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EAN : 9782081390638
273 pages
Flammarion (31/08/2016)
3.62/5   1846 notes
Résumé :
" ... Quel miracle que ta pièce, mon pauvre bien-aimé... Jamais je n'avais rien entendu de si magnifique... C'est une richesse, une magnificence, un éblouissement... mon esprit en est encore plus obscurci, comme quand les yeux ont trop longtemps fixé le soleil... " Juliette Drouet.

" A propos, Ruy Blas est une énorme bêtise, une infamie en vers... " Balzac.

" Quelle brusque et prodigieuse fanfare dans la langue que ces vers de Victor Hu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (97) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 1846 notes
Hum ! Hum ! Je n'ai pas franchement aimé, Victor,
ce mets que vous nous avez servi à peine
échauffé, tiède, sans sel ni bel accord.
Quoi ! D'un plat si bas faire un repas de reine ?
Qu'était-ce, au juste ? Un ragout de castor ?
Du madrépore ? Un morceau de cul-de-porc ?
Que sais-je encore ? Non, vous plaisantez Victor !
Et vous voulez qu'un tel repas tienne au corps ?
Non, non, cher drôle, cessez ces sauces lourdes ;
nous allons produire des météores
et flatuler jusqu'à nous en rendre sourdes
si par malheur vous nous en servez encore !

Que diable ! Une fable ! du feu ! du fluor !
Voilà ce qu'il faut à nos dents d'alligator !
Affutez-moi vos histoires d'un gros piment
rouge et faites qu'au moins les verbes nous touchent.
Je ne veux pas vous faire la fine bouche
mais céans je ne saurais faire compliment
à ce vieux frère d'Hugo pour son Ruy Blas,
dont les actes et les tirades me lassent.
Il est si bon parfois, il est souvent si fort
qu'on peut bien pardonner à notre ami Victor.
Au vrai, cette pièce n'est pas un drame,
on peut trouver pire et beaucoup plus infâme
mais quand on connaît l'homme dans ses grands moments
on peine à lui voir fair de si faibles élans.
Qui suis-je, au demeurant, pour de la sorte
discuter de mon coeur et de son aorte ?

Ruy Blas est un laquais épris de la reine.
L'Espagne a connu des heures plus sereines.
Là les grands du royaume sont dans l'arène
et dans leur direction tirent tous les rênes.
La reine s'en est prise au fat don Salluste
qui n'aura donc de cesse que de se venger
d'une sentence que lui juge injuste.
Pour ce faire, c'est Ruy Blas qu'il va engager.
Tout ça sans oublier un certain don César
qui dans la pièce parfois choit par hasard...

Mais d'en dire bien davantage je n'ose,
car ce n'est que mon avis..., oui..., pas grand-chose...
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Décidément, le théâtre est un genre littéraire que j'affectionne ! Cette fois-ci, c'est Ruy Blas qui m'a conquise !

Victor Hugo, que j'avais déjà eu le plaisir de lire avec Claude Gueux, nous conte les aventures de Ruy Blas, un valet dont le destin va basculer lorsque son maître, Don Salluste, décide de se venger de la Reine d'Espagne, épouse délaissée de Charles II. Don Salluste demande à Ruy Blas, passionnément amoureux de la Reine, de séduire celle-ci afin de « préparer le terrain » pour la mise à exécution de son plan cruel…
C'est l'occasion pour Victor Hugo –caché derrière le personnage de Ruy Blas- de critiquer l'attitude égoïste et irréfléchie des dirigeants de son époque :

« Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
de servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
l'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez pas ici d'autres intérêts
que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe ! »

Dès les premiers vers, majestueusement écrits en alexandrins, j'ai été emportée par l'histoire si touchante de Ruy Blas, ce « ver de terre amoureux d'une étoile », et je me suis très vite attachée à ce personnage sincère, mais hélas tragique. J'ai également apprécié la Reine, paradoxe de la condition humaine, qui désire ce qu'elle ne possède plus, et ne souhaite –dans son existence morne- que quelques preuves d'amour de la part de son mari absent.

Bref, je ne peux que souligner le talent de Victor Hugo, qui est, et on ne cessera jamais de le répéter, un Grand maître de la littérature française.

