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EAN : 9782330053024
256 pages
Actes Sud (02/09/2015)
3.68/5   261 notes
Résumé :
Pendant la Guerre de Sécession, une jeune femme se travestit en homme pour aller combattre à la place de son trop fragile compagnon. Réinventant l'imagerie dont se nourrit la représentation de la guerre en faisant cohabiter innocence et sauvagerie, bonté et abominable férocité, ce conte cruel propose une méditation sur la fragilité de nos certitudes et l'ambivalence de toute réalité.
Un roman magistral qui, plongeant dans la noirceur du chaos, délivre une leç... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (90) Voir plus Ajouter une critique
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Une femme dans la guerre de Sécession.
Une femme, soldat comme un homme, tireur d'élite comme un homme, buveuse de whisky comme un homme, adroite au couteau comme un homme. Amoureuse en secret comme une femme. Une femme à qui sa mère a appris à ne jamais tourner les talons.

Telle est Constance, faite d'acier, qui devient Ash « Gallant » Thompson parce que Bartholomew, fait de paille, « ne sait pas entrer dans un combat ni en sortir » alors qu'il danse et cultive des zinnias comme personne. Ne faisant ni une ni deux, elle décide de rejoindre la conscription. Elle laisse la ferme à son mari et part courageusement accomplir son entraînement de fantassin dans les rangs nordistes, puis est lancée avec son barda et son secret sur les routes avec son régiment. Elle est confrontée à toutes les horreurs d'une guerre en face-à-face, volant quelques minutes précieuses à la vie de troupe pour parler d'amour et de souvenirs heureux dans les lettres qu'elle envoie à son mari.

Après des mois de combats épuisants, la traversée de zones ravagées, la rencontre de personnes meurtries par la violence, elle est faite prisonnière. Malgré les mauvais traitements, les coups et la faim, elle gagne en opiniâtreté jusqu'à devenir « barbier » émérite des Bleus et des Gris. Elle profite d'une attaque du camp pour s'enfuir. Sans dévoiler la suite de ses aventures, vous devinerez qu'elle troquera ses frusques militaires pour retrouver des robes, sa ferme et son mari dans l'Indiana. Happy end ?

Tout au long de son odyssée, Constance-Ash oscille entre réalité, sauvage, atroce, ineffaçable, et monde de l'étrange, voire du fantastique, avant de revenir à la dure évidence du quotidien. Ces moments de « flottement » permettent, pendant quelques instants, d'échapper aux brutalités de la guerre mais ont obligé mes yeux à relire plusieurs paragraphes pour me persuader que je n'avais pas sauté de ligne.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire, basée sur des faits historiques. Des centaines de femmes américaines, blanches et noires, ont échangé leurs jupes contre des pantalons, ont défendu la République comme les hommes, à différents niveaux de la hiérarchie, sans se dévoiler. Hommage leur est rendu !

Laird Hunt, que je découvre grâce à la chronique récente de KateMoore, veut faire parler les fantômes, les personnages du passé qui, selon lui, n'ont pas été suffisamment racontés, qui sont une part importante du patrimoine historique américain. Il y a, par exemple, un émouvant paragraphe sur une serre construite à l'aide de plaques photographiques récentes, c'est-à-dire de la guerre qui vient de se terminer, et dont les images commencent à disparaître sous les rayons du soleil. Véridique et symbolique. Laird Hunt est soucieux de détails, de reconnaissance envers ces femmes qui se sont battues, pas seulement au front, dont on ne parle pas assez.

Pour Laird Hunt, ce n'est pas « Gone with the wind » mais « Blowin' in the wind ». Auteur à suivre assurément.

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Qui aurait cru que derrière la légende de "Galant Ash", ce soldat grimpé dans un arbre pour recouvrir de sa veste les jolis atours échappés par inadvertance du corsage d'une bien belle jeune fille, se cache une autre femme, bâtie sur un tout autre modèle ?
Constance Thomson est ce qu'on appelle une "maîtresse femme", de celle qui vous retourne un champs, trime pour planter, cueillir, moissonner tout en maniant la gâchette comme personne, et se repose en fumant le cigare et buvant un verre sous la tonnelle ! Rien à voir avec une jeune donzelle, perchée dans les branches d'un arbre pour saluer les hommes qui s'en vont à la guerre !
Non. Sa noblesse et sa beauté à elle, elles sont ailleurs...

