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EAN : 9782246772910
252 pages
Grasset (25/08/2010)
3.36/5   79 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’amour entre Emma et Thérèse qui se sont rencontrées à Nancy, dans une classe préparatoire au concours d’entrée à Fontenay, dans les années 20.

Cette histoire, Emma l’a relatée dans la correspondance et les cahiers qu’elle a tenus tout au long de sa vie, et dont s’est inspirée Claudie Hunzinger, sa fille, pour écrire le roman de ces deux femmes. Cet amour est un modèle d’audace et de liberté.

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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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N°488– Décembre 2010.
Elles vivaient d'espoir – Claudie Hunzinger- Grasset.

Au départ, un cahier de toile vert-amande entre les mains de la narratrice qui va ainsi remonter le temps. Il contient des lettres recopiées, écrites jadis par Emma, sa mère. Elle en retrouvera d'autres qu'elle va « visiter comme les pièces d'une maison abandonnée ». Elle trouvera aussi des photos où des personnages figés sur papier glacé regardent l'objectif et l'hypothétique spectateur pour l'éternité, toute une histoire en pointillés de deux femmes qu'elle va faire revivre...

Ces cahiers commencent à la Toussaint 1927. Emma, née en 1906, fille et petite-fille d'instituteur de la Côte d'Or sort de l'adolescence et veut entrer dans la vie par la grande porte qui ouvre sur l'émancipation, la liberté, le savoir... Thérèse, née en 1908, fille elle aussi d'instituteur fait la connaissance d'Emma à Nancy. Elles ne se ressemblent pas, Emma est littéraire, amoureuse de la vie et Thérèse est scientifique, plutôt réservée et souffreteuse, « l'une émettait la lumière, l'autre la contenait ». Elles préparent ensemble le concours de Normale Supérieure qu'Emma réussit mais pas Thérèse. L'une sera professeur de lettres modernes à Mende et l'autre surveillante à Felletin, ce qui lui permet de travailler le concours d'entrée. A partir de ce moment, elles ce cesseront de s'écrire, de se voir...avec, comme en toile de fond, des hommes, Pierre de Villeneuve mais surtout Karl, étudiant communiste, juif allemand qui fuit son pays mais pourtant y retourne avec dans ses bagages un amour tout neuf pour Emma.

Entre Emma et Thérèse naît un amour fou et définitif. Emma jouit pleinement de sa liberté, alternant une passion vertigineuse pour Marcelle et une aventure passionnée avec François, un homme marié et établi, qui est différent d'elle mais dont elle espère un enfant(« Oui, cet homme est moins cultivé que moi et la société me l'interdit... Ce que je cherche c'est ma propre force, ma force en face de lui, de la société »). Peu lui chaut l'opinion des autres et elle est prête à tous les compromis pour assouvir ses passions même les plus passagères ( « Je trouve plus honorable d'être au ban de la société qu'en ses trônes d'honneur ».) Elle semble ne pas pouvoir choisir mais n'oublie pourtant pas Thérèse avec qui elle veut vivre de toutes manières et quoi qu'il lui en coûte (« l'amour, lui, le nôtre n'est pas un événement, c'est un chant continu »). Emma qui puise dans la littérature ses propres des références comme si elles lui servaient de justificatif, recherche la jouissance de l'instant, le plaisir que ressent son corps (« Je ne suis coupable, Thérèse, que de trahisons momentanées »).Thérèse, elle, travaille pour le but qu'elle s'est fixée, échoue pourtant toujours. Mais déjà le nazisme monte en Allemagne et la guerre couve. Karl est de retour en France et lui fait prendre conscience de la nécessité de l'action politique ! Emma réfléchit, vient d'avoir trente ans et ne sait quoi penser «  Ce n'était pas non plus le mariage qui lui manquait. Mais elle ne savait pas quoi faire d'elle. Elle se disait que les prisons conjugales sont aussi redoutables que les prisons politiques. Mais que la solitude aussi est une prison ». Face à cette contradiction, celle qui aime passionnément une femme va se marier avec un homme, Marcel, rencontré par hasard. Il ne lui ressemble pas, il est alsacien, chef d'entreprise, veuf avec deux enfants mais, à ce moment de sa vie, quand la guerre menace, elle ressent, comme le dit Gide « l'impérieuse obligation d'être heureu(se). ».

