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Une femme dans la guerre de Sécession.
Une femme, soldat comme un homme, tireur d'élite comme un homme, buveuse de whisky comme un homme, adroite au couteau comme un homme. Amoureuse en secret comme une femme. Une femme à qui sa mère a appris à ne jamais tourner les talons.

Telle est Constance, faite d'acier, qui devient Ash « Gallant » Thompson parce que Bartholomew, fait de paille, « ne sait pas entrer dans un combat ni en sortir » alors qu'il danse et cultive des zinnias comme personne. Ne faisant ni une ni deux, elle décide de rejoindre la conscription. Elle laisse la ferme à son mari et part courageusement accomplir son entraînement de fantassin dans les rangs nordistes, puis est lancée avec son barda et son secret sur les routes avec son régiment. Elle est confrontée à toutes les horreurs d'une guerre en face-à-face, volant quelques minutes précieuses à la vie de troupe pour parler d'amour et de souvenirs heureux dans les lettres qu'elle envoie à son mari.

Après des mois de combats épuisants, la traversée de zones ravagées, la rencontre de personnes meurtries par la violence, elle est faite prisonnière. Malgré les mauvais traitements, les coups et la faim, elle gagne en opiniâtreté jusqu'à devenir « barbier » émérite des Bleus et des Gris. Elle profite d'une attaque du camp pour s'enfuir. Sans dévoiler la suite de ses aventures, vous devinerez qu'elle troquera ses frusques militaires pour retrouver des robes, sa ferme et son mari dans l'Indiana. Happy end ?

Tout au long de son odyssée, Constance-Ash oscille entre réalité, sauvage, atroce, ineffaçable, et monde de l'étrange, voire du fantastique, avant de revenir à la dure évidence du quotidien. Ces moments de « flottement » permettent, pendant quelques instants, d'échapper aux brutalités de la guerre mais ont obligé mes yeux à relire plusieurs paragraphes pour me persuader que je n'avais pas sauté de ligne.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire, basée sur des faits historiques. Des centaines de femmes américaines, blanches et noires, ont échangé leurs jupes contre des pantalons, ont défendu la République comme les hommes, à différents niveaux de la hiérarchie, sans se dévoiler. Hommage leur est rendu !

Laird Hunt, que je découvre grâce à la chronique récente de KateMoore, veut faire parler les fantômes, les personnages du passé qui, selon lui, n'ont pas été suffisamment racontés, qui sont une part importante du patrimoine historique américain. Il y a, par exemple, un émouvant paragraphe sur une serre construite à l'aide de plaques photographiques récentes, c'est-à-dire de la guerre qui vient de se terminer, et dont les images commencent à disparaître sous les rayons du soleil. Véridique et symbolique. Laird Hunt est soucieux de détails, de reconnaissance envers ces femmes qui se sont battues, pas seulement au front, dont on ne parle pas assez.

Pour Laird Hunt, ce n'est pas « Gone with the wind » mais « Blowin' in the wind ». Auteur à suivre assurément.

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Qui aurait cru que derrière la légende de "Galant Ash", ce soldat grimpé dans un arbre pour recouvrir de sa veste les jolis atours échappés par inadvertance du corsage d'une bien belle jeune fille, se cache une autre femme, bâtie sur un tout autre modèle ?
Constance Thomson est ce qu'on appelle une "maîtresse femme", de celle qui vous retourne un champs, trime pour planter, cueillir, moissonner tout en maniant la gâchette comme personne, et se repose en fumant le cigare et buvant un verre sous la tonnelle ! Rien à voir avec une jeune donzelle, perchée dans les branches d'un arbre pour saluer les hommes qui s'en vont à la guerre !
Non. Sa noblesse et sa beauté à elle, elles sont ailleurs...

Il y a de multiples raisons de partir au combat. La guerre de sécession n'en a pas manquées. Celle du soldat Thomson est plus particulière. Constance Thomson s'est enrôlée par amour. Elle a pris la place de son époux, Bartholomew, garçon fragile et délicat, parce qu'elle savait qu'il ne survivrait pas aux conflits et qu'il fallait bien qu'il y en ait un qui y aille ! Des deux, elle est la seule qui peut espérer s'en sortir.

Les cheveux longs cisaillés, les pantalons enfilés, elle rejoint les troupes et arpente les champs de bataille, tue, soigne, achève, parle ou se tait, puis entre tout cela, marche, marche, à tomber, à se croire déjà morte.