A lire !
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Tragédie en cinq actes de 1838.
L'Espagne, en 1695, va mal. Ce n'est plus l'époque des conquistadors, le roi Charles II est souffreteux, l'or ne coule plus à flots, et cependant les nobles se servent à qui mieux mieux dans les finances du royaume. Don Salluste est un Grand d'Espagne qui a été disgracié par la reine doña Maria de Neubourg. Personnage machiavélique, Salluste cherche à se venger en manipulant son valet Ruy Blas pour faire "tomber" la reine.
.
Je ne suis à l'aise ni en poésie, ni en théâtre ! Pourquoi ?
Car lire des vers ne coule pas de source comme pour la prose, et la versification, en plus alliée au mode "théâtre", nuit à mon avis à la contextualisation. Ainsi, il me manque plein de précisions (où, quand, comment ? ) pour comprendre le déroulement logique du drame. Quelques scènes paradoxales m'ont interrogé, comme par exemple, d'un côté l'interdiction stricte faite à la reine par la duchesse "surveillante" de sortir : il faut déverrouiller plein de portes, et les hauts personnages qui doivent le faire sont absents ; et de l'autre côté, la reine obtient librement un rendez-vous "galant" et se retrouve seule face à Don César / Ruy Blas !
.
Cependant, j'aime beaucoup Victor Hugo qui dénonce toujours de nobles causes, et avec force !
Ainsi en est-il de Ruy Blas ( symbolisant le peuple ) haranguant et faisant honte aux nobles qui pillent le royaume en se servant sur son dos, en l'absence du roi.
Une ou deux scènes de romantisme entre Don César / Ruy Blas et la reine sont très belles.
Les chantages faits par Don Salluste à Ruy Blas, puis à la reine sont saisissants, et me rappellent une partie de ma propre histoire.
Un autre point positif est que le livre m'a initié, par des recherches complémentaires, à un pan de l'Histoire de l'Espagne que je ne connaissais pas, et que je peux presque emboîter à la belle biographie du roi précédent par Philippe Hugon :
« Philippe IV, le siècle de Velasquez »
.
Le seul théâtre que j'aime jusqu'à présent est celui de Marcel Pagnol ! Bref un avis mitigé sur Ruy Blas, dû à mon manque de formation à cette écriture, sans doute.
.
Ah, j'oubliais : j'ai retrouvé un fragment de lettre de la reine Marie-Amélie de Bourbon, écrite justement en 1695 :
« … J'ai maintenant 70 ans, je suis au terme de mon règne. Si je parviens à achever mon autobiographie, vous verrez, chers amis, que la France est toujours un puissant pays, respecté de tous, en paix avec ses voisins depuis de nombreuses années. Cependant, j'ai dû, avec mes ministres, guerroyer diplomatiquement contre les puissants de mon pays, afin de réduire les abus incroyables, pour obtenir progressivement plus de justice humaine. Vous lirez également comment j'ai placé mon petit frère, Louis-Dieudonné, et cela n'a pas été aisé avec un diablotin de la sorte ! …. » etc…. : )
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J'avais lu de Hugo certains romans (Les Misérables, Notre Dame de Paris), certains recueils de poésie (Les Feuilles d'Automne, Les Rayons et les Ombres) mais ne m'était jamais encore attaqué aux pièces de théâtre. Et comme un vieil exemplaire (1945 quand même) de Ruy Blas traînait dans ma bibliothèque, je me suis dit pourquoi pas ?

Le résultat est plutôt réussi, du Shakespeare à la française oserais-je dire. Hugo le cite comme référence d'ailleurs de ce qu'il a essayé de faire, en conciliant la comédie de Molière et le drame de Corneille pour tenter d'atteindre le drame à la Shakespeare. Il joue les modestes en disant que ce ne sont que ses intentions et pas forcément ce à quoi il est arrivé, mais toutes proportions gardées, je trouve l'essai assez transformé.

Hugo garde la base du vers français qu'il maîtrise parfaitement, et en joue avec les interruptions des dialogues, allant parfois chercher la rime sur un simple "Oh" prononcé par un personnage. Il sait vraiment introduire le comique par des personnages loufoques ou simplement légers mais qui prennent toute leur place dans une intrigue pourtant assez tragique. Le contexte historique n'est pas occulté, et plutôt bien documenté si on en croit la notice. Il ne peut évidemment s'empêcher de glisser quelques piques politiques sur le rôle des puissants, sur les classes populaires parfois plus sensées que les élites. Et tout ça au service d'une histoire d'amour basique mais efficace et riche en rebondissements.

Quels ingrédients demander de plus à une oeuvre théâtrale ? En effet, on ne peut que comparer à l'oeuvre shakespearienne qui est une des seules oeuvres dramatiques capables de réunir tous ces ingrédients, là où le théâtre classique français se range dans des catégories bien précises et ne dépasse que rarement les frontières pré-établies. La comparaison est un peu élogieuse peut-être car on sent chez Hugo l'âme du touche-à-tout capable de s'adapter à tous les genres mais de ce fait peut être moins perfectionniste. L'intrigue a par exemple quelques invraisemblances que l'on excuse volontiers car elles facilitent le travail de l'auteur.
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"Ruy Blas" de Victor Hugo est une pièce de théâtre qui présente un certain nombre de qualités, mais qui comporte également quelques défauts. C'est une oeuvre qui mérite d'être appréciée pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, Victor Hugo excelle dans la création de personnages complexes et intrigants. le personnage de Ruy Blas lui-même, un valet qui se fait passer pour un noble dans le but de séduire la reine, est un exemple frappant de la maîtrise de Hugo dans la caractérisation. Les conflits intérieurs et les dilemmes moraux auxquels les personnages sont confrontés ajoutent une profondeur psychologique à l'histoire.

