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Claude Eterstein (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080709684
222 pages
Flammarion (01/11/1998)
3.53/5   1271 notes
Résumé :
Victor Hugo

Hermani

Bien que soit voué à la vengeance, bien qu'elle soit promise au duc Gomez, Hernani et dona Sol s'aiment. L'intensité de cette passion déchire le cœur du héros. Parce que le père du roi a tué le sien, il se doit d'exécuter son fils ; toutefois, son cœur lui souffle de vivre. Unis et désunis par une femme, les trois hommes doivent choisir entre l'honneur et l'amour. Leur grandeur causera leur chute. Avec ses personnage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (81) Voir plus Ajouter une critique
3,53

sur 1271 notes
● le théâtre hugolien est injustement méconnu et négligé. Sa puissance exceptionnelle, son énergie, son humanité, son originalité, sa profondeur, restent choses complètement inconnues et méprisées. Et, lorsqu'on considère, la grandeur du théâtre de Hugo, l'on se dit que c'est fort dommage. le théâtre hugolien, dont Hernani est l'une des belles réussites, est un théâtre à trois facettes : d'abord, c'est un théâtre lyrique. Ensuite, c'est un théâtre politique. Et pour finir, c'est un théâtre humain. C'est un théâtre lyrique, parce que ses accents intimistes comme ses accents épiques ont quelque chose en eux de puissamment poétique. C'est un théâtre politique, car c'est un théâtre historique, qui étudie L Histoire, les moeurs d'un autre temps, les rapports entre le peuple et les puissants, c'est un théâtre historique, enfin, parce qu'il étudie un épisode historique, pour mieux éclairer toute L Histoire, dans son fonctionnement, dans sa manière de se dérouler, et d'être. C'est un théâtre humain, parce que c'est l'histoire des misères et des joies des hommes.
Le théâtre d'Hugo n'est pas un théâtre de pure distraction comme on l'a cru trop souvent ; quand cette erreur cessera-t-elle donc ?

● La puissance poétique, l'inventivité hugolienne, l'environnement historique très bien retranscrit, le sens de la formule, tout cela caractérise ce drame d'Hugo. La poésie, la couleur, le sens artistique que l'on sent dans ce texte sont autant de qualités. L'univers à demi chevaleresque de la Renaissance, les personnages passionnés, l'analyse psychologique parfaite, contribue au plaisir de lecture.
Il s'agit d'un texte profondément beau, plein de passion et de beautés. Un texte plein de panache, aussi.
De panache, de beautés, d'idées, de puissance poétique…
Le caractère des personnages correspond si bien à leur rôle, leur psychologie est si fine, le manichéisme si bien évité, la peinture si juste et si imaginative, le vers si beau, la passion si puissante que l'enchantement fut là.
Un texte comme seul un grand écrivain sait en faire.
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Dona Sol est promise à Don Ruy Gomez mais son coeur va en réalité à un brigand nommé Hernani. Pour compliquer encore les choses, le roi Don Carlos la courtise également. La passion amoureuse qui unit Hernani et Dona Sol est donc sans cesse contrariée.

Bon... Je n'ai pas trop aimé cette pièce, malheureusement (eh oui, ce sont des choses qui arrivent).
Je vais m'empresser de vous dire pourquoi. J'ai eu beaucoup de mal à lire cette pièce, je devais me forcer pour lire une scène de plus, j'avais même hâte de la finir et vous en conviendrez, c'est un signe qui ne trompe pas ! Je n'ai pas eu l'impression de m'attacher aux personnages, je ne me suis pas réellement intéressée à la relation entre Hernani et Dona Sol. J'ai eu du mal à me concentrer sur l'essence de la pièce, sur cet amour terriblement contrarié. Trop de péripéties, d'interventions rocambolesques, de lamentations, de changement de lieux... Je sais, je suis une effroyable conformiste qui aurait tout à fait eu sa place parmi les ardents défenseurs du classicisme lors de la fameuse bataille d'Hernani. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il y a trop d'éléments mon attention se perd, mon esprit divague et je m'éloigne inexorablement de l'intrigue, c'est comme ça.
Je ne ris pas, je ne m'émeus pas : la pièce me laisse sur ma faim. Indubitablement le genre théâtral n'est pas là où je préfère ce cher Hugo, loin s'en faut ! Je ne parviens pas vraiment à entrer dans ce drame romantique. Malgré les nombreux rebondissements, je me suis même un peu ennuyée... J'ai eu tendance à me perdre lors des tirades.