La réalité de la guerre la plus crue, avec son lot de douleurs, de sangs, de crasses, de cris et de larmes nous est livrée à travers les yeux de Constance, mêlée à l'expression de ses sentiments : son amour pour Bartholomew et tous ses maux qu'elle lui livre dans ses lettres, le souvenir de sa mère (que de belles pages !), son courage, sa ruse... Et ce moment où la raison n'en peut plus et part, quand elle est à bout. Poésie du désespoir :
"Il y avait des morts assis contre les arbres, des morts les pieds en l'air, des morts pendus aux branches. Il y en avait qui étaient tombés à trois dans le lit d'un ruisseau et d'autres allongés à part dans une clairière, bien bordés jusqu'au menton par des couvertures de soleil toutes propres."

L'auteur grâce à un style soigné, nous fait glisser petit à petit vers cette autre réalité, ce discours intérieur qui tentent, seulement, uniquement, de se garder en vie. Il nous amène alors à une vision un peu fantasmagorique de ce monde, où les hommes racontent les rêves de leur cheval, où les yeux fuient goutte à goutte mais ne pleurent pas...
Et sans pour autant nous anesthésier, nous épargner.

Laird Hunt nous livre là un portrait de femme, rare. Au fur à et à mesure de la lecture, l'enjeu de la guerre devient secondaire. Gris ou Bleus, peu importe, seuls comptent le courage et la volonté farouche de s'en sortir, de revenir...
Combien ont vécu un tel destin ? Combien enrôlées volontaires, grimées en hommes, ont été découvertes et condamnées, au seul tort d'être femmes, peu importe le cran et la bravoure ? Combien d'hommes ont su partager et garder ce secret ?

"De femme avec un fusil entre les mains, il n'en est pas une seule dans cette pile de livres que j'ai."

C'est un livre beau et éprouvant. On a envie que cela s'arrête et dans le même temps, on n'a pas envie de la quitter. Et quand arrive la fin, c'est le coeur serré qu'on referme le bouquin.
Lien : http://page39.eklablog.com/n..
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La guerre de Sécession éclate, une jeune paysanne de l'Indiana part au front à la place de son époux à la santé fragile.
« Nous étions à peu près de la même taille, mais lui était fait de paille et moi d'acier ».

La robuste Constance, poitrine bandée, cheveux coupés, chapeau enfoncé sur les yeux, devient le soldat Ash Thompson.
C'est à travers ses yeux que nous voyons la guerre, la vie brisée des hommes au combat. C'est à travers ses mots, ceux qu'elle écrit à son mari, que nous soupçonnons ce qu'elle traverse.
Dans ses lettres, elle raconte son quotidien de soldat, l'horreur des batailles, l'absurdité des vies perdues pour une cause qu'elle ne comprend pas vraiment.
Elle s'engage aussi dans un dialogue intérieur avec sa mère, disparue depuis quelques années. Son ombre l'accompagne dans sa longue errance dans une campagne dévastée lorsqu'elle perd son régiment.
« Neverhome » n'est pas seulement un roman de guerre, j'y ai lu la belle histoire d'amour d'une femme hors du commun pour son homme, pour la vie.
Laird Hunt signe un livre magnifique, où la nature tient un place prépondérante, tant par son hostilité que par sa magnificence.
Encore un coup de coeur.

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La folie de la guerre et des combats, vécue et racontée par une femme, voilà qui n'est pas commun en littérature!
Bienvenue donc au coeur des affrontements du XIXème siècle américain, où Laird Hunt nous entraîne à la suite d'une héroïne pas comme les autres.

Dans le couple Thompson, le bonhomme c'est Constance. Car Bartholomew, son petit mari d'amour, est sensible, délicat : un doux rêveur romantique. Poignant, attendrissant le petit mari, mais... pas très warrior tout ça. Surtout en pleine guerre de Sécession à l'heure où l'Union recherche des modèles de bravoure et de ferveur pour combattre en son nom. Qu'à cela ne tienne, Constance aime éperdument son Bartholomew. Solide, les deux pieds bien sur terre et la tête verrouillée aux épaules, elle veille sur lui, le protège. Elle ira ainsi jusqu'à prendre sa place en s'enrôlant aux côtés de l'Union pour le préserver d'une mort certaine.
On troque alors la robe à fleurs pour la tenue moins glamour du soldat, on cache des formes soupçonneusement féminines, on ratiboise le cheveu trop long, et bim : adieu Constance, Ash Thompson est né.