Il y a de multiples raisons de partir au combat. La guerre de sécession n'en a pas manquées. Celle du soldat Thomson est plus particulière. Constance Thomson s'est enrôlée par amour. Elle a pris la place de son époux, Bartholomew, garçon fragile et délicat, parce qu'elle savait qu'il ne survivrait pas aux conflits et qu'il fallait bien qu'il y en ait un qui y aille ! Des deux, elle est la seule qui peut espérer s'en sortir.

Les cheveux longs cisaillés, les pantalons enfilés, elle rejoint les troupes et arpente les champs de bataille, tue, soigne, achève, parle ou se tait, puis entre tout cela, marche, marche, à tomber, à se croire déjà morte.

La réalité de la guerre la plus crue, avec son lot de douleurs, de sangs, de crasses, de cris et de larmes nous est livrée à travers les yeux de Constance, mêlée à l'expression de ses sentiments : son amour pour Bartholomew et tous ses maux qu'elle lui livre dans ses lettres, le souvenir de sa mère (que de belles pages !), son courage, sa ruse... Et ce moment où la raison n'en peut plus et part, quand elle est à bout. Poésie du désespoir :
"Il y avait des morts assis contre les arbres, des morts les pieds en l'air, des morts pendus aux branches. Il y en avait qui étaient tombés à trois dans le lit d'un ruisseau et d'autres allongés à part dans une clairière, bien bordés jusqu'au menton par des couvertures de soleil toutes propres."

L'auteur grâce à un style soigné, nous fait glisser petit à petit vers cette autre réalité, ce discours intérieur qui tentent, seulement, uniquement, de se garder en vie. Il nous amène alors à une vision un peu fantasmagorique de ce monde, où les hommes racontent les rêves de leur cheval, où les yeux fuient goutte à goutte mais ne pleurent pas...
Et sans pour autant nous anesthésier, nous épargner.

Laird Hunt nous livre là un portrait de femme, rare. Au fur à et à mesure de la lecture, l'enjeu de la guerre devient secondaire. Gris ou Bleus, peu importe, seuls comptent le courage et la volonté farouche de s'en sortir, de revenir...
Combien ont vécu un tel destin ? Combien enrôlées volontaires, grimées en hommes, ont été découvertes et condamnées, au seul tort d'être femmes, peu importe le cran et la bravoure ? Combien d'hommes ont su partager et garder ce secret ?

"De femme avec un fusil entre les mains, il n'en est pas une seule dans cette pile de livres que j'ai."

C'est un livre beau et éprouvant. On a envie que cela s'arrête et dans le même temps, on n'a pas envie de la quitter. Et quand arrive la fin, c'est le coeur serré qu'on referme le bouquin.
Lien : http://page39.eklablog.com/n..
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La folie de la guerre et des combats, vécue et racontée par une femme, voilà qui n'est pas commun en littérature!
Bienvenue donc au coeur des affrontements du XIXème siècle américain, où Laird Hunt nous entraîne à la suite d'une héroïne pas comme les autres.

Dans le couple Thompson, le bonhomme c'est Constance. Car Bartholomew, son petit mari d'amour, est sensible, délicat : un doux rêveur romantique. Poignant, attendrissant le petit mari, mais... pas très warrior tout ça. Surtout en pleine guerre de Sécession à l'heure où l'Union recherche des modèles de bravoure et de ferveur pour combattre en son nom. Qu'à cela ne tienne, Constance aime éperdument son Bartholomew. Solide, les deux pieds bien sur terre et la tête verrouillée aux épaules, elle veille sur lui, le protège. Elle ira ainsi jusqu'à prendre sa place en s'enrôlant aux côtés de l'Union pour le préserver d'une mort certaine.
On troque alors la robe à fleurs pour la tenue moins glamour du soldat, on cache des formes soupçonneusement féminines, on ratiboise le cheveu trop long, et bim : adieu Constance, Ash Thompson est né.

