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EAN : 9782866454050
266 pages
Le Félin (30/11/-1)
4/5   5 notes
Résumé :
Après le voyage effectué en 1840 dans la vallée du Rhin avec Juliette Drouet, Victor Hugo a l'idée de se rendre dans le Sud-Ouest et en Espagne pour une nouvelle escapade amoureuse en sa compagnie. Le 18 juillet 1843, il quitte Paris et arrive deux jours plus tard à Bordeaux où commence son journal. De là, il se rend à Bayonne, Biarritz, Saint Sébastien, Pampelune... Franchissant à nouveau la frontière française, il va à Pau, Cauterets, s'attarde quelques jours dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je n'aurais pas pu avoir meilleur guide pour redécouvrir ma région!
En 1843, Victor Hugo entreprend un voyage en diligence vers les Pyrénées basques, en compagnie de sa maîtresse Juliette Drouet, tenue secrète dans le journal qu'il tient.
Celui-ci commence par la découverte de Bordeaux, son pont, sa cathédrale romane dont il décrit minutieusement l'architecture, avant de parcourir les Landes. La description qu'il fera de ce paysage encore sauvage et campagnard sera aussi émouvante pour moi que celle exaltée des Pyrénées lorsqu'il sera à Cauterets. Entre Bordeaux et Mont-de-Marsan, il rencontre des réfugiés espagnols - déjà - puis des bergers et de jeunes filles qui battent le linge. Durant son voyage, Victor Hugo à va la rencontre des gens.
Au XIXième siècle, parcourir ainsi cette région est encore une aventure; les chemins sont étroits, cabossés, les hébergements souvent vétustes, la nourriture parfois infestée de mouches, et en Espagne, où règne la pauvreté, tout est prétexte à payer une taxe.
Arrivé à Cauterets, la nature exaltée et romantique d'Hugo révèle toute sa force et poésie. Avec lui, on entend le grondement lugubre de l'eau noire du Gave s'écouler aux pieds de sombres pics, on sent l'humidité qu'un rayon de soleil vient timidement chauffer.
La lecture de ce journal est un vrai plaisir, et découvrir cette région telle qu'elle était à cette époque également. En annexe, on peut lire les poèmes qu'il a composé lors de ce voyage et qui seront publiés plus tard. Enfin, la présentation de Francis Claudon nous donne une idée de ce que signifiait voyager dans les siècles passés.
Le journal de Victor Hugo se termine ainsi, alors qu'il est à Oléron:

Ce soir-là, tout était pour moi funèbre et mélancolique. Il me semblait que cette île était un grand cercueil couché dans la mer et que cette lune en était le flambeau.

Le lendemain, dans un café à Rochefort, Victor Hugo apprend par un journal que sa fille adorée, Léopoldine, et son mari, se sont noyés quelques jours plus tôt. le voyage est terminé et un autre pan de sa vie et de sa création commence.

Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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'été 1843, Victor Hugo, surmené, décide de partir se ressourcer dans les Pyrénées avec sa maîtresse aimée pendant presque 50 ans Juliette DROUET.
Durant son voyage, il écrit et décrit les paysages qu'il traverse, demandant à Juliette de faire de même (son journal est publié en 2ème parie du livre).
Pendant 2 mois, de Bordeaux, en passant par les Landes, décrivant le paysage («par moments, entre deux branches d'arbre que le vent écarte joyeusement , on aperçoit au loin à l'horizon les bruyères et les pignadas voilées par les rougeurs du couchant, et qu'on se souvient qu'on est dans les Landes »), il suit sa route vers Bayonne, puis Saint Sébastien, il s'installe quelques jours à Pasages, repart vers Pampelune, Pau et quinze jours à Cauterets ensuite via Gavarnie. Durant tout ce périple, il enregistre ce qu'il voit, crayonne, note sur ses carnets quelques vers qui lui permettront de ressusciter au retour, en prose ou dans que les poèmes ses impressions

Ce livre est un pur régal pour l'esprit, un chef d'oeuvre, on retrouve le style poétique et la sensibilité de l'auteur . Goûtez cette lecture, savourez la, vous ferez un merveilleux voyage dans notre région, en 1943.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
LETTRE XXXIX (suite)
Lausanne, 22 septembre, (1839) 10 heures du soir.

