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EAN : SIE343568_345
Stock (30/11/-1)
4.18/5   36 notes
Résumé :
Beaucoup de jeunes rêvent aujourd’hui de vivre en dehors des contraintes du monde industriel. Certains s'y essayent, peu persévèrent.

Claudie et Francis Hunzinger ont réussi leur reconversion. Établis depuis 8 ans dans une bergerie des Hautes Vosges, ils sont devenus bergers puis tisserands.

Ils sont les témoins de cette société nouvelle qui campe en marge de notre société de consommation.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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En 1966, Claudie (Mélu dans le récit) et son mari Francis (Pagel) décident de se lancer dans l'élevage de moutons dans les Vosges alsaciennes. Pagel a une formation d'éleveur de l'école de Rambouillet et Claudie est professeur d'arts plastiques. C'est d'abord une petite ferme puis une plus grande plus haut qu'ils s'offrent et enfin un troupeau venu de la Sarthe. Ils tirent leur vie de la nature, précèdent le fameux « retour à la terre » de la mouvance soixante-huitarde.
Les moutons seront des « porte-laine », laine qui sera teinte avec les ingrédients de la forêt (lichens, fleurs diverses, fougères…) et ensuite tissé sur un métier à tisser commandé en Suisse sous les instances d'un moine ermite qui leur montre comment le manipuler. Il y a la nature souvent les bras tendus mais aussi les saisons comme l'hiver avec, à l'époque, de grandes hauteurs de neiges. Les joies sont simples. Claudie tire sa joie justement de cette lutte, une joie qui demeure à l'instar des paysans de Giono que je suis en train de lire en parallèle.
Il y a les amis qui passent, vagabonds, étrangers, routards qui laissent leur amitié leur travail ou des objets confectionnés. Puis il y a les fâcheux, curieux qui les admirent secrètement mais qui n‘oseraient pas franchir le pas de se mettre en retrait du monde et pas tous bien perçus par Claudie qui pense que ceux qui vivent dans les villes et qui lui disent « quel courage ! » ne veulent pas de cette vie où l'on se lave à l'eau froide et on l'on ne sait de quoi demain sera fait. Elle est heureuse comme ça mais ne se rend pas compte que tout le monde ne peut comprendre ou ne peut le faire. C'est ce que lui a reproché Charlie Hebdo justement cité en préface par Pierre Schoentjes : si tout le monde faisait comme eux, leur espace serait vite envahi. C'est déjà bien assez que les chasseurs tuent les bêtes familières et que les promoteurs coupent des arbres pour y installer des chalets pour touristes. Eux, sont déjà cinq ou six à rêver d'un nouveau village avec boulangerie, fromagerie et jardin potager. Les tissages de laine de mouton teinte se vendent bien aux expositions des grandes villes de cette époque : finalement les gens des villes les font vivre un peu. Que Claudie soit tombée amoureuse de cet endroit et s'y sente complétement intégrée, c'est indéniable. Parmi les gens de passage, certains restent, d'autres pas, d'autres encore se posent des questions sur leur vie future. Claudie-Mélu a choisi et c'est une grande chance pour elle.
Le lecteur est bercé chaudement par cette nature à la fois hostile et généreuse où les bêtes apportent leur chaleur et les livres ont leur importance. Les quatre éléments, le ciel et ses étoiles font partie intégrante de cette harmonie qui s'est instaurée à Bambois. Mention est faite au livre contemplatif, Walden de Thoreau, les poètes surréalistes, Charlie Hebdo.
Ce n'est pas un roman mais plutôt un témoignage à deux mains Pagel écrit aussi quelques faits sur l'élevage des moutons mais il n'a pas toujours le temps, le travail est rude et chacun le fait de son mieux parce que chacun le fait dans la joie renouvelée. C'est un des premiers livres sur la décroissance. Publié en 1973, il vient d'être réédité et cela ne me semble pas un hasard.
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Savoir être païen
Pour le couple Hunzinger au coeur de ces années soixante l'évidence est de retourner à l'essentiel, la terre. Pagel et Mélu s'installent dans les Vosges et se retroussent les manches. Il faut acheter une ferme, de la terre, ils commencent par un élevage de brebis mais celles-ci sont destinées à l'abattoir…
Ensuite ils vont s'adonner au tissage, cette laine qui leur offre des merveilles.
C'est âpre, difficile, il y a beaucoup d'enthousiasme et parfois des désillusions, il faut savoir surmonter le manque, la peur de l'absence d'argent et les dettes qui s'accumulent. Ce n'est pas être fou ou insouciant, c'est construire un projet qui vous fait être ce que vous êtes au plus profond de vous-mêmes. Même la solitude s'invite et il faut l'apprivoiser.
Il y a de fabuleuses rencontres, des gens de passage, ceux qui reviennent, des liens qui se nouent.
Il y a l'amour entre ces deux-là, comme une évidence, une communion d'âme et tout cela n'aurait pas été vivable sans cet amour-là.
Et la littérature comme étai : « L'appétit aiguisé par une solitude bien poivrée ; et la démangeaison d'avoir tant empoigné les orties de la réalité nous tient, que sait apaiser la main des blanches lectures. »
Alors cela a pu faire se gausser les bien-pensants , ceux qui savent mieux que les autres, mais il faut s'incliner devant un constat simple, ce couple est là au coeur des Vosges, au coeur de la nature depuis soixante ans.
Ils ont tout surmonté et vivent en communion avec cette nature et ses saisons qui ont fait battre leur coeur et couler leur sang avec plus de force.
Ils sont devenus ce qu'ils voulaient être.
« […]c'est ça qui était si bien, et cette nécessité où nous étions de rendre les objets joyeux et utilisables. »
J'ai découvert ce récit à sa sortie en 1973, la même année que Les choses de Pérec, comme un effet miroir.
Cette réédition de Bambois est sublime, accompagnée de photos en noir et blanc de cette vie qui foisonne, qui jaillit joyeusement, compagne des voix qui s'élèvent dans ce récit au plus près de ce qui est vécu.
Car il s'agit bien de partager et non pas de donner une leçon de morale.
C'est un carnet de bord qui s'ouvre à nous, nous incite à être vigilant sur cette nature qui nous offre tout. Rien à voir avec une mode, une lubie.
L'amour des animaux est omniprésent et dans le respect de ce qu'ils sont, l'histoire de l'ânesse Utopie est magique.
C'est de cette profondeur que s'écoule l'essence, la saveur de la littérature de Claudie Hunzinger, il n'y a pas de posture juste ce respect la vie.
Je la lis depuis longtemps, la relis et chaque fois je découvre des pépites qui m'enrichissent.
Tous ses livres cultivent l'authentique et cette valeur perdurera.
Une ode à la vie chaque fois renouvelée qui m'enchante car c'est une émotion absolue.
©Chantal Lafon


