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Critique de Luniver


À l'effondrement de l'Union Soviétique, le sort du monde semblait réglé : la démocratie et le libéralisme avaient triomphé, ce n'était qu'une question de temps avant que l'ensemble des pays ne se décident à les adopter. Force est de constater, quelques années plus tard, que cette prévision ne semble pas sur le point de s'accomplir.

Pour l'auteur, de nouveaux blocs se sont constitués, basés non plus sur une doctrine politique, mais sur les affinités culturelles : on n'aime finalement que ceux qui nous ressemblent. Les civilisations d'Huntington sont définies comme les plus larges rassemblements de « Nous », comme les premières subdivisions juste après « être humain ». Il en existe huit aujourd'hui : chinoise, japonaise, hindoue, islamique, occidentale, latino-américaine, africaine et orthodoxe. La civilisation occidentale amorcerait sa décadence, tandis que les autres prendraient lentement conscience de leurs forces et chercheraient à étendre leur influence.

Ce découpage du monde permet de prédire les risques de conflit et leur gravité. En résumé, les conflits intracivilisationnels resteront modérés puisqu'il ne manquera pas de voisins prêts à calmer le jeu, tandis que les conflits intercivilisationnels peuvent vite dégénérer en entraînant dans la course toute la population des deux blocs qui s'affrontent.

Huntington a fait quelques prédictions sur base de son modèle qui se sont réalisées, comme le déchirement de l'Ukraine, à cheval sur les civilisations occidentale et orthodoxe. Il paraît cependant fort imprécis pour d'autres conflits : bonne chance pour expliquer les récents conflits au Proche-Orient en considérant la civilisation islamique comme un bloc compact et bien soudé. On notera aussi que tous les conflits sont ramenés à des guerres de religion, les autres variables étant passées sous silence, et que les civilisations sont considérées comme homogènes et éternelles. Même si l'auteur admet que son modèle est limité dans le temps (fin du XXe siècle, début du XXIe), les nombreux débats sur l'identité nationale qui fleurissent un peu partout montre bien que cette identité est loin d'être évidente.

L'essai est intéressant et ne peut pas être balayé d'un revers de la main, mais il peine à me convaincre pleinement. Si le modèle décrit peut permettre de défricher le terrain, il me paraît être vite limité pour comprendre vraiment un conflit particulier. le ton me paraît également exagérément pessimiste, les civilisations paraissent à la fin du livre être composées de guerriers sanguinaires prêts à s'entretuer pour faire triompher la leur.
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