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EAN : 9782882502544
519 pages
Noir sur blanc (15/05/2012)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Pendant des années, il y avait eu dans le journal des jeunesses communistes un feuilleton décrivant ce qu'allait être la Russie merveilleuse du XXIe siècle. A présent que nous y sommes, Jacek Hugo-Bader a décidé de parcourir en jeep, et parfois en kayak (le lac Baïkal tout entier), l'immense empire déglingué qu'est devenue cette terre d'utopie. Parti de Moscou, il vise Vladivostok, et veut surtout explorer la Sibérie, comme une plaie ouverte au flanc du monstre. Dav... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un voyage dans la Russie profonde .
Les editions ' Noir sur Blanc ' existent depuis 1987 , et représentent la littérature polonaise et de l'Europe de l' Est .
L'auteur de la fièvre blanche est un journaliste polonais qui décida l'année de ses 50 ans ( 2007 ) de parcourir la Sibérie , devenue ex -pays communiste .
La fièvre blanche qui donne son nom au livre c'est l'état halluciné qui succède à l'ivresse , nous nous l'appelons ' Delirium Tremens ' , le ton est donné , l'auteur va nous montrer les exclus du système , les laissés pour compte , les nostalgiques du système communiste qui
dénoncent l'occidentalisation de la société , ce qui est inacceptable pour certains russes , qui ont peur de perdre l'âme russe ( et je les comprends ) ; d'autres regrettent une perte d'idéaux , une uniformité de la société, ils n'accepteront jamais la perte de la Crimée . Les jeunes nés dans les années 80 sont appelés la génération Pepsi-Cola ,
Certains russes rejoignent des sectes qui comblent le vide laissé par la chute du communisme , d'ailleurs nous dit l'auteur ' nombre d'entre eux ont été militants fervents du parti communiste , certains même jusqu'au fanatisme ' .
Portrait sans concession des peuples indigènes qui ne supportent pas l'alcool et qui ont un comportement inadéquat lorsqu'ils sont ivres , comme par exemple courir nus dans les steppes glacées , d'autres se suicident ou s'automutilent griévement sous l'effet de l'alcool .
C'est un livre intéressant , original , un voyage dans des conditions inhumaines , difficiles dans ces contrées inhospitalières , les personnes qui y vivent sont en lutte perpétulle contre les conditions climatiques démentes . Un tableau assez complet de l'après communisme .
Dommage que l'auteur ne soit pas toujours impartial , il me semble qu'il s'agit là d'une petite revanche d'un polonais sur l'ancien opresseur russe .
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Un journaliste polonais, qui connaît déjà la Sibérie pour l'avoir parcourue en été, décide de tenter le voyage sous les cieux moins cléments de l'hiver.
Au volant d'une vieille UAZ, une jeep soviétique équipée façon baroudeur du grand Nord, Jacek Hugo-Bader se lance sur la route avec pour objectif de rencontrer les exclus de ces territoires extrêmes.

Si le livre est instructif, il est tout autant impossible à résumer. J'ai trouvé la construction brouillonne, la chronologie est des plus aléatoires et des repères géographiques auraient été les bienvenus. Plus qu'un récit de son périple, l'auteur a regroupé toute une série d'articles ou de portraits qui recouvrent plusieurs séjours sur une petite dizaine d'années, de Moscou au lac Baïkal en passant par l'Ukraine et la Moldavie. Un livre l'a accompagné sur la route, il agit d'un ouvrage russe paru en 1957, le Reportage du XXIe siècle, où deux journalistes de la Pravda anticipent l'avenir de leur pays à l'aube du quatre-vingt-dixième anniversaire de la Révolution d'Octobre, soit en 2007. Si par certains aspects scientifiques les deux auteurs ne se sont pas trompés, en ce qui concerne l'être humain on peut dire que ça relève de l'utopie... le parallèle n'en est que plus causant.

