas de hold-up, et rend l’adultère passible de lapidation désarçonne à l’évidence un autre titre londonien.
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Tout est mystère chez Muammar Kadhafi. D’abord parce que la Libye profonde sous joug mussolinien n’a laissé que bien peu d’archives ; et que, chez les Bédouins illettrés, on ne consignait par écrit ni les lourds secrets de famille, ni la chronique d’une vie âpre. Ensuite, parce que certains témoins mentent, par omission ou pas, de bonne foi ou non, tâtonnent et se contredisent ; quand d’autres se dérobent ou se rétractent, de peur de ternir la légende dorée du Guide qu’ils ont servi avec tant de zèle, d’exhumer les remords enfouis ou d’avoir à confesser leur aveuglement.
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Au commencement était le Verbe. Celui de Muammar Kadhafi n’aura jamais, jusqu’aux ultimes harangues, cessé d’être profus, confus, hyperbolique. Pour tenter de cerner au plus près, au plus juste, les ressorts d’une destinée si singulière, il fallait bien entendu lire ou relire ses écrits, souvent abscons, voir ou revoir ses interviews et ses discours. Mais aussi explorer les archives humaines. En privilégiant les témoins, hommes et femmes qui, à un moment de sa trajectoire, l’ont croisé, côtoyé, vu à l’œuvre. Le parti pris, tout au long de ce voyage dans un passé brûlant, fut de n’en avoir aucun. De tenter d’effacer les images, les souvenirs, les certitudes ossifiées par le temps.
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Il est l’élu, lui qui ne le sera jamais. Quiconque doute, regimbe, conteste, grossit forcément la cohorte des traîtres. Comment, il est vrai, ne pas croire à son étoile lorsqu’on échappe au fil des ans à tant de tentatives d’assassinat, de conspirations, de complots, ourdis au pays ou dans la capitale d’une puissance hostile, quand on survit si longtemps à tout, y compris – en 1986 – aux raids punitifs de la grande Amérique ?
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Pieux musulman, il raille les oulémas, prétend imposer sa lecture du Coran, bouscule l’ordre patriarcal et combat âprement l’islamisme radical. Officier de carrière, il se révèle piètre guerrier, comme l’atteste le fiasco tchadien des années 1980. Avocat de la frugalité, il n’est qu’indulgence pour les frasques et les coûteux caprices de ses enfants gâtés. Bédouin rugueux, il se veut penseur, au point d’échafauder une « théorie universelle » censée frapper d’obsolescence toutes les idéologies connues. Patriote farouche, il s’imagine, lui le disciple du raïs égyptien Gamal Abdel Nasser, en sauveur de l’idéal panarabe, puis en « roi des rois d’Afrique ». Rendons-lui toutefois cette justice : cavalier aguerri, le qaïd as-Thawra – guide de la révolution – aura su parfois, par instinct de survie, changer de monture à temps. Quitte à flétrir le terrorisme, dont il fut le parrain ; ou à courtiser l’Occident qu’il vouait aux flammes de la géhenne.
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