Nous sommes bien en présence de deux évidences de sens contraire. La vie humaine s'écoule vers la mort comme les fleuves vont à l'océan. Sa mortalité est sa pente, sa déclivité. Sans cette muette et constante sollicitation, elle se décomposerait dans l'inertie et l'inconscience. Et pourtant, tout semble indiquer que notre rencontre avec la mort prend fatalement l'allure d'un rendez-vous manqué: vivants, nous arrivons trop tôt; morts, nous l'avons déjà laissée en arrière. D'un côté, je ne puis pas « mourir », au sens d'une action transitive qui me ferait passer de l'être-vivant à l'être-mort. De l'autre, je ne puis me saisir autrement qu'en marche vers ma fin. Il nous faut tenir les deux bouts de cette chaîne, nous penser en somme comme des « immortels mourants ».
La querelle brahmanes-bouddhistes à propos du Soi
Emission Sagesses Bouddhistes du Dimanche 26 juillet 2009