Nous voyons donc défiler au fil des pages une kyrielle de personnages tous plus déglingués les uns que les autres. Toxicomanes, pour la plupart séropositifs - il y a même une élection Miss Russie VIH... -, anciens hippies soviétiques rescapés de communautés, migrant l'été vers le sud de l'URSS afin de s'approvisionner en herbe et pavot, bandes de hooligans fachos, univers des rappeurs ou des anarkopunks en passant par le heavy metal et la blatna (musique des truands et des voyous), SDF, prostituées, membres de sectes religieuses, mineurs employés dans des mines illégales, victimes des trafiquants d'organes et d'êtres humains, éleveurs de rennes ou pêcheurs du lac Baïkal. Tous ont en commun un goût immodéré pour la vodka et, pour beaucoup, une tendance inéluctable à contracter un jour ou l'autre "la fièvre blanche", l'équivalent de notre delirium-tremens. Quand je dis vodka, c'est un bien grand mot, car la plupart du temps ce que tous ingurgitent s'apparente plus à du tord-boyaux fait maison, quand il ne s'agit pas purement d'antigel coupé à l'eau. On imagine les dégâts de cette consommation sur le long terme. Là encore, la notion de long terme est tout relative puisque que l'espérance de vie ne cesse de baisser. Ceux qui payent le plus lourd tribut sont les petits peuples autochtones de Sibérie dont les prédispositions génétiques ne leur permettent pas de métaboliser l'alcool et tous ses poisons. Les ravages sur le système nerveux sont donc rapides et terribles, entraînant suicides et actes de violence.

On saisit vite que derrière cette appétence se cache un monde encore déboussolé par l'effondrement de l'URSS, auquel s'ajoute l'omniprésence de la corruption et de la mafia, sans compter les stigmates des soixante-dix ans de communisme...
Au final, les plus heureux de ces exclus sont ceux qui se réfugient dans les nombreuses églises/sectes qui fleurissent ça et là. Ceux-là arrivent au moins à cesser de boire ou de se défoncer entre deux élans mystiques. Peace and love par -40°, mais au moins on vit plus longtemps.

Cette lecture m'a laissée plutôt nauséeuse pour ne pas dire déprimée, sans doute la redondance du propos y est-elle pour beaucoup. On est loin des voyages de nos littérateurs français qui regardent steppes et taïgas défiler derrière les vitres du Transsibérien... Il n'en reste pas moins que ce livre est sans aucun doute le reflet d'une certaine réalité - 70 morts en décembre 2016 qui avaient bu une huile pour le bain - mais la Russie ne se résume pas non plus qu'à cela, heureusement. Et venant d'un Polonais, et désolée pour le cliché un peu éculé, c'est un peu l'hôpital qui se moque de la charité...
Lien : http://moustafette.canalblog..
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La fièvre blanche, qui donne son titre à ce récit, est le délirium tremens qui touche les peuples indigènes de Sibérie, génétiquement plus sensibles à l'alcool que les autres peuples, et qui les pousse à la violence, au meurtre et au suicide. Un titre qui reflète bien le ton de ce livre, plombant!

Si vous êtes à la recherche d'un récit de voyage, où les poétiques descriptions de taiga sibérienne succèdent à la rencontre d'une blonde, fantasme ambulant, sur les côtes de la Mer du Japon, passez votre chemin. Jacek Hugo-Bader nous emmène à la rencontre des exclus de la réforme post-soviétique. Des séropositifs encore fortement stigmatisés, aux femmes Moldaves victimes du trafic d'être humain, en passant par les veuves des mineurs d'une mine ukrainienne, la lecture de ce livre est loin d'être une partie de plaisir et on émerge de sa lecture avec un gros poids sur la poitrine.

Le livre suivant une chronologie plutôt aléatoire et ressemblant plus, au final, à un recueil de chroniques, qu'à un vrai récit de voyage, il serait peut-être bien de picorer dans la Fièvre Blanche quelques rencontres avant de faire une pause, histoire de sortir la tête du brouillard. Il serait toutefois dommage de se priver de ces portraits, profondément touchants et originaux, qui nous montrent une image différente de cet immense pays qui reste encore souvent méconnu. Ou pourrez-vous en effet apprendre à connaître les nouveaux hippies russes, des chamans aux pouvoirs étranges ou encore le nouveau messie sibérien, Vissarion?

Quelques répétitions m'ont parfois gênée, très vite éclipsées par le talent de Jacek Hugo Bader pour faire vivre cette galerie de personnages digne de la plus sombre cour des miracles.

En conclusion, un ensemble de chroniques passionnant mais qui peut devenir, à la longue, déprimant. Jacek Hugo-Bader aurait probablement pu trouver quelques rayons de soleils lors de son périple, mais a décidé, au contraire, de se concentrer sur ces récits dramatiques de l'ère post-soviétique, en tirant une peinture très noire de la nouvelle Russie à la force incontestable. A lire, mais à petite dose...
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L'Enfer est Blanc.