Néanmoins, ne voyons pas tout en noir : je suis quand même contente d'avoir enfin lu Hernani pour pouvoir en parler. En un sens j'apprécie l'audace de ce drame romantique, je la salue même : c'est coloré, vivant, les décors changent, il y a de l'action, c'est indiscutable. L'histoire d'amour reste belle et l'idée d'avoir trois hommes aussi différents est sympathique. J'apprécie toujours ce cadre espagnol, ambiance "toison d'or et grands d'Espagne", la lutte de pouvoir. Par ailleurs, la force de l'amour de la demoiselle pour son brigand d'amant, alors qu'elle est courtisée par le roi d'Espagne et futur empereur (excusez du peu !) est belle, touchante. La fin reste émouvante bien qu'un peu caricaturale. Par ailleurs j'ai beaucoup aimé le panache du personnage d'Hernani et la grandeur d'âme du roi, au contraire de Gomez... Il y a des passages vraiment drôles, comiques également (le moment où le roi est enfermé dans l'armoire...)

Pour conclure, cette pièce est une mixture audacieuse de choses intéressantes voire émouvantes/drôles, mais je n'ai pas vraiment su comment l'aborder ni quoi en retirer. La lecture fut un poil pénible, pas assez distrayante à mou goût et je doute que la pièce me laisse un souvenir impérissable.
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Après l'interdiction de Marion de Lorme pendant l'été 1829, Victor Hugo est contraint de chercher un autre sujet pour la pièce qu'il compte donner au Théâtre Français. Il choisit un sujet espagnol, à priori plus facile à faire accepter au censeur, ce sera Hernani, créé en février 1830. La pièce évoque avant tout la fameuse « bataille », l'affrontement entre les tenants du classicisme et les jeunes défenseurs du romantisme : la Comédie Française, le théâtre le plus prestigieux, et son public, étaient réputés peu favorables au nouvel mouvement. Hernani est souvent présenté comme le moment décisif, où tout bascule, où une nouvelle esthétique triomphe balayant l'ancienne.

Les choses sont en réalité beaucoup plus complexes, l'importance de la création d'Hernani a été amplifiée par les protagonistes et érigée au rang d'un mythe, l'opposition entre le théâtre romantique et classique a été également en partie exagérée, en ce qui concerne la production théâtrale de Victor Hugo et d'Hernani en particulier.

La reconnaissance du théâtre romantique a débuté avant Hernani : le théâtre romantique étaient déjà bien installé sur une partie de scènes parisiennes, et il y avait déjà eu la création de Henri III et sa cour de Dumas à la Comédie Française même. Par ailleurs, la création d'Hernani n'a en aucun cas mis un terme au théâtre classique, qui continuait à être bien plus joué à la Comédie Française tout au moins, que le drame romantique. Hernani est une étape, dont l'importance a été sans doute exagérée, devenant une sorte de symbole à posteriori.

La différence irréductible entre le drame romantique et le théâtre classique a été également artificiellement accentuée. Victor Hugo était un grand admirateur de Molière et de Corneille, et beaucoup de choses dans Hernani font penser à Corneille. le sujet espagnol évoque le Cid, qui avait déjà donné lieu à une querelle fameuse. La clémence de Charles Quint n'est pas sans faire penser à Cinna, et les retournements de situations étaient une des grandes spécialités de l'auteur de Horace. Hernani est écrit en alexandrins, et de nombreux effets stylistiques rappellent le modèle cornélien. Si chaque acte d'Hernani se passe dans un lieu différent, à l'intérieur de chaque acte on retrouve l'unité de lieu et d'action qui était censée caractériser le théâtre classique. Malgré certaines déclarations d'intention, l'auteur de Hernani connaît ses classiques sur le bout des doigts et en reste imprégné lorsqu'il écrit, même si son oeuvre appartient à une esthétique différente.

Une des grandes sources d'inspiration de Hugo, au-delà des sources espagnoles, aura été le mélodrame, genre à la mode, et fréquenté par un public plus populaire. Genre qui recherche le spectaculaire et le pathétique, au détriment du vraisemblable.