La guerre va donc la séparer de Thérèse qui, mutée en Bretagne en tant que professeur de Sciences va se jeter dans la lutte politique, embrasser le communisme et la Résistance. Elle ne la reverra plus !

L'écriture qui épouse si bien le rythme intime des bouleversement humains reprend en 1940, à la naissance de la narratrice. Un autre cahier de toile, rouge comme l'enfer, débute, suivi d'un autre, et d'autres photos.... Emma devenue mère de famille nombreuse dans une Alsace redevenue allemande, écrit pour elle-même. Malgré son idéal et ses convictions, elle choisit, à la suite de son mari, l'idéologie nazie ! ( elle parle elle-même de « l'âme féminine toujours en mal d'un maître »). Celle qui aimait tant la vie et la liberté lui sera soumise, par amour, par dépit peut-être, comme si elle avait épuisé cette formidable envie de brûler sa vie. Il y aura des silences et des écrits personnels, comme pour exorciser cette brisure ! « J'écris pour donner abri aux fantômes » dira-t-elle.

Thérèse qui refusait tous les pouvoirs, surtout celui d'un homme, sera arrêtée, torturée, massacrée, mais ne parlera pas. Elle ira rejoindre « le terrible cortège » des ombres qu'évoquera Malraux et un établissement scolaire portera plus tard son nom !

De toutes les lettres qu'il lui ont été envoyée, Emma n'a conservé que celles des femmes. Celles des hommes qui furent éperdument amoureux d'elle ne trouvèrent pas leur place dans ses cahiers. Seule une signature masculine s'y rencontre, celle qui lui annonce la fin tragique de Thérèse.

J'ai aimé ce livre qui tire son titre d'un vers de Paul Eluard. le style est empreint de sensibilité, de sobriété et de tragédie. L'écriture est pleine d'émotion, comme seule en est capable une fille qui recherche sa mère dans ses passions, ses contradictions, ses renoncements.

©Hervé GAUTIER – Décembre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Deux femmes: Emma, l'extravertie, et Thérèse, la discrète, sont les deux héroïnes de cette autobiographie.
C'est Claudie, la fille d'Emma, qui raconte leur histoire, leur destin étant lié dès leur jeune âge.
Les deux amies tentent , dès les années 30, de construire leur vie. Leur amitié amoureuse les unit, elles s'engagent alors que monte le nazisme.
Un homme viendra les séparer, la guerre alors éclate et les deux femmes font des choix très différents.
Sur fond d'histoire, Claudie Hunzinger explore les destins de sa mère et de son amie, dans ce roman que j'ai eu bien du mal à lâcher.
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Plongée dans les archives laissées par sa mère décédée, une femme retrace l'être étrange mais fascinante qu'elle a été. Cahier après cahier, elle découvre l'histoire d'une jeune fille complexe aux sentiments exacerbés, qui n'avait rien d'un ange.

Elles vivaient d'espoir, superbe titre inspiré d'un poème d'Eluard. Les deux héroïnes de ce roman ont en effet été étudiantes puis professeures de lettres dans la France de l'entre-deux-guerres. Emma, mère de la narratrice (qu'on peut identifier à l'écrivaine, qui semble inspirée ici par l'histoire de sa propre mère), noue notamment durant ses études une relation intense avec une jeune fille, Thérèse. C'est en se focalisant ses amitiés et ses amours (une amie résistante, un époux qui s'engage dans la version alsacienne du NSDAP...) que l'auteure choisit ainsi de nous faire découvrir le personnage difficile d'Emma et parvient à nous le faire aimer. Son style, délicat mais factuel, s'accorde bien à ce qu'elle nous raconte. Elle n'atténue pas les responsabilités de sa mère, évite tout pathos ou culpabilisation tardive. Et peu à peu, elle parvient à brosser un bel hommage à ces personnalités d'exception.

