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Nicolas Richard (Traducteur)
EAN : 9782221090749
480 pages
Robert Laffont (12/05/2005)
4.2/5   82 notes
Résumé :
Le 21 février 2005, Hunter S. Thompson se tirait une balle dans la tête. Une mort en accord avec la vie qu'il avait choisie - et un point final mis à l'oeuvre la plus délirante et la plus féroce de la littérature américaine.
Inventeur du journalisme "gonzo", un style de reportage unique dont le reporter est à la fois auteur et héros, Thompson était reconnu depuis peu comme un écrivain de grande classe. Gonzo Highway, recueil de lettres et de papiers divers, l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Il s'agit d'un recueil complètement… gonzo ! de correspondances entre cet auteur / journaliste et ses éditeurs, confrères, familles, etc… ATTENTION ça dépote !
Hunter THOMPSON aspire à écrire des romans, mais doit pour cela gagner sa vie comme pigiste. Sauf que le journalisme pratiqué comme la plupart de ses confrères n'inspire que son plus grand mépris. Selon lui, ce journalisme sonne faux et creux, est formaté, totalement mensonger, ne reflète pas la réalité ni ne provoque de réaction chez le lecteur. Son style à lui… est explosif. Un peu trop, au goût des journaux, qui ne prennent pas toujours le risque de le publier.
« Il est notre dingue officiel, celui qui patrouille à la lisière ».
Son style, farouchement subjectif, ne laisse pas indifférent : Il le rend aussi génialement extraordinaire que tristement marginalisé. Quand on lui commande des articles sur des thèmes particuliers, ça détonne, et il commence à se faire un nom dans la presse libre.
Mais s'il se vend mal au début, c'est qu'il ne rentre pas dans les cases : Ses écrits se situent entre journalisme et fiction. Ils n'ont donc pas vraiment leur place dans un journal national qui traite de thèmes d'actualité, de société, etc… car « sa plume spirituelle trempée dans le curare » provoquerait au bas mot des polémiques ou procès, et ce n'est pas ce qu'attend le lectorat d'un journal d'informations ; Mais ce ne peut pas non-plus être présenté comme de la fiction tellement le réalisme piquant risquerait de choquer.


Cependant, THOMSON est sûr de son génie et persiste : Son style à part porte désormais un nom : le journalisme gonzo. Il s'agit de ce « nouveau journalisme » qui semble émerger dans les années 1965, dont l'écriture emprunte à la fiction. Ce style, encore appelé « journalisme impressionniste », l'auteur en a été l'un des représentants les plus marquants. Même si pour lui, Georges Orwell, Jack London, Mark Twain ou encore Hemingway en étaient les précurseurs, qui « capturaient la dimension explosive de l'aventure journalistique à la première personne ».
Car selon Hunter THOMSON, « pour que le journalisme n'ait rien à envier à la fiction, il fallait que l'article résonne pour l'éternité ».
Pour parler d'un thème choisi, il en sera donc l'auteur autant que le héros.
Douglas Brinkley, éditeur, explique comment Orwell a influencé le style de THOMSON : « si Orwell était capable de vivre une misère noire en compagnie de clochards pour écrire sur le sujet [« dans la dèche à Paris et à Londres »], alors THOMSON ferait de même. »
Ainsi devinez ce qu'il a fait lorsqu'on lui a commandé un papier sur les Hell's Angels ? Il est devenu Hell's Angel. Et dans quel état il en est revenu, avec sa personnalité…?
Car pour THOMSON, « La fiction est une passerelle vers la vérité, que le journalisme ne peut pas atteindre. Les faits sont des mensonges lorsqu'on se contente de les ajouter les uns aux autres ».
Il faut donc les vivre, les ressentir ou expérimenter, puis donner son point de vue subjectif mais, au moins, réel et avéré, sur cette expérience.