En mémoire de toutes ces femmes engagées et disparues dans un anonymat total, Laird Hunt dresse ici le portrait d'une femme téméraire, bienveillante, coincée entre onirisme mélancolique et réalité tragique. Tour à tour déterminée ou abattue, passionnée ou découragée, ses états d'âme virevoltent au gré des combats et des rencontres de fortune pour le pire comme le meilleur. Et peu à peu, le lourd passé de cette femme endurante et troublante se révèle.
Et avec un final saisissant, Hunt signe là un roman aussi exaltant que déchirant.
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La guerre de Sécession éclate, une jeune paysanne de l'Indiana part au front à la place de son époux à la santé fragile.
« Nous étions à peu près de la même taille, mais lui était fait de paille et moi d'acier ».

La robuste Constance, poitrine bandée, cheveux coupés, chapeau enfoncé sur les yeux, devient le soldat Ash Thompson.
C'est à travers ses yeux que nous voyons la guerre, la vie brisée des hommes au combat. C'est à travers ses mots, ceux qu'elle écrit à son mari, que nous soupçonnons ce qu'elle traverse.
Dans ses lettres, elle raconte son quotidien de soldat, l'horreur des batailles, l'absurdité des vies perdues pour une cause qu'elle ne comprend pas vraiment.
Elle s'engage aussi dans un dialogue intérieur avec sa mère, disparue depuis quelques années. Son ombre l'accompagne dans sa longue errance dans une campagne dévastée lorsqu'elle perd son régiment.
« Neverhome » n'est pas seulement un roman de guerre, j'y ai lu la belle histoire d'amour d'une femme hors du commun pour son homme, pour la vie.
Laird Hunt signe un livre magnifique, où la nature tient un place prépondérante, tant par son hostilité que par sa magnificence.
Encore un coup de coeur.

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Constance Thompson, forte et déterminée, travestie en homme,quitte sa ferme de l'Indiana pur l'Ohio lorsque la guerre de Sécession éclate, à la place de son mari bien-aimé, Bartholomew, de santé trop fragile pour rejoindre les rangs des confédérés.
Avec en poche, vingt dollars, six pommes flétries,du corneed-beef, une couverture et des biscuits elle affrontera les violences qui ruinent et dévastent les paysages, anéantissent les individus, pour défendre la République.
En bras de chemise, le chapeau enfoncé jusqu'aux yeux, elle rejoint ceux qui sont destinés à finir estropiés ou à mourir........
Se présentant sous le nom d'Ash Thompson, "Gallant Ash ",pour avoir donné sa veste à une femme, elle fait merveille avec son "Springfield 1861"à percussion.
Elle peut découper les oreilles d'un lièvre à cent cinquante mètres et devient une légende.
Sa guerre est surtout faite de longues attentes et de marches forcées.
Constance ne recule jamais, coupe des rondins, creuse des tombes pour y déverser des cadavres, assiste à des funérailles expédiées en cinq minutes ainsi que d'autres divertissements raffinés comme le vol, l'alcool ou la bagarre .......
Elle rêve à sa vie d'avant , compte les étoiles, fuit à toute vitesse après une bataille féroce où elle a été blessée et dépouillée de son uniforme.
Nous suivons le parcours de Constance à travers les lettres adressées à Bartholomew, son cher amour,pensant le retrouver un jour..........
Elle traverse sans faiblir les charges de cavalerie , la fumée des batailles, le gémissement des blessés , le silence et la stupeur qui suivent.
Un trés bel ouvrage à l'écriture magistrale où la nature berce les âmes et se montre au gré des combats enchanteresse, carnassière, violente ou périlleuse !

