J'ai lu dans la préface, que
Richard Hugo était très influencé par les auteurs "classiques" du roman noir américain.
Influencée par la préface, je n'ai pu que constater que ce roman, écrit en 1980, le seul que
Richard Hugo ait pu écrire, possédait tous les codes du roman noir. Pour cette "brillante" analyse, j'ai aussi été aidée par ma récente relecture de
Adieu ma jolie de
Raymond Chandler.
De plus, l'action navigue entre Plains (Montana) et Portland (Oregon). La seule évocation des lacs et rivières de l'ouest du Montana et de leurs truites immortalisées par
Norman MacLean, des ponts sur la Willamette river et de l'avenue Burnside suffit à me dépayser. Il m'en faut peu.
Quand, en plus, al Barnes déterre un vieux mystère non résolu et commence à fouiner dans les souvenirs soigneusement enterrés des vieux copains de Tingley, le directeur de la scierie sauvagement assassiné entre deux piles de troncs, je me suis dit que ce roman avait tout pour me faire passer un bon moment de lecture.
On en pardonne le style parfois maladroit (est-ce la traduction ? c'est possible) et on savoure les clichés caractéristiques du roman noir (il y a forcément une séductrice un peu timbrée, une femme sublime follement éprise du héros et jalouse, un héros cabossé par la vie, des traîtres qui cachent bien leur jeu, un salopard, beaucoup d'alcool, des répliques cinglantes mais amusantes et de solides amis qui rattrapent les situations pourries). Il sont d'autant plus appréciables que
Richard Hugo les intègre dans un cadre rénové. le roman ne se situe pas dans une grande ville, on y respire le grand air, voire l'air marin et le héros n'est pas un privé ex-flic et revenu de tout : Barnes-la-tendresse est un policier peu coriace et poète dans l'âme, dont il ne faut pas sous-estimer les compétences d'enquêteur.
J'ai bien passé un bon moment, comme prévu.