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Critique de livrevie


Il y a des livres qui sont de drôles de rencontres, presque le fruit du hasard. Alors que je m'accordais cinq minutes dans une librairie entre des heures exténuantes de boulot, le titre de ce roman m'a interpelée. Comme je suis quelqu'un de raisonnable (si, si, je vous assure), je suis passée devant sans trop m'attarder. Pour être honnête, je me suis quand même retournée, à plusieurs reprises, et ai même été tentée de faire demi-tour pour lire le résumé, mais le temps pressait... Et puis, je suis raisonnable (comment ça je me répète?)...

Ma journée intensive reprend après cette bouffée d'oxygène et le titre n'arrête pas de tourner en boucle. « Il était une lettre », « Il était une lettre ». Il sonne bien. Il est presque doux à mon oreille, comme une caresse. En plus, je ne sais pas pourquoi, il résonne un peu comme ces lettres du « Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates » qui me renvoient à tant de jolis souvenirs avec ma mère.

Mais, je suis raisonnable. (Nan, nan, je ne me répète pas, c'est mon mantra, nuance !), je rentre donc chez moi, sans l'objet du pêché.

La vie est faite de petites choses, de ces gestes anodins, de ces habitudes que vous avez pour vous changer les idées entre deux copies de concours ou deux rapports. Un petit tour sur la plateforme Netgalley, juste pour voir, pour faire une pause, ça ne dure pas longtemps, c'est l'idéal, et oh, un battement de coeur qui saute, il y est ! Une demande et quelques jours plus tard, une réponse positive. Me voilà avec « Il était une lettre », sans trahir ma raison !

Premier constat, ce roman est bien éloigné du « Cercle ». Deuxième constat, aucune importance, il a créé en moi de telles vagues d'émotions qu'il sera, lui aussi, une référence pour mon petit coeur.

Je m'attendais à une lecture plutôt légère (ne me demandez pas pourquoi, je n'avais pas lu le résumé je vous rappelle, « Moi être raisonnable! », oui, oui) et en fin de compte, ce roman qui alterne présent et passé pour nous plonger dans le destin de ces deux femmes, porte cette société qui l'habite. Chrissie m'a bouleversée, Tina m'a arrachée des larmes. Chacune plie sous le poids de sa condition de femme, même si des années les séparent, chacune aurait pu être l'héroïne de son propre roman si leur chemin ne s'était pas croisé.

L'auteur s'attaque à des thématiques lourdes : le fardeau du regard des autres dans une société où il fallait maintenir les apparences, le droit à l'amour, à épouser qui on voulait, ces vies que l'on brise même si on aime l'autre, la réalité d'une époque, cette religion qui juge et nettoie, la violence, morale, physique, l'emprise, et j'en passe. Tous sont traités sans ambages, tous s'imbriquent parfaitement parce que l'auteur ose les développer, ose nous interpeler, ose nous choquer.

L'écriture de Kathryn Hugues est très réaliste, je garde encore en mémoire certaines scènes qui vibrent en moi. Ma gorge se noue en y repensant, ma poitrine se comprime... Chrissie, Billy, Tina et les autres ont un visage, je vois ce regard méprisant du père, ces lèvres de la mère qui se froncent, cette main qui s'abat. le mot est juste, fort, sans fioritures mais n'a pas la sécheresse à laquelle peuvent recourir certains romans contemporains pour faire passer leur message. Il traduit parfaitement les deux époques, comme s'il ne faisait qu'un avec elles.

Point de faux sentimentalisme dans ce roman, point d'exagération, point de dramatisme décuplé. Juste le verbe qui dit, la lettre qui donne un but et unit, et ces femmes qui veulent vivre.

J'ai adoré... littéralement adoré...
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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