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4,2

sur 6014 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'accablante vision de Notre-Dame en flammes !... Voilà que surgit le regret du Parisien, passé fréquemment à proximité sans avoir jamais le temps de s'arrêter, s'étant promis de venir très vite pour une visite complète, après si longtemps… Paroles !… Maintenant, il va falloir attendre… Et ne plus remettre à plus tard une autre résolution : lire le roman éponyme de Victor Hugo.

Comme beaucoup, j'en connaissais l'histoire grâce à la comédie musicale, mais je n'avais jamais lu que des extraits du texte d'origine… quand j'étais lycéen. Une faille désormais rectifiée. Notre-Dame de Paris est un ouvrage littéraire et historique d'une grande richesse, propre à satisfaire les goûts de plusieurs catégories de lecteurs. Il y a tellement à en dire que je me demande par quoi commencer.

Actualité oblige, priorité à l'hymne à la grande cathédrale parisienne et à son parvis, tous deux au coeur de l'intrigue et de l'action. L'auteur nous dévoile Notre-Dame sous toutes ses coutures : sculptures des façades, arcs-boutants latéraux, colonnes de la nef, ogives du choeur, galeries des étages, escaliers des tours. Sans omettre les petits locaux secrets, voués dans le roman, à de sombres et sinistres fins.

Victor Hugo évoque, non sans esprit critique, la transformation des lieux entre 1482, l'année de la fiction imaginée, et 1830, l'année de son écriture. Il juge sévèrement les aménagements apportés par des architectes enfermés dans les tendances de leur temps. Il considère d'ailleurs que depuis l'invention de l'imprimerie, il n'y a plus d'architecture qui vaille : le Livre a remplacé la Pierre, écrit-il. Une théorie originale à défaut d'être convaincante. Hugo n'avait pas anticipé le talent de plume des architectes d'aujourd'hui, si l'on en juge par tous ceux qui, depuis l'incendie, viennent expliquer ce qu'il convient de faire, chacun considérant bien entendu sa façon de voir comme la seule pertinente.

Intéressant, le chapitre titré Paris à vol d'oiseau, qui explicite depuis le haut des tours l'évolution de la capitale et de ses quartiers au cours des siècles. Victor Hugo livre aussi une leçon d'histoire de France dans un chapitre sur Louis XI. En dépit de sa triste figure, ce roi de France est le premier à imposer son autorité aux grands seigneurs féodaux du royaume, amorçant une centralisation des pouvoirs qui aboutira deux siècles plus tard à la monarchie absolue de Louis XIV.

Le traitement romanesque emprunte les caractéristiques du drame romantique, un genre littéraire créé par Victor Hugo, inspiré par Shakespeare. L'action prend place dans un Moyen-Age à la fois historique et fantasmatique, avec son merveilleux, ses légendes, ses superstitions, ses violences, ses monstruosités. Certains passages sont d'une actualité étonnante : rumeurs d'enlèvement d'enfants par des bohémiens, prêtre tourmenté par la tentation du péché de chair. D'autres péripéties sont à la limite du surnaturel.

Les personnages pourraient être issus de contes féeriques. Pour enchanter les enfants et les bonnes gens : Esmeralda, la petite bohémienne, innocente et jolie comme un ange. Pour leur servir de contre-modèle : Phoebus, le bel officier blasphémateur et inconstant. Pour les effrayer : l'archidiacre Claude Frollo, un psychopathe pervers en proie au démon du désir. Enfin, pour leur montrer qu'il ne faut pas se fier aux apparences : Quasimodo, au physique si repoussant qu'on le croit méchant, alors que son coeur se révèle finalement pur. Affublés de traits de caractère presque caricaturaux, tous ces personnages vont au bout de leur destin, implacable.

Comme si toutes ses disgrâces ne suffisaient pas, le pauvre Quasimodo est aussi complètement sourd. Cela permet à l'auteur de multiplier malentendus et quiproquos pour enrichir l'intrigue de nombreux coups de théâtre. Cela vaut aussi quelques scènes savoureuses de drôlerie, comme le procès de Quasimodo et son interrogatoire par un juge presqu'aussi sourd que lui.