Au premier acte, intitulé le Roi, nous sommes à Saragosse, dans la chambre de Dona Sol. Celle-ci attend son amant. Mais la duègne fait entrer par erreur un autre homme, qui la menace, et qu'elle dissimule dans une armoire. Arrive Hernani, l'amant de dona Sol, qui accepte de tout quitter pour lui. Don Carlos, l'homme caché, surgit, et déclare son amour pour Dona Sol. Un duel commence, interrompu par l'arrivée de Don Ruy Gomez, oncle et fiancé de Dona Sol. Ce dernier a une réaction très vive en découvrant les deux hommes dans la chambre de sa nièce et fiancée. Mais Don Carlos se fait connaître : il est le roi d'Espagne, et prétend être venu pour demander conseil à Don Ruy, au moment où il a des chances d'être élu empereur. Cela permet de calmer le vieil Don Ruy et les deux rivaux peuvent partir.

Le deuxième acte s'intitule le bandit et se passe devant la maison de Don Ruy. Don Carlos a entendu les détails sur le projet de fuite des deux amoureux, et prétend venir avant Hernani pour enlever Dona Sol. Cette dernière sort, mais résiste à Don Carlos. Survient Hernani avec des bandits dont il est le chef. Don Carlos refuse de se battre en duel avec lui, prêt à se laisser assassiner plutôt que roi croiser le fer avec un bandit. Hernani le laisse partir, et compte tenu des menaces de Don Carlos, se refuse d'emmener Dona Sol.

Au troisième acte, le vieillard, nous sommes au château de Don Ruy, en Aragon. le mariage avec Dona Sol doit avoir lieu. Mais surgit un pèlerin qui demande l'hospitalité. Il s'agit de Hernani aux abois, poursuivi par les sbires du roi. Don Ruy l'accueille en ignorant son identité. Il le cache lorsque survient Don Carlos et refuse de le livrer. le roi amène Dona Sol en otage. Hernani qui sort apprend à Don Ruy l'amour du roi pour Dona Sol. Redevable de la vie à Don Ruy, il lui promet de se laisser tuer à n'importe quel moment, mais demande de poursuivre Don Carlos pour lui arracher Dona Sol. Il remet en gage son cor à Don Ruy.

Au quatrième acte, le tombeau, Don Carlos attend le résultat de l'élection de l'empereur au tombeau de Charlemagne. Il a connaissance d'un complot contre lui. Devenu empereur, il fait arrêter les conjurés, parmi lesquels Hernani et Don Ruy. Hernani révèle son identité de prince. Don Carlos, devenu Charles Quint pardonne, et permet le mariage d'Hernani avec Dona Sol.

Au cinquième acte, La noce, le mariage vient d'avoir lieu. Mais le cor résonne, Don Ruy vient réclamer la vie d'Hernani. Dona Sol boit le poisson avant lui, les deux jeunes mariés meurent , et le vieillard n'a plus qu'à les suivre dans la tombe.

Pièce spectaculaire, pleine de bruit et de fureur, difficile à jouer (le monologue de Don Carlos au quatrième acte dure environ 16 minutes), un tant soit peu chargée, elle frappe avant tout par la qualité du vers (« le vers est la forme optique de la pensée » écrivait Hugo). Hernani est un héros ambigu, immature, qui n'arrive pas à se dégager d'une idéologie de l'honneur mortifère et suicidaire. Au final, les autres personnages sont presque plus intéressants, Don Ruy, vieillard pathétique et terrible dans son amour hors propos, Don Carlos transfiguré par son changement de statut, Dona Sol frémissante et rayonnante. D'autres pièces de Hugo seront ensuite plus convaincantes en étant peut-être moins démonstratives, mais un souffle épique et une façon de dire insolente et plein de maestria fait de Hernani une belle oeuvre.
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Mon premier Hugo, incroyable non ?

J'ai voulu commencer petit, en nombre de pages. La pièce de théâtre Hernani convient tout-à-fait pour cela. Et puis, cette pièce a une histoire. Elle a fait du bruit au temps de sa création. Une véritable guerre stylistique qui allait jusqu'au coup de poing. On a appelé ça la bataille d'Hernani.