Ce recueil, donc, fait rire, réfléchir, choque, intrigue, attise notre soif de culture et titille notre envie d'aventure. L'intérêt de cette correspondance, en plus de nous faire découvrir l'homme et son franc parler, c'est aussi de découvrir la vie instable de pigiste qu'il mène à cette époque et, à travers elle, l'Amérique des années 50-70. Ses correspondances retracent à la fois ses voyages, ses victoires, ses claques magistrales, sa façon d'y répondre. La manière dont il pense et prépare ses sujets, aussi.
On y rencontre des destinataires incroyables : Il écrit au Président des Etats-Unis, à Faulkner (Le bruit et la fureur), Tom Wolfe (Le bûcher des vanités), Ken Kesey (Vol au dessus d'un nid de coucou), et bien d'autres. le personnage que THOMSON se crée peut sembler infecte, mais ça le protège de tous les obstacles mis sur sa route pour le faire entrer dans un moule qui n'est pas le sien. Comment faire entrer un triangle piquant dans un rond tout doux…? HST sait qu'il ne pourra révéler le grand écrivain qu'il est qu'en conservant son propre style, même s'il dérange. Et son personnage, sans filtre, devient comique et attachant même pour ceux à qui parle mal, qui lui répondent sur le même ton et deviennent des correspondants de choix pour l'original qu'il est.


Avant de nous plonger dans cet univers totalement gonzo, l'édition nous introduit judicieusement le personnage via la présentation d'employeurs et éditeurs de l'auteur. Par la suite, chaque lettre est précédée de trois lignes de contexte. Un recueil aussi instructif que décapant qui m'a incitée à commander les écrits de ce personnage fascinant, car ils semblent d'anthologie !
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Tout le monde ou presque connaît Hunter S. Thomson. Un des grands inventeurs du nouveau journalisme avec Tom Wolfe, et auteur de son oeuvre la plus connue Las Vegas parano. Ici sont réunis tout style de correspondances écrites entre 1955 et 1976, elles parlent de tout et n'importe quoi : des lettres à Tom Wolfe, à la NRA, à Jimmy Carter, des coups de gueule pour des fringues de mauvaise qualité, des impossibilités de paiement, des protestations etc...
Bien avant les tweets, il y avait ses missives pour exprimer tout ce qu'il pensait, super gouaille, un magnifique prisme afin d'humer l'air de cette époque à travers l'esprit d'un homme libre
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"Gonzo highway" a longtemps trôné dans ma salle de bain où, dans l'intimité, je me délectais de quelques missives impertinentes et parfois hilarantes qu'Hunther Thompson expédiait selon ses humeurs (disons... changeantes) à ceux qui d'une manière on d'une autre l'exaspéraient. Et ils étaient nombreux.. Des redacteurs en chef de journaux aux services de recouvrement en passant par les assureurs, Hunther balançait sans aucun filtre son fiel et sa prose inimitable. Forçant volontier le trait et flirtant parfois avec la mauvaise foi et le syndrôme de Gilles de la Tourette, il utilisait son franc-parler, sa gouille et sa clairvoyance (ou pas) pour mettre à jours les travers et contradictions de ceux qu'il avait dans son viseur. Jubilatoire...
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Je l'aimais déjà, Hunter S. Thompson. Et puis j'ai lu Gonzo Highway, qui a détrôné tout le reste. Et je l'ai aimé encore plus.
Crue, sauvage, fine et explosive, on entend presque ses doigts frapper contre sa machine à écrire à un rythme halluciné. L'irrévérence de Hunter S. Thompson à son paroxysme.
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Cela faisait un paquet de temps que je n'avais pas pondu une critique de bouquin, et pour cause: je lisais Gonzo Highway, qui est un délectable pavé. En plus de ça, j'ai toujours ma nouvelle pièce de théâtre à terminer, un scénario et je me suis abonné à Marianne, qui est un copieux hebdomadaire. J'ai donc pris mon temps pour savourer ce bouquin, et je n'en ai aucun regret.
Quand je l'ai acheté, sur Internet, je ne savais pas vraiment ce que c'était. J'avais vu le film "Las Vegas Parano" et adoré, donc j'avais lu "Las Vegas Parano" et adoré, ça m'a semblé une phase de test convainquante autour du nom de Thompson pour acheter à l'aveugle ce bouquin post mortem; d'ailleurs on pourrait facilement l'assimiler à une autopsie.
Et je ne suis déçu que d'une seule chose, après avoir terminé ce bouquin, c'est que cet enfoiré soit mort.
Lien : http://marcanciel.over-blog...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Lettre à la rédaction d'"Aspen news" et d'"Aspen times"