Victor Hugo emploie un ton volontairement badin, dont l'ironie est relevée par l'emploi fréquent de mots disparus, de citations latines et de sentences religieuses. Cela ne perturbe pas la lecture, très fluide. En revanche, lorsqu'il en vient à décrire les joies, les tourments ou les états d'âme des personnages, l'auteur se laisse emporter par sa volubilité. Son écriture devient alors prolixe, presque inutilement redondante.

A l'exception de ces passages, les cinq cent cinquante pages de Notre-Dame de Paris sont agréables à lire, distrayantes, instructives, parfois émouvantes. Bien que connaissant le dénouement, j'ai été sensible aux incertitudes et aux rebondissements des intrigues.

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Un portrait de Paris à la fin du Moyen-Âge, de ses lieux et de ses hommes.
La place de la grève, où on y joue une drôle de justice ; la cour des miracles, qui rassemble tous les misérables ; la cathédrale, majestueuse et austère, où résident Quasimodo l'enfant trouvé et Claude Frollo, le prêtre fou.

Partout il n'y a que laideur, injustice et ignorance. Le roi, le juge, le soldat et le prêtre sont laids. Le peuple n'a pas d'autre choix que de croupir dans la saleté et de se soumettre. Quasimodo et Esméralda, deux êtres sans défenses, naïfs, ont le cœur pur. Quasimodo, mi-homme, mi-gargouille, qui n'est pas admis dans la cour des hommes, observe et ressent avec ses propres moyens, toute l'injustice et le désordre de ce monde. À sa façon, il équilibre le bien et le mal, en faisant chuter le mal diabolique, au moment où la pureté se balance au bout de la corde. Il fait triompher le bien sur le mal, pas dans la vie, mais dans la mort.

Un roman historique, fantastique et romantique. Des moments intenses qui nous révoltent. Une histoire, nichée dans les pages de l'Histoire, cruellement belle.
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Je vous épargne le synopsis ; vous le connaissez sûrement et, dans le cas contraire, je ne peux que vous inciter à le découvrir en lisant le roman sans le "spoiler".

Drame digne de Shakespeare, "Notre-Dame de Paris" donne à la passion et à la folie qui en découle quelques unes de ses plus belles lettres de noblesse. A travers les personnage d'Esméralda, de Quasimodo et de Frollo, Victor Hugo nous donne non seulement une émouvante leçon d'humanité mais également un bel exemple de maîtrise stylistique.

L'action est bien rythmée et gagne irrésistiblement en intensité, même si le lecteur anticipe assez facilement les rebondissements et le dénouement.

De manière complètement paradoxale, c'est sans aucun doute Quasimodo le plus beau personnage du roman. Lui, le bossu, le sourd, le contrefait, le borgne, le "monstre", la "créature", il m'a littéralement tiré des larmes de compassion, alors que j'ai eu peu d'empathie pour Esméralda, beaucoup de mépris pour Frollo et encore davantage d'antipathie pour Phoebus.

La fresque médiévale dans laquelle s'inscrit cette tragédie de l'amour et de la vie est très bien retranscrite par Victor Hugo qui s'est beaucoup documenté. Bien qu'arrondissant quelques angles à la brosse romantique, il a su donner une belle saveur d'authenticité à ses décors et ses personnages, fictifs ou réels. Résultat : une oeuvre immortelle, chapeau l'artiste !

Mon seul reproche portera sur les quelques chapitres en première partie de récit où il est visible que Victor Hugo, assez satisfait de lui-même et de ses recherches et se posant en historien, a parfois voulu trop en dire, et partager à toute force ses découvertes et connaissances avec ses lecteurs, alourdissant sa narration de considérations certes intéressantes mais nous éloignant de l'action du roman.


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J'ai eu un peu peur de me lancer à la découverte de ce chef d'oeuvre de la littérature française car je pensais qu'il fallait avoir une certaine maturité littéraire pour pouvoir apprécier et savourer pleinement ce roman à sa juste valeur, et je craignais d'en manquer. Mais Victor Hugo, grand écrivain qu'il était, m'a rendu l'exercice facile.

La profondeur du roman est pour moi liée au fait que deux des personnages principaux soient torturés de manière extérieure comme intérieure. Extérieurement car Frollo comme Quasimodo sont réprouvés par les autres : Frollo, homme d'église marginal que personne n'apprécie vraiment à l'exception de Quasimodo qui lui, est sujet de moquerie de la part de tous de à cause de son physique particulier. Leur relation est très touchante. La dévotion de Quasimodo qui voit Frollo comme un père, un maître, son monde, m'a fait penser à Lennie dans Des souris et des hommes de Steinbeck. Leur malheur nous fait pitié et nous ne pouvons nous empêcher de les aimer, de vouloir les protéger.
Mais leur souffrance est aussi intérieure à cause de la même personne, la jolie Esmeralda, pour la même raison qui fait d'eux des exclus de la société : la fidélité à Dieu pour l'un, la laideur pour l'autre.