L'action se passe en Espagne, en 1519. Une grande histoire d'amour et d'honneur romantique et tragique sur fond historique. le fond, c'est la lutte de Don Carlos, bientôt Charles Quint, pour accéder au titre d'Empereur du Saint Empire. Il va réussir bien entendu. Cette lutte n'est pas guerrière, elle est économique. Il s'agit de plus graisser la patte des Électeurs que ne le fait François Ier, autre candidat au titre. A l'acte IV, on a droit à une tirade de plusieurs pages de Don Carlos devant le tombeau de Charlemagne, premier empereur, à l'imitation de la visite de Jules César puis d'Auguste au tombeau d'Alexandre. Cette tirade était véritablement trop longue pour moi ; je préfère les dialogues rapides, qui piquent comme l'épée du spadassin. Heureusement ce genre de dialogue ne manquent pas dans Hernani.
J'ai été surpris de découvrir Don Carlos agissant comme un hidalgo excessif pénétrant chez les belles dames pour se les accaparer. Je n'imagine nullement Charles Quint fougueux et fiévreux. Mais je lis dans Wikipédia que son éducation a plus tenu de la chevalerie que de l'humanisme. Alors peut-être…

Mais le coeur de la pièce concerne la tragédie amoureuse de Hernani et Doña Sol. Leur amour est fusionnel mais contrarié surtout par l'honneur monté en épingle et le désir de vengeance. Hernani est un noble aragonais dont on ignore longtemps le véritable nom, dont la famille a été brisée par celle de Castille, les aïeux de Don Carlos. Hernani est un bandit, un révolté contre un pouvoir qu'il estime usurpé, un homme qui cherche vengeance, et un homme amoureux jusqu'à l'ongle du petit orteil. Hugo en fait un peu trop à mon goût, dans les atermoiements romantiques de son héros. Celui-ci ne cesse de s'inventer des raisons de ne pas être avec sa belle, insistant en particulier sur le danger qui l'accompagne et dont il ne veut pas qu'il menace aussi sa belle. Il refuse à Doña Sol le droit de choisir ce danger pour vivre avec lui, ce qu'elle veut par-dessus tout.
J'ai été très surpris de . Cela m'a rappelé Auguste dans Cinna de Corneille. Mais ce ressort qui aurait pu faire un bon happy end fait seulement nettoyer l'espace pour le dernier et terrible dernier acte. L'honneur lié à une parole donnée évapore le bonheur trouvé et laisse les poignards seuls juges.

L'humour n'est pas absent de cette pièce, les courtisans de Don Carlos en portent une bonne part, en particulier Don Ricardo qui est à l'affut de la moindre parole ou du moindre geste de son maître pour s'estimer promu. « Vous m'avez tutoyé, me voilà Grand d'Espagne ». J'ai adoré.

En résumé, une pièce qui m'a par moments beaucoup plu, et par moments ennuyé. Un bon pied à l'étrier pour découvrir l'auteur, en tout cas.
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I- La fatalité romantique dans Hernani de Victor Hugo :

1. Hernani et la fatalité, quelles influences externes sur le héros hugolien ?

La fatalité qui poursuit le héros ou l'héroïne d'une pièce de théâtre n'est pas le propre du drame romantique, et encore moins le propre du drame romantique français. L'art dramaturgique a depuis toujours accordé à ce thème une grande importance. D'ailleurs, la plupart de ces héros « maudits » sont aux prises avec le destin ; ils mènent contre lui un combat perdu d'avance.
Dans ses tragédies classiques, le destin vient le plus souvent d'une divinité supérieure, vengeresse, qui s'en prend à un personnage qui ne peut que céder sous son poids. Dans Hernani par contre la fatalité est un enchaînement logique de faits et d'événements que les personnages eux-mêmes, par leurs actions et leurs pensées, alimentent sans s'en rendre compte, inconsciemment. A l'inconscience du héros face à son destin s'oppose sa lucidité qui apparait dans le fait qu'il reconnaît et admet qu'une malédiction, bien que le terme soit trop fort quand il ne s'agit pas de fatalité d'origine divine, le poursuit et cherche, par tous les moyens à le conduire vers sa perte et entrainer avec lui tous ceux qui oseront l'aider à contourner son destin quel qu'il soit.
Un point, cependant, est à ne pas négliger. Il concerne à la fois la tragédie classique et le drame romantique, leur servant à tous deux de point en commun assurant une continuité dans l'écriture dramaturgique française. Ce point concerne le dénouement. En effet, quand la fatalité intervient dans le théâtre, le dénouement est toujours tragique. La fatalité, en somme, « gagne » toujours. Voilà pourquoi nous dîmes plus haut : « Un combat perdu d'avance ».
D'autres exposés suivants aborderont plus en détails ce point, ainsi, sur cette question, nous avons été brefs.
2. Etude comparée de versifications :

