AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Notre-Dame de Paris tome 0 sur 3

Louis Chevalier (Préfacier, etc.)Samuel Silvestre de Sacy (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070422524
702 pages
Gallimard (27/02/2002)
  Existe en édition audio
4.2/5   6013 notes
Résumé :
1831.

Dans le Paris du XVe siècle, une jeune et superbe gitane appelée Esméralda danse sur le parvis de Notre Dame. Sa beauté bouleverse l’archidiacre de Notre-Dame, Claude Frollo, qui tente de l'enlever avec l'aide de son sonneur de cloches, le malformé Quasimodo. Esmeralda est sauvée par une escouade d’archers, commandée par le capitaine de la garde Phoebus de Châteaupers...
Que lire après Notre-Dame de ParisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (331) Voir plus Ajouter une critique
4,2

sur 6013 notes
On peut reconnaître toutes les qualités ou tous les défauts qu’on voudra à ce roman, force est de constater que peu sont ceux qui peuvent se targuer d’avoir contribué aussi décisivement à la préservation d’un patrimoine que l’on dit, désormais, mondial. Aujourd’hui, j’ai décidé de ne pas trop vous parler du roman (un certain nombre d’entre-nous s’en sont déjà chargés admirablement), mais plutôt de son impact culturel actuel.

Outre le fait qu’il s’agissait d’une des premières fois où un monument tenait autant lieu de véritable personnage principal d’une œuvre de fiction (Zola par la suite s'inspirera beaucoup de la méthode pour bâtir son roman Le Ventre De Paris, en y faisant même, à un passage, clairement référence), on peut affirmer qu’il a marqué le retour en grâce du monument dont il est question dans le cœur des Parisiens.

À telle enseigne que cette cathédrale, croulante, misérable, en fin de vie, expirante, lourde, massive, poussive, telle qu’on peut la deviner sur le daguerréotype de 1840, dont le principal espoir d’avenir était une destruction en bonne et due forme, à telle enseigne, disais-je, que les autorités, suite au succès du roman, ont reconsidéré la question, et finalement entrepris la fantastique restauration menée à bien par le très controversé (mais à sa façon génial) Eugène Viollet-le-Duc.

Les principales contributions (il y en a d’autres) de cet architecte à l’édifice est l’adjonction de la fameuse flèche qui est maintenant si « typique » de Notre-Dame ainsi que des non moins célèbres chimères qui s’étalent sur toutes les cartes postales. Encore un lien entre littérature et patrimoine, vous savez sûrement que si Viollet-le-Duc a été mandaté pour cette rénovation, c’est avant tout parce qu’il était l’ami d’enfance de Prosper Mérimée, lequel était en charge à l’époque, des monuments historiques.

J’ajouterai encore que, face au succès de la restauration de Notre-Dame de Paris, il a été entrepris, sous l’impulsion de Viollet-le-Duc mais réalisée par ses deux élèves Paul Gout et Édouard Corroyer, une autre non moins fameuse restauration et adjonction de flèche, à savoir celle de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel. On a du mal à se figurer désormais le Mont sans cette fameuse flèche, or, elle est extrêmement récente.

Imaginez, donc, Notre-Dame sans sa flèche ni ses chimères, imaginez même qu’elle pourrait ne plus du tout exister, imaginez le Mont-Saint-Michel sans sa flèche, et imaginez que tout cela, tout ce patrimoine si emblématique de la France, nous le devons incontestablement à l’impulsion décisive qu’a constitué ce roman de Hugo.

À tous les amateurs d’histoire de l’art, et je sais qu’ils sont nombreux sur Babelio, sachez que nous lui devons tout cela, et que, rien que pour ce détail, ce roman a un immense mérite. Il y en a bien d’autres, car cette fiction historique se lit avec grand plaisir.

Bien évidemment, on peut reprocher, de temps en temps à notre Victor national de faire un peu trop grincer les violons ou d’en faire un peu trop, mais, dans l’ensemble, il sait toujours se tenir sur la délicate ligne de crêtes tendue entre grandiloquence et kitsch, entre poésie et too much, même si, dans cet exercice de funambule au long cours, il pose de temps en temps le pied sur l’un ou l’autre terrain. Mais malgré tous ces " mais ", j'arrive encore à beaucoup aimer ce roman et je ne m'en cache pas.

Et pour conclure, je dirais que, par l’écriture de ce livre, Victor Hugo a réussi la prouesse de métamorphoser, de transfigurer la cathédrale Notre-Dame de Quasimodo qu’elle était en Esmeralda qu’elle est devenue. Et rien que pour cela, chapeau l’artiste et merci.