Un beau portrait au souffle puissant , une forme d'épopée aux frontières du réel ,qui montre la fragilité des certitudes, où les esprits des morts , notamment la Mére de Constance viennent hanter les êtres qui se nourrissent de souvenirs à travers le parcours de cette femme- soldat , Constance,courageuse, frondeuse, farouche et lumineuse plongée dans le chaos de la guerre et les sordides coulisses des champs de bataille !
Merci à Marylin , mon amie de la Médiathéque qui m'a fait connaître cet ouvrage .
Je ne suis jamais déçue par les éditions "Actes Sud" et les romans étrangers ........
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critiques presse (2)
Telerama
21 octobre 2015
Constance, femme soldat, elle vient humblement prendre place parmi les plus beaux personnages de femmes de la littérature américaine.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaLibreBelgique
15 septembre 2015
Laird Hunt conte avec brio cette incroyable épopée.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Dans le rêve que j'en fais, il n'y a pas de lune et pas d'étoiles, et je suis perdue dans une foule qui porte des torches pour enflammer le monde. La voix de ma mère et je ne peux pas l'atteindre. La voix de ma mère plus loin, ou moi plus loin d'elle, tandis que la foule s'approche inexorablement. Ils se changent en géants et mes coups s'abattent en pluie sur leurs jambes de géants.
"Constance", me lance ma mère dans mon rêve. Sa voix est aussi mince qu'un bout de papier prêt à s'enflammer au contact d'une torche. "Constance, viens, monte à côté de moi". Mais dans mon rêve, je tourne le dos à ma mère et je m'enfuis.
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Il [le colonel] avait l'air un peu plus gris et majestueux que ce matin passé ensemble dans les bois, mais sans doute était-ce le gris majestueux de l'après-midi qui se posait sur lui. Le climat peut faire toutes sortes de choses à un homme. Le faire ressembler à une braise calcinée, à une colonne de glace ou à un tas de pudding au tapioca trop longtemps laissé au soleil.
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« Tu ferais mieux de te mettre en route parce que je ne supporte plus de te voir alors que tu n'es déjà plus là, dit-il quand je m'approchai.
- Je ne suis pas encore partie, mon mari, dis-je.
- Constance est partie. »
Ses yeux étaient perdus dans le lointain, comme si son regard avait plus de mille kilomètres à traverser pour me trouver, alors même que je me tenais juste à côté de lui.
« Je suis là, chuchotai-je, me penchant tout près.
- Allez, ouste, à la guerre, Ash Thompson. »
Il dit : « Et moi je resterai là en gardien de notre absence de vie et de notre famille avortée.
- Mon mari.
- Allez, Ash, va-t'en maintenant. »
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Il régnait, dansant sur la moindre brise qui soufflait dans notre direction, une puanteur digne d'un vieux livre de contes. Des hommes portant sur eux leur propre brise ignoble circulaient dans tous les sens.
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J'étais plus d'une fois, sortie debout de la bataille, aussi avais-je une idée assez précise de ce qui gisait à côté de moi cette nuit-là, à griffer l'air. Les fantômes de ceux qui venaient de mourir et qui d'en haut se riaient de ce qui jonchait le sol, tailladé, brûlé, brisé et pourtant toujours conscient.
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Videos de Laird Hunt (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laird Hunt
Devenue orpheline très tôt, Zorrie cherche sa place dans le monde. Élevée par sa tante, elle apprend qu'il n'existe qu'une vertu : le travail. Ainsi, Zorrie trouve un emploi dans une usine d'horloges à Ottawa, aux côtés des « filles fantômes », ces ouvrières luisantes de radium. Malgré cette parenthèse enchantée, l'appel de sa campagne natale est plus fort que tout. de retour dans l'Indiana, elle rencontre Harold, qui deviendra son mari, et se dédie avec lui au travail de la terre.
Dans ce court roman Laird Hunt parvient à faire tenir toute une existence : une vie simple menée dans une dignité discrète, ballottée au gré des saisons et bouleversée par les convulsions qui ont agité le vingtième siècle.
À la façon de Flaubert dans Un coeur simple, Laird Hunt offre le portrait saisissant d'une femme ordinaire, à un moment pivot de l'histoire américaine. Avec justesse et poésie, Zorrie raconte de manière magistrale la cruauté et la beauté du quotidien dans une Amérique en pleine transformation.
« Zorrie » de Laird Hunt Traduit de l'anglais (États-Unis) par Anne-Laure Tissut Parution : 11 janvier 2024
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