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Un retour à la nature, à la terre en 1966 (livre paru en 1973). Toute une époque !
Il s'agit de la vraie vie de l'auteure et de son mari (le texte est écrit à deux voix sous forme de journal). le couple part de rien, s'installe dans une vieille ferme des Vosges sans aucune commodité, achète des brebis, font de l'élevage et du tissage (tapis, coussins, sacs… souvenez-vous !). Ils teignent leur laine avec les plantes tinctoriales de leurs montagnes, obtiennent des couleurs vives et variées. Ils se passionnent et s'enrichissent (à tous les points de vue, sauf financièrement).

Une aventure humaine ancrée dans son temps mais qui en réalité n'a pas d'âge. Récit d'une vie libre en marge du monde, d'une expérience réelle, concrète qui n'est pas sans soucis ni contraintes.
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France, fin des années 1960. Las de la ville, Pagel et sa compagne Mélu décident d'élever des brebis dans une ferme des Vosges.

C'est de sa propre expérience que s'inspire Claudie Hunzinger dans ce livre/témoignage publié en 1973. Et quarante ans plus tard, ce texte n'a pas pris une ride (il entre par exemple en résonnance avec l'intéressant documentaire Anaïs s'en va-t-en guerre, qui raconte l'itinéraire d'une jeune agricultrice qui s'installe en Bretagne). L'auteure décrit de manière très vivante les aléas de la création d'une ferme par d'anciens citadins : le scepticisme de voisins installés depuis des générations, les dettes qui s'accumulent, les conditions de vie précaires… mais aussi les petits bonheurs, les rencontres pleines de richesse que permet une telle expérience. L'histoire est écrite comme un journal, non dénué de poésie, avec une narratrice principale, Mélu, et quelques interventions de son compagnon, qui permettent d'avoir un autre regard sur les évènements.

Un récit et plaidoyer passionné pour un mode de vie différent.
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Retour en arrière que j'aurais pu faire après la lecture de Survivance mais que je choisis de lier avec des récits de montagne.

