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Critique de vincentf


Lire Victor Hugo, même dans son oeuvre de jeunesse, c'est se confronter à une voix gigantesque, invoquant les éléments, soufflant la guerre de l'ombre et de la lumière, du minuscule et du gigantesque, des abîmes et du ciel, qui se renversent sans cesse, comme dans ces 'Soleils couchants', prélude certes encore timide (ce mot a-t-il un sens quand on parle du bavard par excellence qu'est Victor Hugo?) des 'Contemplations'.

Lire Victor Hugo, c'est éprouver la nostalgie d'une époque révolue où l'on pouvait parler, où l'on pouvait encore croire qu'une poésie pouvait ne pas être tout à fait inutile, que le poète pouvait toucher Dieu, prendre sa place, faire joujou avec les gouffres et les montagnes, que Dieu, bien sûr, avait élevées pour lui, pour l'homme de génie, pour le monstre d'orgueil qu'est le poète hugolien, confisquant le monde à Dieu pour le redonner aux hommes plus beau, parce que l'on pouvait encore croire qu'il suffisait de parler pour que les choses soit belles, parce que l'on pouvait encore croire en une harmonie, certes perdue, mais que le poète-prophète pouvait encore reconstituer, parfois, parce que Victor Hugo, c'est aussi la conscience profonde de la vanité de l'homme au sein de la nature, le désespoir jamais définitif, le risque constant pour le poète, à force de rester au bord de l'infini, de tomber dans la fosse à purin. Alors le front du poète, malgré les ailes qui semblent pousser dans son dos, retombe sur sa feuille remplie de vains traits de plume. Après le choc des éléments, la guerre cosmique, voilà la solitude, le pressentiment peut-être d'être le dernier poète touchant vraiment l'univers. le soleil couchant, après les envolées hugoliennes va redevenir pour le poète désillusionné la mélancolie, et les feuilles d'automne deviendront ces sanglots longs qui blessent mon coeur d'une langueur monotone. le poète ne changera rien à l'univers: Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête / Je passe, et, refroidi sous ce soleil / Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, / Sans que rien manque au monde immense et radieux
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