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sur 1307 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Scène de petit déjeuner à Guernesey.
Madame Hugo sirote sa tasse de thé tandis que Monsieur feuillette le journal.
- Doudou, tu crois qu'on pourra aller faire un tour tout à l'heure, demande Madame. le temps sera assez dégagé ?
- Nuages et éclaircies, répond Monsieur. La lumière et les ténèbres rassemblés en un même après-midi. le hasard qui n'est jamais que le bras du destin orchestrera les vents. Et ballotées par ces forces sifflantes et grimaçantes, les ondées fracasseront les inexprimables espoirs d'une horde en mal d'abri. le haut, le bas et dans l'ombre même des nuées hostiles, le miroitement d'un rayon que rien ne vainc. Il y a du mage dans cet oracle car le nuage est don. Et lorsque les cieux se fracassent sur la terre, c'est de la semence divine d'une consécration qu'ils bénissent le sol. Mais ne crois pas que…
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Oh punaise ! Et comme à l'époque la fonction « pause » n'existait pas (contrairement aux bulletins météorologiques dans les journaux du matin qui sont parfaitement attestés, pensez donc !), ça pouvait durer des plombes (une éternité dans une seconde, en un instant comprimé hic, nunc et la création tout entière semper et ubique...., bon, bon, bon, ça va, j'arrête !).
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A la mesure d'un roman, ça donne une histoire dont la simplicité rappelle l'archétype des fables mais que l'on aurait gonflé de mille considérations érudites, discours, soliloques, réflexions philosophiques, précisions linguistiques que le grand Hugo aura cru bon nous communiquer. le projet est, je crois, de peindre les scandaleuses dérives de la monarchie anglaise et à travers ce tableau, de défendre des idéaux égalitaires sinon républicains français. Sans doute aussi que le grand âge du bonhomme lui a rendu précieuse l'idée qu'il nous transmettrait, un peu en vrac et comme un gros gros cheveu sur la soupe, il faut bien le dire, d'infinies connaissances sur les tempêtes en mer, les vents, le protocole régissant l'intronisation d'un pair et tant d'autres choses.
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On ne peut pas demander à Hugo d'être lapidaire. Ce serait imposer à la carpe d'être lapin, au fleuve de se faire gourde, à l'incendie, ampoule basse consommation (Aidez-moi, je suis contaminée !). Mais il m'a paru plus inspiré dans d'autres romans. Je me souviens notamment de Notre Dame de Paris où il explorait la dualité laid = monstre = paria / beau = bon = noble de manière beaucoup plus subtile qu'ici.
Gwynplaine est laid à l'extérieur mais beau à l'intérieur, même si, comme tout homme (du point de vue d'Hugo, hein), il contient en lui le germe de la tentation. Déa est belle et pure mais elle ne voit pas le monde tel qu'il est. Elle peut donc voir Gwynplaine dans la profondeur de sa vérité sans s'arrêter à son masque tragiquement ricanant. Masque qui est le fruit de la science mis au service de la corruption. Urus est l'adjuvant qui élève. Les nobles sont cyniques. le peuple est vénal et opprimé. Après ça déroule. de manière implacable mais sans aucune fantaisie, rebondissement ou subtilité. En dehors de leurs attributs essentiels à l'histoire, les personnages ne cachent ni ne révèlent rien. Ils sont tout entiers dans la fable qu'ils incarnent.
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Au passage, j'aurai glané quelques anecdotes intéressantes : l'origine des bouteilles à la mer qu'on retrouve dans tant d'histoires de pirates, une diatribe bien énervée contre les liens de la conjugalité (« la brutalité du mariage crée des situations définitives, supprime la volonté, tue le choix » Ouais, vas-y Totor, crame ton soutif ! J'ai moins aimé, plus loin, le beaucoup moins féministe « D'ailleurs il ne faut jamais dire à une femme un mot difficile à comprendre » sic !).
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Certains critiques, dont un qui a été remarqué par notre Patounet, ont noté l'érotisme inédit qui exsudait du roman. Bon, que les mieux gavés aux hormones printanières d'entre vous modèrent leur enthousiasme, ça va pas non plus chahuter le top 10 des écrits les plus torrides de l'histoire littéraire. Disons que Gwynplaine est vert et que la diabolique duchesse est ardente. C'est en revanche tout à fait saisissant de voir combien la conception hugolienne de la sexualité est empreinte de tension morale. C'est une faute et c'est même corrompre la pureté de l'aimée que de la considérer sous cet angle. La dualité entre la Sainte et la Putain n'a qu'à peine le temps d'être esquissée qu'elle disparait dans le fracas des événements sans autre dommage pour la Sainte (pauvre Madame Hugo !). Alors qu'on est dix ans après la parution des Fleurs du mal. Mais c'est sans doute une question de génération et de posture. Hugo se voulait pair de France ou au moins député, auguste et oracle. L'époque n'était pas aux scènes érotiques mal troussées par un ministre de l'Économie et des finances. En ces temps-là, ç'aurait fait tâche.
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Au terme de cette lecture, je suis contente de l'avoir menée, et d'en avoir fini. Il aura fallu la proposition des babelpotes pour m'y amener et stimulée par nos discussions, j'ai trouvé la motivation pour surmonter quelques longs moments d'ennui. Ce n'est pas, de loin, mon roman préféré et son auteur n'est pas non plus celui qui me parle le mieux. Mais Hugo est pour moi comme un vieil oncle au bout de la table des fêtes familiales. On l'écoute d'une oreille distraite décliner ses antiennes, on se moque in petto de ses tics mais sans sa présence majestueuse et grandiloquente, il y aurait comme un vide.
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J'ai été impressionnée de constater que ce roman avait été si souvent sélectionnée dans la catégorie Ile déserte sur Babelio! J'en suis d'autant plus désolée de ne pas partager le plaisir qu'ont eu tous ces babeliautes à la lecture de ce livre