Qui n'a pas rêvé un jour de grimper sur le flanc d'une montagne d'y construire un chalet et là de vivre de peu.
Mélu et Pagel s'installent dans les Vosges, dans une ferme où ils vont tenter d'élever un troupeau. Vivre de ce troupeau est forcément difficile et d'un rendement précaire. La météo est parfois capricieuse, la vie un peu difficile dans cette ferme au confort spartiate.
Mais rien n'arrête nos rêveurs, les kilomètres à faire pour assurer un minimum grâce aux poste de Mélu comme prof de dessin qui pour se faire enfile « des habits propres chaque semaine »
Les naissances sont partout, Chloé puis Robin, mais aussi les agneaux qu'ils faut mettre au monde, soigner, tondre pour permettre le travail de la laine.
Filer, teindre, tisser pour le plaisir, pour la subsistance aussi.
Les amis sont là et de nouveaux arrivent pour rencontrer ce couple marginal, différent, entreprenant. Ils partagent « les projets, les rires, les rêves »

Ce couple en a fait rêver plus d'un je garde précieusement ce petit livre qui, disparu une première fois dans une inondation, a repris sa place dans ma bibliothèque.
Le genre de témoignage qui incite à la réflexion aujourd'hui encore sur la surconsommation, qui incite à s'interroger et à vivre un peu autrement.
Passez un peu de temps sur les chemins des Vosges vous ne le regretterez pas.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation


"L'euphorie, ce soir ! La merveille d'être : sur la table les longues bouteilles de vin nouveau que Modestine a achetées chez un vigneron de Kaysersberg. Les noix à fourrer dans les crêpes, et, volant en l'air, les projets, les rires, les rêves. Perlou ronfle fort, la tête sur nos genoux, pour avoir aussi une crêpe. Moi je dis "oui, je ne vais plus en classe, tant pis, tant mieux, je reste ici, c'est trop bien, je ne redescends plus jamais ..." Modestine rit en disant qu'elle est paf, partie, complètement, que c'est la faute du vin bourru et de Bambois, Pagel dit qu'ils vont se sentir bien tous les deux, Robin et lui, avec tant de femmes autour d'eux à leur faire des crêpes et des baisers".
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Nous étions vraiment perdus à cette époque, je veux dire que nous ne nous étions pas encore trouvés nous-mêmes, ni quoi que ce soit.
Nous étions dans les fleurs jusqu'au cou et les baisers. J'étais une fille qui venait de finir ses études artistiques, avec du bleu sur les cils et des couleurs plein la tête. J'avais de l'optimisme et de la fantaisie. (Tu étais mièvre, dis-le.) Page, lui, était en pleine crise, mal sorti de son adolescence , mal remis d'études chaotiques , de deux années de guerre d'Algérie, bourgeonnant d'angoisse et de révolte, que nouait encore plus la hâte qu'avait sa famille à le voir s'établir , et l'inquiétude qu'il avait à le faire. (page 19)
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Lui :Tout est tellement bien que par moment j’en ai la trouille. Ce n’est pas possible, tout ce bonheur, cette liberté en dehors de la folie et de la méchanceté du monde. […]
J’ai appris qu’il y avait un moine trappiste, dans un ermitage tout près d’ici, qui tisse. J’irai le voir après les regains. […]
Vivre là-haut, ce n’est pas la poésie imaginaire des citadins, c’est une méchante bagarre où il faut mettre toute sa force.
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Je suis le paysage.
J'ai mille-feuilles,
mille -pattes ,
mille-pertuis,
mille-yeux,
mille doigts, et une immense peau qui n'en finit pas, de l'est à l'ouest, du matin au soir, de la naissance à la mort.
Ici, c'est la paix.
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Ce qui est divin, c'est d'avoir dîné déjà, d'être assise à côté de Pagel, dans l'herbe, pieds nus, en haut de la petite vallée, et d'avoir repéré un chevreuil, de parler à voix basse et de ne plus parler, de l'observer pendant dix minutes, pendant vingt minutes, pendant je ne sais combien de minutes, puisque je n'ai pas de montre, et tout à coup d'en entendre un autre fracasser l'air dans sa fuite au galop, juste dans notre dos, et dire alors à Pagel : "Tu sais, voir un chevreuil comme ça, ou un renard ou comme moi, hier, une martre, eh bien ! c'est la perfection. Je trouve que c'est la perfection."
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Vidéo de Claudie Hunzinger
Extrait du livre audio « Un chien à ma table » de Claudie Hunzinger lu par Marie-Christine Barrault. Parution CD et numérique le 12 avril 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/un-chien-ma-table-9791035413453/
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