Pour illustrer et la divergence et la similitude entre drame romantique et la tragédie classique, nous avons pris trois vers en but de les analyser en terme de versification et en terme de lexique. Notre but, au-delà de sa visée comparative, est de démontrer les influences externes sur l'écriture et le héros hugoliens.
a. le vers d'Oreste dans Andromaque de Racine.
b. le vers 1990 de Hernani.
c. le vers 993 de Hernani.

a- « Je me livre en aveugle au destin qui m'entraîne. »
3 6 3 6
Je | me | li | vre en | av | eugle ||| au | des | tin | qui | m'en | traîne.
césure
- Rythme 3/3 // 3/3
- 1° l'accent principal : « aveugle » : le héros manque de lucidité et, paradoxalement, est lucide puisqu'il est conscient de sa fatalité.
- 1° l'accent secondaire : « livre » : le héros abandonne et cède.
- 2° l'accent principal : « m'entraîne » : le héros ne contrôle plus rien et se laisse faire.
- 2° l'accent secondaire : « destin » : Maitre-mot du vers, il le résume.

b- « Avec ce nom fatal je n'en ai pas fini. »
4 6 4 6
A | vec | ce | nom | fa | tal ||| je | n'en | ai | pas | fi | ni
césure
Rythme : 4/6 // 4/6
1° A.P : « Fatal » : Principal mot du vers ; il le résume.
1° A.S : « Nom » : Symbole de l'origine de la fatalité.
2° A.P : « Fini » : Appuyé par la négation, il signifie que le héros lutte, mais n'arrive pas à vaincre
2° A.S : « Pas » : adverbe de négation désignant la ténacité du destin. N'étant point appuyé par un adverbe de durée tel que ‘toujours' ou ‘encore', il peut avoir comme connotation l'abandon du héros face à son destin.

c- « Agent aveugle et sourd de mystères funèbres. » -ténèbres.
4 6 4 6
A | gent | a | veug | le et | sourd ||| de | mys | tères | fu | nèbres
césure
Rythme : 4/6 // 4/6
1° A.P : « Sourd » : l'accent principal, scindant le vers en deux et marquant une pause, tombe sur le mot sourd, indiquant que la fatalité par son déchaînement prive le héros d'un de ses sens : l'ouïe…
1° A.S : « Aveugle » : l'accent secondaire, marquant une courte pause au sein d'un hémistiche, tombe sur le mot aveugle, ce qui induit que le héros n'est plus lucide face au destin qui le mène vers la mort.
2° A.P : « Funèbres » : Ce terme rappelle la mort de laquelle s'approche Hernani de plus en plus. ‘1° A.S' indique qu'il n'est pas lucide, cependant le terme funèbres indique que le héros est tout de même conscient de l'issue de la « malédiction » qui le poursuit.
2° A.S : « Mystères » : ce mot semble résumer le vers, pour la simple raison qu'il entretient des liens étroits avec les trois adjectifs du vers. le mystère vient donc de la surdité et de la myopie du héros, du détraquement de ses sens, mais il vient aussi de la mort avec tout ce que le terme a de profond : noir, obscurité, abîme…
Synthèse et conclusion partielle :
Le vers de Racine se démarque rythmiquement des deux autres vers de Victor Hugo. Cependant, les trois vers partagent entre eux un vocabulaire plus ou moins similaires. En ce qui concerne la versification, comme nous avons pu le voir, ces vers ne sont pas si loin l'un de l'autre. le héros romantique, en l'occurrence Hernani, et le héros des tragédies classiques, ici Oreste, partagent une même vision par rapport à la fatalité. Mais, le héros romantique est quelqu'un de tiraillé et qui n'arrive pas à se forger une opinion fixe et définitive. Il n'en est pas moins divergent d'Oreste qui est au fond de lui-même quelqu'un de tiraillé, mais qui se refuse à laisser transparaitre ses sentiments profonds, par honneur et par bravoure.
Ces différences sont donc infimes, mais elles existent, et il est donc important de les souligner un tant soit peu.
En effet, au XVIIIe siècle on a rompu avec la fatalité en la confrontant à la raison. Mais l'art romantique français l'a réintroduite dans son paysage théâtral.