En refermant ce livre stupéfiant, on peut penser aux dernières pages hallucinées des Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui attribuent aux étendues blanches, à la couleur blanche, un caractère anormal et menaçant.

Le reportage de Jacek Hugo-Bader est une plongée jubilatoire et glaçante dans un enfer décati, un road-trip dangereux à travers l'immensité sibérienne, à la rencontre de ses naufragés et de ses naufrageurs, au nombre desquels l'alcool s'avère être le plus redoutable, avant même la misère, les grands froids, et la violence généralisée.
Pour les survivants de ces contrées pétrifiées, la fièvre blanche est l'expression de ce que nous appelons le delirium tremens, soit le bout de la nuit alcoolisée, soit, quelque part, le cadeau frelaté des colons blancs...
Seulement cette extrémité tourne ici à l'épidémie, à la catastrophe de grande envergure, et propage la violence, la dépression, le suicide et la folie avec une intensité ahurissante: Sans parler de la pauvreté et de l'ennui, il semble que les populations autochtones de ces régions, descendants de chasseurs nomades, ne jouissent pas d'un métabolisme capable de synthétiser efficacement les céréales fermentés contenus dans l'alcool (Quand ce n'est pas le premier liquide de refroidissement venu…), et l'éthylisme les affligent avec plus de brutalité et d'excès que le pire des choléras.

Cette peinture sociale n'est pourtant pas le seul point de vue qu'il nous sera proposé de jeter sur ce vaste bout du monde: Personnages pittoresques, à la dérive ou en lutte, échappés de Dersou Ouzala ou du temps des soviets, villes crépusculaires et désertées, nature puissamment hostile, incroyables dangers de la route, tout là-bas évoque un univers post-industriel digne d'un Mad Max frigorifié. Voyage dans des Wastelands qui s'étendent de l'Oural à Vladivostok.

Le livre brille par une narration efficace qui distille données informatives passionnantes, points de vue circonstanciés et pointes d'ironie salvatrices.
La lecture est autant portée par l'étrangeté du monde évoqué que par l'histoire elle-même, taillée comme un roman d'aventure.

À cette fameuse devise d'Ovide: "Omne Solum Forti Patria Est" (À l'homme de caractère tout sol est une patrie), Malevitch oppose cette sentence désabusée: "Quiconque a traversé la Sibérie ne pourra plus jamais prétendre au bonheur"…
C'est noté.
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A la fin de l'année 2007 et au début de 2008, l'auteur, journaliste polonais, a traversé la Fédération de Russie d'Ouest en Est en véhicule automobile. le récit de ce voyage, riche en rencontres et en imprévus, constitue la première moitié du livre. La seconde moitié est consacrée à des récits de voyages divers à d'autres dates et dans quelques Etats ayant fait sécession après la chute de l'Empire soviétique.

Dans l'ensemble du livre, l'auteur expose l'état de déstructuration de la société après plusieurs décennies d'administration centralisée, puis la chute de l'Empire soviétique : corruption, inégalités, pauvreté, drogue (dont l'alcool - la Fièvre blanche est le nom du delirium tremens), SIDA, suicides, et dérives sectaires. Les difficultés sont partout présentes, quelles que soient les régions traversées, y compris dans celles qui se sont autonomisées. Un chapitre consacré à résumer la vie de personnages qui ont réussi socialement, fait contraste avec le pessimisme global du propos, tout en soulignant l'importance des inégalités sociales.

L'auteur, membre militant anticommuniste en Pologne, fait un lien entre les ravages causés par plusieurs décennies de communisme soviétique et le délabrement de la société (notamment chez certaines populations indigènes victime d'un acculturation forcée). Il constate aussi les conséquences destructrices et déstructuratrices de la disparition de ce système soviétique qu'il critique par ailleurs.

