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Critique de ComiteromansPoissy



Ouverture : le puits profond, 1830


10 pages racontant la construction d'un puits par un homme. Il vit dans un endroit isolé avec sa femme et leur bébé. L'homme est le narrateur. Il a un passé militaire et a déjà fait ce type de construction. Mais là il est seul, sous-équipé ; son labeur est difficile mais il s'y astreint au quotidien. Son travail avance, lentement, mais progresse. Sa femme le soutient, l'enfant jette des petits cailloux dans le puits.
Un jour, un ours surgit des bois, s'empare d'un de leurs porcs. Lui tire au fusil. La femme hurle. Leur fille est tombée dans le puits. Elle est morte.
« Des années plus tard, je creusai un autre puits, mais refusai de boire de son eau… »

Puis l'histoire principale commence. En 1850.


Ginny, vieille, se souvient de sa vie dans « un lieu peuplé de démon ».
A l'âge de quatorze ans, le cousin de sa mère, Linus Lancaster décide de l'épouser, tout en lui promettant une vie dans une belle demeure où elle serait libre de continuer à développer son éducation, son attrait pour la lecture, de devenir peut-être maîtresse d'école.
La réalité est toute autre. La grande demeure n'est qu'une cabane, et Linus vit déjà avec deux filles noires âgées de 10 et 12 ans, Cleome et Zinnia. « Elles m'aidèrent quand il commença à me faire venir dans sa chambre. Elles m'aidèrent, mais jamais je ne les aidais ». Quant à ses livres, Linus les jette dans le poêle. Seule la bible est autorisée à être lu. Mais, dans cette fausse maison, personne ne la jamais trouvée.
La visite de ses parents qui ne peuvent que constater l'étendu des mensonges de Linus ne changera rien. Au contraire, on apprend qu'elle ne les reverra plus jamais. L'autorité de Linus devient de plus en plus oppressante.
Un jour Linus est assassiné. Et Cléome et Zinnia se retournent contre Ginny qui subit à son tour des châtiments.


Inutile d'aller plus loin dans le résumé et passons à mon avis.
Les bonnes gens fait partie de ces romans où le lecteur ne maîtrise rien. Il lit et découvre au fur et à mesure. Certaines informations viennent même contredire notre perception des personnages. C'est Laird Hunt qui maîtrise et nous rassemblons le puzzle pour en comprendre les significations principales, de façon progressive.
Et tout ne sera pas dévoilé. le lecteur restera avec des incertitudes quant à la compréhension en détails de l'histoire.
On devine que la violence la plus brutale est l'oxygène des destins de tous les personnages. La réalité sous jacente du récit est plus dur que ce que nous pouvons lire. Là est le tour de force de l'auteur. Ecrire un roman sur la violence, mais cette violence c'est nous-mêmes qui lui en donnons toute son ampleur via le comportement des personnages, de leurs histoires qu'ils nous racontent, qu'ils nous écrivent, et de tous les non-dits que nous pouvons imaginer.
Comme si l'auteur voulait nous rappeler que la réalité dépasse toujours la fiction. Inutile pour lui de nous faire perdre du temps avec l'horreur. Elle est présente et seuls comptent ses conséquences sur la vie.
Les Bonnes Gens est un roman remarquable, pas toujours évident, mais passionnant et bien écrit. On apprécie aussi sa narration à plusieurs voix et sous plusieurs formes (romanesque, épistolaire, plus quelques photographies à la fin).
Laird Hunt exprime une certaine conception du bien et du mal. Pas évidente à déchiffrer tant la construction de son roman brouille les pistes. On a même parfois l'impression que le fantastique est prêt à bondir par delà le puit.
Le puit de l'enfer, sans aucun doute.

Olivier (Le Vésinet)







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