On y retrouve, c'est évident, cet emportement, ce lyrisme gonflé à pleins poumons qui caractérise ses poèmes - j'adore Les Contemplations - alors j'aurais dû adorer ce livre. Je m'attendais à passer un moment de lecture merveilleux, décoiffant. D'ailleurs, le début, l'abandon de l'enfant dans une lande sauvage en plein hiver, et on est en Angleterre, ce côté gothique, sombre, est magnifique et rempli de symboles qui se révèlent à la fin du roman. Puis, le naufrage des coupables, édifiant.
Mais voilà qu'arrive le premier moment difficile: la présentation des Lords et des Pairs d'Angleterre au 18ième siècle, chapitre après chapitre.
A partir de là, ma lecture des 500 pages restantes n'aura été qu'une montagne russe d'ennui et d'enthousiasme, où chaque passage captivant se dégonflait comme un soufflé par la multitude de variations qu'Hugo développait pour expliquer, en somme, la même émotion.
Bien sûr, l'histoire est belle, le destin tragique, et ce qui a amené Gwynplaine à ce destin une multitude de hasards incroyables qui ne les rendent que plus inexorables.
Je ne m'arrêterai pas là, je suis prête à tenter Notre Dame de Paris ou encore les Travailleurs de la Mer, bientôt.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Je suis en cours...

Comme souvent, le père Hugo, faut s'le faire ! Vu de près c'est plein de mots savants, sur de longs chapitres bizarres (la marée, la tempête, fiches techniques sur la navigation...) ; Les personnages sont de vraies caricatures, il y a une certaine naïveté, une lourdeur psychologique ...

Et quand on se remémore ce qu'on vient de lire, cela a une force extraordinaire, mythique, je dirais... un souffle qui emporte tout...

Hugo a l'envergure d'un constructeur de mythes. Justement (sans doute) du fait de l'apparente naïveté de ses créatures.

Bon, je continue...

J'ai terminé... à force ça lasse... le souffle devient monotone et j'ai sauté des pages.

Il en fait trop, trop de digressions. Vaste esprit certes, mais un peu trop monsieur-je-sais-tout. Je me suis dit en passant qu'il ne devait pas être rigolo pour les femmes de sa vie... Et puis "L'homme qui rit" ne vaut pas Notre-Dame de Paris. Points communs : fascination pour la difformité, les grandes fresques, et le mal. Mais là où j'ai senti Frollo vibrer dans Notre Dame, je n'ai pas ressenti d'émotion dans "L'homme-qui-rit".
Quant au fond, celui qui importait vraiment à Hugo, il s'agit d'un plaidoyer contre la monarchie et pour la République. Intérêt historique sans doute, quoiqu'on dise que l'histoire ait été par lui un peu malmenée, mais cela importe-t-il ? Foin de l'anecdote, vive la substantifique moëlle !

