Ecrire des lettres est une activité mystérieuse qui fait naître l'amour.
Les lettres donnent soif de lettres.
Désormais elles allaient beaucoup s'écrire. Ecrire des lettres est une activité mystérieuse qui fait naître l'amour. Les lettres donnent soif de lettres. Elles allaient le découvrir.
J'écris pour donner abri aux fantômes
Ce n'était pas non plus le mariage qui lui manquait. Mais elle ne savait pas quoi faire d'elle. Elle se disait que les prisons conjugales sont aussi redoutables que les prisons politiques. Mais que la solitude aussi est une prison
Elle se disait que les prisons conjugales sont aussi redoutables que les prisons politiques.
« Elle était cet immense désir qui ne pouvait vivre, capable seulement de renverser. »
À travers l’écriture, Emma, s’exerçait à vivre. Écrire approfondit (intensément), l’ouïe, le regard, la respiration, la réflexion, la vie.
L’esprit s’y fait l’écho du corps.
alors, il faut plutôt chercher, pour Emma femme en jouissance :
Il avait suffi que cet homme ait besoin d'elle
pour que son âme exulte de servitude.
Il y a, pour la feme qui aime, une espèce de volupté à
renoncer à elle-même.
Elle s'exalte dans la mesure même où elle acquiesce
à ce qu'elle n'était pas.
On aurait pu souhaiter pour Emma une autre voie.
Mais l'amour a été la trop grande affaire de sa vie.
Mais voici les roses de noël se dressent sur leurs feuilles aplaties par la neige; Et que le carrelage de la cuisine est tacheté de soleil. Emma, partie donner leur grain aux oies, est revenue par les chemins sableux, sous une petite pluie sans méchanceté. C’est nouveau, j’adhère maintenant aux choses autour de moi, j’accepte ces fractions de durée, je leur souris, s’étonne-t-elle. Ce qui ne l’a pas empêchée d’écrier le lendemain : impossible apaisement. Condamnation, au fond de moi, de ce à quoi je ne me résignerai jamais. je me suis réfugiée en Claudel comme dans l’herbe d’une prairie haute; Tache de clarté immobile qu’a laissée en moi cette lecture. Pour autant le jour de la Saint-Sylvestre 44 fut étrange de violent désespoir. Seule parmi les loups, déprise de moi-même, abandonnée de tout
Dans le désespoir, l’écriture d’Emma reste déliée (un cavalier sur son terrible cheval, disait Marcelle). Elle est d’Emma ce qui va le mieux travers cette époque effroyable. Il faut voir ses cahiers, son écriture, comme elle tend vers la lumière, droite, de page en page, t quand Emma dit que la révolte n’est ni utile ni sage, son écriture affirme le contraire, personnelle, intérieure, résolument aimantée. Qui a raison ? Emma ou son écriture ? les deux. Elle est donc repartie à noter toutes les flèches reçues, façon de les extirper : elle aurait voulu retrouver sa dignité, écrit-elle. Depuis longtemps, Marcel la lui avait prise. Il pensait que c’était le droit du seigneur. Un seigneur à qui il arrivait de tonner, de hurler, de casser. Un colérique incapable de se maîtriser, et qui alors piétinait tout et avilissait tout. Il avait le droit, disait-il.