Au-delà du carré amoureux, l'auteur nous livre une carte postale parfaite de ce qu'était Paris à l'époque, nous inondant de détails historiques que j'ai eu plaisir de découvrir.

Ses descriptions, qui ordinairement m'ennuient assez vite chez les autres, sont ici contées si merveilleusement que je n'avais même pas à fermer les yeux pour imaginer les décors. J'étais dans les décors : sur la place face à Notre Dame regardant Esmeralda danser, avec Quasimodo faisant sonner les cloches, sur un cheval, mes bras autour de Phoebus, dans la cellule de Frollo écoutant ses théories...Une partie de moi a traversé le temps et fait ce voyage somptueux au coeur de ce "temps des cathédrales".

Magistral !
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Classique parmi les classiques, c'est avec une certaine hésitation que j'entame la rédaction de mon avis quant à cette lecture. Notre-Dame de Paris, c'est une histoire que tout le monde connaît - le principal, tout du moins -, difficile de passer outre, entre la popularité de la joyeuse version de Disney ou celle de la comédie musicale. Malgré cela, il me semble exagérément exagéré de déclarer que l'on connaît celle-ci en s'étant confronté uniquement à l'une de ses adaptations : lire l'original, c'est tout autre chose, et c'est une expérience autrement plus forte.


Bon, comme je l'ai dit, l'histoire est connue et reconnue, point n'est donc besoin de vous la résumer, parlons directement de ce qui nous intéresse. D'abord, il ne faut pas se méprendre à la lecture de ce roman, le personnage principal, ce n'est pas la cathédrale, comme il a été dit et répété ; pas davantage Quasimodo. C'est leur union qui est au centre de l'intrigue. Les quelques pages que Hugo lui consacre sont saisissantes et magnifiques, Quasimodo a grandi et vécu dans sa cathédrale, c'est en son sein qu'il a découvert le monde, c'est en elle qu'il se réfugiait lorsque, découvrant sa laideur et celle qu'elle révélait en ceux qui le haïssait pour cela, il a pris conscience de sa différence. Il n'est rien sans elle, tout juste un homme, mais en elle, il est heureux, il s'y adapte « comme le colimaçon prend la forme de sa coquille ». Mais cette transcendance n'est pas à sens unique. Car la cathédrale a elle aussi besoin de son bossu, de son sonneur. C'est lui qui la fait vivre, survivre lorsqu'elle est attaquée, il lui donne une âme.
L'évolution de notre jugement sur le personnage de Quasimodo est fascinante, l'on en a d'abord pitié, puis, découvrant sa méchanceté, cette pitié devient mépris. Mais c'est là oublier ce mot que grave Frollo dans la chair de la cathédrale : Anankè. La Fatalité. Quasimodo ne fait pas le choix d'être méchant, c'est ainsi que le monde l'a façonné, en contact permanent avec la haine de ses semblables, cette dernière a percé la carapace du bossu pour entrer en lui et dicter ses actions. Il était laid, donc il était rejeté, il était rejeté, donc il était méchant, remonter la chaîne de causalité serait une entreprise ambitieuse, mais envisageable en tant que le hasard n'existe pas dans ce monde créé par Victor Hugo : tout est nécessité.
« La Esmeralda » viendra pourtant prouver que ce banni pouvait aussi aimer, que la haine peut se transcender pour devenir ce que Quasimodo ne croyait jamais pouvoir enfanter. Alors bien sûr, il aimait son maître, Claude Frollo, mais c'était un d'amour de soumission, d'un amour paternel, là c'est celui avec un grand A auquel il a droit. Et il n'est d'ailleurs pas le seul, c'est elle qui provoquera ce sentiment en chacun des principaux protagonistes, c'est elle qui fera naître le meilleur pour ceux qui en sont capables ; le pire pour les autres. En parlant de « pire »...
Il est intéressant de constater que dans ce monde dicté par le déterminisme, l'on en excuse un pour mieux accabler l'autre. Quasimodo était méchant - vous excuserez le manichéisme, mais je ne vais pas m'extirper du roman -, c'est un fait, mais ce n'était pas réellement de sa faute, c'est quelque chose que nous avons déjà évoqué. Mais alors, comment blâmer davantage Frollo ? Lui aussi est méchant, mais pourquoi serait-ce davantage sa faute ? N'est-il pas simplement victime de sa destinée ? C'est l'implicite que contient cette histoire, et pourtant, il a été méchant et est mort méchant, lui qui devait également avoir des tas de raisons pour justifier cette réalité - sa solitude, la déception causée par son frère, son impossibilité de posséder celle qu'il aime comme d'être possédé par elle, etc. Injustice dans l'esprit du lecteur donc, l'un est excusé et l'autre pas, cependant qu'ils sont tous deux irresponsables de leurs actes - irresponsables de leur être.
Parlons du style. Hugo en a un, et un beau, de magnifiques tournures de phrases, superbes images, mais ce qui peut à mon avis paraître lourd, c'est cette érudition dans l'écriture, ou plutôt, cette érudition clairement revendiquée. Bien sûr il ne s'agit pas de phrases comme « je suis un savant », l'on parle bien du sieur Victor, pas du quidam certain de ses certitudes et de son savoir tout relatif. Elle se révèle dans ce recours quasi permanent et explicites à d'autres faits historiques, à des thèses philosophiques, à des textes antiques - sans même évoquer les dizaines de pages n'ayant aucun rapport avec l'histoire directe, mais qui sont présentes dans le seul but d' « éduquer le lecteur ». Je peux comprendre que ce soit quelque chose qui puisse agacer, mais je n'ai pas dit que c'était mon cas, ça devient presque un jeu qui se crée entre notre esprit et le génie de Hugo : verra-t-on la référence ? Auquel cas c'est un lien qui se tisse instantanément ; s'il ne se crée pas, la lecture de la note en bas de page saura le faire pour nous.
J'ai peu dit, il y a pourtant beaucoup à dire, c'est toujours ainsi lorsque je parle d'un classique, la peur de ne pas le traiter comme il le mérite, aussi bien dans l'encensement qu'en son contraire. Quoiqu'il en soit, cette chronique serait sans doute différente si je l'avais rédigée hier ou si je le faisais demain, elle n'est pas exhaustive et ne saurait même représenter correctement l'idée que je me suis fait de l'ouvrage, cela étant, j'ai ressenti le besoin de l'écrire, aussi éphémère soit-elle.