Un beau roman, trop peu connu. À découvrir, si ce n'est déjà fait.
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La vie est une énigme !
La plume de Claudie Hunzinger m'envoûte par son élégance et sa façon de narrer la vie.
Elle découvre les cahiers tenus par sa mère Emma, femme audacieusement libre.
Emma a été enveloppée de l'amour de sa mère de façon tendrement tyrannique. Cette dernière meurt jeune et dès lors Emma se sent follement libre et osera tout.
Fille d'instituteurs elle se voue elle aussi à l'enseignement. Pour cela, il lui faut suivre une formation à Nancy, c'est là qu'elle va rencontrer Thérèse, jeune fille plus réservée voire effacée. Emma réussira le concours, Thérèse échouera.
Tout cela se passe au début du XX e siècle.
Elles vont être séparées géographiquement mais se retrouveront régulièrement avec audace et liberté.
À Paris elles rencontreront Karl un jeune juif allemand, étudiant communiste balloté par les évènements de l'Histoire.
Emma écrit beaucoup, elle recopie sa correspondance dans des carnets, sa fille y trouvera essentiellement des traces féminines et quelques photos figées, mais c'est toute une vie qui s'ouvre à rebours.
« A travers l'écriture, Emma s'exerçait à vivre. Écrire approfondit (intensément) l'ouïe, le regard, la respiration, la réflexion, la vie. L'esprit s'y fait écho du corps. »
Entre Emma et Thérèse c'est l'amour fou et pérenne , ce qui n'empêche pas Emma d'avoir une passion vertigineuse pour Marcelle, d'aimer François, homme marié, et elle épousera plus tard Marcel un veuf avec deux enfants.
Emma va à la recherche d'elle-même sans se préoccuper du regard des autres. Femme fière et cultivée, elle a conscience de sa valeur.
« Ne jamais consentir au qu'en-dira-t-on familial ou social. La sincérité est le seul chemin. »
La guerre va séparer ces deux femmes. Thérèse va prendre conscience des enjeux du combat et elle va s'engager dans la Résistance, elle y laissera la vie. Une école portera son nom.
Emma en épousant Marcel va vivre en Alsace qui est devenue allemande et épouser les idéaux nazis de son mari. Elle qui n'avait ni Dieu ni maître…
Elle écrit dit-elle pour « donner abri aux fantômes ».
Pour l'auteur, la fille d'Emma, c'est un trajet audacieux d'aller à la rencontre de cette mère, femme libre et passionnée, qui a vécu les méandres de ses contradictions et de ses renoncements.
L'écriture vibre de toutes ces émotions, sensibilité et sobriété sont soeurs pour faire vivre ce destin hors du commun aux lecteurs.
Deux destins, l'une est apaisée par le choix qu'elle fait, l'autre sera tourmentée à jamais.
Un portrait de femme mais aussi celui de la mère solitaire et souveraine.
En refermant ce livre, les lecteurs s'interrogeront sur le sens du concept de liberté, magnifique exemple à méditer.
« L'une émettait de la lumière, l'autre la contenait. »
©Chantal Lafon


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Troisième roman de Claudie Hunzinger que je lis et je l'ai trouvé différent des autres. Dans le sujet bien sûr, le style et les sentiments qu'il m'en reste, une fois la dernière page tournée.

L'histoire en parallèle de deux femmes qui s'aiment et qui n'auront pas le même trajet de vie.
Je n'ai pu m'empêcher d'avoir une affinité plus prononcée pour l'une plutôt que pour l'autre...Même si j'essayais de rester neutre, l'égoïsme de l'une face à l'abnégation de l'autre me dérangeait.
En regard de leurs vies intimes partagées ou non, gronde la montée du nazisme et donc des choix vont être à faire...