En mémoire de toutes ces femmes engagées et disparues dans un anonymat total, Laird Hunt dresse ici le portrait d'une femme téméraire, bienveillante, coincée entre onirisme mélancolique et réalité tragique. Tour à tour déterminée ou abattue, passionnée ou découragée, ses états d'âme virevoltent au gré des combats et des rencontres de fortune pour le pire comme le meilleur. Et peu à peu, le lourd passé de cette femme endurante et troublante se révèle.
Et avec un final saisissant, Hunt signe là un roman aussi exaltant que déchirant.
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Constance. Personnage inoubliable.

« Toute la douleur de ce monde et du monde d'après. »

Cette phrase extraite du roman Neverhome de Laird Hunt est pour moi celle qui résume le mieux ce roman.

Non seulement cette citation incarne le destin de cette femme, engagée dans les troupes du nord lors de la guerre de Sécession, mais également elle reflète la situation sociale du pays -une douleur d'aujourd'hui et de demain- et restitue avec exactitude la tragédie de la guerre et toutes ses séquelles.

« le village n'était plus que gravats et décombres, et la cour d'école avait l'air d'une île voguant sur une mer funeste. »

J'ai dévoré ce roman. La plume est belle et tellement juste. Les personnages et les situations évoquées sont travaillés, fouillés avec précision, on se plonge réellement dans une autre époque. Une lecture enrichissante et très prégnante.
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Constance Thompson alias Ash Thompson, alias Gallant Ash, s'engage côté bleu dans la guerre de Sécession.
Elle s'engage pour épargner à son mari, le fragile Bartholomew, de le faire. Elle s'engage parce qu'elle veut voir le monde, elle s'engage parce que veut éprouver sa bravoure.
Travestie en homme, elle se coule en un rien de temps dans sa nouvelle identité : entrainement, marches forcées à travers la campagne, au milieu des charniers, corvées, coups de poing, whisky, batailles….
Elle supporte tout, endure tout, ne recule pas… Ces seuls moments de douceur sont les lettres que lui envoie son mari qui sait en quelques mots faire revivre la douceur de la vie à la ferme.
Son seul témoin est sa mère morte à qui elle demande sans cesse de valider son courage.
Faite prisonnière, blessée, enfermée dans un asile de fous, elle s'en sort pour reprendre la route de l'Indiana, retrouver sa terre, retrouver son homme.
Entre rêve et réalité, nous suivons les errements de Ash-Constance qui a retrouvé ses jupes, ses pensées vagabondes, qui naviguent entre les horreurs de la guerre, la brutalité des hommes, la lucidité du Colonel, ses souvenirs d'enfance, de sa rencontre avec Bartholomew, celles faites sur la route et les histoires qu'on lui raconte, sa préoccupation de ne pas être découverte…
Quelle découverte que ce destin de femme ! Quelle idée formidable que de nous raconter à travers ce personnage de Constance, le sort de ces femmes soldats !
J'avais déjà rencontré la plume de Laird Hunt. Ici, je suis totalement séduite.

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Constance Thompson, forte et déterminée, travestie en homme,quitte sa ferme de l'Indiana pur l'Ohio lorsque la guerre de Sécession éclate, à la place de son mari bien-aimé, Bartholomew, de santé trop fragile pour rejoindre les rangs des confédérés.
Avec en poche, vingt dollars, six pommes flétries,du corneed-beef, une couverture et des biscuits elle affrontera les violences qui ruinent et dévastent les paysages, anéantissent les individus, pour défendre la République.
En bras de chemise, le chapeau enfoncé jusqu'aux yeux, elle rejoint ceux qui sont destinés à finir estropiés ou à mourir........
Se présentant sous le nom d'Ash Thompson, "Gallant Ash ",pour avoir donné sa veste à une femme, elle fait merveille avec son "Springfield 1861"à percussion.
Elle peut découper les oreilles d'un lièvre à cent cinquante mètres et devient une légende.
Sa guerre est surtout faite de longues attentes et de marches forcées.
Constance ne recule jamais, coupe des rondins, creuse des tombes pour y déverser des cadavres, assiste à des funérailles expédiées en cinq minutes ainsi que d'autres divertissements raffinés comme le vol, l'alcool ou la bagarre .......
Elle rêve à sa vie d'avant , compte les étoiles, fuit à toute vitesse après une bataille féroce où elle a été blessée et dépouillée de son uniforme.
Nous suivons le parcours de Constance à travers les lettres adressées à Bartholomew, son cher amour,pensant le retrouver un jour..........
Elle traverse sans faiblir les charges de cavalerie , la fumée des batailles, le gémissement des blessés , le silence et la stupeur qui suivent.
Un trés bel ouvrage à l'écriture magistrale où la nature berce les âmes et se montre au gré des combats enchanteresse, carnassière, violente ou périlleuse !