Vous noterez que ceci est la vision éminemment partiale d’une amoureuse du patrimoine, avec toutes les déformations de regard que la partialité entraîne, c’est-à-dire, bien peu de chose, un pet de chimère, ou une chiure de pigeon sur le crâne chauve de la statue de Viollet-le-Duc de la flèche de Notre-Dame de Paris.
Commenter  J’apprécie          23716
Bien avant "Intouchables" et autre "de Rouille et d'Os", M. Victor Hugo a pris le parti de choisir des êtres disgraciés, rejetés, bannis de la société, pour en faire des héros.
Rien de plus sulfureux que cette immense cathédrale, son parvis où grouille la misère, son prêtre halluciné par le désir, son gnome habité par la grâce, sa princesse en haillons, ses murs de forteresse qui ne protègent ni du vice ni de la mort. Les démons et les anges s'y affrontent, indifférents aux souffrances humaines, combattants éternels dont les âmes sont l'enjeu.
Commenter  J’apprécie          1644
L'accablante vision de Notre-Dame en flammes !... Voilà que surgit le regret du Parisien, passé fréquemment à proximité sans avoir jamais le temps de s'arrêter, s'étant promis de venir très vite pour une visite complète, après si longtemps… Paroles !… Maintenant, il va falloir attendre… Et ne plus remettre à plus tard une autre résolution : lire le roman éponyme de Victor Hugo.

Comme beaucoup, j'en connaissais l'histoire grâce à la comédie musicale, mais je n'avais jamais lu que des extraits du texte d'origine… quand j'étais lycéen. Une faille désormais rectifiée. Notre-Dame de Paris est un ouvrage littéraire et historique d'une grande richesse, propre à satisfaire les goûts de plusieurs catégories de lecteurs. Il y a tellement à en dire que je me demande par quoi commencer.

Actualité oblige, priorité à l'hymne à la grande cathédrale parisienne et à son parvis, tous deux au coeur de l'intrigue et de l'action. L'auteur nous dévoile Notre-Dame sous toutes ses coutures : sculptures des façades, arcs-boutants latéraux, colonnes de la nef, ogives du choeur, galeries des étages, escaliers des tours. Sans omettre les petits locaux secrets, voués dans le roman, à de sombres et sinistres fins.

Victor Hugo évoque, non sans esprit critique, la transformation des lieux entre 1482, l'année de la fiction imaginée, et 1830, l'année de son écriture. Il juge sévèrement les aménagements apportés par des architectes enfermés dans les tendances de leur temps. Il considère d'ailleurs que depuis l'invention de l'imprimerie, il n'y a plus d'architecture qui vaille : le Livre a remplacé la Pierre, écrit-il. Une théorie originale à défaut d'être convaincante. Hugo n'avait pas anticipé le talent de plume des architectes d'aujourd'hui, si l'on en juge par tous ceux qui, depuis l'incendie, viennent expliquer ce qu'il convient de faire, chacun considérant bien entendu sa façon de voir comme la seule pertinente.

Intéressant, le chapitre titré Paris à vol d'oiseau, qui explicite depuis le haut des tours l'évolution de la capitale et de ses quartiers au cours des siècles. Victor Hugo livre aussi une leçon d'histoire de France dans un chapitre sur Louis XI. En dépit de sa triste figure, ce roi de France est le premier à imposer son autorité aux grands seigneurs féodaux du royaume, amorçant une centralisation des pouvoirs qui aboutira deux siècles plus tard à la monarchie absolue de Louis XIV.

Le traitement romanesque emprunte les caractéristiques du drame romantique, un genre littéraire créé par Victor Hugo, inspiré par Shakespeare. L'action prend place dans un Moyen-Age à la fois historique et fantasmatique, avec son merveilleux, ses légendes, ses superstitions, ses violences, ses monstruosités. Certains passages sont d'une actualité étonnante : rumeurs d'enlèvement d'enfants par des bohémiens, prêtre tourmenté par la tentation du péché de chair. D'autres péripéties sont à la limite du surnaturel.

Les personnages pourraient être issus de contes féeriques. Pour enchanter les enfants et les bonnes gens : Esmeralda, la petite bohémienne, innocente et jolie comme un ange. Pour leur servir de contre-modèle : Phoebus, le bel officier blasphémateur et inconstant. Pour les effrayer : l'archidiacre Claude Frollo, un psychopathe pervers en proie au démon du désir. Enfin, pour leur montrer qu'il ne faut pas se fier aux apparences : Quasimodo, au physique si repoussant qu'on le croit méchant, alors que son coeur se révèle finalement pur. Affublés de traits de caractère presque caricaturaux, tous ces personnages vont au bout de leur destin, implacable.