3. Entre l'origine et l'issue, vivre la fatalité au jour le jour :
Notre but, à travers ce point, n'est pas de retracer le déroulement de la pièce, mais de rester dans une visée quelque peu comparative entre drame romantique, tragédie classique et théâtre du XXe siècle. Notre point de vue se restreindra, comme nous le dicte le sujet de cet exposé, à l'étude de la fatalité. Dans ce point, troisième et dernier, nous nous pencherons sur la manière avec laquelle vit quotidiennement un personnage dramatique la fatalité qui le poursuit, en supposant évidemment qu'elle le poursuit.
• Dans Hernani : La fatalité apparait dans ce drame comme le fruit d'un hasard. Mais, en vérité, elle obéit à une logique implacable. Elle agit à travers les personnages, car chacun de leurs agissements les conduits inconsciemment à affronter une fatalité qu'ils alimentent eux même. En aimant Dona Sol, le duc, le roi et Hernani, savent obstinément qu'ils ne pourront éviter de s'affronter les uns les autres. le duc et le roi ne croit pas à une fatalité les traquant, et pour cause, ils ne l'ont pas connue dès leur naissance, comme c'est le cas de Hernani, mais ils l'ont contractée au cours de leur vie. Une chose est tout de même à remarquer, le roi Don Carlos est né également avec une sorte de malédiction puisqu'il porte sur ses mains, sans le vouloir, le sang du père de Hernani. Un sang qui doit être vengé.
Hernani se démarque de ces personnages, car contrairement à eux il reconnait son destin « funèbre ». Il se trouve tiraillé entre l'origine et l'issue de son fatum ; entre « le berceau sanglant » et « [son] chemin fatal » (v. 1003)
• Il est également conscient que la fatalité qui le mène vers la mort est contagieuse. En rajoutant ce détail, Victor Hugo complique l'existence de son héros. Hernani est ‘entiché' de Dona Sol et, en même, sûr que son destin la ‘contaminera' irrémédiablement. Il est donc face à un dilemme qui le tiraille et rend plus aigüe son instabilité intellectuelle et sentimentale.
• Vivre son destin, sa fatalité, s'exprime dans les tragédies classiques par une difficulté suprême. Car, si le héros romantique affronte une force obscure et naturelle, le héros des tragédies, lui, est confronté à la force vengeresse des dieux qu'il sait inextricable et labyrinthique.

• Faisons désormais un saut dans le temps et partons vers des pièces de théâtre plus récentes, en particulier celle de Beckett, intitulée Fin de partie. Dans cette pièce justement, l'absence du destin et de la fatalité, ou de ce qu'on pourrait appeler ‘la fin', marque toute une rupture avec le théâtre classique et romantique. Puisque dans l'univers beckettien la fatalité n'existe plus, le personnage doit l'inventer. Et de cette invention surgissent d'autres subdivisions de la fatalité, tels que le suicide, le handicap, le reniement de Dieu…
Conclusion partielle et conclusion finale :
La fatalité a donc toujours été au centre du théâtre dramatique et tragique. Et comme le prouve l'exemple susmentionné, on ne peut s'en passer. Ce thème est donc, permettez-nous de rappeler notre introduction, celui qui a donné au théâtre ses lettres de noblesse. Hernani n'est pas vraiment représentatif de la surpuissance de la fatalité. L'absurde est, me semble-t-il, le sommet de l'usage de la fatalité dans le théâtre. Car ce courant l'a effacée, a essayé de la marginaliser, mais sa tentative resta veine.
Cette fatalité, que ce soit au théâtre ou dans l'art romanesque, semble s'être érigée en grande matière à profusion littéraire. On peut dire qu'elle convoite, depuis sa reprise par le romantisme, les grands thèmes intemporels : l'amour, la guerre, l'aventure, le crime, le suicide…

