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Gabrielle Chamarat (Éditeur scientifique)
EAN : 9782266083072
634 pages
Pocket (08/05/1998)
  Existe en édition audio
4.17/5   1664 notes
Résumé :
À cinquante-quatre ans, il est exilé sur l'île anglo-normande de Guernesey après son opposition à Napoléon III, et est brisé par la mort accidentelle de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine. Il met à profit cette période de repli sur lui-même pour réunir ses poèmes dans lequel il est tour à tour, lyrique, sentimental, satirique, visionnaire.
L'ouvrage se compose de six livres et de 158 poèmes.

Il est des œuvres qui sont le reflet d’une vie,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (106) Voir plus Ajouter une critique
4,17

sur 1664 notes
Quel sublime et tendre recueil que Les Contemplations.
On découvre un Victor Hugo meurtri, qui se réfugie dans la nostalgie et le lyrisme. Dans des poèmes souvent mélancoliques, il sublime aussi bien l'amour et la nature que le souvenir douloureux mais rêveur de sa fille disparue.
Si Hugo peut paraître antipathique dans son égocentrisme permanent, il nous dévoile ici une faille et sait nous subjuguer dans ses contemplations.

Je vous fait partager un extrait du premier poème du livre premier, "À ma fille", que je trouve particulièrement beau:

"Ce peu de chose est ce que, pour sa part,
Dans l'univers chacun cherche et désire :
Un mot, un nom, un peu d'or, un regard,
Un sourire !

La gaîté manque au grand roi sans amours ;
La goutte d'eau manque au désert immense.
L'homme est un puits où le vide toujours
Recommence.

[...]

Le ciel, qui sait nos maux et nos douleurs,
Prend en pitié nos jours vains et sonores.
Chaque matin, il baigne de ses pleurs
Nos aurores.

Dieu nous éclaire, à chacun de nos pas,
Sur ce qu'il est et sur ce que nous sommes ;
Une loi sort des choses d'ici-bas,
Et des hommes.

Cette loi sainte, il faut s'y conformer,
Et la voici, toute âme y peut atteindre :
Ne rien haïr, mon enfant ; tout aimer,
Ou tout plaindre !"
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Et j'ai pleuré, pleuré-hé !
Victor,
Comme c'est beau !
C'est la première fois que je suis vraiment sensible à la poésie ; c'est la première fois qu'un texte me fait pleurer !
Sur les cent poésies des Contemplations, outre les prémisses de Cosette dans " Melancholia", et peut-être un peu Jean Valjean dans "Le maître d'études", la majorité des lignes se rapporte à sa fille Léopoldine, le véritable amour de sa vie, noyée dans la Seine le 4 septembre 1843 à 19 ans.
Quid de ses autres enfants, d'Adèle Foucher, la mère, alors que plusieurs poèmes se rapportent à une mère mourant devant ses enfants, .. et même un seul poème évoque Juliette Drouet, sa maîtresse.
.
C'est beau, c'est émouvant, c'est romantique, les âmes des corps abandonnés aux flots se parlent, sous l'eau, puis se transforment en étoiles célestes.
Déjà, Victor, dont la complicité fut grande avec elle, a mis cinq ans à abandonner Léopoldine à Charles. Alors, après 1843, il a mis trois ans à revenir sur le lieu du drame ( j'ai habité la belle ville de Caudebec, à côté de Villequier ), ensuite, jusqu'en 1854, et peut-être plus tard, il se pose des questions sur la mort de sa fille, et, comme Jésus sur la croix, "Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?", il pose à Dieu plusieurs fois la question :
.
Pour la faire mourir, pourquoi l'avoir fait naître ?
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Si Baudelaire peut être comparé à une panthère ou un chat, Hugo évoque pour moi un taureau. Son style est de la plus certaine vitalité, gonflé par une verve qui l'emporte dans d'immenses élans d'enthousiasme. Il y entraîne volontiers le lecteur. En le lisant, ma poitrine se dilate, il me transmet cette énergie, des aspirations à la conquête, il enchante tout un univers par son lyrisme vigoureux.

Alors que Baudelaire calibre ses vers et ses tournures avec la patience et l'application d'un joaillier, Hugo fonce vaillamment, presque témérairement, la plume en avant comme un étendard, bouscule tout sur son passage et répand à profusion un discours turgescent. Hugo est pareil à un prophète. Ses poèmes semblent résonner dans les grandes vallées bibliques. Son discours est comme mû par la sagacité solennelle d'un porteur de flambeau éclairant l'humanité. Son regard flamboie, son front se crispe, sa voix tonne ; des millions d'ardeurs bouillonnent dans son sein.

Dans beaucoup de ses poèmes, il semble haranguer des troupes pour les mener au combat. Il s'adresse aux éléments, à Dieu, aux animaux. C'est comme si l'univers n'était pas assez vaste pour une telle débauche d'énergie. Il veut le dilater plus encore. Il veut tout consigner, qu'aucune pensée n'échappe à sa plume.