J'ai trouvé la première partie du livre passionnante, tandis que la seconde m'a diversement plu en fonction des thèmes traités et des lieux décrits. Un livre que je recommande particulièrement à ceux que ce pays et ces sujets intéressent.
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critiques presse (1)
Bibliobs
16 août 2012
La Russie éternelle? Un mythe, pour Jacek Hugo-Bader, qui décrit, dans son extraordinaire journal de bord, les ruines d'un pays détruit par le communisme, au travers de témoignages tous plus poignants les uns que les autres.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[ A propos des ravages de l'alcool chez certaines populations ]
Les peuples de l'Asie septentrionale ont une très faible tolérance à l'alcool. (...) - Les Russes aussi boivent beaucoup. - C'est vrai mais boire un verre ne les fait même pas ciller, alors que les Evenks roulent par terre. (...) On sait maintenant que les indigènes du Nord ont des prédispositions génétiques à la dépendance alcoolique. On n'y peut rien. Nous vivons depuis des millénaires sur des terres où il y a peu de végétation à cause des conditions climatiques difficiles. Nous avons toujours mangé de la viande, des oeufs, des produits laitiers et du poisson. Cela signifie qu'au cours du processus d'évolution nous avons développé un métabolisme lipido-protéique. Toi tu es de la race indo-européenne, tu as un métabolisme glucido-protéique, parce que vos ancêtres depuis des centaines de milliers d'années se sont surtout nourris de plantes. - Quel rapport avec la vodka ? - Tout alcool est fait à base de grains, de pommes de terre ou de fruits. Pour que l'organisme puisse le dégrader, le digérer, il faut des enzymes que toi tu as en quantité suffisante. Moi en revanche j'en ai très peu parce que mon métabolisme est différent.
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[ A propos d'une secte ]
Sur six Christ actuellement en vie, trois habitent en Russie. L'un d'eux ne s'est pas encore révélé, mais il a déjà son église et ses disciples. Le deuxième s'appelle Grogori Grabovoï et il est actuellement en prison parce qu'il a soutiré de l'argent aux parents des enfants tués à Beslan en leur promettant de les ressusciter. Le troisième (...) est un ancien milicien (...). Ses disciples l'appellent Vissarion c'est à dire : "Celui qui donne la Vie", ou le Professeur. (...) Le Professeur enseigne notamment comment satisfaire un homme au lit et à table, combien avoir d'enfants et comment les éduquer, quoi manger, comment bouillir l'eau pour le thé, pour qui voter aux élections et où faire pipi. (...) Les vissarionites votent toujours pour le parti au pouvoir. Ils disent ouvertement que, s'ils ne le faisaient pas, les autorités auraient depuis longtemps envoyé dans le taïga des hommes armés pour les chasser. (...) Élaboré par les disciples de Vissarion, le programme d'enseignement en vigueur dans les écoles de la communauté a reçu l'agrément du ministère de l'Education de la Russie. (...) Toutes les enseignantes ont fait leurs devoirs et toutes ont lu le chapitre du Dernier Testament qu'on leur avait indiqué et dans lequel il est écrit que le système financier est la création des juifs.
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[ Témoignage d'une dealeuse et ex-consommatrice d'héroïne russe ]
-- J'ai voulu mettre en taule tous les dealers à cause desquels j'ai gâché ma jeunesse, dit Macha. Mais j'ai très vite compris qu'il n'y avait aucune lutte contre la drogue ! Au contraire, les miliciens s'emploient à entretenir le trafic pour en tirer profit. Quand je dealais, je les payais, moi aussi, mais c'est seulement aujourd'hui que je mesure l'échelle immense de ce système. Par exemple, à Oufa, (...) il y a le plus grand bazar de la came. Le chef du poste de la milice passe tous les matins et encaisse 500 roubles par dealer. Il s'en va et ne revient plus ce jour là. Après, c'est le tour des collègues de la brigade des stups. - Encore 500 ? - 1000. Et ils s'en vont aussi. Eux non plus tu ne les croiseras plus là-bas ce jour là. Enfin arrivent ceux de la Gonarskokontrol. C'est pas la milice, c'est une grande structure du Ministère de l'Intérieur mise en place pour lutter contre le trafic de drogue. Eux aussi prennent 1000.
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Un Evenk , un Bouriate , un Mongol , un Touvain ou un Tchouktche ivre offre une image particulièrement sinistre .
Avec la dose d'alcool qui permet encore à un russe , un Polonais ou même un allemand de conduire sans problème , ils se retrouvent pour leur part à rouler sur le trottoir .
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Au début, dans le registre des décès, j'inscrivais des gens de soixante-dix, quatre-vingts ans. Maintenant, personne ne vit si vieux. Un homme de cinquante ans, c'est un patriarche, une force de la nature. Les femmes de cinquante ans chez nous sont séniles. Ici, on meurt avant quarante ans.
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