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Critique de Crossroads


- Certes, mon client a volé, monsieur le juge, mais c'était pour nourrir et réchauffer son foyer !
Est-ce donc un crime, aujourd'hui, que de vouloir subvenir aux besoins de ceux qu'on aime ?
- OUI !
Ça fera cinq ans, tout rond.
En vous remerciant.

Victor Hugo est colère.
Une fulmination déjà convoquée dans Dernier jour d'un condamné qu'il perpétue en dénonçant désormais une société et une justice bien plus promptes à sanctionner définitivement qu'à instruire un peuple dans le besoin.
Se basant sur des faits réels, il immortalise ici son légitime courroux en évoquant Claude Gueux, sa courte vie, ses basses oeuvres, fussent-elle légitimées par un besoin pressant et vital. Visiblement, le gars n'avait pas la carte...

Un engrenage fatal.
Des faits évidemment justiciables.
De ceux susceptibles de toucher n'importe quel quidam.
De ceux susceptibles de conduire au néant.

Hugo interpelle, interroge, condamne.
Quid de cette société sans coeur ni âme.
Quid de cette justice sans courage ni générosité.

Texte court d'une puissance remarquable, Claude Gueux électrise tout en suscitant le questionnement.
D'un fait somme toute banal à la guillotine, un parcours de mort rythmé par le cruel manque des siens, les brimades, le ressentiment larvé conduisant au tragique dénouement final.

En 1834, Hugo tentera, vainement puisque la peine de mort ne sera finalement abolie qu'en 1981, d'éveiller les consciences en fustigeant une société préférant laisser son peuple dans l'ignorance au détriment de toute éducation salutaire.
Il pointera d'un doigt accusateur, l'index gauche, une justice aveugle faisant fi de tout contexte et de tout passé. Une inconscience et une obstination la conduisant trop souvent à rendre un verdict par trop disproportionné quant au délit retenu.

Claude Gueux reste un texte très actuel qui questionne sur les réels motifs et conditions d'incarcération.
Bien qu'abolie de nos jours, au grand dam de certaines belles âmes charitables, la peine de mort ne cesse de tarauder les consciences et invite à l'introspection.
A la (le)funeste loi du Talion, je préfère la loi du Talon, Achille, s'exclamant tout de go :
-J'ignore d'un pied hautain les allusions malveillantes d'un esprit vulgaire et lourd que mes dons artistiques éclaboussent de mépris. Plouf.

Éblouissant, ce Victor.
Devrait faire son p'tit bonhomme de chemin...
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