En somme, une très agréable lecture, l'auteur est un génie et il le sait - quoi qu'à l'époque de la rédaction, il n'avait que 29 ans -, mais ça ne m'a pas gêné, au contraire, comme je vous l'ai dit. Pour autant, j'avoue que je m'attendais à un peu mieux au vu du statut que l'oeuvre possède, l'histoire est plutôt banal, mais ce n'est pas bien important, je pense qu'un bon écrivain sait faire de l'histoire la plus ordinaire du monde un chef-d'oeuvre intemporel. Ce qui m'a déçu serait davantage la platitude du roman, non pas qu'il n'y ait pas de rebondissement, je parle d'une dimension plus audacieuse que la simple description du Paris du XVème. Je m'attendais à plus de philosophie en fait - évitez de me parler du pauvre Gringoire qui n'est qu'une caricature de philosophe-poète.
J'avais déjà lu un grand roman de Hugo, L'homme qui rit, et je l'ai considéré comme un chef-d'oeuvre, il m'avait réellement bouleversé. Je n'ai pas ressenti cette même puissance à l'achèvement de Notre-Dame de Paris. Alors bien sûr, le fait que j'ai lu L'homme qui rit il y a bientôt 2 ans doit beaucoup jouer, je suis bien entendu devenu plus exigeant au fil de mes découvertes littéraires. Mais malgré ça, j'ai le sentiment qu'il manque quelque chose, que Hugo n'a fait qu'effleurer ce que lui permettait une telle histoire.
Il y a bien sûr cette envie de réintroduire l'art architectural au centre de l'Art par l'intermédiaire de cette description des merveilles qu'il peut produire qui aurait pu satisfaire cette envie de ma part. C'est un projet ambitieux, mais trop contemporain à l'auteur, il ne nous touche pas, je pense, de la même manière aujourd'hui qu'à l'époque, à l'inverse d'autres dimensions qu'il aurait pu donner à son roman. Celle de cette trop grande prétention de l'homme quant au savoir - avec la scission opérée à ce sujet entre un moyen-âge aux foules ignorantes et une Renaissance avide de savoir - aurait pu, pour le coup, réellement endosser ce rôle de réalité métaphysique dans le récit, mais elle n'est, elle aussi, qu'effleurée sur quelques pages - et puis, Hume s'était déjà attaqué à cette arrogance de la connaissance.
Ce récit reste tout de même très instructif et passionnant à suivre, mais c'est la raison pour laquelle il reste en deçà d'autres découvertes littéraires à mes yeux - pas assez philosophique. J'en attendais aussi énormément et sans doute n'aurais-je pas été déçu si j'avais fait cette découverte par l'intermédiaire d'un regard totalement vierge quant à ce dont il allait se délecter. Un excellent roman historique, cependant.
A présent, je pense m'orienter vers la poésie de Hugo, ses qualité d'écrivains sont indéniables et sans doute les a-t-il brillamment exercées dans ses poèmes ; d'autres de ses romans viendront naturellement parsemer ces lectures. Cette déception - extrêmement modérée - est loin de m'avoir fait renoncer à la découverte du géant qu'il est, elle lui a même redonné un coup de fouet - signe, sans doute, qu'elle n'en est pas une.
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Peu importent les processions, cérémonies et autres célébrations, quand la Esméralda danse avec son tambourin et sa chèvre sur le parvis de Notre-Dame, tous les yeux sont rivés sur la belle bohémienne. Les femmes médisent d'elle, les hommes la convoitent. de Claude Frollo, l'archidiacre qui a tenté de l'enlever à Gringoire le poète qu'elle a épousé pour le sauver des truands de la Cour des miracles, en passant par Quasimodo, le sonneur de cloches bossu, borgne et boiteux, nul n'échappe aux charmes de celle qu'on appelle aussi l'Egyptienne. Pourtant, le coeur d'Esméralda ne bat que pour le capitaine de la garde, le beau Phoebus de Châteaupers.