C’est à Lausanne, cher Louis, que j’achève cette interminable lettre. Un vent glacial me vient par ma fenêtre ; mais je la laisse ouverte pour l’amour du lac, que je vois presque entier d’ici. Chose bizarre, Vévey est la ville la plus chaude de la Suisse, Lausanne en est la plus froide. Quatre lieues séparent Lausanne de Vévey ; la Provence touche la Sibérie. (...) Lausanne n’a pas un monument que le mauvais goût puritain n’ait gâté. Toutes les délicieuses fontaines du quinzième siècle ont été remplacées par d’affreux cippes de granit, bêtes et laids comme des cippes qu’ils sont. L’Hôtel-de-Ville a son beffroi, son toit et ses gargouilles de fer brodé, découpé et peint ; mais les fenêtres et les portes ont été fâcheusement retouchées. Le vieux château des baillis, cube de pierre rehaussé par des mâchicoulis en briques, avec quatre tourelles aux quatre angles, est d’une fort belle masse ; mais toutes les baies ont été refaites ; (...) La cathédrale est un noble édifice du treizième et du quatorzième siècle ; mais presque toutes les figures ont été soigneusement amputées ; mais il n’y a plus un tableau ; mais il n’y a plus une verrière ; mais elle est badigeonnée en gris de papier à sucre ; mais ils ont pauvrement remis à neuf la flèche du clocher de la croisée, et ils ont posé sur le clocher du portail le bonnet pointu du magicien Rothomago. (...) Dans l’intérieur, je me trompais, il reste un vitrail, celui de la rosace. Ils ont respecté aussi un charmant banc d’œuvre de la transition, mêlé de gothique fleuri et de renaissance (...).

Quand je suis sorti de l’église, la nuit tombait, et j’ai encore pensé à vous, mon grand peintre (...). J’étais sur l’esplanade de l’église, devant le portail, et pour ainsi dire sur la tête de la ville. (...) Vous avez remarqué comme moi que, le soir, les nuées refroidies s’allongent, s’aplatissent et prennent des formes de crocodiles. Un de ces grands crocodiles noirs nageait lentement dans l’air, vers l’ouest ; sa queue obstruait un porche lumineux bâti par les nuages au couchant ; une pluie tombait de son ventre sur Genève ensevelie dans les brumes ; deux ou trois étoiles éblouissantes sortaient de sa gueule comme des étincelles. Au-dessous de lui, le lac, sombre et métallique, se répandait dans les terres comme une flaque de plomb fondu. Quelques fumées rampaient sur les toits de la ville. Au midi, l’horizon était horrible. On n’entrevoyait que les larges bases des montagnes enfouies sous une monstrueuse excroissance de vapeurs. Il y aura une tempête cette nuit.
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Lettre XXXIX Vevey-Chillon-Lausanne
Vevey, 21 septembre 1839
A Monsieur Louis B. (au peintre Louis Boulanger)