Comme si toutes ses disgrâces ne suffisaient pas, le pauvre Quasimodo est aussi complètement sourd. Cela permet à l'auteur de multiplier malentendus et quiproquos pour enrichir l'intrigue de nombreux coups de théâtre. Cela vaut aussi quelques scènes savoureuses de drôlerie, comme le procès de Quasimodo et son interrogatoire par un juge presqu'aussi sourd que lui.

Victor Hugo emploie un ton volontairement badin, dont l'ironie est relevée par l'emploi fréquent de mots disparus, de citations latines et de sentences religieuses. Cela ne perturbe pas la lecture, très fluide. En revanche, lorsqu'il en vient à décrire les joies, les tourments ou les états d'âme des personnages, l'auteur se laisse emporter par sa volubilité. Son écriture devient alors prolixe, presque inutilement redondante.

A l'exception de ces passages, les cinq cent cinquante pages de Notre-Dame de Paris sont agréables à lire, distrayantes, instructives, parfois émouvantes. Bien que connaissant le dénouement, j'ai été sensible aux incertitudes et aux rebondissements des intrigues.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          926
Amateurs exclusifs de livres remplis de dialogues, et redoutant les descriptions, passez votre chemin. A moins que le talent de Victor Hugo ne vous convertisse. Car bien plus qu'une histoire, certes très belle d'amours contrariés, c'est un répertoire complet sur l'histoire et la géographie de Paris au XVème siècle. Ainsi l'assertion « Ceci tuera cela » prononcée par Claude Frollo est largement connue, mais elle n'est que l'introduction d'une longue digression de Victor Hugo, sur le sens de l'architecture et sa mort remplacée par l'imprimerie, et peut être aussi celle du christianisme, face à la connaissance.
Je ne sais si un spécialiste de la fin du Moyen Age serait parfaitement d'accord avec cette recréation d'un univers déjà révolu depuis quatre siècles lorsque Hugo l'écrivit, mais elle envoûte.
Mais si Paris et en particulier Notre Dame sont des personnages à part entière, il n'en existe pas moins d'autres de chair et de sang, pas faciles à oublier : la recluse, Pierre Gringoire le poète, figure historique, Claude Frollo le prêtre qui découvre avec l'existence d'Esmeralda, celle de la vie des sens, Esmeralda elle-même et sa chèvre Djali, et le si touchant Quasimodo. Touchant sous la plume de l'écrivain, mais le serait-il si nous le rencontrions réellement parmi nos relations ?
Donc roman sur Paris et sa cathédrale, mais aussi roman d'amour, de différentes sortes d'amour. Avec un antagonisme entre l'amour de Quasimodo, qui est pure abnégation, celui de Frollo qui est possession, et faut-il évoquer celui charnel ou intéressé du très quelconque (moralement) Phoebus, sans parler de l'amour folie de la recluse pour sa fille disparue. Il y a bien encore quelques déclarations voire envolées assez lyriques de Victor Hugo sur l'amour maternel par exemple, mais noyée dans tant de virtuosité.
J'avais jusqu'alors ignoré l'humour de l'auteur, pourtant régulièrement présent, par exemple : « Deux de ces femmes étaient vêtues en bonnes bourgeoises de Paris. Leur fine gorgerette blanche, leur jupe de tiretaine rayée rouge et bleue, leurs chausses de tricot blanc, à coins brodés en couleur, bien tirées sur la jambe, leurs souliers carrés de cuir fauve à semelles noires et surtout leur coiffure, cette espèce de corne de clinquant surchargée de rubans et de dentelles que les champenoises portent encore, concurremment avec les grenadiers de la garde impériale russe,… »
Je pensais ne pas aimer les romans de Victor Hugo, tout en ayant une réelle admiration pour l'homme, ayant essayé deux fois la lecture de Quatre vingt treize et seulement des extraits des Misérables, mais je poursuivrais la découverte de ces oeuvres.

Commenter  J’apprécie          811
Un portrait de Paris à la fin du Moyen-Âge, de ses lieux et de ses hommes.
La place de la grève, où on y joue une drôle de justice ; la cour des miracles, qui rassemble tous les misérables ; la cathédrale, majestueuse et austère, où résident Quasimodo l'enfant trouvé et Claude Frollo, le prêtre fou.