Roman d'amour, roman historique, roman monumentale dans tous les sens du terme, Notre-Dame de Paris est un livre qui s'apprivoise. L'écriture y est riche, parsemée de citations latines et s'échappant souvent en longues digressions bien éloignées d'Esméralda et de ses prétendants. Victor Hugo a bien des choses à dire…sur Notre-Dame, d'abord, et les restaurations qui l'ont défigurée, sur l'architecture, l'imprimerie, sur Paris, le Moyen-Âge, sur la religion et l'Eglise, les puissants et les miséreux, la justice, la peine de mort, etc.
Parfois on s'y perd, parfois on s'ennuie…Mais Hugo nous ramène dans le giron de la cathédrale, nous envoûtant avec ses personnages attachants, irritants, aimables ou détestables. L'amour et ses pièges, ses mirages, ses obsessions, ses trahisons y côtoie l'amour le plus pur, le plus désintéressé, le plus noble. Mais quand on aime, on ne fait pas toujours les bons choix. Esméralda l'apprendra de cruelle manière car on n'est pas ici dans la bluette, dans la comédie musicale, dans le monde de Disney. Ici règnent la misère, la cruauté, la folie et la mort rôde.
Hugo donne la parole au peuple de Paris. Sa princesse est une bohémienne, son prince un bossu. C'est eux qu'ils parent de la générosité, de la bonté, de l'humanité. Mais son personnage le plus beau, le plus grand, reste la cathédrale; Notre-Dame la sombre, la vieille, la laide que certains voudraient voir raser et que l'auteur défend bec et ongles. Il en fait le lieu de toutes les passions où cohabitent le Bien et le Mal, l'ombre et la lumière, le beau et le laid.
Quand on sait que son récit a contribué à sauver l'édifice, on ne peut que louer la force d'évocation et de persuasion de l'auteur.
Ce grand roman se doit d'être lu, malgré ses défauts, malgré les envolées lyriques, les digressions, la lourdeur parfois de l'écriture.
Parce qu'il a sauvé Notre-Dame, parce qu'il donne voix aux petites gens, parce qu'on se laisse entraîner dans la ronde de sa ribambelle de personnages, parce qu'il fait partie du patrimoine français.
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Si Notre-Dame de Paris avait fait partie de la rentrée littéraire 2019, nul doute que je l'aurais descendu en flammes dans une chronique incendiaire dont j'ai le secret, au sortir d'une lecture tantôt exaspérante, tantôt ennuyeuse (Vous les entendez les soupirs ?)