Un beau portrait au souffle puissant , une forme d'épopée aux frontières du réel ,qui montre la fragilité des certitudes, où les esprits des morts , notamment la Mére de Constance viennent hanter les êtres qui se nourrissent de souvenirs à travers le parcours de cette femme- soldat , Constance,courageuse, frondeuse, farouche et lumineuse plongée dans le chaos de la guerre et les sordides coulisses des champs de bataille !
Merci à Marylin , mon amie de la Médiathéque qui m'a fait connaître cet ouvrage .
Je ne suis jamais déçue par les éditions "Actes Sud" et les romans étrangers ........
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Chattanooga, Guettysburgh, Appomatox...La guerre de Sécession fut une boucherie épouvantable, la première guerre moderne, si toutefois la guerre puisse être une chose moderne, avec tranchées, artillerie et mortalité importante sur les champs de bataille, et dans la population civile des régions touchées. Avec 750 000 morts en 4 ans, les cicatrices sont encore sensibles dans la mémoire des descendants des belligérants.

150 ans après, Laird Hunt pose sur ce fait fondateur de l'histoire de son pays un regard différent. Point de récit de stratégie, point de généraux célèbres, pas de développement idéologique sur l'esclavage, ou sur la nature de l'Etat fédéral, mais une tentative de reconstitution du quotidien des combattants de l'Union, par l'intermédiaire du destin de son héroïne engagée dans le conflit travestie en soldat. Ainsi le dit l'épouse du général, c'est comme si Pénélope allait faire le siège de Troie pendant qu'Ulysse restait à la ferme.

On est dans l'uniforme râpeux avec Constance, à manier un fusil Springfield sur le champ de bataille, où les soldats avancent au feu comme des soldats de Napoléon en se faisant décimer par l'artillerie. On voit et on ressent avec elle, qui est un excellent soldat, un tireur d'élite. C'est un chaos sans nom. Et puis il y a l'attente, le temps perdu à retrouver sa compagnie, et les longues marches qui épuisent des soldats faméliques, l'omniprésence de la mort. le récit nous emmène dans ces zones intermédiaires à l'arrière des lignes, peuplées de cadavres non enterrés, de fermes détruites, de bandes armées et déserteurs de tous bords.

C'est un excellent roman, très prenant, qui distille habilement le mystère d'un personnage singulier qui devient universel. Elle a une dureté ordinaire, acquise avec un mode de vie rude, et un passé fait de deuils . Elle nous emmène sur les routes dangereuses d'une Amérique en guerre pour une histoire de survie passionnante, dans laquelle les femmes sont loin d'être faibles et fragiles .


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La poésie sombre, terreuse qui habite ce roman pommèle de lumière son obscurité, parsème de pétales la glaise ensanglantée. En pleine Guerre de Sécession, les soldats se battent, leurs souvenirs pour seul réconfort. Pourtant, Laird Hunt ne se contente pas de faire interagir ses héros avec L Histoire américaine, ni même avec leur passé : il crée des femmes fortes et des hommes faibles, renversant ainsi les codes. Son héroïne oscille entre deux identités, androgyne, touchante derrière ses abords impétueux... (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/02/17/neverhome-laird-hunt/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Quand la guerre arrive, il faut s'engager pour combattre et défendre les intérêts du camp. Les convenances, les usages voudraient des hommes, le fusil à l'épaule, prêts à mourir pour la bonne cause mais chez les Thompson, Constance décide de s'engager à la place de son mari, Ashley. Celui-ci est plus fragile alors qu'elle manie avec justesse et précision le fusil et court avec endurance.
Travestie, la ressemblance avec n'importe quel soldat est parfaite...
Un roman plein de justesse : Laird Hunt passe de la dureté de la guerre, des morts déchiquetés sur le champ de bataille à la douceur des souvenirs de son mari, des lettres lui étant adressées en attendant le retour à la maison. Pourtant, Constance, surnommé Galant Ash, ne dépareille dans son régiment et elle en surpasse beaucoup. A cette époque, il n'est pas bon de vouloir tromper son monde ou d'être une femme. le chemin de retour sera long avant de pouvoir retrouver son chez-soi.
Laird Hunt arrive, avec Constance, à donner une voix à toutes ces femmes qui s'engageaient à l'époque pour défendre leur pays… il a une très belle écriture plein de poésie, alternant carnages, souvenirs ou causeries imaginaires.
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