Et cependant les mêmes rimes reviennent souvent et on peut se dire qu'il tourne quelque peu en rond. Ce qui l'anime, c'est avant tout le souffle. Il faut qu'il reste en mouvement. Alors il s'évertue, s'échine pour ne pas se laisser abattre. Car les éléments sont contre lui. le sort lui a enlevé sa fille adorée. Il a quitté son pays. À Guernesey, il a dû beaucoup tourner en rond à regarder les voiles des navires et les étoiles au point de les associer presque immanquablement en rimes, mais il le faisait déjà dans le recueil Les voix intérieures.

Obsédé et possédé par le contraste entre lumières et ténèbres, il voyait des monstres, il voyait des morts, il voyait des choses abominables, il voyait des choses grandioses, et cela dans une démesure toute baroque.

Les contemplations est un recueil distendu, plein de répétitions, enflé d'élans puissants, sonores et cependant assez creux. Il est comme une succession ininterrompue de vagues déferlant sur la grève. C'est son plus célèbre recueil de poésie : une tentative de conjuration du désespoir et un assagissement de l'âme tourmentée. C'est un monument en grande part élevé à la mémoire de Léopoldine et c'est pour cela qu'il m'évoque un mausolée littéraire.
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Ah ! Lire ou relire Les Contemplations du maître Hugo !
Qu'on s'y plonge d'une traite de la première à la dernière page, ou qu'on picore ici ou là un poème, le plaisir est immense.
Les mots d'Hugo, les vers d'Hugo, chantent l'amour, la femme, les enfants, la famille, la nature... Ils pleurent l'exil, l'injustice, la misère, et la mort bien sûr, celle de sa fille notamment...
J'ai été particulièrement touché par le Livre quatrième, Pauca meae (Un peu à la mienne), consacré à sa fille Léopoldine décédée avec son époux en 1843, avec le célébrissime :
"Demain dès l'aube, à l'heure ou blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends."

Mais aussi :
"Je vis cette faucheuse. Elle était dans son champ.
Elle allait à grand pas moissonnant et fauchant,
Noir squelette laissant passer le crépuscule."
(Mors)

Victor Hugo manie les vers à merveille. Il les enfile comme des perles, dans le respect des règles de la versification française, mais en gardant sa liberté : ne cherchons pas de sonnets, d'odes ou de rondeaux ; les vers s'enchainent selon l'inspiration du maître, en poèmes courts ou longs, selon le message qu'il veut faire passer.

Une merveille à lire ou relire !
Lien : http://michelgiraud.fr/2021/..
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Fin 90, études de Lettres Modernes, dans le métro. le tunnel défile, débouche sur des quais vitrés, repart. Agrippée à la barre au milieu des sueurs et dans le brouhaha toulousain, mes yeux plongés dans les pages brunes des Contemplations, mon âme sur une plage décharnée au bord d'un océan aux vagues profondes et grondantes, un ciel illimité où un pâle rayon lancinant se glisse entre deux épaisses couches de nuages et étend sur la terre une lumière incandescente.
Soudain Hugo, ce petit bonhomme délirant se dresse hors des pages, et avec une telle foi en son rôle de prophète, déclame:
Dormez! Dormez, brins d'herbe, et dormez, infinis!
Calmez-vous, forêts, chêne, érable, frêne, yeuse!
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l'océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l'apaisement insondable des morts!
Paix à l'obscurité, muette et redoutée!"
Hugo le prophète, Hugo le chef d'orchestre des rames de métro, que je hissais hors du bouquin et que cette foule du vingtième siècle n'intimidait pas!
O générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous!

Vous avez bien compris, ce recueil de poèmes à la démesure de Victor Hugo, qui ne retient qu'à peine en ses pages les tempêtes, les gouffres, les paroles de la Bouche d'Ombre et les élans passionnés du poète a bien failli m'emporter cette année-là!
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Citations et extraits (496) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin
De venir dans ma chambre un peu chaque matin;
Je l'attendais ainsi qu'un rayon qu'on espère;
Elle entrait, et disait: Bonjour, mon petit père ;
Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s'asseyait
Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait,
Puis soudain s'en allait comme un oiseau qui passe.
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Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
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XXV

[...]

A quoi bon vivre, étant l'ombre
De cet ange qui s'enfuit!
A quoi bon, sous le ciel sombre,
N'être plus que de la nuit ?

[...]

Tu m'entoures d'auréoles;
Te voir est mon seul souci.
Il suffit que tu t'envoles
Pour que je m'envole aussi.

[...]

Que ferai-je seul, farouche,
Sans toi, du jour et des cieux,
De mes baisers sans ta bouche,
Et de mes pleurs sans tes yeux!
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Les prières des morts aux baisers des vivants.
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(Cadaver) [Pour Hugo, il n'y a de mort qu'un passage vers une autre vie ...]

(...)

La chair se dit : — Je vais être terre, et germer,
Et fleurir comme sève, et, comme fleur, aimer !
Je vais me rajeunir dans la jeunesse énorme
Du buisson, de l’eau vive, et du chêne, et de l’orme,
Et me répandre aux lacs, aux flots, aux monts, aux prés,
Aux rochers, aux splendeurs des grands couchants pourprés,
Aux ravins, aux halliers, aux brises de la nue,
Aux murmures profonds de la vie inconnue !
Je vais être oiseau, vent, cri des eaux, bruit des cieux,
Et palpitation du tout prodigieux ! —

(...)
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