Durant toute la deuxième partie du roman qui est le récit d'un réseau de résistance dans le pays de Fougères, en Bretagne, je n'ai pu éloigner, de mes pensées, le souvenir lu de la vie de Thérèse de Moëlien, égérie de la Chouannerie bretonne au destin tragique. (Et Claudie Hunzinger en parle dans les dernières pages du roman.)
Cette partie du roman m'a captivée et je pense désormais, souvent, à Thérèse Pierre et à son courage. J'ai refermé le livre encore plus partagée sur le récit de la vie de ces deux femmes : et si elles avaient fait d'autres choix personnels ?
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Dans le désespoir, l’écriture d’Emma reste déliée (un cavalier sur son terrible cheval, disait Marcelle). Elle est d’Emma ce qui va le mieux travers cette époque effroyable. Il faut voir ses cahiers, son écriture, comme elle tend vers la lumière, droite, de page en page, t quand Emma dit que la révolte n’est ni utile ni sage, son écriture affirme le contraire, personnelle, intérieure, résolument aimantée. Qui a raison ? Emma ou son écriture ? les deux. Elle est donc repartie à noter toutes les flèches reçues, façon de les extirper : elle aurait voulu retrouver sa dignité, écrit-elle. Depuis longtemps, Marcel la lui avait prise. Il pensait que c’était le droit du seigneur. Un seigneur à qui il arrivait de tonner, de hurler, de casser. Un colérique incapable de se maîtriser, et qui alors piétinait tout et avilissait tout. Il avait le droit, disait-il.
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Mais voici les roses de noël se dressent sur leurs feuilles aplaties par la neige; Et que le carrelage de la cuisine est tacheté de soleil. Emma, partie donner leur grain aux oies, est revenue par les chemins sableux, sous une petite pluie sans méchanceté. C’est nouveau, j’adhère maintenant aux choses autour de moi, j’accepte ces fractions de durée, je leur souris, s’étonne-t-elle. Ce qui ne l’a pas empêchée d’écrier le lendemain : impossible apaisement. Condamnation, au fond de moi, de ce à quoi je ne me résignerai jamais. je me suis réfugiée en Claudel comme dans l’herbe d’une prairie haute; Tache de clarté immobile qu’a laissée en moi cette lecture. Pour autant le jour de la Saint-Sylvestre 44 fut étrange de violent désespoir. Seule parmi les loups, déprise de moi-même, abandonnée de tout
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Désormais elles allaient beaucoup s'écrire. Ecrire des lettres est une activité mystérieuse qui fait naître l'amour. Les lettres donnent soif de lettres. Elles allaient le découvrir.
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Mais comme on peut avoir par moments des envies de marcher, de courir, de nager, j’ai une envie obscure d’aimer. Notre tort est de regarder toujours la vie sous un angle tragique. Je veux être simple et solide. Cette aventure est une expérience et une émancipation. Je m’oriente vers une liaison. Non par un mariage, voyons. Ne me dis pas que tout cela est vulgaire, que tu m’aimerais plus fière, plus intransigeante. Elle est ensuite partie avec François, en auto, à Saint-Affrique. Il y avait dans l’air les promesses d’un extraordinaire beau temps. Les collines étaient d’un vert intense. On faisait partout les foins. Ils croisaient des chars tremblants d’herbe. Il faut vivre naïvement, se disait-elle. Ce que tu n’auras pas de François, tu le sais bien. Tu n’auras ni de grands mots ni de grands sentiments.
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Ce n'était pas non plus le mariage qui lui manquait. Mais elle ne savait pas quoi faire d'elle. Elle se disait que les prisons conjugales sont aussi redoutables que les prisons politiques. Mais que la solitude aussi est une prison 
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Videos de Claudie Hunzinger (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claudie Hunzinger
Extrait du livre audio « Un chien à ma table » de Claudie Hunzinger lu par Marie-Christine Barrault. Parution CD et numérique le 12 avril 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/un-chien-ma-table-9791035413453/
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