Mais lourd, lourd ... plutôt plat en sauce que régime méditerranéen.

Fini ... je vais pouvoir passer à du léger...

Dostoïevski, tiens ! -;
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la question d'adaptation cinématographique de classiques de la littérature est également un sujet qui m'interesse énormément, puisque j'avais déjà abordé sur ce blog ce sujet il ya quelques semaines de cela.

Bref, l'intervention d'Améris était d'autant plus passionnante que j'avais pu visionner son adaptation filmique juste avant et que j'avais pu comparer car j'étais un des lecteurs du roman d'Hugo, meme si ma lecture n'était pas des plus récentes, elle datait en fait de mes années de fac, soit il y a plus de 15 ans ( ah oui quand même!!!)

le réalisateur nous raconta qu'il portait ce projet depuis 40 ans, soit exactement l'année 1971, date d'une adaptation de l'homme qui rit en série télévisée, et c 'est avec elle que Jean-Pierre Améris a découvert le roman de Victor Hugo. Un ouvrage de plus de 900 pages, chargés de descriptions et de digressions en tout genre. Il l'a lu quelques années plus tard.

Et l'histoire de cet enfant "monstrueux" a résonné chez ce grand gaillard de deux mètres, complexé par son physique. Devenu cinéaste, il n'a jamais abandonné le projet. Tim Burton l'avait visiblement ardemment voulu, mais c'est Jean-Pierre Améris qui l'a fait : adapter au cinéma le roman de Victor Hugo en faisant le choix du récit initiatique.

Quelles ont été les pistes de départ de son adaptation? Améris nous a tout dévoilé, ou presque : « C'est un roman qui est situé au 17e siècle en Angleterre. Ce que je n'ai pas fait. J'ai tiré cette histoire vers le conte, vers la fable. C'est un roman qui est fait d'énormément de digressions philosophiques, historiques, poétiques. Moi, j'ai tout voulu recentrer sur ce personnage de Gwynplaine auquel je m'étais identifié adolescent. Cela part d'un enfant abandonné comme le Petit Poucet. On va le suivre, recueilli par un bon saltimbanque, puis devenant un acteur célèbre, puhugois découvrant qu'il était d'un milieu riche, changeant de classe sociale. »

Visiblement, d'après ce que nous a dit Améris, plusieurs producteurs se sont cassés les dents devant la lecture du roman d'Hugo et ont abandonné le projet devant la complexité de ce livre avant qu'un producteur décide quand même de faire confiance au cinéaste, bien que lui non plus n'avait pas tout saisi des subtilités de l'oeuvre d'Hugo.

D'ailleurs, à mes yeux, le roman m'avait paru également un peu trop complexe et avec beaucoup trop de descriptions et de disgressions ( certainement le péché mignon d'Hugo) pour pouvoir entrer totalement dans la lecture. Victor Hugo y mêle en effet grandes envolées lyriques à la comédie. Il multiplie les longues digressions, ce qui peut parfois rebuter. Ses descriptions occupent tout de suite des pages et des pages, devenant parfois redondantes, notamment quant au désespoir de Gwynplaine vers la fin du roman. Son érudition impressionnante n'est pas sans une touche de pédanterie.
L'oeuvre a déjà été portée trois fois à l'écran, en 1928 (adaptation en film muet, considérée comme la plus "mémorable"), en 1966 puis donc, dans cette fameuse série télévisée de 1971 qui eut tant de résonnance chez Améris.

Il fallait oser adapter "L'homme qui rit", roman "monstre" que Victor Hugo écrivit durant son exil politique dans les îles Anglo-normandes entre 1866 et 1869. le projet du cinéaste était donc un challenge à difficile réaliser : réduire une oeuvre littéraire de plus de 900 pages et qui avait jusqu'à présent fait l'objet d'adaptations fleuves en un film d'à peine une heure trente, revenait à faire des choix drastiques.

