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EAN : 9782213626987
335 pages
Fayard (11/01/2007)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Des sorciers blancs pas très clairs, des journalistes marron ou grisés, des profs de droit aux noirs desseins : Cette enquête est un périple au royaume coloré des faux amis français de l'Afrique. Ces experts, tantôt illustres, tantôt méconnus, qui prétendent servir le continent et se servent de lui pour mieux doper leur égo, leur carrière ou leur compte en banque.Car l'Afrique trop aimée pou... >Voir plus
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Tous les journalistes le clament, surtout lorsqu'ils appartiennent au Service Monde de leur quotidien ou de leur hebdomadaire et plus encore s'ils y ont la charge de suivre l'actualité africaine : les questions internationales et a fortiori les questions africaines ne font pas vendre. Aussi les journalistes sont-ils de moins en moins nombreux à suivre l'actualité du continent. Vincent Hugeux est de ceux-là qui, pour L'Express, couvre depuis plus de dix ans la vie africaine.

En juin 2002, il avait consacré un dossier aux conseillers en communication, ces « sorciers blancs » qui « vivent de la crédulité des leaders noirs (…) leur cédant au prix fort de l'image ». Etaient épinglés quelques virtuoses du marketing politique, de droite comme de gauche, qui avaient monnayé leurs conseils, souvent mal avisés, à des Chefs d'Etat africains en mal de réélection ou à des opposants avides de pouvoirs.

Avec ce livre, Vincent Hugeux élargit sa recherche à deux autres catégories de « sorciers blancs » qui braconnent dans les coulisses des palais africains. La première est constituée des journalistes et des patrons de presse qui au mépris souvent de leur déontologie offrent de leur sujet africain une couverture trop complaisante. A son tableau de chasse, Vincent Hugeux accroche à la meilleure place Jeune Afrique, « le Janus de la rue d'Auteuil » (p. 100), son directeur Béchir Ben Yahmed qualifié de « potentat oriental intelligent jusqu'à l'excès » (p. 109) et son principal reporter François Soudan qu'une ex consoeur anonyme présente comme « un animal à sang froid, cynique et sans une once d'éthique » (p. 129). Est dénoncée le confusion des genres consistant à échanger un article complaisant contre le paiement de quelques pages de publicité.

La seconde est faite de « pèlerins constitutionnels », des juristes parfois dévoyés qui apportent leur expertise à des potentats africains avides de prolonger indéfiniment leur mandat. Aux côtés de Jacques Vergès, de Roland Dumas ou d'Edmond Jouve, la figure emblématique de cette catégorie est le professeur Charles Debbasch dont la vie romanesque mériterait à elle seule un ouvrage. Agrégé de droit, doyen puis président de l'université Aix-Marseille III, conseiller technique au cabinet d'Edgar Faure puis à celui de Valéry Giscard d'Estaing, ce brillant juriste qui dirigea au milieu des années 80 le Dauphiné libéré a multiplié les missions africaines avant de s'installer au Togo. Alors que ses ennuis judiciaires se multiplient en métropole avec l'affaire Vasarely, ce « spécialiste en tripatouillage de constitutions », comme le qualifie La gazette du Golfe, un hebdomadaire togolais d'opposition (p. 259), est vite devenu l'éminence grise du Président Eyadéma. le verdict de l'ancien Président sénégalais Abdou Diouf est sans appel : « Ce qu'il fait au Togo, c'est la honte » (p. 263).

La galerie de personnages hauts en couleurs dressée par Vincent Hugeux, même si elle devient monotone au fil des pages, ne laisse d'amuser. le trait commun de tous ces « gourous blancs » est l'amour revendiqué pour ce continent qu'ils servent pourtant si mal. « Moi, monsieur, j'aime l'Afrique » : telle est l'esquive imparable que Vincent Hugeux s'est souvent vu opposer. Mais, derrière cet amour proclamé pour le continent, se cache certainement un paternalisme peu sympathique à l'égard des Africains dont il est en apparence si facile et si lucratif de devenir les conseillers de l'ombre ou les faiseurs d'images.

Les sorciers blancs sont-ils une espèce en voie de disparition ? Rien n'est moins sûr. Certes, les hommes politiques africains, échaudés par quelques expériences malheureuses, ne se laissent plus berner par des vendeurs de vent et font jouer la concurrence avant de signer des contrats faramineux avec une agence de communication ou un cabinet d'avocats parisiens. Pour autant, Vincent Hugeux affirme avoir été étonné par la prolifération de ces « faux amis français de l'Afrique ».
C'est peut-être le signe d'un changement d'époque, d'une sorte de privatisation de la Françafrique. le temps n'est plus où, sous des formes institutionnelles plus ou moins reconnues, proliféraient les « réseaux ». Depuis la disparition de Foccart, une page s'est tournée. Les sorciers blancs ne sont plus mandatés par l'Elysée ou par la rue Monsieur ; ils se mandatent tout seuls.
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