Conclusion définitive :
Nous espérons avoir éclairé plusieurs de vos interrogations et avoir répondu à vos doutes par des explications que nous souhaitons claires et exhaustives. Ce modeste travail rejoint les travaux de nos camarades sur plusieurs sujets aussi divers et intéressants les uns que les autres. Cet exposé constitue donc l'avant dernière pièce de tous les exposés qui ont été et qui seront présentés en classe.
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Citations et extraits (169) Voir plus Ajouter une citation
Ce silence est trop noir, ce calme est trop profond.
Dis, ne voudrais-tu point voir une étoile au fond ?
Ou qu’une voix des nuits, tendre et délicieuse,
S’élevant tout-à-coup, chantât ?…
(Dona Sol à Hernani, Acte V, Scène III)
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DON CARLOS seul.
Il s’incline devant le tombeau.
- Es-tu content de moi?
Ai-je bien dépouillé les misères du roi?
Charlemagne ! Empereur, suis-je bien un autre homme ?
Puis-je accoupler mon casque à la mitre de Rome ?
Aux fortunes du monde ai-je le droit de toucher ?
Ai-je un pied sûr et ferme, et qui puisse marcher
Dans ce sentier semé de ruines vandales,
Que tu nous as battu de tes larges sandales ?
Ai-je bien à ta flamme allumé mon flambeau ?
Ai-je compris la voix qui parle en ton tombeau ?
- Ah! J’étais seul, perdu, seul devant un empire ;
Tout un monde qui hurle, et bouillonne, et conspire ;
Le Danois à punir; le Saint Père à payer ;
Venise, Soliman, Luther, François premier ;
Mille poignards jaloux, luisant déjà dans l’ombre ;
Des pièges, des écueils, des menaces sans nombre,
Vingt peuples dont un seul ferait peur à vingt rois,
Tout pressé, tout pressant, tout à faire à la fois ;
Je t’ai crié : « Par où faut-il que je commence? »
Et tu m’as répondu: « Mon fils, par la clémence ! »
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_ Oh je porte malheur à tout ce qui m'entoure ! _
J'ai pris vos meilleurs fils ; pour mes droits, sans remords
Je les ai fait combattre, et voilà qu'ils sont morts !
C'étaient les plus vaillants de la vaillante Espagne.
Ils sont morts ! ils sont tous tombés dans la montagne,
Tous sur le dos couchés, en braves, devant Dieu,
Et, si leurs yeux s'ouvraient, ils verraient le ciel bleu !
Voilà ce que je fais de tout ce qui m'épouse !
Est-ce une destinée à te rendre jalouse ?
Dona Sol, prends le duc, prends l'enfer, prends le roi !
C'est bien. Tout ce qui n'est pas moi vaut mieux que moi !
Je n'ai plus un ami qui de moi se souvienne,
Tout me quitte, il est temps qu'à la fin ton tour vienne,
Car je dois être seul. Fuis ma contagion.
Ne te fais pas d'aimer une religion !
Oh ! par pitié pour toi, fuis ! _ Tu me crois peut-être
Un homme comme sont tous les autres, un être
Intelligent, qui court droit au but qu'il rêva.
Détrompe-toi. Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.
Je descends, je descends et jamais ne m'arrête.
Si parfois, haletant, j'ose tourner la tête,
Une voix me dit : Marche ! et l'abîme est profond,
Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond !
Cependant, à l'entour de ma course farouche,
Tout se brise, tout meurt. Malheur à qui me touche !
Oh ! fuis ! détourne-toi de mon chemin fatal,
Hélas ! sans le vouloir, je te ferais du mal !
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HERNANI : Oh ! par pitié pour toi, fuis ! – Tu me crois peut-être
Un homme comme sont tous les autres, un être
Intelligent, qui court droit au but qu'il rêva.
Détrompe-toi. Je suis une force qui va !
Agent aveugle et sourd de mystères funèbres !
Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Où vais-je ? je ne sais. Mais je me sens poussé
D'un souffle impétueux, d'un destin insensé.
Je descends, je descends, et jamais ne m'arrête.
Si parfois, haletant, j'ose tourner la tête,
Une voix me dit : Marche ! et l'abîme est profond,
Et de flamme ou de sang je le vois rouge au fond !
Cependant, à l'entour de ma course farouche,
Tout se brise, tout meurt. Malheur à qui me touche !
Oh ! fuis ! détourne-toi de mon chemin fatal,
Hélas ! sans le vouloir, je te ferais du mal !
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En dépit de son dénouement sombre, "Hernani" faisait passer un souffle de jeunesse sur notre théâtre. Par ses hardiesses de ton, de style et de versification, ce drame était bien fait pour enthousiasmer les "jeunes -France" (groupe d'étudiants et de rapins dont Gérard de Nerval qui assurèrent le succès de la pièce) ; avec le lyrisme de ses sentiments simples, généreux, chevaleresques, avec sa tendresse et son panache, il reste entraînant, exaltant même ; par ses qualités romanesques et ses accents héroïques il s'inscrit dans la lignée du Cid.
(extrait du manuel de littérature "Lagarde et Michard - XIX° siècle - le théâtre de Victor Hugo - Hernani))
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