Moi, je suis à Vévey, jolie petite ville, blanche, propre, anglaise, confortable, chauffée par les pentes méridionales du mont Chardonne comme par des poêles, et abritée par les Alpes comme par un paravent. (...). Vévey n’a que trois choses, mais ces trois choses sont charmantes : sa propreté, son climat et son église. ― Je devrais me borner à dire la tour de son église ; car l’église elle-même n’a plus rien de remarquable. Elle a subi cette espèce de dévastation soigneuse, méthodique et vernissée que le protestantisme inflige aux églises gothiques. Tout est ratissé, raboté, balayé, défiguré, blanchi, lustré et frotté. C’est un mélange stupide et prétentieux de barbarie et de nettoyage. Plus d’autel, plus de chapelles, plus de reliquaires, plus de figures peintes et sculptées ; une table et des stalles de bois qui encombrent la nef, voilà l’église de Vévey.
Je m’y promenais assez maussadement, escorté de cette vieille femme, toujours la même, qui tient lieu de bedeau aux églises calvinistes, et me cognant les genoux aux bancs de M. le préfet, de M. le juge de paix, de MM. les pasteurs, etc., etc., quand, à côté d’une chapelle condamnée où m’avaient attiré quelques belles vieilles consoles du quatorzième siècle, oubliées là par l’architecte puritain, j’ai aperçu dans un enfoncement obscur une grande lame de marbre noir appliquée au mur. C’est la tombe d’Edmond Ludlow, un des juges de Charles Ier, mort réfugié à Vévey en 1698. Je croyais cette tombe à Lausanne. Comme je me baissais pour ramasser mon crayon tombé à terre, le mot depositorium, gravé sur la dalle, a frappé mes yeux. Je marchais sur une autre tombe, sur un autre régicide, sur un autre proscrit, Andrew Broughton. Andrew Broughton était l’ami de Ludlow. Comme lui il avait tué Charles Ier, comme lui il avait aimé Cromwell, comme lui il avait haï Cromwell, comme lui il dort dans la froide église de Vévey. ― En 1816, David, en fuite comme Ludlow et Broughton, a passé à Vévey. A-t-il visité l’église, je ne sais ; mais les juges de Charles Ier avaient bien des choses à dire au juge de Louis XVI. Ils avaient à lui dire que tout s’écroule, même les fortunes bâties sur un échafaud ; que les révolutions ne sont que des vagues, où il ne faut être ni écume ni fange ; que toute idée révolutionnaire est un outil qui a deux tranchants, l’un avec lequel on coupe, l’autre auquel on se coupe ; que l’exilé qui a fait des exilés, que le proscrit qui a été proscripteur, traînent après eux une mauvaise ombre, une pitié mêlée de colère, le reflet des misères d’autrui flamboyant comme l’épée de l’ange sur leur propre malheur.
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Vous savez, mon ami, que, pour les esprits pensifs, toutes les parties de la nature, même les plus disparates au premier coup d'oeil, se rattachent entre elles par une foule d'harmonies secrètes, fils invisibles de la création que le contemplateur aperçoit, qui font du grand tout un inextricable réseau vivant d'une seule vie, nourri d'une seule sève, un dans la variété, et qui sont, pour ainsi parler, les racines mêmes de l'être. Ainsi, pour moi, il y a une harmonie entre le chêne et le granit, qui éveillent, l'un dans l'ordre végétal, l'autre dans la région minérale, les mêmes idées que le lion et l'aigle entre les animaux, puissance, grandeur, force, excellence.
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C'est un instinct des femmes dans tous les pays d'ajouter la coquetterie à la nature. La nature leur donne la chevelure, cela ne leur suffit pas elles y ajoutent la coiffure; la nature leur donne le cou blanc et souple, c'est peu de chose, elles y attachent le collier; la nature leur donne le pied fin et petit, ce n'est point assez, elles les rehaussent par la chaussure. Dieu les a fait belles, cela ne leur suffit pas, elles se font jolies.
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On voit ainsi apparaître des types d'habits ou de bagages inconnus au siècle précédent. Pour les déplacements d'une durée de quelques jours, la règle est de s'encombrer le moins possible. Le voyageur n'emporte qu'une paire de culottes très souples qui ne représente, une fois pliée, qu'un petit volume, une paire de bas de soie, deux chemises très fines, deux ou trois cravates, trois mouchoirs, une paire d'escarpins dans lesquels on loge une petite trousse contenant un rasoir, du fil, des aiguilles et des ciseaux.
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