Partout il n'y a que laideur, injustice et ignorance. Le roi, le juge, le soldat et le prêtre sont laids. Le peuple n'a pas d'autre choix que de croupir dans la saleté et de se soumettre. Quasimodo et Esméralda, deux êtres sans défenses, naïfs, ont le cœur pur. Quasimodo, mi-homme, mi-gargouille, qui n'est pas admis dans la cour des hommes, observe et ressent avec ses propres moyens, toute l'injustice et le désordre de ce monde. À sa façon, il équilibre le bien et le mal, en faisant chuter le mal diabolique, au moment où la pureté se balance au bout de la corde. Il fait triompher le bien sur le mal, pas dans la vie, mais dans la mort.

Un roman historique, fantastique et romantique. Des moments intenses qui nous révoltent. Une histoire, nichée dans les pages de l'Histoire, cruellement belle.
Commenter  J’apprécie          810

Citations et extraits (553) Voir plus Ajouter une citation
Qu’on se représente maintenant cette immense salle oblongue, éclairée de la clarté blafarde d’un jour de janvier, envahie par une foule bariolée et bruyante qui dérive le long des murs et tournoie autour des sept piliers, et l’on aura déjà une idée confuse de l’ensemble du tableau dont nous allons essayer d’indiquer plus précisément les curieux détails.

Il est certain que, si Ravaillac n’avait point assassiné Henri IV, il n’y aurait point eu de pièces du procès de Ravaillac déposées au greffe du Palais de Justice ; point de complices intéressés à faire disparaître lesdites pièces ; partant, point d’incendiaires obligés, faute de meilleur moyen, à brûler le greffe pour brûler les pièces, et à brûler le Palais de Justice pour brûler le greffe ; par conséquent enfin, point d’incendie de 1618. Le vieux Palais serait encore debout avec sa vieille grand’salle ; je pourrais dire au lecteur : Allez la voir ; et nous serions ainsi dispensés tous deux, moi d’en faire, lui d’en lire une description telle quelle. — Ce qui prouve cette vérité neuve : que les grands événements ont des suites incalculables.

Il est vrai qu’il serait fort possible d’abord que Ravaillac n’eût pas de complices, ensuite que ses complices, si par hasard il en avait, ne fussent pour rien dans l’incendie de 1618. Il en existe deux autres explications très plausibles. Premièrement, la grande étoile enflammée, large d’un pied, haute d’une coudée, qui tomba, comme chacun sait, du ciel sur le Palais, le 7 mars après minuit. Deuxièmement, le quatrain de Théophile :

Certes, ce fut un triste jeu
Quand à Paris dame Justice,
Pour avoir mangé trop d’épice,
Se mit tout le palais en feu.
Commenter  J’apprécie          10
Oh ! Je n'avais pas prévu la torture ! - Écoute. je t'ai suivie dans la chambre de douleur. Je t'ai vu déshabiller et manier demi-nue par les mains infâmes du tourmenteur. J'ai vu ton pied, ce pied où j'eusse voulu pour un empire poser un seul baiser et mourir, ce pied sous lequel je sentirais avec tant de délices s'écraser ma tête, je l'ai vu enserrer dans l'horrible brodequin qui fait des membres d'un être vivant une boue sanglante. Oh ! Misérable ! Pendant que je voyais cela, j'avais sous mon suaire un poignard dont je me labourais la poitrine. Au cri que tu as poussé, je l'ai enfoncé dans ma chair; à un second cri, il m'entrait dans le cœur ! Regarde ! Je crois que cela saigne encore. Il ouvrit sa soutane. Sa poitrine en effet était déchirée comme par une griffe de tigre, et il avait au flanc une plaie assez large et mal fermée. - Oh ! jeune fille, aie pitié de moi ! Tu te crois malheureuse, hélas, hélas ! Tu ne sais pas ce que c'est que le malheur. Oh ! Aimer une femme ! Être prêtre ! Être haï ! L'aimer de toutes les fureurs de son âme, sentir qu'on donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommée, son salut, l'immortalité et l'éternité, cette vie et l'autre. Regretter de ne pas être roi, génie, empereur, archange, Dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds; l'étreindre nuit et jour de ses rêves et de ses pensées ; et la voir amoureuse d'une livrée de soldat ! Et n'avoir à lui offrir qu'une sale soutane de prêtre dont elle aura peur et dégoût ! Être présent, avec sa jalousie et sa rage, tandis qu'elle prodigue à un misérable fanfaron imbécile des trésors d'amour et de beauté ! Voir ce corps dont la forme vous brûle, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers d'un autre ! Ô ciel ! Aimer son pied, son bras, son épaule, songer à ses veines bleues, à sa peau brune, jusqu'à s'en tordre des nuits entières sur le pavé de sa cellule, et voir toutes les caresses qu'on a rêvées pour elle aboutir à la torture ! N'avoir réussi qu'à la coucher sur un lit de cuir ! Oh ! Ce sont là les véritables tenailles rougies au fer de l'enfer ! Oh ! Bienheureux celui qu'on scie entre deux planches, et qu'on écartèle à quatre chevaux ! - Sais-tu ce que c'est que ce supplice que vous font subir, durant de longues nuits, vos artères qui bouillonnent, votre cœur qui crève, votre tête qui rompt, vos dents qui mordent vos mains; tourmenteurs acharnés qui vous retournent sans relâche, comme sur un gril ardent, sur une pensée d'amour, de jalousie et de désespoir ! Jeune fille, grâce ! Trêve un moment ! Un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je t'en conjure, la sueur qui ruisselle à grosses gouttes sur mon front ! Enfant ! Torture-moi d'une main, mais caresse-moi de l'autre ! Aie pitié, jeune fille ! Aie pitié de moi !