(Thomson [l'auteur] envoie aux journaux locaux une satire anti-Vietnam [...] )

Monsieur le rédacteur en chef,

La raison pour laquelle j'écris cette lettre est regrettable, mais je ne peux plus vivre à Aspen sans faire quelque chose contre le peu de réactions qu'inspire la guerre au Vietnam. Je ne suis pas le seul à éprouver ce sentiment.

Par conséquent, je voudrais expliquer notre manifestation avant que nous la mettions en oeuvre, parce que je me rends compte que beaucoup de gens ne comprendront pas. Le soir de Noël, nous allons brûler un chien au napalm (ou à l'essence solidifiée, dont la composition est proche) dans une rue très passante. Si possible, nous en brûlerons plusieurs, à condition que nous arrivions à en trouver plusieurs ce jour-là. Nous brûlerons ces chiens là où nous serons sûrs que l'impact sur le public sera le plus grand.

Quiconque juge insupportable de brûler des chiens au napalm doit se rappeler que l'armée américaine brûle chaque jour des êtres humains au napalm. Si vous trouvez que ce n'est pas normal de brûler un chien à Aspen, que pensez-vous du fait qu'on brûle des gens en Asie ?

Nous pensons que cette action provoquera une prise de conscience, une fois que les gens auront constaté les effets du napalm. Ceux-ci étant plus douloureux pour les humains que pour les chiens. Quiconque a des doutes à ce sujet peut se porter volontaire et prendre la place du ou des chiens que nous aurons trouvés le moment venu. Quiconque désirant se porter volontaire n'aura qu'à se tenir devant le magasin Mountain Shop, vers 16 heures, le jour de Noël, muni d'une pancarte "Chien au napalm". Nous badigeonnerons d'essence solidifiée ladite personne au lieu de badigeonner l'animal. Franchement, je préfèrerais brûler un va-t'en guerre plutôt qu'un chien, mais je doute qu'aucun d'entre eux n'ose se montrer.

Bien à vous.
(...)"
Si cet assortiment de textes brefs engendre un tel plaisir de lecture, c’est que la griserie de Hunter S. Thomson est contagieuse. Les lignes et la pâte sont brisées. HST est complètement cassé ; et nous avec lui. Le terrain est instable. A chaque lettre, HST part à l’aventure. On frissonne en entendant le cri (de joie, de colère ou d’horreur) qu’il pousse à chaque pas de ce voyage inédit.
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Si certains se tournent vers la religion pour y trouver du sens, l'écrivain, lui, se tourne vers son art pour imposer du sens ou pour extraire le sens du chaos, et ainsi l'ordonner.
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Franchement, je doute avoir besoin d'autres soins dentaires ; j'ai lu aujourd'hui dans Underground Press que l'inhalation fréquente de fumée de marijuana prévenait et guérissait les caries, en plus de faire briller les dents et de provoquer un sourire à l'âme.
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Pleine lune ce soir, un ciel froid et clair au dessus de la piscine. La voie lactée paraît si proche qu'on a l'impression qu'un dingue doté de bons réflexes pourrait dégommer les étoiles, l'une après l'autre, avec un .264 Magnum ou peut-être un .220 Swift.
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Videos de Hunter S. Thompson (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hunter S. Thompson
À l'occasion de l'annonce du Grand prix de littérature américaine et des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, le Book Club s'intéresse aux livres qui nous aident à comprendre l'Amérique d'aujourd'hui. Pour en parler, nous recevons Francis Geffard, éditeur chez Albin Michel et créateur du Grand prix de littérature américaine ainsi que Nicolas Richard, auteur et traducteur. Il a notamment traduit Hunter S. Thompson, Thomas Pynchon, Woody Allen, James Crumley, Stephen Dixon ou encore Quentin Tarantino.
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