Car adapter un livre, explique Jean-Pierre Améris, "ce n'est pas l'illustrer. Il faut avoir un parti pris fort". Et c'est ce qui est intéressant dans ce film. Et c'est ainsi que le parti pris d'Améris fut de suivre tout le long de son film Gwynplaine, ce personnage auquel il s'identifie tant, et alors même qu' Hugo s'écartait trés souvent de son héros pendant des dizaines et des dizaines de page, pour mieux le retrouver ensuite.

Ce qui a plu énormément à Améris, c'est que ce roman , écrit au 19ème siècle, est en fait d'une incroyable actualité, car il aborde les thèmes de l'obsession de la beauté ou du chômage. Selon le cinéaste, "le livre a été écrit en 1866, mais on se retrouve encore aujourd'hui dans Gwynplaine, dans Ursus – et sa des­crip­tion de la société était pro­pre­ment vision­naire. Sur les appa­rences, le miroir aux alouettes de la célé­brité, les canons de beauté qui imposent de res­sem­bler à ceci ou cela...

Lorsque à la fin du film, Gwynplaine interpelle les parlementaires et assène un discours très fort sur la précarité et le fossé social : « C'est de l'enfer des pauvres qu'est fait le paradis des riches… », Jean-Pierre Améris nous a appris qu'il avait gardé l'intégralité des mots de Victor Hugo, et même le mot chomage qui existait dans le texte initial alors que c'est un mot qui parait tellement et seulement actuel. :
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Que j'ai eu du mal avec « L'homme qui rit » de Victor Hugo ! J'avais pourtant dévoré « Notre Dame de Paris » et « Les misérables », mais là, malgré de nombreux passages sublimes, la magie n'a pas fonctionné…
Nous sommes dans l'Angleterre d'après Cromwell, au tout début du XVIIIème siècle. La reine Anne règne sur le pays, entourée de ses lords aux privilèges immenses. de l'autre coté de l'échelle, le saltimbanque et philosophe Ursus recueille un soir d'hiver dans sa roulotte un garçon errant, tenant dans ses bras un bébé. le premier a été affreusement défiguré, affublé d'un sourire éternel ; la seconde est aveugle. Il les prénomme respectivement Gwynplaine et Déa, et décide de les élever comme ses enfants. Mais des années plus tard, alors que les deux jeunes gens sont tombés amoureux, la vérité va finir par les rattraper, et le monde des lords va rencontrer celui des saltimbanques…
On est ici dans un roman revendicatif, où Hugo dénonce cette aristocratie écrasante qui se soucie bien peu du malheur des autres. le propos est bien illustré avec le personnage de Gwynplaine, pauvre devenu lord par la magie d'une bouteille à la mer. le problème, c'est que c'est beaucoup beaucoup trop long : Hugo se perd dans des disgressions bien peu intéressantes (plusieurs pages sur le nommage des éléments d'un bateau, les propriétés de tous les pairs d'Angleterre, …), et cela fait perdre au propos beaucoup de sa valeur. On s'ennuie ! Comme je l'ai dit il y a cependant des passages sublimes, qui pour le coup m'ont permis de tenir, mais qui malheureusement ne font pas tout le livre. Bref, pas top.
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Ce brave Victor Hugo est un écrivain prolixe, chef de fil du mouvement romantique au XVIIIième siècle. Il m'a souvent habitué à de somptueuses découvertes littéraires, notamment grâce à quelques-uns de ses poèmes publiés dans son recueil Les contemplations, que j'ai eu à étudier en cours, ou même avec le récit des Misérables que j'ai lu en version abrégé il y a peu de temps de celà. Mais là est le couac : je n'avais jamais lu un ouvrage de cet auteur dans son intégralité. Avant de débuter réellement ma chronique et de développer mon ressenti sur ce roman, je tiens à souligner le fait que je ne remette aucunement en cause les talents d'écriture de l'auteur, déjà maintes et maintes fois prouvés.

Pour commencer, le volume particulièrement épais du livre ne fait aucun doute quant au développement descriptif de l'histoire comptée. Comme je l'avais prédis, des pages entières sont consacrées aux explications de petits détails souvent insignifiants. Ces mêmes descriptifs sont souvent conçus d'une manière recherchée mais écrits dans un langage que des personnes normalement constituées, vivants au XXIième siècle ne peuvent point comprendre dans son entièreté. Ainsi, Victor Hugo étale des dizaines et des dizaines de pages explicatives, que j'ai lu d'un oeil absent, l'esprit ailleurs.