IV. Lasciate ogni Speranza
Commenter  J’apprécie          00
Et, ouvrant la fenêtre de la cellule, il désigna du doigt l'immense église de Notre-Dame, qui, découpant sur un ciel étoilé la silhouette noire de ses deux tours, de ses côtés de pierre et de sa coupe monstrueuse, semblait un énorme sphinx à deux têtes assis au milieu de la ville.
Commenter  J’apprécie          00
Docteur je bafoue la science, gentilhomme je déchire mon nom. Prêtre je fais du missel un oreiller de luxure et je crache au visage de mon dieu. Tout cela pour toi enchanteresse, pour être plus digne de ton enfer. Et tu ne veux pas du damné ?
Commenter  J’apprécie          20
Oh ! dit le prêtre, jeune fille, aie pitié de moi ! Tu te crois malheureuse, hélas ! Hélas ! Tu ne sais pas ce que c'est que le malheur ! Oh ! aimer une femme ! être prêtre ! être haï ! L'aimer de toutes les fureurs de son âme, sentir qu'on donnerait pour le moindre de ses sourires son sang, ses entrailles, sa renommée, son salut, l'immortalité et l'éternité, cette vie et l'autre ; regretter de ne pas être roi, génie, empereur, archange, dieu, pour lui mettre un plus grand esclave sous les pieds ; l'étreindre nuit et jour de ses rêves et de ses pensées ; et la voir amoureuse d'une livrée de soldat ! et n'avoir à lui offrir qu'une sale soutane de prêtre dont elle aura peur et dégoût ! Etre présent, avec sa jalousie et sa rage, tandis qu'elle prodigue à un misérable fanfaron imbécile des trésors d'amour et de beauté ! Voir ce corps dont la forme vous brûle, ce sein qui a tant de douceur, cette chair palpiter et rougir sous les baisers d'un autre ! Ô ciel ! aimer son pied, son bras, son épaule, songer à ses veines bleues, à sa peau brune, jusqu'à s'en tordre des nuits entières sur le pavé de sa cellule, et voir toutes les caresses qu'on a rêvées pour elle aboutir à la torture ! N'avoir réussi qu'à la coucher sur le lit de cuir ! Oh ! Ce sont là les véritables tenailles de l'enfer ! Oh ! Bienheureux celui qu'on scie entre deux planches et qu'on écartèle à quatre chevaux ! - Sais-tu ce que c'est que ce supplice que vous font subir, durant les longues nuits, vos artères qui bouillonnent, votre coeur qui crève, votre tête qui rompt, vos dents qui mordent vos mains ; tourmenteurs acharnés qui vous retournent sans relâche, comme sur un gril ardent, sur une pensée d'amour, de jalousie et de désespoir ! Jeune fille, grâce ! trêve un moment ! un peu de cendre sur cette braise ! Essuie, je t'en conjure, la sueur qui ruisselle à grosses gouttes de mon front ! Enfant ! Torture-moi d'une main mais caresse moi de l'autre ! Aie pitié, jeune fille ! aie pitié de moi !
Commenter  J’apprécie          490

Videos de Victor Hugo (314) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Victor Hugo
Poésie - Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées - Victor HUGO
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus



Lecteurs (30250) Voir plus



Quiz Voir plus

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo

Comment se nomme l'auteur de la pièce de théâtre se jouant dans les premiers chapitres ?

Jehan
Gringoire
Vladimir
Barnabé

8 questions
287 lecteurs ont répondu
Thème : Notre-Dame de Paris de Victor HugoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..