Du haut de ma pensée étriquée de lectrice contemporaine, j'aurais clamé haut et fort qu'un roman, ça doit raconter une histoire passionnante, façonner des personnages inoubliables, tenir le lecteur en haleine. Je me serais longuement plainte de la rupture du rythme de la narration par l'arrivée intempestive de chapitres relatifs à l'architecture de Paris au Moyen Age. Je vous aurais dit que ça sent le roman de jeunesse un tantinet longuet et pas abouti d'un gamin ambitieux de 24 ans.

Oui mais voilà ! Ce roman date de 1830.
Oui mais voilà ! Monsieur Hugo en est l'auteur.

Trêve donc de billevesées, pauvre ignorante, ce roman est un monument ! Si fait !
Autres temps, autre style, autre analyse.

Même si, vous l'aurez compris, ma lecture fut loin d'être extatique, j'ai tout de même apprécié plusieurs facettes de ce roman dont le personnage central est une cathédrale.

Il me fut très agréable de retrouver la beauté d'une langue française magnifiée par un Victor Hugo en pleine période romantique. Comment rester de marbre devant la description de la passion de Quasimodo pour les cloches de Notre-Dame, de ses sentiments lorsqu'il est cloué au pilori ou de ceux d'une mère retrouvant sa fille perdue ?

Parmi les nombreuses digressions sur l'architecture de Paris au Moyen Age, le chapitre "Ceci tuera cela" a retenu toute mon attention.
Victor Hugo y explique par le menu (en sept services, on est bien d'accord!), que le livre popularisé par l'imprimerie de Gutenberg supplantera l'architecture dans l'éducation des peuples et deviendra le moyen d'expression le plus populaire. Quand on voit la variété de l'édition actuelle et la sobriété de l'architecture contemporaine, je me dis que sa vision était prophétique.
Par extrapolation, quand mes filles soutiennent des projets artistiques de qualité via du crowd funding sur Internet, je ne peux également m'empêcher de penser que nous vivons une autre révolution.

Au final, je sors de ce roman noir gothique plus avertie qu'auparavant, avec un sentiment d'humilité face au puits de culture historique et architectural qu'est Victor Hugo.
Nosce te ipsum.
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Peut-on encore trouver quelque chose à dire sur ce chef-d'oeuvre ? Franchement, je n'en suis pas sûre.
Je dirai simplement que cette histoire est pour moi, l'une des plus belles de la littérature française.

Flamboyante histoire d'amour « Notre-Dame de Paris » est aussi un roman symbolique dans lequel chaque personnage incarne une dimension de la société.
L'oppression de l'église pour Frollo, le peuple des oubliés avec Quasimodo.
Quant à Notre-Dame, plus qu'un décor, elle est un personnage à part entière, épique et fantastique.

J'ai relu ce livre avec le même plaisir et la même émotion que cinquante ans auparavant.