Pourtant, la première partie du roman commençait parfaitement bien. En reprenant les éléments phares qui font le succès de tous ses récits, l'auteur arrivait à me captiver, lisant avec avidité les mots tracés sur le papier. L'action tant aimée dans Les misérables se réverbérait dans le naufrage de l'ourque, la foule vivante des barricades du roman précédemment cité se voyait ici-même dans le rassemblement de la Green-Box...

Se voulant au plus près du lecteur, Victor Hugo crée à chaque fois, des personnages plus vrais que nature. Même si aux premiers abords, l'homme à la bouche surdimensionée ne fait état que de fiction, l'auteur arrive à nous prouver le contraire et l'ancre parfaitement dans le déroulement de la vie terrestre. C'est la particularité de cet homme, qui arrive à passer de la véracité de faits - comme la construction de barricades, les manifestations de foules constatées dans Les misérables -, à des faits totalement inventés, telle que la découverte d'un enfant errant, défiguré, qui deviendra saltimbanque avant de découvrir qu'il est riche, et hautement estimé dans l'aristocratie.

Les longueurs ont eues raison de ma patience, qui s'est essouflée au fil des pages. Alors même qu'il ne restait qu'une cinquantaine de pages avant le dénouement final, je n'ai plus tenu le coup, et j'ai abandonnée ma lecture. Ces quelques pages sautées n'enlèvent rien à ma compréhension de l'histoire.

Une nouvelle fois, Victor Hugo fait preuve d'une moralité sans pareil. Ne pas se fier des apparences doit devenir monnaie courante. Personne ne sait jamais ce que peut cacher un visage.

Outre les longueurs qui ont finies par m'essoufler, l'histoire en elle-même est assez plaisante à découvrir. Je ne pense pas relire un jour ce livre, mais je me laisserai bien tenter par son adaptation cinématographique. A voir...
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Une découverte, par le truchement du film sorti cette semaine ...
Adapter un classique de la littérature française est toujours une gageure. S'attaquer à Victor Hugo en est une autre, plus casse-gueule encore. Jean-Pierre Améris n'a pas eu cette crainte. Il faut dire que cette oeuvre éminemment politique de notre écrivain national ne figure pas parmi ses plus célèbres. Beaucoup de nos contemporains découvriront, comme moi, l'histoire de Gwynplaine, l'Homme qui rit.
Un paradoxe en tous cas : au moment où certains fustigent Gérard Depardieu et le traitent de minable parce qu'il refuse de laisser payer à ses enfants des droits de succession qu'il considère comme confiscatoires, le voilà qui incarne pour nous un rôle magnifique - celui d'Ursus - fait de pauvreté flamboyante, de sagesse, de bonté et de générosité infinies, plein de sensibilité et tout en nuances.
Car il faut dire que ce film parfaitement décalé, qui tient de « La Belle et la Bête », version Cocteau et de « Peau d'Âne » de Jacques Demy, trouvera sans doute difficilement son public, malgré ses décors somptueux, et une interprétation exemplaire.
Mais l'histoire est tellement marquée au coin des romans philosophiques du XIXème siècle (et/ou des feuilletons si populaires à cette époque fastueuse de l'art français de l'écriture) qu'il est difficile de l'imaginer aujourd'hui : un mélo baroque hyper romantique, onirique, philosophique, très politique et à la fin dramatique puisque les deux jeunes héros se retrouvent dans une mort prématurée.
L'histoire est tout à fait emblématique des drames à la Verdi de l'époque : un enfant enlevé par une troupe de trafiquants, défiguré pour être montré dans un cirque, qui sauve une petite fille aveugle dont il tombe amoureux, puis retrouve son identité de haute noblesse, mais qui renonce au monde de l'argent, du pouvoir et des plaisirs faciles pour retourner à sa condition de bateleur, mais trop tard pour sauver son amour d'enfant. Cependant, entre-temps, il cède à la tentation du pouvoir et de la célébrité.
En fait une attaque en règle du pouvoir monarchique aveugle et de l'ignorance totale des classes dirigeantes pour la misère du peuple. Un discours fondamental de Victor Hugo qui conçoit une trilogie dont cette première partie est consacrée à l'aristocratie, la deuxième à la monarchie et la troisième à la Révolution (Quatre-vingt-Treize).
Victor Hugo a commencé la rédaction de son ouvrage le 21 juillet 1866, à Bruxelles et le termine deux ans plus tard, le 23 août 1868 toujours à Bruxelles. Mais c'est en exil à Guernesey qu'il en a rédigé la plus grande partie. Un livre qui influencera bien des écrivains (Le Dahlia Noir de James Ellroy) et, plus près de nous des cinéastes de talent (comme le personnage de Joker de Batman, incarné superbement par Jack Nicholson…). Un classique à redécouvrir ....comme quoi, la culture passe bien souvent par le cinéma populaire !