De plus, l'intrigue est riche en rebondissements et en drame, ce qui maintient l'intérêt du lecteur ou du spectateur tout au long de la pièce. Les thèmes de l'amour interdit, du pouvoir, de la trahison et de la manipulation politique sont explorés de manière captivante.

Cependant, malgré ces qualités, "Ruy Blas" peut aussi être critiqué pour sa complexité excessive. L'intrigue peut parfois sembler trop chargée, avec de multiples retournements de situation et des personnages secondaires nombreux, ce qui peut rendre la pièce difficile à suivre pour certains. de plus, les dialogues peuvent être verbeux, ce qui peut ralentir le rythme de la pièce.

En fin de compte, "Ruy Blas" est une pièce de théâtre qui vaut la peine d'être découverte pour ses personnages intrigants, son intrigue captivante et ses thèmes puissants. Cependant, son niveau de complexité et ses dialogues parfois longs peuvent rendre son appréciation un peu exigeante pour le lecteur ou le spectateur moyen.
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Citations et extraits (177) Voir plus Ajouter une citation
(Ruy Blas, premier ministre du roi d’Espagne, surprend les conseillers du roi en train de se partager les richesses du royaume) :
RUY BLAS, survenant.
Bon appétit, messieurs !

Tous se retournent. Silence de surprise et d'inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face.

Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
– Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur.
L'Espagne et sa vertu, l'Espagne et sa grandeur,
Tout s'en va. – nous avons, depuis Philippe Quatre,
Perdu le Portugal, le Brésil, sans combattre ;
En Alsace Brisach, Steinfort en Luxembourg ;
Et toute la Comté jusqu'au dernier faubourg ;
Le Roussillon, Ormuz, Goa, cinq mille lieues
De côte, et Fernambouc, et les montagnes bleues !
Mais voyez. – du ponant jusques à l'orient,
L'Europe, qui vous hait, vous regarde en riant.
Comme si votre roi n'était plus qu'un fantôme,
La Hollande et l'Anglais partagent ce royaume ;
Rome vous trompe ; il faut ne risquer qu'à demi
Une armée en Piémont, quoique pays ami ;
La Savoie et son duc sont pleins de précipices.
La France pour vous prendre attend des jours propices.
L'Autriche aussi vous guette. Et l'infant bavarois
Se meurt, vous le savez. – quant à vos vice-rois,
Médina, fou d'amour, emplit Naples d'esclandres,
Vaudémont vend Milan, Leganez perd les Flandres.
Quel remède à cela ? – l'État est indigent,
L'état est épuisé de troupes et d'argent ;
Nous avons sur la mer, où Dieu met ses colères,
Perdu trois cents vaisseaux, sans compter les galères.
Et vous osez ! ... – messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, – j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! –
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu'on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d'or !
Et ce n'est pas assez ! Et vous voulez, mes maîtres ! ... –
Ah ! J'ai honte pour vous ! – au dedans, routiers, reîtres,
Vont battant le pays et brûlant la moisson.
L'escopette est braquée au coin de tout buisson.
Comme si c'était peu de la guerre des princes,
Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces,
Tous voulant dévorer leur voisin éperdu,
Morsures d'affamés sur un vaisseau perdu !
Notre église en ruine est pleine de couleuvres ;
L'herbe y croît. Quant aux grands, des aïeux, mais pas d'oeuvres.
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. – tout seigneur à ses gages
À cent coupe-jarrets qui parlent cent langages.
Génois, sardes, flamands, Babel est dans Madrid.
L'alguazil , dur au pauvre, au riche s'attendrit.
La nuit on assassine, et chacun crie: à l'aide !
– Hier on m'a volé, moi, près du pont de Tolède ! –
La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.
Anciens vainqueurs du monde, Espagnols que nous sommes.
Quelle armée avons-nous ? À peine six mille hommes,
Qui vont pieds nus. Des gueux, des juifs, des montagnards,
S'habillant d'une loque et s'armant de poignards.
Aussi d'un régiment toute bande se double.
Sitôt que la nuit tombe, il est une heure trouble
Où le soldat douteux se transforme en larron.
Matalobos a plus de troupes qu'un baron.
Un voleur fait chez lui la guerre au roi d'Espagne.
Hélas ! Les paysans qui sont dans la campagne
Insultent en passant la voiture du roi.
Et lui, votre seigneur, plein de deuil et d'effroi,
Seul, dans l'Escurial , avec les morts qu'il foule,
Courbe son front pensif sur qui l'empire croule !
– Voilà ! – l'Europe, hélas ! Écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'état s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Ce grand peuple espagnol aux membres énervés,
Qui s'est couché dans l'ombre et sur qui vous vivez,
Expire dans cet antre où son sort se termine,
Triste comme un lion mangé par la vermine !
– Charles-Quint, dans ces temps d'opprobre
et de terreur,
Que fais-tu dans ta tombe, ô puissant empereur ?
Oh ! Lève-toi ! Viens voir ! – les bons font place aux pires.
Ce royaume effrayant, fait d'un amas d'empires,
Penche... il nous faut ton bras ! Au secours, Charles-Quint !
Car l'Espagne se meurt, car l'Espagne s'éteint !
Ton globe, qui brillait dans ta droite profonde,
Soleil éblouissant qui faisait croire au monde
Que le jour désormais se levait à Madrid,
Maintenant, astre mort, dans l'ombre s'amoindrit,
Lune aux trois quarts rongée et qui décroît encore,
Et que d'un autre peuple effacera l'aurore !
Hélas ! Ton héritage est en proie aux vendeurs.
Tes rayons, ils en font des piastres ! Tes splendeurs,
On les souille ! – ô géant ! Se peut-il que tu dormes ? –
On vend ton sceptre au poids ! Un tas de nains difformes
Se taillent des pourpoints dans ton manteau de roi ;
Et l'aigle impérial, qui, jadis, sous ta loi,
Couvrait le monde entier de tonnerre et de flamme,
Cuit, pauvre oiseau plumé, dans leur marmite infâme !"
Acte III, scène 2
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LA REINE : Vrai ! Casilda, c’est étrange,
Ce marquis est pour moi comme le mauvais ange. [...]
Regardant vaguement, dans le salon obscur,
Une bataille au fond peinte sur un grand mur,
Quand tout à coup, mon œil se baissant vers la table,
Je vis venir à moi cet homme redoutable !
Sitôt que je le vis, je ne vis plus que lui. [...]
C’est la dernière fois que je l’ai vu. Depuis,
J’y pense très souvent. J’ai bien d’autres ennuis,
C’est égal, je me dis : -l’enfer est dans cette âme.
Devant cet homme-là je ne suis qu’une femme. —
Dans mes rêves, la nuit, je rencontre en chemin
Cet effrayant démon qui me baise la main ;
Je vois luire son œil d’où rayonne la haine ;
Et, comme un noir poison qui va de veine en veine,
Souvent, jusqu’à mon cœur qui semble se glacer,
Je sens en longs frissons courir son froid baiser !

Acte II, Scène 1.
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RUY BLAS : Et vous osez !... — Messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, — j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! —
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu'on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d'or !
Et ce n'est pas assez ! et vous voulez, mes maîtres !... —
Ah ! j'ai honte de vous ! [...]
Comme si c'était peu de la guerre des princes,
Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces.
Tous voulant dévorer leur voisin éperdu,
Morsures d'affamés sur un vaisseau perdu ! [...]
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. [...]
Babel est dans Madrid.

Acte III, Scène 2.
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DON CÉSAR : Ah !... — Quand tu sortiras, les oisifs vont te suivre.
Fais par ta contenance honneur à la boisson.
Sache te comporter d’une noble façon.
S’il tombe par hasard des écus de tes chausses,
laisse tomber, — et si des essayeurs de sauces,
des clercs, des écoliers, des gueux qu’on voit passer,
les ramassent, — mon cher, laisse-les ramasser.
Ne sois pas un mortel de trop farouche approche.
Si même ils en prenaient quelques-uns dans ta poche,
sois indulgent. Ce sont des hommes comme nous.
Et puis il faut, vois-tu, c’est une loi pour tous,
dans ce monde, rempli de sombres aventures,
donner parfois un peu de joie aux créatures.

Acte IV, Scène 3 (v. 1766-1778).
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RUY BLAS : La nuit, on assassine et chacun crie : à l'aide !
— Hier on m'a volé, moi, près du pont de Tolède ! —
La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus ; pas un soldat payé.
Anciens vainqueurs du monde, Espagnols que nous sommes,
Quelle armée avons-nous ? À peine six mille hommes.
Qui vont pieds-nus. Des gueux, des juifs, des montagnards,
S'habillant d'une loque et s'armant de poignards.

Acte III, Scène 2, (v. 1113-1120).
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