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Titre : Notre Dame de Paris
Auteur : Victor Hugo
Année : 1831
Résumé : Au coucher du soleil la Esmeralda danse sur le parvis de Notre Dame de Paris. Claude Frollo, juché dans une niche de la cathédrale, n'a d'yeux que pour elle. Aidé de Quasimodo, le sonneur de cloches qu'il a recueilli au berceau, l'archidiacre décide d'enlever la belle, mais la tentative échoue. L'Egyptienne, sauvée par le fringant Phoebus, déchaîne les passions mais son coeur n'est plus à prendre : le beau capitaine de la garde est désormais son seul et unique amour.
Mon humble avis : Mais qu'allais-je faire dans cette galère ? Juger l'immense auteur, donner mon humble avis sur un texte de ce monument national qu'est Victor Hugo ? Francksbooks devisant sur les qualités et les défauts d'une oeuvre passée à la postérité ? Une oeuvre qui, comme d'autres du même auteur, font partie intégrante du patrimoine Français ? Pari impossible tant l'ombre du géant natif de Besançon est présente dans l'inconscient collectif et la culture de la nation française. Après mûre réflexion, je me contenterais donc, avec toute la modestie que l'entreprise requiert, de tenter de donner à un lecteur lambda quelques impressions sur ce grand roman qu'est Notre Dame de Paris. Tout d'abord il me faudra préciser qu'Hugo écrivit ce texte alors qu'il n'avait pas atteint la trentaine…Et oui pour les génies le talent n'attend pas le nombre des années et de nombreux écrivains actuels pourraient prendre une sacré migraine en lisant cette information. Bref nous avons affaire ici à une véritable exception littéraire, mais ce n'est pas non plus la découverte de l'année vous en conviendrez. Revenons au texte puisque c'est de ça qu'il s'agit ici; un texte ardu, difficile par moment avec de longues digressions sur l'architecture, l'organisation sociale du moyen-âge, la géographie parisienne, l'histoire de l'art. J'avoue que ces passages m'ont paru interminables et l'auteur quelque peu sûr de son excellence; mais lorsque l'auteur se rapproche de ses personnages, le texte paraît soudain moins difficile, plus accessible et surtout passionnant. Car l'histoire, que tout le monde connaît, est tout simplement belle – belle, c'est un mot qu'on dirait inventé pour elle… – mais je m'égare. Oui cette histoire d'amours contrariés est magnifique, oui les tourments de Frollo et de quasimodo sont décrits avec maestria et oui les dialogues sont brillantissimes. Les descriptions sont à l'avenant : précises, érudites et de nombreuses tournures de phrases sont à mettre sous scellés tellement elles sont parfaites. Un génie reste un génie et même si parfois le lecteur aura l'impression qu'Hugo étale sa culture avec une satisfaction jubilatoire, même s'il ne restera pas dans mon panthéon personnel des bouquins inoubliables, ce roman est grand. Grand comme l'ombre du grand homme, comme l'intemporalité des personnages et une dernière fois grand comme un legs fait aux générations futures par un pur génie.
Mon humble avis : A-t-on le droit de penser qu'avec ce roman, Hugo fait étalage de son génie avec une assurance frisant l'arrogance ? Peut-être pas, en tout cas hormis ces passages didactiques force est de constater que le bonhomme fut et reste un monument de la littérature. Je gardais un excellent souvenir de la lecture des misérables il y a de nombreuses années, moins éblouissant à mes yeux, Notre Dame de Paris contient de véritables joyaux d'écriture et des personnages inoubliables, et inoubl
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Désireuse depuis longtemps de faire connaissance avec l'illustre plume de Victor Hugo, c'est portée par l'actualité et le triste incendie de la cathédrale que je me suis enfin décidée à m'atteler à ce monument tant littéraire qu'architectural qu'est Notre Dame de Paris.
Bien m'en a pris.
Les descriptions du Paris du XVe siècle par cet homme si ancré dans son époque romantique sont formidables, tout comme son essai à l'intérieur du roman, sur l'architecture versus l'imprimerie. J'ai pu entendre dire qu'il s'agissait là de digressions interminables, et c'est vrai que le récit se trouve mis sur pause, mais ces détours et broderies donnent selon moi l'occasion de reprendre haleine et de se remettre de ses émotions. Seule l'introduction m'a semblée pompeuse et trop longue.

L'émotion, c'est ce qui ressort pour moi de ce livre. Victor Hugo parle avec sa sensibilité du peuple de l'époque, de la populace et des laissés pour compte. La "cour des miracles" est pour moi une découverte renversante.
Les thèmes abordés ne peuvent laisser indifférent : la misère, la religion, la folie, l'histoire, la politique, la laideur voire le handicap, l'amour désintéressé, charnel ou maternel.

Enfin, et surtout, les personnages m'ont bouleversée, l'auteur décrit leurs ressentis avec tant de talent et d'éloquence que je les ai réellement découverts. On connaît tous Quasimido, Esmeralda, Frollo qui font désormais partie de la culture populaire et sont presque érigés au rang de myhtes ; mais on ne les connaît pas ainsi, vivants et vibrants, tourmentés ou désespérés, humains ou sorciers. Rien ne peut faire toucher du doigt leurs personnalités si merveilleusement que le style sans pareil de Victor Hugo. Je m'en suis détectée, même si malheureusement c'est souvent pour le pire.

Un chef d'oeuvre qui ne se lit pas docilement, mais un chef d'oeuvre tout de même.
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