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Avant dernier roman de Hugo , l'Homme qui rit , encore d'avantage que les Travailleurs de la Mer s'attache à composer son récit de digressions descriptives , ici une généalogie et une description de l'aristocratie britannique et de son cadre géopolitique , mais au-delà du tourbillon d'érudition parfois artificiel ,dans lequel le lecteur harassé se trouve emporté, submergé, la place conséquente qu'occupe dans le livre ce vertigineux travail de documentation, n'a plus rien à voir avec un quelconque pas de coté , mais la succession et l'enchevêtrement fiévreux des faits et privilèges d'un milieu marqué du sceau de l'opulence, ne fait qu'exhausser d'avantage la précarité, le dénuement des personnages qui sont le centre de gravité de ce roman, qui comme en un écho évident aux Misérables , met en scène la souffrance d'enfants abandonnées recueilli par un juste aux manières bourrues. Les plus belles pages sont bien entendues celles-ci , celles ou le lyrisme hugolien parois emphatique fait passer son souffle puissant pour mieux nous saisir comme aucun autre, de la souffrance et de la détresse des pauvres gens et du sentiment de révolte et d'indignation chevillé au corps de l'homme qui plus tard militera ardemment pour l'amnistie des communards.
Pour ce qui est de la figure de Gwynplaine – l'Homme qui rit , figure au sens propre comme au sens figuré justement, difficile de ne pas voir dans ce bateleur au sourire éternel qui a pour origine une mutilation , comme l'écho sardonique et rageur d'une déchéance ,renvoyée à ceux la même qui ont tenté par ce moyen d' invisibiliser ses origines , et au delà , la grimace sarcastique et désespérée adressé à une classe par une autre
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Il me peine de dire tant de mal d'un des ouvrages de ce grand homme qu'est Hugo.
Le roman m'a moins plu que ce que je pensais alors que ses toutes premières pages m'avaient fortement attrayée.
Ce n'est pas tant un problème de style mais plutôt de rythme.
L'auteur nous afflige de descriptions interminables d'abord sur le froid - on a compris glaglagla - puis sur l histoire de la royauté anglaise - à peine utile.
Le lecteur ne retrouve les 2 protagonistes principaux qu'à la page 350, du jamais vu.
Je regrette ensuite la fin que j'ai trouvé inutilement tragique étant donné le ton déjà trop morne du récit mais j aurais dû me douter que Hugo n'était jamais favorable aux fins heureuses. .

Sinon, le personnage principal et sa tragédie m'ont plue, tout comme sa relation avec Dea. La révélation concernant ses origines a apporté une certaine vitalité à ce récit à son moment le plus plat.

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Ce roman de Victor Hugo se mérite, mais est sans doute inégal. Je le confesse, j'ai trouvé certains passages assez longs, voire éprouvants, notamment avec une des caractéristiques du style d'écriture de Hugo de faire des listes de noms propres ou de noms communs. Mais n'ayant pas son érudition immense, je me suis ennuyée par moment ne comprenant pas toutes les références et n'ayant pas toujours envie de lire toutes les notes.
Cependant, certains passages sont marquants et magnifiquement écrits, notamment le début sur les mutilations d'enfants. Hugo reprend à nouveau une réflexion présente dans presque toutes ses oeuvres, une réflexion sur la monstruosité et la beauté, l'amour et l'humanité. Déréa et Gwynplaine illustrent l'alliance du sublime et du grotesque, du tragique et du burlesque, leur infirmité respective les faisant devenir des anges.
Il faudrait que je le relise, je suis forcément passée à côté de certains passage.
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